C'est assez rare de voir la Confrérie accueillir des nouveaux maîtres venant de l'étranger, surtout parce qu'elle a tendance à rester entre ses membres, assurant la suite auprès de ceux que vous connaissez, comme une oligarchie bien rodée qui a fait ses preuves avec le temps. Ainsi quand un nouveau arrive, tu te souviens que ça s'est produit une fois il y a un peu plus de dix ans, tu es chargé de l'accueillir ou du moins ce sont ceux de ta famille qui ont la charge d'aller voir, de prendre la température, de découvrir qui est réellement cette nouvelle personne. Principalement parce que le Capricorne c'est le signe de la vengeance et du règlement de compte, c'est à vous qu'on confie les tâches de faire payer les traîtres mais aussi d'accueillir comme il faut les nouveaux venus. Il y a dix ans de ça c'était un membre lambda mais cette fois-ci c'est un maître qui vient bien d'ailleurs mais pas de vos cercles proches. De fait c'est tel un maître que tu te présentes et que tu comptes bien créer un lien quelconque, au moins pour savoir qui est réellement cette personne.
Evidemment tu t'es renseigné sur cette Angélique Beauvais qui vient d'Amérique et qui possède une boutique tout à fait respectable qui, déjà, accueille des clients venus de toute la capitale. Apparemment on y trouve de quoi pratiquer des magies anciennes qui font rêver ceux qui pensent avoir tout vus de la magie blanche et noire, il faudra que tu te penches là dessus toi aussi. Ca pourrait te faire un lien certain avec plusieurs objets que tu gardes dans ta boutique et dont l'utilisation te laisse sceptique, notamment parce que tu ne sais pas à quoi ils servent. Alors chercher dans une autre forme de magie semble être la solution la plus logique non ?
Ainsi il est encore tôt quand tu laisses Barjow&Beurk aux mains de ton employé qui se chargera de réceptionner les nouvelles entrées, à savoir une paire de lunette qui permettent de voir à travers les murs, ce qui sera parfaitement utile à quiconque veut cambrioler une maison. Puis tu t'arranges pour arriver un peu après l'ouverture de la boutique de Miss Beauvais, à savoir quand il n'y a presque pas de clients et moins encore de curieux qui pourraient écouter votre conversation. Car vous allez parler c'est certain, tu as avec toi deux objets qui peuvent servir pour le vaudou ainsi qu'un masque vert qui permet de voir pendant quelques secondes, le passé d'un lieu particulier. Très utile quand on cherche à suivre quelqu'un où à découvrir ce qui a bien put se dérouler dans une maison ou un lieu particulièrement lourd et chargé de magie.
Une fois devant la boutique, tu passes la porte ce qui a pour effet de faire sonner une petite clochette au dessus de ta tête. Comme tu t'en doutais l'endroit est vide, ce qui t'arrache un sourire alors que tu approches du comptoir pour poser deux petits sacs en toile contenant les objets de vaudou, une poupée mais aussi un autel domestique contenant deux formes, un homme et une femme. A quoi ça sert ? Impossible pour toi de le dire, tu espères bien avoir de l'aide cette fois-ci. Attendant, tu finis par sonner une petite cloche pour signaler ta présence avant de sourire quand tu entends qu'on approche.
« C'est Hannibal Barjow, vous vous souvenez de notre dernière rencontre ? » Que tu dis tout fort, sachant que la dernière fois que vous vous êtes croisés, c'était nulle part ailleurs qu'à la réunion des maîtres de la Confrérie. Autant dire que tu as fait en sorte de l'approcher rapidement, vous avez des intérêts communs et des affaires à échanger. « Je vous avais promis de venir vous apporter certain objets qui pourraient vous parler... Plus qu'à moi en tout cas. J'avoue que la pratique du vaudou m'est presque totalement inconnue. » Et tu ne peux t'empêcher de laisser ton regard se balader sur les étagères, remarquant des objets aussi étranges qu'originaux. Enfin rien de plus étrange que ta propre boutique, c'est que Barjow&Beurk a sa propre réputation maintenant. On y trouve de tout et surtout quand on ne cherche pas.
Sujet: Re: Capricorne contre scorpion - Angélique & Hannibal Sam 13 Avr - 5:19
Capricorne contre scorpionft. Hannibal C. Barjow
[Quelques mois se sont écoulés depuis qu’Angélique est débarquée en Angleterre. Depuis son arrivée, elle n’a pas chômé : intronisation officielle au sein de la Confrérie, installation en règle dans le petit appartement situé juste au-dessus du local qu’elle avait déniché pour établir sa petite boutique, ouvrir cette dernière… Toutes ses journées étaient bien occupées. Pas le temps de s’ennuyer des beignets et de l’humidité réconfortante de la Louisiane. Et bien qu’elle trouve quelques petits défauts à Londres, notamment le manque criant d’arbres recouverts de mousse espagnole et l’absence navrante d’alligators dans la Tamise, elle s’y plaisait énormément.
La capitale anglaise constituait un tout nouveau terrain de jeu pour l’Américaine. La clientèle était curieuse et diversifiée, les âmes errantes plus vieilles encore que celles qui croisaient sa route dans sa contrée natale. Il y avait énormément à apprendre et à découvrir; l’essence de la magie n’était pas la même dans l’Ancien Monde. Elle le sentait dans l’air lorsqu’elle se baladait dans l’Allée des Embrumes, elle ressentait les vibrations du bout de ses doigts jusqu’au plus profond de son être. Tout cela était stimulant, sa curiosité sans cesse titillée. S’il était vrai qu’elle était toujours assoiffée de pouvoir, elle l’était tout autant de savoir. Et il s’avérait qu’elle partageait ce trait avec un autre Maître en particulier : nul autre qu’Hannibal Barjow.
Avant même que le carillon de la porte d’entrée et la cloche du comptoir n’émette le moindre son, la femme au teint mat perçu la présence du Capricorne qui s’approche. Elle aurait très bien pu sortir de l’arrière-boutique, où elle s’affairait à concocter divers élixirs et potions, pour pouvoir l’accueillir sans tarder. Mais où était le plaisir dans tout ça? Elle laissa le carillon tinter, attendit qu’il sonne la cloche et daigna lâcher son pilon et son mortier lorsqu’elle l’entendit l’appeler.
« Monsieur Barjow, quel plaisir de vous accueillir chez moi de si bon matin », roucoula-t-elle en écartant les épais rideaux de velours qui séparaient l’espace de vente de la zone interdite aux clients à deux mains, un sourire enjôleur aux lèvres. « Comment aurais-je pu oublier? Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes… »
Doux euphémisme que celui-ci. Angélique avait une mémoire phénoménale, et c’était là qu’une des nombreuses raisons qui faisaient d’elle un personnage plutôt redoutable. La plupart des gens se sentaient intimidés en sa présence, et c’était l’une des raisons pour lesquelles elle aimait bien se trouver en présence d’autres membres de la Confrérie. Chacun des Maîtres était charismatique à sa manière, mais une chose restait indéniable : ils étaient tous puissants. Incroyablement puissants. Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’ils le savaient tous. La Néo-Orléanaise ne faisait pas exception. En outre, elle savait que son arrivée suscitait la curiosité et qu’elle apportait un certain exotisme au groupe. Son sourire s’agrandit, d’ailleurs, lorsqu’il mentionna sa pratique.
« Oh, ne vous en faites pas. Même en Amérique, le vaudou demeure un véritable mystère. Plusieurs le voient comme une menace, comme tout ce qui est obscur et inconnu. D’autres pensent le connaître alors que ce n’est pas le cas du tout. Vous en apprendrez peut-être davantage à force de me côtoyer. » Elle appuya sa phrase d’un regard soutenu à l’intention du grand brun, puis celui-ci dériva sur les sacs de toile. « Puis-je? »
Elle pouvait, bien évidemment. Après tout, ces objets lui étaient en quelque sorte destinés. Il valait toutefois mieux jouer la carte de la politesse – elle n’avait pas n’importe qui en face d’elle. Délicatement, elle vint ouvrir le premier sac, sortant la poupée du bout des doigts. Elle haussa les sourcils en l’examinant, grimaçant légèrement en observant la figurine en jute et ses coutures brouillonnes.
« Un travail d’amateur… », susurra-t-elle en secouant la tête, faisant passer le bout de ses ongles sur les cheveux de la poupée. « Le créateur a au moins eu la décence d’utiliser les cheveux de celle qu’il souhaitait tourmenter… »
Elle soupira. Elle avait entre les mains une représentation de l’ego masculin et de sa grande fragilité. Pour venir étayer ses hypothèses, elle continua son examen approfondi, allant même jusqu’à renifler le tissu en piteux état. Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre. La scène d’une femme malade à s’en vomir les tripes joua dans son esprit, à la même manière qu’un film dans une salle de cinéma. Puis, ce sont les sensations de peur, de souffrance et de désespoir qui lui parvinrent très distinctement. Un frisson de dégoût lui parcouru l’échine alors que, narines retroussées, elle renifla un coup. Elle leva les yeux sur Hannibal, gardant la poupée au creux de sa paume, l’air presque désolé.
« Cette poupée a été surutilisée. À mauvais escient, et de la mauvaise manière », laissa-t-elle tomber en passant un index presque compatissant sur le front du petit amas de jute. « L’histoire se termine plutôt mal, malheureusement. Reste à savoir si le créateur est rongé par les remords ou non. Je pourrai toujours me pencher sur le dossier. »
Son sourire s’agrandit davantage. Ce n’était effectivement pas quelque chose qui était hors de sa portée. Déjà, les idées de ce qu’elle pouvait bien faire avec ce bout d’histoire commençaient à s’accumuler dans un coin de son esprit. Faisant un petit tour sur elle-même, elle vint déposer la poupée sur la tablette déjà bien fournie qui était accrochée au mur derrière le comptoir.
« Comment avez-vous obtenu ces objets? », demanda-t-elle en posant ses mains sur l’autre sac sans en dévoiler le contenu. « J’ai cru comprendre que nous avons cette passion pour les items uniques, vous et moi. Vous avez une boutique pas très loin d’ici, non? »
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