la famille Il y a des souvenirs qui s'effacent et se transforment, sous le prisme du souvenir rappelé, raconté, répété pour être plus proche de l'imagination que de la réalité. Dans ton esprit, ton père était grand, avec une barbe de trois jours, un regard rieur, un sourire immense. Tu te souviens d'une voix chantante, arrivant pas à te souvenir d'une dispute ou d'une fois où t'as eu l'impression de l'avoir déçu. Tu te souviens qu'il cuisinait, que tu aimais son poisson à la crème au beurre, qu'il le faisait avec du riz, toujours, que tu le dévorais au point de le demander comme repas pour ton huitième anniversaire.
Tu te souvenais qu'il aimait les jeux de société, que vous aviez l'habitude d'en sortir le dimanche après-midi durant les vacances. Une manière de passer du temps en famille, se disputant pour savoir qui avait triché et gagné à la déloyale. Y a pas beaucoup de souvenirs avec plus que ton père et ta mère autour de toi - pas de frère ou de soeur. Pas de cousine. Parfois Poppy qui était là - ta marraine - bien que les relations avec ta mère étaient pas toujours parfaites. Du moins c'est l'impression que tu avais en tant qu'enfant.
Puis Papa est mort.
Tu pensais que comme dans les films des moldus, tu te souviendrais éternellement des dernières paroles que vous aviez échangé. La vérité, c'est que tu étais à Poudlard au moment des faits, et que lui il a brûlé dans votre maison, suite à une attaque de Mangemort. Vous vous étiez vus trois mois avant, et entre temps quelques lettres pour prendre des nouvelles. Rien de plus. T'as des lettres, de ton père. Mais plus le temps passe et plus tes souvenirs deviennent flous. T'es pas certaine de savoir vraiment te rappeler du son de sa voix telle qu'elle était vraiment.
Puis Maman est partie.
Elle t'a pas laissé à la rue, mais chez
Poppy. Elle prend soin de toi depuis, comme une tante ou une grande soeur - quelque chose comme ça. Elle est souvent à prendre soin des autres, Poppy, puis elle vit au château alors t'y es aussi la majorité du temps. Ca te convient - t'es pas du genre à te révolter, plutôt à t'adapter. Mais Maman, tu la vois plus vraiment. Tu te souviens pas non plus la dernière fois que vous vous êtes croisées.
Tu dis que ca te fait rien, mais plus t'y penses et plus t'as envie de hurler.
l'amour Y a eu des dizaines de livres sur l'amour dans ta chambre - tu les dévores depuis que t'as l'âge de savoir lire, passant d'une histoire à l'autre en te mettant à la place de tous les personnes. Garçon, fille, princesse, dragon, fantôme - qu'importe, y a toujours ce palpitant qui frappe et se fait cette belle part dans le roman. Une place pour faire chavirer l'esprit, qu'il reste rien de mieux que
l'autre devenu centre évident de l'attraction terrestre.
Alors tu rêves d'amour depuis longtemps, faisant ton entrée dans l'adolescence comme tu laisses les autres se faire une place dans ton palpitant. C'est que tu vois pas ton adolescence autrement qu'ainsi, à vivre des histoires qui font tourner la tête.
Il y a eu Alecto tu sais plus te souvenir quand - à y repenser c'était l'évidence qui se formait dans ton coeur depuis longtemps. Alecto, c'est arrivé naturellement, t'as fait tourner la tête comme elle a oublié la sienne quand vos lèvres se sont frôlées la première fois. Et la suivante. C'était un secret à garder pour pouvoir le consumer. Aucune raison de le gueuler sur tous les toits - t'es pas de ce genre, et elle voulait se découvrir d'abord. L'excuse trouvée, à laquelle tu t'es raccrochée. Tu voulais pas donner le sentiment d'avoir honte - en vrai t'as pas vraiment eu le temps d'y penser.
Parce que la honte est venue de son côté, t'as jeté dans la gueule des adolescents pour faire de toi une prédatrice. C'est mal vue, de forcer sa langue dans la bouche d'une sang pure - d'être lesbienne et de se croire assez bien pour une Carrow.
Ton coeur arrachée, ta réputation ruinée et tout ce que tu lui as offert qui semblait soudainement faux. T'as cru perdre la tête à cause d'Alecto.
Mais c'était qu'un début, un rien.
Il y a eu Orpheus c'était comme un paume, une douceur pour se sentir mieux et importante. Ne pas être
juste amoureuse des filles, savoir que les garçons aussi. Puis se battre avec cela. Se battre mais pas trop.
Assez pour tombée amoureuse.
Assez pour tout donner à Orpheus.
Puis se faire ignorer. Ne plus exister comme son regard se tourner sur d'autres, et plus sur toi.
T'as cru mourir une seconde fois, la honte s'acharnant à te faire tourner la tête.
T'es pas assez bonne pour te faire aimer des autres.
Juste assez pour les voir se détourner constamment.
Alors t'as décidé que
l'amour c'était terminé.
l'amitié Il te reste quoi alors ? Quand tu mets les pieds à Poudlard, tu te sens pas forcément proche des autres Serdaigles. Depuis l'histoire d'Alecto, malgré tout, y en a qui te regardent de travers et refusent de passer du temps à tes côtés. Et pour d'autres, tu vois une sorte d'attirance malsaine qui te fait monter la nausée.
Peut être qu'avant c'était plus facile, t'as pas vraiment souvenir en vrai. Tu te souviens de Felix, de Charly et de Kate. Tu te souviens que vous passiez la plupart de votre temps à vous retrouver dès que les cours vous tenaient pas loin les uns des autres. Tu te souviens des rires, des bonbons qui piquent, des jeux de carte, des moqueries, et des câlins. Tu te souviens de tout cela.
Puis Kate est morte. Tu veux pas y penser plus. Il te semble que le temps se fait toujours sombre, orageux, cruel. Tu te souviens pas des beaux jours, t'as oublié les couleurs, tu penses plus vraiment à la vie d'avant. Parce que quand tu y penses, t'as juste envie d'y retourner.
Alors plutôt que de t'effondrer, t'as trouvé une place près du lac noir. Tu y viens tous les jours, t'assoir dans l'herbe en te fichant qu'elle soit mouillé, ton carnet sur les genoux pour dessiner. C'est un recoin de tranquillité qui te permet de t'évader sans te faire sentir seule. Sans doute parce que seule, là, tu l'es jamais. Tu souris toujours quand tu l'entends qui marche doucement pour se mettre à tes côtés, et c'est sans relever ton stylo ou ton regard que tu murmures
Salut Charly avec le peu de chaleur qui reste à ton existence, et que tu lui offres tout entier.