Máni - Pale Moonlight

Rune de Freyr — Fehu
« Il se souvient. De ces odeurs de bois humides qui lui chatouillent les narines. De ce paysage blanc qu’il fend de ses pas rapides et joyeux. De ces rires qu’il exprime sans faux-semblants lorsque, gamin, il parcourt les forêts enneigées de sa terre natale lorsque vient le froid hivernal. Il se revoit, à la poursuite de sa sœur aînée, Sol, dont il scande le nom à gorge déployée. C’est leur jeu, leur jardin secret d’enfants. Ils aiment cette période car c’est durant celle-ci que la plupart des contes prennent vie. C’est durant celle-ci qu’il se sent le plus proche de la nature, de ses ancêtres et de toute cette magie. Et partager ces expériences avec son aînée est le plus beau des cadeaux. »

Máni jouit d’une enfance heureuse. Des parents aimants, une sœur avec laquelle l’osmose est parfaite. Ils ne roulent pas sur l’or mais jamais aucun des deux enfants ne s’en plaint. Même lorsque leur magie s’éveille – d’abord chez Sol –, tout se déroule calmement. Un avantage dû au fait que leur père s’est rapidement montré honnête vis-à-vis de leur mère, lui ayant expliqué qui il était et d’où il venait. D’une famille de sang-purs sorciers qui ne pourrait jamais accepter l’idée que leur fils aime une moldue. Une absence de famille paternelle que Máni n’a jamais mal pris, heureux du cocon familial qu’ils ont construit à quatre.

Maman était ouverte d’esprit – amoureuse de ses origines irlandaises, ouvertes d’esprit sur l’existence des fées et autres lutins. C’est pourquoi le fait qu’il y ait des sorciers n’était pas si difficile que cela à accepter. Et puis, elle aimait cet homme, au point de venir vivre avec lui au Danemark. Qu’importe qu’elle ait dû subir le jugement d’une belle-famille. Il n’y avait de toute façon rien à faire à ce sujet alors elle a pris le parti de ne pas trop y penser, d’éviter de se prendre la tête sur des sujets auxquels elle ne peut de toute façon pas remédier. S’occuper de ses enfants était bien plus important.

Et pour cela, Máni ne pourra jamais assez la remercier. Il a toujours aimé qu’elle prenne le temps de leur raconter ses histoires : des légendes incroyables sur des créatures fantastiques qui peuplent l’Irlande. Ses croyances dures comme le fer se sont transmises à ses enfants qui n’ont jamais cessé de croire depuis. Emboîtant le pas à sa femme, leur père les a également bercés d’histoires scandinaves. Des récits qui ont forgé Máni et qui n’ont de cesse de le guider. Une période de vie légère, agréable… avant que les capacités magiques du plus jeune ne s’éveillent à l’approche de ses onze ans et qu’il ne doive partir faire ses études dans l’une des pires écoles de magie de la planète : Durmstrang.

Rune de Thor — Thurisaz
« Il se souvient. De ce goût métallique emplissant sa bouche. De la douleur irradiant à travers tout son corps. Il n’est pas resté longtemps à Durmstrang. Seulement deux ans. Deux années entières qui comptent parmi les plus horribles de toute sa vie. Il n’a jamais été fait pour cette école. Dès les premiers jours, ça a été une évidence – autant pour lui que pour les autres élèves. Une constatation faite aux dépens du sang-mêlé qui, durant cette période à la fois longue et courte, a souffert de ne savoir être comme les autres brutes de cette école – qu’il s’agisse des élèves de tous âges ou du personnel qui n’a jamais rien fait pour que toutes ces violences cessent. Au contraire, il convenait de l’encourager… »

« Allez les gars, chopez-le ! C’est une proie facile. Il osera même pas répliquer. », un soupir résigné s’échappe des lèvres de l’Holstein tandis que deux élèves viennent saisir fermement ses épaules et qu’un troisième envoie son poing dans le ventre du sang-mêlé qui sent sa respiration se couper et la douleur exploser au creux de son estomac. Un geste qui lance des hostilités devenues habituelles depuis la première rentrée de Máni il y a quelques mois. Il n’aime pas la violence, déteste l’appliquer et à Durmstrang, cela l’a rapidement placé dans la catégorie des étudiants faibles qui ne méritent guère plus que ce qu’il subit en ce moment. Il en a conscience alors aussi difficile que cela puisse être, il prend les coups, faisant son possible pour gémir le moins possible à cause de la souffrance infligée. Et il prie, il prie tous les dieux qu’il connaît pour que ce calvaire cesse rapidement mais aussi pour avoir la force de supporter toutes ces horreurs. Il ignore si c’est le fruit du hasard ou une réponse à ses appels silencieux mais soudain, une voix féminine retentit. « Messieurs, vous pouvez le lâcher tout de suite de votre plein gré ou dans trente secondes, avec le visage refait par mes soins. », lance une voix féminine dans le dos de Máni. Le chef de la petite bande commence à ricaner avant de lever les yeux et de se stopper net, comprenant immédiatement à qui il a à faire. « C’est bon, lâchez-le, on se tire. », ses sous-fifres obéissent sans comprendre pour autant ce soudain changement d’avis. « Ta sœur sera pas toujours là pour te sauver le cul, Holstein. Savoure tant que tu peux encore être dans ses jupons.
— Barre-toi, Larsen. Et oublie pas tes gorilles. » Lançant un dernier grognement évoquant plus un ours qu’autre chose, le dénommé Larsen fait signe à ses amis de le suivre. Dès qu’ils sont assez éloignés, Máni se retrouve soutenue par sa grande-sœur, incapable de se relever et d’avancer seul – le visage en sang et sans doute quelques côtes fêlées au mieux, cassées au pire. « Merci, Sol.
— Écoute Máni, ce sont des abrutis mais ils ont raison sur un point : je serai pas toujours derrière toi pour te sortir des mauvaises passes. Alors pourquoi tu t’obstines ? Ces types, tu pourrais les mettre à terre si tu le voulais.
— Parce que la violence n’est pas une solution, elle ne le sera jamais. Elle ne fait qu’en attirer plus. Et puis, d’un point de vue moral, c’est moi le plus fort, tu crois pas ?, il sourit avant de tousser et de lâcher un aïe sous le coup de la contraction de ses côtes pour expulser l’air. Tu veux bien m’emmener et me faire soigner, s’il te plaît ? », elle soupire mais évidemment, elle l’aide sans la moindre hésitation. Dans leur fratrie, c’est Sol qui joue des poings, depuis qu’ils sont petits. Elle a systématiquement été celle qui défend son frère. Pourtant, Máni sait qu’elle ne sera pas constamment derrière lui. Elle est en troisième année et lui n’en est qu’à sa première. Viendra fatalement une période où il se retrouvera seul dans cette école glaciale. Mais il a encore un peu de temps avant cela – du moins le pensait-il. Nul n’envisage que les Nornes soient cruelles au point de couper bien trop tôt le fil de la vie d’un être.

Rune de Hel — Eihwaz
« Il se souvient. La douleur lancinante, comparable à aucune autre – et pourtant, ce n’est pas sa première. Les rappels de cet événement sont lointains, enfouis volontairement au creux de sa mémoire dans un coin qu’il évite soigneusement. Ce souvenir hante bien assez sa vie aujourd’hui sans qu’il n’ait besoin de s’en rappeler dans le moindre détail. Ce jour-là, tout bascule. Ses sens se bousculent, changent tandis que l’espace d’un instant qui lui paraît une éternité, il a l’impression de mourir. Heureusement, elle est là, cette personne qu’il estime le plus dans cet univers. Sa sœur, son double. Sans elle, il le sait, il n’aurait pas survécu. Même si parfois, il lui arrive de songer que ça n’aurait peut-être pas été un mal. Que sans son existence, certaines choses bien plus graves auraient pu être évitées. Mais il le sait : son histoire ne peut être réécrite. »

C’est lors de vacances durant sa deuxième année à Durmstrang. Il profite simplement de la forêt, comme il a l’habitude de le faire depuis qu’il sait tenir sur ses deux jambes. Insouciant, il ne se doute pas qu’une ombre hostile guette dans l’obscurité. Tout se passe très vite et c’est pour cela que, de cet après-midi, il n’en retient qu’un vague – mais terriblement angoissant – souvenir. Et cette douleur au creux de son cou. Celle de la morsure d’un animal des plus sauvages. Deux traces de crocs qui changent sa vie à jamais et aucunement en bien. C’est Sol qui le retrouve, allongé inconscient dans la neige, agonisant. Intelligente, elle comprend que quelque chose de grave vient de se produire lorsqu’elle aperçoit les marques dans sa nuque. Elle se procure les soins adéquats – ne révélant jamais à Máni la façon dont elle s’y est prise –, lui sauve la vie, une fois de plus.
« Personne ne doit être au courant, Sol. Personne. Surtout pas les parents. », les premiers mots qu’il délivre à son aînée dès qu’il parvient à en aligner plus de deux correctement. « C’est complètement fou. Tu sais que tu… ce que t’es devenu. Je peux pas te laisser comme ça.
— Toi tu es au courant, c’est tout ce dont j’ai besoin. Je t’en prie… je refuse d’être catégorisé comme…, il soupire. » Comme un monstre. Les mots ne franchissent pas le seuil de ses lèvres. C’est encore trop dur de l’accepter. Trop tôt. C’est pourtant ce qu’il est désormais. Mais il ne veut pas être fiché, il ne veut pas être dévisagé parce qu’il se transforme lors des nuits de pleine lune en une bête assoiffée de sang capable de tuer d’un simple coup de crocs. Non, ça, ce n’est pas lui. C’est un loup qu’il sent grandir au creux de son âme. Un monstre qui cherche à prendre sa place, à l’engloutir tout entier pour enfin pouvoir jouir de ses instincts les plus primaires et bestiaux. Hati, c’est ainsi qu’il décide dès le départ de surnommer cette horreur qui vit désormais en lui.
« Tu sais quoi ? Si je dois rester à tes côtés et que tu refuses de te déclarer, je vais prendre les mesures qui s’imposent. Je vais devenir animagus. Comme ça, je pourrai être avec toi lors des pleines lunes. Et on va faire tout ce qu’il faut pour te débarrasser de ça. Je te le promets, petit-frère. », dans un élan affectueux, il vient étreindre sa sœur et la serrer fort contre lui. Elle a la carrure d’un homme, la finesse d’un mammouth mais elle est aussi tout ce qu’il a de plus précieux et il l’aime profondément. « Je sais pas ce que je ferai sans toi.
— Tu serais perdu, c’est certain. » Malheureusement, à cet instant précis, elle ne croit pas si bien dire.

« Il se souvient. Le feu rougeoyant, le crépitement des murs de sa propre maison partant en lambeaux, quelques sirènes de pompiers. L’odeur de brûlé qui reste après l’arrêt de l’incendie. Celle qui emplit les narines, qui pousse à craindre le feu, la chaleur. Il ignore pourquoi c’est arrivé. Tout ce qu’il sait, c’est que ça s’est produit et qu’il n’a jamais eu l’occasion de comprendre pourquoi. Impossible d’oublier cette nuit, ni ce qu’il a perdu à ce moment-là. Son père, sa sœur – au nom de qui, au nom de quoi. Des questions qui tournent parfois encore dans sa tête. Difficile de porter un deuil correctement lorsqu’on ignore tout de ce qui s’est réellement passé. Encore aujourd’hui, il garde ses doutes, sa douleur, sa peine au creux de ses entrailles sans jamais en parler à quiconque. A qui pourrait-il en parler si ce n’est à sa maman qui souffre elle aussi de cela ? Alors il s’est toujours tu, acceptant de la suivre au Royaume-Uni afin qu’elle puisse s’y recentrer. La décision n’a pas été bien compliquée à prendre, il n’y a plus rien pour eux ici. Et tout à découvrir là-bas, à Poudlard. »

Rune de Njörd — Lagaz
« Il se souvient. Ses premiers émois en découvrant la célèbre école de sorcellerie Poudlard. Son soulagement lorsque le Choixpeau l’envoie à Poufsouffle – il n’aurait su être mieux ailleurs. L’excitation de son palpitant et l’émerveillement palpable sur son visage à chaque découverte d’une particularité du château. Et pour la première fois, il fait connaissance avec des personnes qui n’ont pas pour seul rapport avec lui le fait de se frapper. Il se fait des amis, avec des caractères tous plus différents les uns que les autres mais aucun ne le force à se battre. Ils s’appellent Sloane, Geoffrey, Aisleen, Dylane ou Maxine. Et petit à petit, sans crier gare, ils deviennent les nouveaux repères de Máni. »

Son premier hiver à Poudlard. Presque l’été pour un garçon comme lui, habitué à des températures bien plus rudes et plus basses. Là où les autres élèves s’emmitouflent sous plusieurs couches de t-shirt, vestes, pulls, gants et autres bonnets, Máni porte à peine un pull. C’est ainsi vêtu qu’il se rend un soir de décembre dans la salle commune des Poufsouffles. Il y entre et commence à faire son petit manège avant de s’apercevoir qu’il n’est pas tout seul. « Pardon ! Je suis désolé, je croyais qu’il y avait personne, je t’avais pas vu et… bref. Je peux repasser plus tard, si tu préfères. », suggère le Danois sur un ton plus qu’incertain. Sa camarade tourne la tête dans sa direction et c’est là qu’il la reconnaît. Dylane, une fille de son âge qu’il a déjà croisée quelques fois depuis son arrivée. « T-... t-t-tu peux… r-r-rester… », il hoche la tête. Aucun jugement de sa part concernant les difficultés qu’a la demoiselle pour s’exprimer. Il ne peut qu’imaginer les efforts qu’elle doit fournir pour passer au-delà et cela en fait une fille très courageuse, d’après lui.
« Qu’est-ce q-q-que tu… t-t-tiens ?
— Oh… ça !, s’exclame Máni en portant son regard sur ce qui se trouve entre ses mains. Il a réussi à oublier la raison de sa venue. C’est une coupelle de lait. Je suis venu la poser sur le rebord de la fenêtre. C’est une offrande pour les leprechauns. On dit que lorsqu’on leur fait des cadeaux, ils apportent la chance. Mais on dit aussi qu’il vaut mieux éviter de leur manquer de respect car ce qu’ils donnent, ils sont aussi capables de le reprendre. Tu vas voir… demain, la coupelle sera vide, tu peux me croire., laisse-t-il fièrement, sourire aux lèvres. Il est toujours de pouvoir parler de ces histoires qui le passionnent depuis que sa mère a commencé à les lui conter. » C’est ainsi que naît l’une de ses plus belles et précieuses amitiés. Dans le partage d’un folklore qui lui tient à cœur – parfois bien plus que de raison, diront certaines mauvaises langues. Mais il s’en fiche parce que sans cela, il n’aurait peut-être pas fait la rencontre de Dylane Cooper.

Rune de Loki — Kenaz
« Il se souvient. Les premières palpitations de son cœur dans sa poitrine. Des premiers sentiments qu’il a ressenti pour elle. Elle était une amie, il n’a jamais envisagé plus au début, respectant ce lien qu’elle avait avec Geoffrey. Ils faisaient un couple étrange mais amusant, d’une certaine manière. Et Máni a respecté cela. Pourtant, il y a eu ce déclic un jour. Un événement à la suite duquel elle a commencé à lui apparaître plus belle, plus désirable. Peut-être était-ce finalement là depuis le départ. Il ne peut le dire. Ce qu’il est alors capable d’affirmer, en revanche, c’est qu’après ce jour, il ne l’a plus jamais vue comme avant. Elle est devenue la plus belle et la plus désirable des femmes aux yeux de l’Holstein. »

C’est une histoire qui n’a toutefois rien laissé présager de sa conclusion. Une anecdote a priori banale qui tient une place étrangement grande dans le cœur du Poufsouffle. Pourtant, c’est bien lorsqu’il a eu cette proximité inattendue avec elle qu’il s’est mis à remarquer sa beauté. C’est dans ce placard à balais, où Sloane l’enferme pour se planquer des conséquences d’une vacherie faite à un professeur que son regard se pose sur elle une deuxième première fois. Est-ce dû au fait de sa tignasse arc-en-ciel ? Ou à cause de son incomparable bagou ? Difficile à dire mais alors qu’il reproche à la O’Connor d’être souvent un peu trop irrévérencieuse envers les professeurs, c’est un autre discours qui se tient en son for intérieur. Un discours étrange qui mène à un réel soulagement lorsqu’enfin, ils retournent d’un commun accord à l’air libre après s’être assurés que tout danger est écarté.

Ce n’est toutefois qu’au début de la sixième année de Máni que leur relation se voit officialisée aux yeux de tous. Elle n’était plus avec Geoffrey, rien ne les empêchait d’être ensemble et il n’est pas peu dire que Máni vit des mois heureux avec cette lionne à la chevelure multicolore – mais c’est cette fougue qu’il aime chez elle, bien qu’il refuse de l’avouer. Leur complicité grandissante, ils en viennent à se donner des surnoms. Pour lui, elle est Rainbow Dash, surnom hérité de sa chevelure des plus visibles. Pour elle, il est Viking Boy, le garçon venu du nord qui ne craint pas les grands froids – fait qu’il démontre lors de baignades hivernales au lac. Une histoire qui amuse moins Sloane qui affiche systématiquement ce visage un peu amer lorsque le souvenir d’avoir été porté comme un sac à patates jusqu’à l’eau glacée se rappelle à elle. Mais passer pour un rustre aux yeux de l’irlandaise n’est pas un problème pour le Danois. Et tant pis s’il doit passer pour un crétin aux yeux des autres tant qu’elle, elle est présente pour l’aimer. Ils passent une année complète ensemble, traversent les drames – les leurs comme ceux de leurs amis, notamment la Nuit Pourpre durant laquelle ils étaient tous les deux absents, fort heureusement. Tout n’est pas non plus parfait : quelques disputes surviennent par rapport à certaines de leurs relations amicales respectives. Sloane trouve stupide que Máni en vienne à traîner avec cette pimbêche de lady Aisleen Greengrass. Quant au Holstein, il ne comprend pas ce que la O’Connor peut trouver de bien à la compagnie de ce crétin de Castiel Baker. Mais finalement, ce n’est là qu’une goutte d’eau dans l’océan de leur bonheur. Du moins, c’est ce qu’il croyait… avant qu’un nouveau coup de massue ne vienne s’abattre. Ce dernier ayant pour nom : le Conseil des Purs. La mauvaise surprise de ce début d’année scolaire 1980-1981 s’accompagne d’un véritable déferlement pour Máni…

Rune de Urd — Haglaz

Lettre de Sloane:

« Il se souvient. Les larmes qui roulent sur ses joues pendant que ses yeux parcourent les lignes, relisant les mots encore et encore afin que ces derniers s’imprègnent dans son esprit. Il a du mal à croire ce qui est écrit – en vient à espérer, l’espace de quelques instants, qu’elle lui fait une très mauvaise blague, une vengeance acérée et affreusement mesquine pour le dernier plongeon forcé qu’il lui a fait faire en plein hiver dans le lac noir. Il ne peut pas croire qu’elle soit partie aussi simplement, rompant avec lui par l’intermédiaire d’une lettre. Malgré l’intensité des mots qu’il y voit, son esprit se remplit aussitôt de tout un tas de questions. Est-ce là toute la considération qu’elle a pour lui ? Est-ce là tout le crédit qu’elle accorde à leur histoire ? Est-ce de la colère ou de la désolation qu’il sent soudainement poindre au creux de ses reins ? Il pensait être un peu plus après tout ce qu’ils ont partagé. Il s’est ouvert à elle, dans tous les sens possibles du terme. »

Il tourne et vire dans son lit, incapable de trouver un sommeil qui soit reposant. Quand il repense à tout ça, il se demande si ça vaut le coup. Si tout ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui a réellement un sens. Máni remet tout en question, en venant à douter du fait d’être un jour heureux. Cette année, cette dernière année à Poudlard, il ne la sent pas. Pour des raisons aussi diverses que variées. Tout son être le lui hurle, même la bête tapis au fond de lui se cale sur ses ressentis. Cette année va être longue, intense et il est incapable de dire comment il va en sortir – ni même s’il va simplement réussir à s’en sortir. Pourtant, il n’a d’autre choix que de plonger dedans. Et cela le terrifie.