Mais qui es-tu ? Rémi & Othello

Il est tard quand tes pas te mènent naturellement vers le château, une fois que ton cours d'astronomie est terminé. C'est l'un des rares soirs où les préfets se montrent souples car vous devez étudier dans la tour d'astronomie et pour ça, vous devez attendre que les étoiles sortent entièrement afin d'avoir une vue imprenable sur le ciel au dessus de vos têtes. Malheureusement ce soir c'était plus long que prévu, surtout parce que les nuages ont refusés de se dissiper avant une heure tardive de fait la leçon a avancée uniquement quand le ciel s'est dégagé. Toi ça ne te dérange pas, tu ne dors jamais bien longtemps surtout avec tes visions. Même si les potions de ta mère font effet et que tu trouves le sommeil plus facilement, il n'empêche que ce soir tu n'as rien avalé justement pour éviter de piquer du nez une fois que l'heure sera venue. De fait tu as été attentif en cours et tu repars avec une idée d'ouvrage à consulter, tu aimes bien l'astronomie c'est intéressant, surtout que le professeur fait en sorte de toujours rendre ça attractif. Le problème vient surtout du fait que vous avez commencé le cours tôt et terminé tard, de fait tu n'as pas pris assez pour pique-niquer et tu meurs de faim ce soir. Et tu es frigorifié, ce qui n'arrange rien. Tu ne pourras pas prendre une douche tout de suite car tes camarades vont sans doute râler si tu les réveilles donc pour te réchauffer ce sera que demain matin sous le jet d'eau brûlante. Sauf qu'une idée te vient alors que chacun rentre dans son dortoir et que toi, tu prends le chemin des cuisines pour revenir chez les Poufsouffle.

Une méthode pour te réchauffer c'est assurément de t'installer devant un bon chocolat chaud des elfes de maison, avec quelques biscuits et peut-être une part de gâteau au yaourt comme ils savent bien le faire. Il doit rester de la nourriture du repas non ? Il en reste toujours... Et parce que ton ventre gargouille à cette idée, toi tu ne rentres pas dans le dortoir des Poufsouffle mais tu tournes à gauche, pour t'arrêter devant un grand tonneau qui se trouve être la porte des cuisines. Tes camarades finissent de rentrer et plusieurs rigolent de te voir braver le couvre-feu pour soulager ton estomac mais bon tu es un Poufsouffle n'est-ce pas, manger c'est inscrit dans tes gênes alors pourquoi te priver ? Tu tapes deux fois avec ta baguette sur la porte et celle-ci s'ouvre pour dévoiler la belle cuisine de Poudlard, immense avec les elfes qui commencent déjà à préparer le petit-déjeuner du lendemain matin. Aussitôt l'un des elfes vient te demander si tu as faim et après avoir poliment demandé un petit casse-croûte, tu te retrouves devant une table rassemblant un chocolat chaud, du jus de citrouille et autant de sucré que de salé pour satisfaire ton estomac. Les elfes de Poudlard sont généreux et donnent toujours bien plus que vous ne le demandez alors tu t'empresses de les remercier et après avoir collé tes mains froides contre un bol de chocolat chaud brûlante, tu laisses échapper un soupir. Tu es fatigué, la journée de cours fut longue et tu es content de voir que ça prend fin.

Alors que tu vas pour te faire une tartine avec du beurre et de la confiture, tu arrêtes ton mouvement quand la porte des cuisines claque, signe que quelqu'un vient de rentrer. Tu lèves un sourcil parce que tu es surpris, habituellement personne ne vient jamais ici à cette heure-ci sauf... Les gourmands de dernière minute. « Il y a assez pour deux ! » Dis-tu à la silhouette que tu vois dans le noir, sans pour autant reconnaître une quelconque identité.
 

C'est rare que tu croises des gens, surtout parce qu'à cette heure-ci la plupart dorment déjà et si ils se réveillent avec le ventre qui gargouille alors ils tenteront plutôt d'avaler un biscuit caché dans leur valise ou leur placard au lieu de descendre jusqu'ici pour se faire un chocolat et avaler des muffins. Ce qui semble être bien dommage d'après toi parce que les muffins des elfes de maison sont vraiment délicieux et il y a largement de quoi se lever pour en piquer un ou deux. Enfin d'après toi ça justifie du moins mais c'est peut-être parce que tu es Poufsouffle et comme tout membre de cette maison, tu penses d'abord avec ton ventre au lieu de penser sécurité et pratique. Et puis les cuisines ne sont pas loin de ton dortoir ainsi il ne te faut jamais longtemps avant d'arriver.

A force tu es connu et les elfes te sortent toujours de quoi te faire un chocolat chaud et quelques biscuits, surtout que tu fais en sorte de les remercier à ta façon avec des petites choses à noël par exemple, tel que des bonbons ou des chocolats. Jamais des cadeaux non, tu sais qu'il ne faut rien offrir aux elfes mais il n'empêche que laisser des sucreries ici pour eux sans préciser que c'est un cadeau, reste quelque chose qui leur fait plaisir. Eux aussi ont bien le droit de profiter de la vie, surtout quand on voit le travail qu'ils tombent pour remplir les ventres des étudiants. La tâche est colossale et c'est tous les jours qu'ils assurent le service sans jamais se plaindre, ça force l'admiration d'après toi.

La jeune fille sort de l'ombre et s'installe non loin de toi, ce qui t'arrache un sourire qui ne cesse d'être plus grand quand tu entends sa remarque. « Oui, je peine à jauger les quantités. » Dis-tu avec un petit rire sans pour autant te sentir désolé de voir une table si grande et surtout, si remplie. Au moins il y a du choix et puis de toute façon, venant d'une famille généreuse alors tu n'as pas appris à limiter les quantités. Quand tu cuisines toi même, certes c'est assez rare mais ça arrive pour faire plaisir à ceux que tu aimes, tes gâteaux sont toujours énormes. Il faut dire que tu multiplies toutes les quantités par deux alors... « Moi c'est Othello et toi ? Tu ne trouves pas le sommeil ? » Et tout en disant cela, tu prends ta tasse chaude pour avaler plusieurs gorgées sucrées. Et parce que tu arrives lentement à la fin de ton pique-nique improvisé.
 

Tu ris doucement à sa remarque, approuvant ses mots d'un mouvement de la tête tout en observant la table entre vous. C'est vrai que la quantité est énorme, assez pour remplir le ventre d'une dizaine d'élèves mais tu n'es pas responsable, les elfes de maison ne savent pas doser et sont souvent bien plus généreux qu'on ne l'imagine. Ce sont des créatures attachantes qui ne méritent pas les mauvais traitements que les sorciers leurs imposent, ni même la vie terrible qu'ils subissent souvent. Heureusement chez ton oncle, les deux elfes sont bien traités et si vous ne pouvez leur faire de cadeau car cela voudrait dire qu'ils sont renvoyés, ils ne manquent ni de nourriture, ni d'un coin parfaitement confortable pour se reposer. Et surtout très propre, ce qui n'est pas le cas pour la plupart des elfes là encore.

Tout en l'écoutant, tu attrapes une tasse propre et tu fais couler dedans un peu de chocolat chaud laissé dans une belle carafe en verre blanc. Tu as tendance à boire deux tasses quand tu viens ici alors les elfes te font une belle dose au cas où tu resterais toujours plus longtemps que prévu. Heureusement ce soir c'est bien utilisé et tu es content de pouvoir lui poser la tasse pleine avec un sourire en coin. « Je fais souvent de l'insomnie alors je passe le temps à lire. Et parfois j'ai faim... Je suis Poufsouffle, nous sommes connus pour notre gourmandise. » Dis-tu avec un petit rire en montrant du doigt ton blason jaune et noir, comportant un blaireau plus dangereux qu'on ne l'imagine.

« Tu angoisses parce que noël approche ? Je sais que les examens de mi-année font perdre le sommeil à beaucoup d'étudiants. Souvent ils viennent ici pour piquer une pomme et ils repartent réviser dans la foulée, comme si manquer deux heures de sommeil allait leur permettre de rattraper des dizaines de leçons. » Pas que tu juges simplement beaucoup ont l'habitude d'apprendre au dernier moment et une fois l'examen passé, ils oublient tout. Pourquoi faire ? C'est une pratique que tu ne comprends pas. Si tu échoues alors autant le faire avec force et panache, ça ne sert à rien d'apprendre vite pour perdre ensuite tout ce qu'on a appris en quelques heures. « Tu as faim ? » Et tu pousses vers elle une assiette de muffins et de biscuits, avant d'en prendre un que tu plonges dans ta tasse de chocolat pour le ramollir.
 

La question revient souvent mais malheureusement c'est toujours la même réponse accompagnée d'un haussement d'épaules dépité. « Non... Des potions de sommeil mais je ne dois pas en abuser alors... » Alors autant dire que tu dors un soir ou deux mais jamais plus. Il suffit que tu ne prennes pas ta potion un soir pour souffrir d'un manque flagrant de sommeil. Heureusement tu es jeune et assez résistant pour tenir malgré la fatigue sinon, tu ne sais pas comment tu ferais. C'est peut-être aussi pour cela que tu avales autant de sucre, ça te permet de tenir ta journée de cours sans trop piquer du nez, même si tu dois le reconnaître qu'une fois le soir venu, tu luttes contre le mal de tête qui accompagne le manque de repos. Mais tu ne te plains pas encore, il y a pire que toi n'est-ce pas ? Il y a toujours pire, c'est ce que tu te répètes comme une prière.

Oui tout le monde angoisse un peu même en travaillant beaucoup, simplement parce que le Conseil des Purs sera sévère maintenant qu'il est à la tête de l'école et vous craignez tous de découvrir les conséquences de leur nouvelle prise de fonction. Tu espères qu'ils ne seront pas trop sévères, il y a déjà assez d'étudiants sous pression, inutile de rajouter une ambiance horrible à ce qui se passe déjà. « Tu veux en parler ? C'est souvent plus facile de se confier à un inconnu... » Et tu l'es n'est-ce pas ? Autant dire que tu n'iras pas répéter ses secrets, de toute façon ça te servirait à quoi ? Et puis ceux de ta maison sont aussi connus pour leur loyauté et leur générosité, on dit que vous formez de bons amis qui savent tendre l'oreille quand c'est le moment.

Au moins elle ne perd pas l'appétit et tu lui souris, content de ne pas être le seul à faire preuve de gourmandise avec un muffin ce soir. Tu es souvent seul une fois que tout le monde est couché, c'est rare de voir du monde et plus encore de les voir s'arrêter pour manger avec toi. Mais ce soir tu ne mangeras pas seul et ça te fait plaisir de voir un visage amical malgré l'heure tardive. La question te surprend mais tu prends le temps de réfléchir vraiment avant de bouger la tête de gauche à droite, lentement. « Non... Je m'en souviendrais si on m'avait fait ça ! » Tu as perdu des amis certes mais jamais sans raison ou simplement parce qu'ils ont déménagés, pas parce qu'ils ont décidés de couper tout contact avec toi sans t'en donner la raison. « Ca doit être affreux. Tu as essayé de lui parler ? De la ou le cuisiner pour découvrir les raisons de son silence ? » Ca semble logique mais parfois les solutions les plus simples sont les meilleures.

« Il n'y a vraiment aucune raison ? Rien ne te vient ? » Et tu te dis qu'on ne cesse pas de parler à quelqu'un sans raison. Mais parfois les raisons sont trop douloureuses ou trop difficiles à exprimer et on préfère garder le silence plutôt que de risquer un scandale. La méthode est discutable certes, il n'y a rien de pire que de refuser tout dialogue. « Ca fait longtemps que votre éloignement dure ? »
 

Tu laisses un rire t'échapper en l'entendant te dire une telle chose, non sans hocher la tête aussitôt. C'est vrai que tu prends des forces pour tenir et que tu viens souvent ici. « Et puis je suis Poufsouffle et notre gourmandise n'est pas une légende ! » Autant dire aussi que c'est une belle excuse pour justifier que tu viennes souvent pour un chocolat chaud ou pour piquer quelques friandises afin de te bourrer de sucre. Ainsi ça te permet de tenir toute la journée, surtout quand tu manques drastiquement de repos. Du moins pour toi ça fonctionne pour l'instant, tu ne sais pas si tu pourras durer encore longtemps ainsi. Faire le mur n'est pas sans risque, si un professeur t'attrape tu sais que tu vas finir en retenue pour plusieurs jours. Il est strictement interdit de quitter les dortoirs après tout. « C'est bizarre, si ça ne te concernait pas alors elle t'aurait dit les raisons de son éloignement... » Et tu ne comprends pas vraiment les filles parfois, tu as l'impression qu'elles s'imaginent des problèmes là où les solutions seraient si simples. Vous les garçons, soit vous vous battez un bon coup soit vous venez carrément vous le dire quand vous avez trouvé une remarque ou un comportement déplacé. Ca termine souvent avec une bagarre mais au moins l'abcès est crevé tout de suite et ça ne traîne pas pendant des mois. Vous n'avez pas la rancune tenace, c'est vrai. Toi encore moins.

« Tu n'as vraiment rien qui te revient ? Une remarque, une chose que tu aurais faites ? Parfois ça semble anodin et puis une toute petite chose peut avoir blessé l'autre sans même qu'on s'en rende compte. » Pire encore, une chose peut blesser quelqu'un alors que nous on aurait laissé couler sans même s'en offusquer. C'est étrange les sentiments humains et les réactions de chacun, ce qui explique que parfois ce soit si difficile de lire sur les visages des autres, de savoir ce qu'ils pensent et si ils nous en veulent ou pas. « Et pourquoi ne pas lui proposer de simplement oublier tout ça et de repartir sur de bonne base ? Je veux dire si vous êtes amies depuis si longtemps alors votre relation devrait pouvoir... Passer au dessus. Du genre vous n'oubliez pas mais vous continuez d'avancer quand même. » Ou alors c'est la naïveté légendaire des Poufsouffle qui parle et surtout votre douceur incroyable, qui vous rend bien trop gentil pour ce monde.

C'est comme si ceux de ta maison étaient incapables d'en vouloir à quiconque même après les pires sales coups. Ce qui rend les autres maisons injustes parfois, vous êtes notamment les cibles des moqueries des Serpentards qui eux ont la rancune tenace et terrible. Faire un sale coup à un Serpentard semble vous condamner pour les années à venir. « C'est quand même dommage de perdre une amie simplement car elle ne veut pas te dire les raisons de son éloignement... Pourquoi ne pas utiliser du Véritaserum ? » Quoi que tu n'es pas certain que ce soit très légal. « Non j'plaisante, je ne sais même pas où tu pourrais en trouver ! Elle n'a pas une autre amie qui elle pourrait savoir ? Ou un petit-ami que tu pourrais cuisiner ? »
 

« Je comprends, ce n'est pas simple de supporter le silence quand on ne sait pas ce qu'on a fait de mal. » Dis-tu avec pour simple réconfort un sourire désolé parce que tu ne sais pas vraiment quoi lui dire de plus, si ce n'est qu'en effet c'est injuste. Tu ne comprends pas pourquoi les gens agissent ainsi si ce n'est que parfois on a besoin d'être seul et sans avoir la nécessité de s'expliquer. C'est seulement injuste car après ce sont les proches qui en font les frais et qui payent pour quelque chose dont ils ne sont pas responsables. Et puis à part lui conseiller de peut-être forcer les choses même si elle semble l'avoir déjà fait, tu ne saurais pas quoi dire. Toi tu es patient et tu pourrais supporter un temps une telle chose, même si tu finirais sans doute par piquer une crise pour enfin savoir ce que tu as fait de mal. Si Lisha venait à ne plus te parler d'un coup oui, c'est sans doute ce que tu ferais.

Et tu en deviendrais tellement horrible, au point de lui pomper l'air toute la journée et de lui demander sans cesse ce qui ne va pas, que soit elle lâcherait le morceau soit elle te stupéfixerait, c'est au choix. « Oui c'est vrai que le véritasérum c'est peut-être un peu extrême... Et difficile à trouver ! » En plus de ça vous ne pouvez pas justifier l'achat simplement pour faire parler quelqu'un. Et de là à le fabriquer vous même tu ne pourrais même pas y penser tant la recette est difficile, seulement tentée par les meilleurs potionistes car ça prend du temps, les ingrédients sont coûteux et si on rate alors c'est tout un chaudron qu'on doit jeter. Et pire encore, tu n'oses imaginer ce que ça peut faire d'avaler du véritasérum raté, ça pourrait carrément tuer.

« Je te le souhaite oui... C'est triste qu'une relation se termine sans savoir pourquoi. Mais bon je me dis qu'elle finira par te parler... » Ce serait bête de ne pas le faire même si tu n'y crois pas trop, personne n'arrête de parler à quelqu'un surtout si ce n'est pas sa faute et sans jamais se justifier. Soit c'est qu'il y a pire que tu ne peux l'imaginer et même Rémi ne s'en doute pas, soit ça ne la concerne même pas et dans ce cas là il faut seulement faire preuve de patience et attendre que son amie revienne d'elle même. Comme si rien n'était ou alors pour en parler justement.