the end of the fucking world || mischen

Eden était allongée sur un lit de l'hôpital Sainte-Mangouste. La scène était à la fois douloureuse et étrangement familière - la chose n'était arrivée qu'une fois, durant une relation aussi passionnelle que tumultueuse qui les avait rassemblé en tant qu'adolescent. Alors envahit d'excès et de plaisir, elle se perdait plus souvent dans les substances nocives qu'à présent - elle prenait ce qui la faisait planer dans un monde rêvé où personne ne pouvait l'atteindre.
Lui espérait pouvoir apprendre à voler pour la rejoindre, pour lui éviter de se brûler les ailes, pour la sauver. Pauvre fou, aveuglé par de naissants sentiments qui avaient fini par les dévorer tous les deux. Elle avait tant pris, cette fois, qu'elle avait bien fini par s'effondrer, chancelante sur le fil entre la mort et l'existence. Il était resté à ses côtés, sans plus pouvoir bouger, jusqu'à la voir ouvrir les yeux, neuf jours plus tard. Après quoi, il lui avait promis de ne jamais la quitter si elle arrêtait de jouer avec la vie.
Elle avait décidé de vivre. Il lui avait menti.

Elle était à nouveau allongée sur un lit d'hôpital et il cessait de respirer, s'en voulant de n'être pas capable de lui faire une promesse pour la tenir pour toujours. Il frappait le sol à rythme irrégulier, l'immobilité le rendait fou, mais il n'était pas plus capable de la quitter. Il avait bien failli la perdre cette fois encore. Pour toujours.
Il n'en revenait pas d'avoir vécu cela, cette chasse pour pouvoir la retrouver, enfermée pour être sacrifiée (ou que savait-il d'autre) à des dieux fous. Il sentait son coeur se serrer à l'idée qu'une minute de plus aurait pu lui être fatale. Il s'en voulait, aussi, de n'avoir pas réagit plus tôt, de n'avoir pas pris les armes plus tôt. De n'avoir pas été celui qui l'avait retrouvée. Mais penser à Mina lui était tout aussi consternant - sa soeur lui avait menti, sa soeur lui cachait une chose si terrifiante qu'elle avait fait mine de n'avoir rien à lui cacher, sa soeur n'était plus sa soeur.

Il se concentrait tout entier sur Eden, son regard glissant régulièrement vers son visage pour voir la moindre trace de réveil - un mouvement, un souffle irrégulier, une grimace, qu'importe. A force de la fixer, il finit par s'assoupir sur les draps, contre sa main qu'il gardait dans la sienne.
Etrangement, c'est la sensation d'une main dans ses cheveux qui le poussa à se redresser. Un réveil difficile, soudain, chatouillant son cuir chevelu jusqu'à ce qu'il sursaute pour remarquer les yeux à demi-ouverts d'Eden et son sourire mutin. "Tu es réveillée, tu es réveillée" dit-il alors, allant contre elle pour prendre sa main, et poser l'autre sur son front, sa joue, son visage entier, réalisant qu'elle était là, qu'elle était bien réveillée et qu'elle allait bien. "Comment tu te sens ? Tu veux de l'eau ? De quoi manger ?" Les mots quittaient sa bouche rapidement, frisant le ridicule - il prit un verre, manqua de tout renverser sur elle, avant de le lui tendre en l'aidant à se redresser. "Merlin, j'ai eu si peur, Eden, si peur de te perdre encore..."