Un yeux ouvert.
La lumière qui perce par la fenêtre et la migraine qui revient. Par manque de sommeil. Par retour d'alcool dans le sang. Parce que tu supportes par la lumière - t'es un vampire jusqu'à ton premier café. Peut être un peu de tout cela finalement. Il te faut un moment pour que tu réalises où tu es - regard alentour pour essayer de replacer chaque chose à sa place. Mais tu trouves pas ton horloge, ta guitare ou la batterie de ta meilleure amie qui doit trôner dans le salon.
Puis ton canapé est plus agréable au dos qu'à l'accoutumé. Ton - son - le canapé tu sais plus. T'as juste la tête à l'envers. Puis tu réalises que la photo qui te sourit sur la table de chevet représente Eden - Eden et tu sais pas qui. T'as pas pensé à demander - t'as le sentiment que t'as pas vraiment droit de lui demander quoi que ce soit. Tu replaces sa chambre finalement. Et tu souris - mais elle est pas là - remplacée par un bout de papier que tu prends. Et tu mets le temps pour le déchiffrer et le comprendre lui aussi : Je suis au Drunk Broom pour pratiquer la session de ce soir. A tout à l'heure. -E Dans un grognement tu finis par te lever.
Tu lis à travers les lignes - tu as pas plus de temps pour rêvasser alors tu te lèves. T'as perdu ton t-shirt de la veille mais tu en trouves un qui est assez grand pour toi que tu mets. Il doit être à Eden et te sers au corps.

Mais t'es beau alors t'assumes. Ton jean, puis des chaussures que tu prends pas la peine de fermer. Au contraire de l'appartement d'Eden. Tu le fermes parfaitement avant de rejoindre le Drunk Broom à deux pas de là. Tu y entres par l'arrière - une habitude que tu as prise depuis qu'Eden y a fait rentrer les Dingoes comme Artiste. Elle est là chez elle - tu sais même pas comment elle a pu se rapprocher de la gérante et se faire accepter. Parce que tu sais ce qu'on raconte sur ce lieu - il y a plus de créatures qu'autre chose. Des créatures, Eden, ta soeur - tout cela qui se mélange et en fait le parfait endroit pour toi. J'voulais pas te réveiller, tu dormais comme un sac Elle sursaute et tu souris avant de te poser sur une chaise pas loin d'elle. Son instrument qui se pose à terre et toi qui baille pour évacuer ce qu'il te restait de fatigue dans les yeux. T'as bien dormi ? Pas assez. Qu'tu réponds un sourire en biais sur la face. Elle le sait très bien - c'est de sa faute après tout. Je voulais savoir si c'est moi que tu vas pratiquer ce soir encore ? T'ajoutes avec un sourcil qui se lève et se fait joueur.

T'es pas le plus à l'aise avec votre relation, mais au moins tu sais que le sexe est rarement une option refusée entre vous. Au contraire des pardons, des explications et des conversations à coeur ouvert. Vous évitez tout cela. C'est quand la prochaine date ? Tu demandes finalement - J'dois poser mes congés demain - comme on est noyé d'accidents et que je prends du retard sur les dossiers. Expliques-tu, ce qui est pas faux, mais vient pas tant des dates de concert que de ton incapacité à te concentrer sur autre chose qu'elle depuis vos retrouvailles.

 

Quand tu te réveilles tu peux pas prétendre être le type le plus délicat du monde. Loin de là - tu te laisses tomber sur la chaise dans un bruit sourd, ravi de pas être passé à travers (déjà). Seconde de réflexion avant de trouver quoi répondre à la belle blonde - pas qu'en réalité tu réfléchisses beaucoup, comme c'est pas ton fort non plus avant un café. Ou une heure pour te remettre de tes émotions, ce que tu t'es pas permis histoire de passer le plus de temps avec Eden. Ce qui t'es pas donné souvent - outre durant vos sessions où tu la partage avec les trois autres Dingoes.
Il y a des sons dont je ne me lasserais jamais. Celui de mon violon et les tiens, quand je te pratique Tu souris en biais, ravie de voir qu'elle rougit pas avant de rentrer dans ton sous-entendu pas du tout subtile. La poésie du quotidien, tu le dirais aisément, ou alors juste l'esprit adolescent qui te quitte toujours pas malgré tes vingt-six ans. Du talent et de la pratique, c'est tout ce que ça demander pour sonner juste. Tu continues, laissant planer le doute sur le fait de parler de toi ou du violon. Bien que son violon sonne constamment juste.

Quelques minutes de n'importe quoi et en une seconde tu te mets à avoir des réflexions d'adulte - ça te vient d'un coup sans prévenir et même toi t'es surpris pendant une seconde. J'oublie parfois que t'as un boulot de bureau Pareil. Ou alors c'est que tu aimerais mieux l'oublier. C'est pas le boulot le plus passionnant qui soit - moins passionnant que de jouer de la musique avec une bande de potes et une femme fantastique devant un bar rempli de créatures terrifiantes certes - mais au moins ça te permet de payer une partie du loyer de Masha. Puis de pas finir par manger tes chaussettes à défaut de pouvoir t'offrir un vrai repas.

Après ce soir, on ne rejouera que le week-end prochain, on est bookés pour vendredi et samedi, les deux jours où il y a le plus de fréquentations Tu opines, notant que sur ces jours-là tu es simplement disponible sans faire d'effort - après tout tu travailles qu'en semaine. Ce qui te convient parfaitement, te donnant l'impression de mener une sorte de double vie. Mischa le jour, employé de bureau minable et empoté; Mischatte la nuit, musicien talentueux à la voix hypnotique. De quoi faire rêver, vraiment, tu pouvais pas espérer mieux pour ta vie. Oh et désolée d'avoir pris ton t-shirt, je le porte sous mon sweat. Mais je peux te le redonner si tu veux et si tu te sens trop ... à l'étroit dans celui-là Tu me trouves à l'étroit ? J'aurais dit diablement sexy - je trouve que ça me va mieux qu'à toi non ? Demandes-tu en bombant le torse - faisant inexorablement remonter le t-shirt sur ton ventre pour deviner la naissance de ton nombril. Clairement sexy, qui pourrait y résister ? Garde-le, en échange je te prends celui-ci. Décides-tu en haussant les épaules, bougeant pas le tissu pour le remettre en place - décidé à garder ton rôle de magnificience. J'peux nous faire deux cafés ? T'as un truc prévu aujourd'hui - ou tu veux juste être là à répéter peut être ? J'essaie de me remettre à écrire mais rien ne m'est venu d'intéressant alors je penser que peut être faire un tour en ville ça m'aiderait. Tu sais prendre l'air - tout ça - pour essayer de retrouver l'inspiration.

 

Dommage, je voulais me donner une bonne raison de me déshabiller devant toi. Mais je dois avouer qu’il te va bien, tu es effectivement diablement sexy Tu sais... T'es pas obligée d'avoir une raison de te déshabiller - sois une femme libre, fais toi plaisir. Assures-tu après pas plus de deux minutes de réflexion - faut dire que quand il s'agit d'Eden nue, t'es pas douée pour réfléchir. Outre aux choses que tu voudrais lui faire, toutes les parcelles de peau que tu voudrais embrasser. Il n'y a que cela qui tourne dans ta tête, qui te fasse rêver et qui t'occupe. Elle - constamment - bien que tu saches pas comment le gérer alors que vos retrouvailles ont été si étranges. Tu sais pas sur quel pied danser, d'autant que t'es pas un si bon danseur. T'es meilleur musicien.
Pas aussi bon qu'elle cela dit. T'essaie juste de rester à la hauteur - et apparemment t'es pas si mauvais comme elle a accepté de te garder pas trop loin et dans le coeur des Dingoes. Et comme tu veux pas t'laisser prendre de court, tu préfères retrouver ta capacité à écrire des choses belles.

Ou on peut aller boire un café en ville ? Mais avant ça … j’ai … Tu penches la tête de biais, lui donnant toute ton attention alors qu'elle ressort son instrument - t'es parfaitement amoureux du violon, surtout parce que t'es pas doué pour jouer de manière aussi fluide qu'elle. C'est une ballade. C’est pas le genre de trucs qu’on écrit d’habitude mais ça m’est venu comme ça. Tu accepterais d’écouter ? Si tu avais été du genre sarcastique t'aurais répondu non en levant les yeux au ciel. Mais t'es pas sarcastique. Tu comprends même pas le sarcasme la majorité du temps. Bien sûr. Tu réponds avec un sourire, touché qu'elle te fasse encore assez confiance pour jouer ses morceaux devant toi en premier - c'est un honneur et tu sais comme ça importe.
Tu la laisses jouer - les paroles te touchent rapidement, faisant réagir ton palpitant qui aime croire que t'es au coeur des paroles. Mais tu sais qu'entre vous c'est plus ça - c'est moins cela. Tu gardes pour toi les mots et les questions - tu la laisses jouer, chanter de sa belle voix pour te transporter vers ses rêves et ses envies. Tu la laisses, et t'es heureux. T'es heureux de partager ce moment si intime avec elle - le palpitant totalement envolé quand les dernières notes retentissent.

Quand le silence revient tu le gardes un moment - sachant plus comment réagir ou avoir l'air cool. Tu sais même pas si tu dois être cool à ce moment précis. On devrait jouer des ballades plus souvent. Dis-tu, supposant que c'était pas vraiment dangereux que de dire cela à la place de tout ce que tu as dans la tête. T'es vraiment une parolière de talent. Assuras-tu, avec la voix qui dit adieu au milieu de ta phrase pour faire croire que tu es encore un adolescent prépubère. Tu déglutis difficilement, te redresse finalement et décides que - si tu dois rester, tu vas l'embrasser et dire des choses qu'elle veut pas entendre. Un café dehors alors ? C'est moi qui offre.


 

Tu restes sans mot dire qui soit intelligent - comme souvent - trouvant pas comment réagir de manière raisonnable et adulte face à une chanson qui te retourne de dedans. Tu voudrais pas paraitre prétention en arguant que t'as inspiré la chanson d'Eden, sauf que quelque part ça résonne bien trop aisément en toi pour que ce soit innocent. Mais t'es pas prétentieux - t'es beaucoup de choses, cela dit, mais au moins tu peux t'assumer comme un type qui manque d'orgueil. Bien ou mal placé, d'ailleurs. Alors tu souris, stupidement, la félicite d'être doué - parce que tu le penses - et la voit qui se trouve aussi mal à l'aise que toi sur le moment. Pas plus que toi, Mischa. J'ai écrit une chanson, une fois, parce que j'avais une bonne source d'inspiration. Toi, tu trouves l'inspiration n'importe où, dans n'importe quoi. Et c'est ça, qui est merveilleux Sauf que t'as le syndrome de la page blanche - alors écrire un truc qui sonne mélodieux en ce moment c'est de l'ordre du miracle pour toi.
Tu peux pas nier que t'as écrit une chanson sur une paille parce qu'au Drunk Broom les serveurs s'amusent toujours à t'en mettre dans ton jus de fruits. Parce que tu bois du jus de Citrouille Bulstrode & Juice et que t'es apparemment le seul. Mais une paille - clairement y a plus intéressant comme sujet de chanson et t'es pas sûr que ça devienne une oeuvre d'anthologie dans l'histoire de la musique sorcière. Peut être dans l'histoire des colonies de vacances pour enfants de sorciers désabusés. Ca me va. Y'a un petit café sur la place qui est pas mal. Il paie pas de mine comme ça mais ils ont un excellent café italien T'opines - lui faisant pleinement confiance pour sortir et t'amener dans un endroit extra.

Ce que vous manquez pas de faire à la minute, après qu'elle ait rangé son instrument et que t'ai retrouvé l'usage de tes jambes pour marcher presque droit (c'est cependant pas tant la chanson que votre nuit courte qui te fait divaguer à gauche). Hm je vais vous prendre un double espresso, sans lait, ni sucre. Et une assiette de scones à partager. avec de la confiture. Et du miel. Et du caramel à tartiner si vous avez. Et toi ? Je vais prendre un Chai thé avec du lait de soja - pas de vache - beaucoup de crème, trois sucres et un supplément de cannelle. Demandes-tu, sur le même ton enjoué qu'Eden, parce que tu veux pas te laisser à la traine. Tu prends après cela le paquet de cigarettes pour en tirer une - te promettant de la lui rendre, puis comme toujours tu le feras pas jusqu'à lui offrir un paquet entier dans une semaine. T'as un truc de prévu aujourd'hui ? J'me disais que ... ça s'rait cool de passer la journée ensemble ? J'peux éviter le boulot, je sais plus mes horaires puis de toute façon j'aime mieux passer la journée avec toi. Faut juste que je passe changer mes cordes de guitare - j'en ai cassé deux hier. T'avises, en supposant que cela n'avait rien de bizarre de sortir avec son ex-devenue son plan cul mais pas sa nouvelle petite amie. Ca n'a rien de bizarre, pas vrai, qu'on traine ensemble alors qu'on fait que s'envoyer en l'air ? On est amies - alors c'est pas bizarre de sortir en amis. Que tu déballe parce que comme toujours y a cette incapacité pour toi de garder ton cerveau silencieux. T'as envie de faire un truc spéciale aujourd'hui ? Il va pas faire beau longtemps - mais c'est jamais le cas ici de toute façon. Alors que ce soit pas une raison pour nous arrêter. On peut aller du côté du Chemin de Traverse et voir s'il y a pas d'nouvelles annonces pour des artistes en mal d'amour comme nous.


 

Du lait végétal mais de la crème ? J'suis un homme compliqué tu sais. Que tu réponds, refusant de reconnaitre que rien ne va dans cette demande. Mais tu préfères le lait végétal, la crème qui glisse aisément, le sucre - tu aimes avoir des savoirs dans la bouche pour plus réussir à savoir ce que tu manges et sentir que ta bouche gueule presque de joie et d'incertitude. Tu fais des mélanges étranges, des expériences culinaires, tu finis plus souvent que tu voudrais dans les toilettes ou plié dans ton lit à t'engueuler d'être comme ça. Mais quitte à refuser de vivre parfaitement dans les lignes, dans tous les aspects de ta vie t'es comme ça.
Si tu essais pas, comment tu peux savoir si c'est toi, si tu aimes, si t'as envie de prendre ce chemin ? Si tu n'essais pas, te trompe pas, ne foire pas complètement et ne le réalise pas, alors comment tu peux continuer à vivre ? Tu peux pas toujours avoir raison - ce qui est rarement le cas finalement te concernant. Tu préfères simplement agir en étant impulsif, puis recommencer si t'as eu raison une fois, pour sentir le plaisir d'être toi.

Mais parfois tu sais que tu te perds - les certitudes dans ta vie sont pas nombreuses, et t'es pas certain d'en vouloir finalement. Tu veux pas ressembler à ces sorciers ou ces moldus, qui tiennent toujours le même style, qui se comportent toujours pareil, qui font les mêmes blagues et qui ont un quotidien bien ficelé. Il le faut pour payer ton loyer à Masha - mais outre cette contrainte, les autres tu sais les refuser. Tu aimes la musique. Tu aimes passer du temps avec le groupe. Tu aimes passer du temps avec Eden en tête à tête - voila les seules certitudes qui te conviennent. Ca et le manque que t'as d'Ariana - mais la douleur de l'absence de ta soeur et de tout ce qui concerne ton histoire familiale, tu le cache derrière ton sourire parfait. Josh ne fait son business que grâce à toi, tu sais ça ? C'est ma manière de soutenir le commerce local. Affirmes-tu en jouant avec la fumée de ta cigarette - celle que t'as piqué à Eden, te promettant de lui en acheter un nouveau paquet bientôt. Parce que tu sais comment ça se passe : elle l'achète, tu le finis, alors t'achète le prochain qu'elle finira. Et cela jusqu'à ce que l'un soit plus riche ou pauvre d'un paquet.

Bien que tu voudrais que cette histoire termine jamais. Le Chemin de Traverse pour de nouveaux contrats ça me va. On pourrait aussi passer à Hyde Park, avant que le temps ne se gâte ? Les arbres commencent à avoir des couleurs d'automne, c'est joli On peut même le faire sous la pluie. C'est toujours plus inspirant les paysages torturés. Peut être que tu pourrais écrire quelque chose de beau encore. Admets-tu, parce que tu peux pas lui refuser ça. Servis, tu te jettes sur ton thé, que tu savoures - te cramant la gueule en passant mais essayant de ne rien montrer. Bien que tu peux pas empêcher ton visage de faire la grimace quand tu luttes contre la brulure de la boisson. Tu sais ... Il va falloir qu'on parle à un moment. Pas maintenant parce que .. Je sais pas, mais il va falloir. Un jour. Tu es surpris par la voix d'Eden et son incapacité à se tourner vers toi.
Tu sais qu'il vous faudra parler. Puis en vrai - Pourquoi pas maintenant ? comme disait ta grand-mère : Faut pas remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui. Et c'est un conseil que tu appliques pas assez souvent. J'veux dire : tu veux parler de quoi ? Tu le sais, tu le sais mais tu sais pas comment débuter cette conversation là.


 

C'était plus simple d'être encore un gamin - les enfants avaient cette fascinante capacité de vivre au jour le jour, comme s'ils étaient incapables de se souvenir de la veille et de s'inquiéter pour le lendemain. Il arrivait même qu'ils soient incapables de se souvenir du matin au moment du coucher, qu'ils parlent de la journée comme d'une aventure fantastique en focalisant leur pensé sur des choses minuscules devenues d'importance. Tu voulais garder ton esprit d'enfant - que de cette journée tu te rappelles la couleur de la boisson que t'as bu au réveil, plus que de tout le reste. De tes emmerdements, de tes inquiétudes, de ce qui te traverse chaque fois que t'es avec Eden. Tu as beaucoup trop dans l'esprit qui pourrait t'ôter le sommeil et le sourire - tu préfères continuer d'avancer en chassant toutes les questions qui te viennent.
Celles qui feraient de toi un homme mature - enfin. T'es pas prêt pour cela encore, t'aimes mieux que la vie continue à être un terrain de jeu. Tu lances le souaffle à tes camarades mais parfois tu peux pas éviter le cognard qui vient se fracasser dans ta gueule.

Eden sait assurément comment te mettre à terre, mais tu fais mine d'être prêt. C'est pas le cas, mais t'es doué pour faire comme si - moins qu'elle cela dit, sans doute parce qu'elle fume et que ca l'aide à tenir ses tremblements alors que pour cacher les tiens tu mets tes mains sous la table hors-de-vue. De plein de choses en réalité, si bien que je ne sais pas par où commencer. J'veux dire ... T'es revenu depuis des semaines, on couche ensemble pratiquement tous les soirs, on a monté un groupe ensemble, on chante ensemble, mais on est incapable de parler Parce que c'était parmi les règles imposées sans le dire de votre relation retrouvée. Pas que tu t'en plaigne - ne pas parler, ça t'aide à pas penser. A pas refaire le film de votre relation et là où ça a pu merder encore et encore.
Elle sait pourquoi vous parlez pas. Mais elle sait aussi comme vous pouvez être meilleurs quand vous parlez parce que c'est ainsi que vous étiez à Poudlard. La meilleure version de vous-même. Ca marchait plutôt pas mal. Mais clairement - ca nous fera pas avancer plus hein ? Qu'tu demandes parce que tu lis cela en sous-texte. Que peut être elle veut avancer.

Te reste à espérer qu'elle veut avancer avec toi. Pourquoi t'es parti ? Pourquoi tu m'as laissé toutes ces années sans nouvelles ? On va pas l'plus difficile à répondre. Qu'tu réponds avec un rire un peu gêné. Parce que tu te doutais que cette question viendrait la première, t'as juste pas prévu comment y répondre au mieux. Tu sais pas comment y répondre, parce que tu sais pas t'expliquer à ce sujet. Enfin si - mais à y repenser, tu te dis que t'as été plutôt idiot à l'époque déjà. Je... Ma grand-mère a été tuée. Quelques jours avant notre départ. Mangemort ou mage noir - qu'importe. Ma mère et mon père ont reçu des menaces, alors l'mieux a été qu'on disparaisse d'Angleterre au plus vite. t'expliques sans pouvoir la regarder, sentant le rouge te monter aux joues - Ils ont été stricte sur le fait d'couper tous les ponts, de rien laisser comme trace, pour se faire oublier. Et j'ai flippé alors... alors je t'ai rien dit. Qu'tu termines, mortifié par la honte qui t'étreint le ventre.

 

J’essaie de pas montrer la moindre émotion, quand les souvenirs de notre fuite revient si violemment. J’suis pas du genre à apprécier le drame – ce dernier fait de belles chansons, mais c’est bien la seule beauté qu’il porte. Le drame détruit, il brise, il fait mal. Il nous contraint à des actions allant à l’encontre de nos convictions. Il nous oblige à être d’autres, à se cacher, à changer, à s’oublier. Quitter l’Angleterre, c’était quitter Eden – c’était laissé derrière moi la meilleure partie de mon palpitant terrifié.
J’ai oublié d’être courageux, mais comment l’être à dix-huit ans. Comment décider de ne pas suivre mes parents ? Comment décider de rester pour affronter une guerre dans laquelle j’étais certain de crever. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit : de la mort. Celle qui frappe sans justice, qui se fait sa propre juge, qui se fait tortionnaire, qui se fait cauchemars. Il s’agit des terroristes, des mages noirs, de la douleur, de la torture. Comment combattre cela ? J’ai jamais été doué en duel.

J’ai été doué pour fuir. Pour la blesser comme je l’ai été – mais moi je savais, elle non. Et quelque part j’espérais qu’elle me prenne pour un lâche, qu’elle me déteste, qu’elle m’oublie. Que rapirement je ne sois qu’un nom brumeux dans les souvenirs qu’elle garderait de ses années à Poudlard. Qu’un jour une amie lui dise comment c’était déjà ? et qu’elle réponde Michel ? Non ? comme si cela n’avait pas la moindre importance. "Je suis désolée, terriblement désolée" Mais son étreinte me réchauffe, ses bras m’entourent et me donnent le sentiment d’être protégé. D’être à ma place. Elle est là, ma place, dans les bras frêles et doux d’Eden. Pourquoi voulait être ailleurs ? Pourquoi espérer autre chose ? Espérer qu’elle oublie alors qu’elle est là ?
Et puis quoi ?

J’inspire, soupire, fais taire le souvenir qui deviendra brumeux un jour. Peut être. Ou pas. Qu’importe – il est derrière, alors qu’à l’avant se trouve toutes nos promesses pour après. Devant, toujours, sans jamais un regret. Sans un remord. Sans un espoir si elle n’est pas là. Des années à vivre au lendemain sans regarder hier ont fini par me faire oublier comment vivre et exister autrement.  "Je ... vous savez pourquoi ? Votre famille a eu des soucis ? Mon père aurait pu aider, il aurait pu vous cacher et je ..." Nés moldus investis dans le Ministère – ce genre de connerie. Ma Grand-mère faisait partie de la liste d’Aloysia. Elle a été inquiétée, avant d’être tuée, parce que certains considéraient qu’elle était trop investie à une place qu’elle a volé à des sangs purs. Un truc du genre. Un truc qui m’échappe – j’en parle avec une voix détachée.

J’en parle comme si cette histoire n’était pas la mienne parce que je refuse d’admettre cela. D’accepter cette violence-là. J’voulais pas te mêler à cette histoire. Il y avait déjà un risque parce que nous deux… alors je pouvais pas te mêler plus, toi ou ta famille. Impossible à le concevoir – le danger tu pouvais pas l’affronter, moins encore s’il concernait Eden. "Je n'ai pas cessé de penser à toi, tu sais, toutes ces années. Ca me tuait de ne pas avoir de tes nouvelles et ... Qu'en est-il de nous, maintenant ?" Je sais pas quoi répondre.
Je voudrais dire que tout ira bien. Sans doute est-ce vrai. Sans doute – qui peut le décider sinon nous finalement ? Pourquoi vouloir plus ? Je veux dire – on est bien comme ça non ? J’ai le sentiment que tu étais heureuse ainsi. Pourquoi je flippe encore ?
Quand ai-je cessé d’être courageux ? Ne l’aurais-je jamais été ?
On est encore jeunes – j’veux dire : sexe, alcool et rock’n’roll, c’est pas à cela qu’on aspire ? Et apparemment je suis pas capable de fermer ma gueule pour dire un truc intelligent.

PS : me tue pas