compte à rebours || Fralice

Le matin se levait, glissant des couleurs délicieuses sur Londres. Franck observait l'horizon, le sommeil l'ayant quitté ce soir-là. Comme bien souvent ces derniers temps. Il attendait, comme toujours, son fils dormant dans la pièce d'à côté auprès de sa maman. Il était chez elle, incapable de rester dans le calme froid de l'appartement qu'il partageait avec Alice. Il n'y était plus jamais à présent - il fuyait pour rejoindre sa mère et se laisser bercer par les habitudes familières qu'il retrouvait là. Depuis le décès de son père, sa mère faisait tout pour préserver un semblant d'habitude - c'était sa manière de ne pas sombrer, de ne pas devenir folle. Sa soeur, Fawn, était à Poudlard, et son absence laissait bien trop de silence derrière elle. Alors il était naturel pour Franck d'être là pour les siens.
A défaut de pouvoir être là pour aider sa femme. Ca le torturait littéralement, mais il ne pouvait rien y faire. Alice avait trouvé un endroit sûr pour pouvoir se transformer - Franck avait l'adresse, comme Euphémia Potter et quelques rares personnes triées sur le volet. Des personnes de confiance.

Dans la cuisine, il prend des œufs pour les mettre dans une poelle chaude. Laissant le tout prendre une couleur jaune et blanche, il casse l'ensemble pour des œufs brouillés encore un peu mou - mais rapidement, distrait comme à son habitude, il les fait trop cuir, les arrêtant juste à temps pour qu'ils ne soient pas noirs. Une fois dans une assiette, il met le lard à la place - l'odeur et le bruit de friture lui donne l'eau à la bouche. C'est rare qu'il ait faim, ces derniers temps, alors il continue à préparer le petit déjeuner, et il savoure de sentir son corps lui parler aussi simplement. L'eau chauffe finalement, sur la table il met les couverts, les plats qui deviennent de plus en plus nombreux, et il termine par le thé. Alice va arriver dans quelques minutes - comme à son habitude. Neville se réveillera dans une heure encore.
Comme à son habitude. Il s'y raccroche autant qu'il peut, comme pour être certain de ne pas perdre pied. C'est tout ce qu'il a ces derniers temps. Le tic tac à l'horloge est devenue une allié qu'il affectionne de plus en plus. La rythme rassurante des habitudes devient une nécessité pour ne pas se laisser dévorer par l'inquiétude et l'injustice.

Alice revient, il le devine en devinant le crépitement des pas sur les pierres de l'allée. Il va ouvrir la porte, avant qu'elle ne l'atteigne et lui ouvre les bras pour l'y accueillir avec amour et tendresse. Il ignore la rudesse du froid à l'extérieur, l'hiver qui étire ces derniers jours avant l'arrivée du printemps. "J'ai préparé le petit déjeuner." annonce-t-il en embrassant le haut de son crâne, l'attirant à l'intérieur, où la chaleur de la chaumière fait oublier la morsure du vent au-dehors. "Tout le monde dort encore." Ce qu'elle doit déjà savoir, mais c'est comme tout - une habitude, répétée chaque jour pour se retenir à quelque chose de certain. "Tu veux prendre un bain avant de manger ? On peut le partager, je te masserais le dos." Propose-t-il en la prenant contre lui, savourant la douceur de sa peau contre la sienne et le seul fait de la retrouver encore.
Comme si leur temps était compté.
Tic tac.
Tic tac.