angry bird || Niko & Elo

Elle fulminait. Sur la table, une page de la Gazette du sorcier sur le bal de début d'année de Poudlard. Près d'elle, un verre de whisky purfeu qu'elle n'avait pas entamé, se le servant simplement pour le principe mais se tenant incapable de rester sur place pour pouvoir invectiver sur mari. Près de ceux-là, une lettre de Sainte-Mangouste, avec les résultats de la dernière visite de Nikolai dans le service pour un problème de santé dont Eloïse n'avait jamais entendu parlé.
Une facture, quelques mornilles qu'ils devaient à l'hôpital pour cela. Ce n'était jamais trop, cela arrivait parfois, de devoir payer pour des soins quand il s'agissait d'aider la médecine magique à faire son travail. Elle comprenait, et parce qu'ils avaient les moyens de donner elle n'y voyait pas d'inconvénients. Mais ne saisissaient pas comment elle avait pu ne pas être au courant des tracas de santé de son époux.
Et qui l'avait accompagné ?

Elle redoutait la réponse à cette question autant qu'elle redoutait ses longs silences et les dernières semaines qui s'étaient écoulées. Même Noël n'avait pas été une fête à leur table - les fêtes étaient passés sans même qu'ils prennent le temps de se sourire et de s'offrir quelques paquets. Rien, du silence et de l'absence pour gonfler de regrets l'immense maison dans laquelle ils vivaient ensemble. Ensemble - ou pas vraiment - ils n'étaient pas mieux que des colocataires à présents, et même ceux-là savaient s'offrir des soirées mémorables et des moments de discussion. Son mari ne lui offrait plus rien.

Elle grognait, terminait de laver la vaisselle, de ranger la cuisiner, de nettoyer le sol. Les sortilèges de ménage faisaient leurs offices mais parfois elle prenait le dessus juste pour restée occupée . Elle savait qu'elle allait exploser, elle le ressentait au plus profond de son être - et luttait contre l'envie de se mettre à pleurer tout à le fois. Ce qui n'était pas de son genre. Eloïse ne pleurait pas. Jamais.
La porte s'ouvrit, elle fit volte-face, n'attendit pas plus pour jeter sur le bar de la cuisine les gants qu'elle portait et un chiffon qui s'échoua au sol plutôt. Je peux savoir ce que je t'ai fait pour que tu me détestes ?! Gueula-t-elle sans préambule, se retrouvant devant Nikolai en quelques pas - ne lui laissant ni le temps de la saluer - ce qu'il faisait souvent froidement - ni de poser son manteau.

Et peut être ne devrait-il pas l'ôter et aller dormir chez des amis. Tu vas à la soirée de Poudlard sans m'y inviter ? Tu vas à Sainte-Mangouste sans me prévenir ? Pourrais-tu mettre encore plus de soins à me faire sentir comme la plus inutile des personnes dans ce monde, Nikolai ? Grogna-t-elle, les pensés se bousculant en même temps que ses émotions - et sa voix qui trahit quelques trémolos de sentiments qu'elle tenta de ravaler malgré tout.

Nikolaï a fini de travailler sur son article. Il est plutôt fier de ce qu’il a rédigé. Reste plus à voir si ses supérieurs vont apprécier ou non. Surtout que son article doit être dans les premières pages de la Gazette. Une belle évolution, qui le ravie ! Mais avant d’avancer, il faut s’assurer que tout est parfaitement en ordre. Et en attendant, Nikolaï écrit une lettre à Milena pour l’informer qu’il va mieux et qu’il viendra la voir ce week-end. Il espère qu’elle n’a rien de prévu. Il veut juste passer un bon moment avec son épouse. Surtout que la dernière fois, il n’était pas en état. Il avait bien trop bu. Mais en même temps, sa vie est tellement compliquée, que le Bulgare ne sait plus où donner de la tête. Son supérieur arrive et le félicite pour son travail.

C’est donc le sourire aux lèvres que Nikolaï quitte le travail pour rentrer chez lui. Il fera la surprise à Milena ce wee-end. En chemin, il va acheter de quoi manger. Il se doute qu’Eloïse est à la maison, aussi, il se dit qu’il peut faire un effort. Même s’il ne l’aime pas comme il aime Milena, il a quand même des sentiments pour elle. Et il l’apprécie à sa manière. Le sac en papier dans les mains, Nikolaï arrive rapidement jusqu’à chez lui. Inspirant, il pousse la porte, prêt à annoncer la nouvelle à sa seconde épouse. Mais alors qu’il pose sa sacoche de travail sur la table, elle se met à hurler. Ecarquillant les yeux, Nikolaï ne comprend pas ce qu’elle a d’un coup. Pourquoi elle s’énerve alors qu’il vient seulement de rentrer ? Et avant qu’il ne puisse prendre la parole, le Bulgare se fait incendier. Eloïse est fin énervée, et maintenant, Niko sent la colère qui bout également dans ses veines. Mais il se fait violence pour ne pas hurler. Heureusement qu’il était rentré avec une bonne nouvelle ! « Bonsoir à toi aussi. Oui je vais bien merci. » Il parle d’une voix ironique, tout en lui jetant un regard noir. Mais il va bien falloir lui répondre. « La soirée, j’y ai été pour le travail. » Nikolaï ne ment pas. Même s’il en a profité pour être avec Milena. « A Ste Mangouste ? » Il ne voit pas de quoi elle parle. Soupirant, Nikolaï se passe une main devant les yeux, avant de la regarder une nouvelle fois. « Tu n’es pas inutile. C’est toi qui le penses, pas moi. » Il grogne. Et son regard se porte sur le verre qui est posé non loin. Contournant Eloïse, Nikolaï attrape le verre. Du purfeu. Alors sans attendre, même s’il sait qu’il doit réduire, il avale d’une traite le contenu. Au moins, cela lui permettra de s’occuper les mains quelques secondes. « Je ne te déteste pas. Je ne vois pas pourquoi tu penses ça. » Et il ne ment pas. Simplement, Niko ne peut pas l’aimer autant qu’elle le voudrait. Autant qu’il aime Milena.

Le Bulgare est agacé de voir qu’à peine rentrer, elle lui hurle dessus. Lui qui pourtant était rentré avec une bonne nouvelle, voilà qu’elle lui fait retomber sa joie. Inspirant doucement, Nikolaï se fait pourtant violence de ne pas hurler sur elle. D’ordinaire, il aurait tourné les talons, avant de partir boire un verre. Mais cela ne sert à rien, car ça ne résoudra pas le problème. Alors il se pince l’arête du nez, l’écoutant hurler sa colère. Et bien sûr, il répond avec honnêteté, en lui disant qu’il a été à Poudlard dans un cadre professionnel. Niko met juste sous silence qu’il en a profité pour passer une soirée avec Milena. Soupirant lourdement, il hausse les épaules. En réalité, il n’a pas posé la question. « Je n’ai pas demandé à mes chefs. Tu vas me le reprocher, alors que cette soirée est terminée ? » Il doit lui dire d’ailleurs qu’il a accepté de sponsoriser une élève ? Non, ça ne regarde pas Eloïse. C’est uniquement son problème, son argent. Ils ont largement de quoi vivre de toute manière !

Portant son regard sur les lettres, il voit enfin de quoi il s’agit. En effet, il a été blessé pendant un reportage. Et il a demandé à Milena de venir le chercher, car le personnel de l’hôpital ne voulait pas le laisser partir seul. Alors il était naturel pour lui de demander à son épouse de venir. Même s’il ne pensait pas que du courrier arriverait chez lui. « Un p’tit accident de rien du tout. Rien d’inquiétant. » Ce n’est pas un mensonge. Sinon, il aurait été hospitalisé plus longtemps. Soupirant lourdement, le Bulgare vient à lui répondre qu’elle n’est pas inutile. Il ne l’a jamais pensé d’ailleurs. Mais si elle veut le croire, libre à elle. Il ne va pas se battre pour la faire changer d’avis.
Contournant sa seconde épouse, Nikolaï vient à attraper le verre de purfeu qui se trouve sur le comptoir. Il le boit rapidement, se demandant pourquoi le contenant était plein. Eloïse n’a pas eu le temps de le boire ? Est-ce qu’il la laisse vraiment en dehors de sa vie ? Absolument. Mais c’est tout simplement parce qu’elle n’a jamais eu la place qu’elle aurait dû avoir. Claquant son verre sur le bois, il pose ses mains bien à plat et tente de rester calme. « Je t’avais prévenu que je ne voulais pas me marier, Eloïse. Tu sais que je tiens à toi, mais pas comme tu l’aimerais. » Il n’a jamais pu l’aimer comme il a aimé et aime toujours, Milena. Niko a eu beau faire tous les efforts, c’était en vain. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise à la fin ? Parce que ces engueulades incessantes, j’en peux plus ! »

"Je n’ai pas demandé à mes chefs. Tu vas me le reprocher, alors que cette soirée est terminée ?" "Ouais je vais te le reprocher, et plutôt deux fois qu'une alors prépare toi, mon coco." Lâche-t-elle, laissant le sel de ses émotions se déverser sans même tenter de le retenir. Elle n'est pas femme à la fermer, à être tendre et patiente et douce. Eloïse est une force de la nature, de ces femmes qui hurlent et s'enflamment pour toutes les raisons, tant que leur coeur l'exige. Elle n'a jamais été douce, elle n'a jamais été discrète, elle n'a jamais fait semblant - elle l'a dit depuis le premier jour de leur rencontre, qu'elle fera tout pour le rendre heureux, qu'elle l'aime à en devenir folle. C'est comme ça qu'elle aime, depuis toujours - avec force et abandon, avant délice et passion.
Elle est tombée amoureuse de Nikolaï au premier regard, et encore aujourd'hui elle se convainc qu'il est ce qui importe le plus dans sa vie. Dommage qu'il n'en soit pas de même pour lui - et la douleur de cette certitude lui fait de plus en plus mal à mesure des mois qui avancent. Parce qu'elle voit se dessiner une fin funeste qui lui tord la gorge. Elle refuse de l'admettre mais elle sait qu'elle pourra pas l'éviter si c'est là qu'il veut en venir.

"Un p’tit accident de rien du tout. Rien d’inquiétant." "Pas de quoi m'en parler, pas vrai ?" Comme si elle ne comptait pas, comme si leurs vies ne se mêlaient qu'une fois qu'ils se retrouvaient sous le même toit. Qu'en dehors ils n'étaient rien l'un pour l'autre. Et peut être était-ce pour cela qu'elle l'avait trouvé. Peut être était-ce aussi pour cela qu'elle n'en ressentait pas une once de culpabilité. Peut être était-ce pour cela que leur vie ne se construisait plus l'un avec l'autre - pourtant elle voulait s'y raccrocher. Pourtant, elle ne se sentait pas prête à le mettre dehors. " Je t’avais prévenu que je ne voulais pas me marier, Eloïse. Tu sais que je tiens à toi, mais pas comme tu l’aimerais." Elle lâche un rire moqueur et sarcastique en réponse - le fracas du bois la fait pas même sursauter. Bien mal lui en couterait d'avoir peur de son mari. Elle était une duelliste de talent. Elle était forte. Elle était courageuse. Elle pourrait le foutre par terre s'il en devenait idiot. "C'était mon verre." Rage-t-elle en se tournant vers lui, les bras croisés - et la mauvaise foi en cape. "Tu tiens à moi ? T'as vraiment tout le mal du monde à le montrer pas vrai ? C'est quand la dernière fois que tu t'es dit "bordel j'ai envie de partage ça avec ma femme" hein ?" demande-t-elle sans baisser le regard. Toujours colérique, toujours prête à se battre avec ses mots.

"Qu’est-ce que tu veux que je te dise à la fin ? Parce que ces engueulades incessantes, j’en peux plus !" "T'en as marre de ces engueulades ? Bah tu sais quoi : moi j'adore, ca me fait sentir vivante de te hurler dessus, vraiment c'est le pied intégral !" Cette fois elle gueule à moitié, exaspérée par sa manière de battre en retraite, de pas même chercher à se battre ou à faire valoir sa manière d'être. Il voulait pas se marier, mais il s'est marié quand même. Il voulait pas d'elle, pourtant elle est là quand même. Il gueule à l'injustice, mais a adopté cette vie quand même. Et maintenant il lui en fait le reproche - et elle se laissera pas culpabiliser pour ça. "Je veux que tu changes, que tu cesses de battre en retraite en répétant que tu voulais pas de cette vie. T'en voulais pas, mais t'as rien fait pour l'empêcher non plus, n'est-ce pas ? C'est vrai que c'est un quotidien atroce qu'on a ensemble hein ? Tu sais quoi - manquerait plus qu'un gamin se rajoute à l'équation et que tu vois ton existence devenir carrément invivable !" Pas un truc qu'elle lâche au hasard - parce qu'elle a du retard, que c'est la première fois, et qu'elle se dit que c'est clairement une possibilité. Un truc auquel elle a pensé.
Peut être pour rajouter un semblant de plaisir à ce couple qui vole en éclats. Peut être pour espérer le voir réaliser qu'elle est tout ce qu'il lui faut pour se rendre heureux.

Il ne comprend pas pourquoi elle lui parle de tout ça maintenant. Ce n’est pas comme si cette soirée était passée et qu’il était temps de tourner la page ! Mais non, apparemment, Eloïse a encore des choses à dire dessus. Alors bien sûr, ça agace Nikolaï. Un long soupir lui échappe, lorsque sa seconde épouse lui promet qu’elle va lui faire le reproche encore un moment. Quelque chose lui dit qu’elle ne va pas s’arrêter à ça. La connaissant. Surtout qu’elle est du genre déterminée quand elle s’y met. Nikolaï a beau ne pas l’aimer comme il aime Milena, cela ne l’empêche pas pour autant de l’apprécier malgré tout. Eloïse a été là pour lui, a tenté de l’aider à s’en sortir. Et pour ça, il lui en est reconnaissant.

Alors qu’elle reprend, il soupire. Non, il ne lui a pas parlé de cet accident. De toute manière, ça aurait servi à quoi ? Il a demandé à Milena de venir le récupérer ce soir-là. Eloïse commence sérieusement à lui taper sur le système. Pourquoi elle doit toujours chercher des problèmes là où il n’y en a pas ? « Non pas de quoi t’en parler. J’ai été blessé sur un reportage. Voilà. Rien de plus. » Elle ne va pas lui faire un sketch pour ça quand même ?! Contournant sa seconde épouse, Niko va attraper le verre qui n’est pas entamé. Il a bien besoin d’un remontant, alors que cette discussion l’épuise déjà. Et le Bulgare reprend la parole, annonçant la vérité. Il lui avait dit qu’il ne voulait pas l’épouser. Que ce n’était pas pour lui. Mais elle a insisté et il a fini par céder. A tort sûrement, mais c’est trop tard maintenant. Il ne peut pas revenir en arrière. « S’il n’y a que ça, je t’en ressers un. » De verre bien sûr. Mais en vue de sa posture, Nikolaï sait qu’il va encore en prendre pour son grade. Comme à chaque fois ces dernières semaines. Et bien sûr, elle met le doigt sur quelque chose de vrai. Il n’a rien à partager avec elle. Pas en tant que femme en tout cas. En tant qu’ami oui … Mais plus ? Non. C’est avec Milena qu’il veut partager son quotidien. « Je n’ai rien à partager. » C’est plus simple. Cela demande moins d’explication.

Soupirant lourdement, le Bulgare ne voit pas où tout ça peut mener. Dans le mur, sans nul doute. Alors il reprend, tâchant de maîtriser cette colère qui gronde en lui. « Vivante ? Tu te fous de ma gueule ? » S’engueuler avec lui, la fait se sentir vivante ? Il aura vraiment tout entendu ! Et quand Eloïse reprend, Nikolaï se fige. Elle vient vraiment de sous-entendre que … « T’es enceinte ? » Oui, c’est la seule chose qu’il a retenu dans ces dernières phrases. Elle … Oui ils l’ont fait mais … Elle lui aurait dit non ? Enfin, pourtant, cela fait un moment quand même ! Vu qu’il n’arrive même plus à dormir dans le même lit qu’elle. Passant une main sur son visage, il a l’impression que tout tourne autour de lui. Nikolaï a besoin d’un autre verre. Alors il attrape directement la bouteille pour boire au goulot. S’essuyant les lèvres sur sa manche, il regarde Eloïse, essayant de parler d’une voix calme, résigné. « J’ai jamais dit que c’était atroce de vivre avec toi Elo … Mais simplement … Tu voudrais que je t’aime d’un amour sincère, éperdu, alors que … tu sais que j’en suis incapable. » Pas avec elle en tout cas. Milena reste son âme sœur, il ne peut donc pas aimer quelqu’un d’autre d’une autre façon. Reprenant une grande gorgée, il soupire une nouvelle fois. « Pourquoi tu penses qu’un enfant rendrait la situation invivable. On trouvera une solution mais … tu es sûre de toi ? Il est bien de moi au moins ? » Il doute maintenant. Parce que franchement, cela fait des semaines … A moins qu’Eloïse le lui ait caché autant de temps. Mais dans ce cas … Son regard se porte sur son ventre. Peut-être oui. Surtout qu’elle n’a pas touché au verre d’alcool. Par Merlin, qu’est-ce qu’il va faire si elle lui dit qu’elle est enceinte ?