TW : Sang et agression.

La douleur était lancinante, brûlante. Les pulsations de son cœur se faisaient entendre jusque dans ses tempes, tandis que tout paraît flou autour de lui. Il titube, se redresse, halète. Le visage crispé et la bouche remplie de jurons ne l’empêchent pas d’avancer. Sur le coup, la sensation ne s’était pas présentée. L’altercation avait été courte, mais suffisamment longue pour que deux coups de couteaux soient plantés, l’un dans son ventre, l’autre coupant son flanc. L’effet de surprise avait été, ce soir, son plus grand allié. Transformé en un quelconque citoyen, Castiel s’était présenté au rendez-vous pour vendre le sachet contenant des substances illicites à un client qu’il n’avait encore jamais rencontré. Rapidement, l’homme ne s’était pas montré satisfait, s’exprimant en deux coups de lames. Adossé au mur, la tête frappant vigoureusement contre la brique, l’homme avait pris le dessus avant même qu’il n’ait eu le temps d’y penser. Son corps métamorphosé était redevenu celui d’un adolescent, seize ans, aux cheveux noir ébène. L’agresseur était alors parti en courant, les yeux exorbités devant la scène, emportant tout de même son butin sans même avoir payé.

Il ne savait pas combien de mètres il avait parcouru depuis, mais le parc longeant le Trafalgar square était déjà loin. La rue était vide, car la soirée était avancée.

- P*tain de scroutt à pétard.

Sa tête commençait à tourner et ses jambes devenaient molles. L’adrénaline était totalement retombée, le laissant avec les conséquences. Le corps presque replié, tandis qu’il essayait de marcher, sa main essayait de faire pression sur la zone touchée. Il s’arrête, roule son regard sur son ventre, constatant le rouge qui était désormais la couleur dominante. Son t-shirt et son pantalon étaient imbibés. Voyant que la lame était toujours plantée, Castiel la retire d’un coup sec, tandis que son cri d’agoni résonne au travers de la rue déserte. Ses genoux plient, tandis qu’il se laisse finalement tomber au sol, adossé au mur d’un des immeubles. Respiration saccadée, il se rend compte que son geste avait été complètement stupide, constatant le sang s’écoulant abondamment. Sa main vient immédiatement se plaquer contre, appuyant avec vigueur, tandis que son visage grimaçait de plus belle. Dans quelle bouse d'hippogriffe il s’était encore fourré...

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Aujourd'hui, elle a fini plus tard que prévu. Aussi, lorsqu'elle sort de Sainte-Mangouste, la nuit est déjà tombée. Bien évidemment, Grace n'a pas pris le soin d'envoyer un hibou à Rabastan, ne voulant pas risquer que cela attire l'attention des aurors. La brune est discrète en tout temps, ne voulant pas mettre son mari en danger. Surtout, que cela l'agace énormément de le voir se terrer comme s'il était fautif, alors qu'il n'a jamais soutenu la cause du mage noir. Bien au contraire, il était là pour protéger de nombreuses vies. Et elle le sait parfaitement, car elle a été là chaque jour pour l'aider à supporter la douleur que lui engendrer la Marque des Ténèbres, alors qu'il n'était pas fidèle. Si elle avait pu, elle aurait certainement pris un maximum de douleur pour le soulager un petit peu. Grace ne peut s'empêcher de trouver son mari courageux et admirable, et elle ne se privera pas de leur raconter à leur enfant à venir. Elle a encore du mal à se dire qu'un petit être grandit dans son ventre, mais cela lui fait grandement plaisir malgré tout. Même si elle ne sait pas encore comment ils vont faire pour s'en sortir à 3, mais ce bébé à naître est le signe de leur amour. Mais également de toutes les difficultés ce qu'ils ont surmonté ensemble. Et la brune reste optimiste et sait que tôt ou tard, la roue finira par tourner.

Marchant rapidement dans les rues, essayant de remonter son manteau trop fin pour l'hiver vers son visage pour se réchauffer, elle s'arrête soudain en entendant un cri de douleur. Elle en a entendu de nombreux à Sainte-Mangouste, elle sait donc les reconnaître. Tournant la tête dans tous les sens, elle cherche à voir d’où cela provient. Et soudain, elle repère la silhouette d'un jeune homme assis par terre. Qui semble mal en point.  Décidant donc d'aller lui apporter son aide, Grace tombe à genoux devant lui pour pouvoir le regarder. L’odeur du sang vient immédiatement chatouiller ses narines, alors qu'elle remarque que les vêtements sont imbibés du liquide carmin. Elle ne sait pas ce qui s'est passé, mais ce n'est certainement pas beau à voir. « Est-ce que vous m'entendez ? je fais des études de médecine je vais vous aider. » Histoire de lui montrer qu'elle a des connaissances, et que ce n'est pas n'importe qui. Essayant de repérer ce qu'il y a, elle ne voit pourtant rien. Il va donc devoir lui répondre. « Que s'est-il passé ? » Son cœur de future maman ne peut qu'être attendrie lorsqu'elle voit qu'il est certainement pas majeur. Peut-être 15 ou 16 ans maximum. Et cela la touche, alors qu'elle ne comprend pas ce qu’il a pu lui arriver. Elle espère donc qu'il va pouvoir l'aider. Attrapant sa main, elle lui sourit alors qu'elle n'est pas très loin de chez elle. « Est-ce que vous voulez que je fasse prévenir quelqu'un ? vos parents peut-être ? » Si elle était certaine qu'il n'y ait aucun risque, nul doute qu'elle le conduirait chez elle. Mais elle ne sait pas si elle peut lui faire confiance, et elle ne veut pas risquer la vie de son mari. Pourtant, Grace ne peut le laisser là c'est une certitude.

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Au travers de sa vision floutée, il aperçoit une silhouette, des cheveux noirs, ainsi que le son d'une voix féminine. Ses sourcils étant déjà froncés sous la douleur, ce sont finalement ses yeux qu'il force à s'écarquiller qui témoignent de son interrogation. Bien trop concentré sur sa propre personne, il avait du mal à comprendre ce qu'elle disait.

- Hein ? Que ?

La jeune femme parle trop vite, le forçant à se concentrer sur les mots clés. Ses traits s'affinent au fil des secondes, lui permettant de constater qu'elle était une adulte. Pourquoi son expression était si douce ? Quelle étrange réaction... Dès lors qu'elle mentionne de prévenir ses parents, il sent un frisson parcourir son échine avec grand effroi. Derechef, il se redresse, grimaçant sous la douleur, tentant de mettre une distance entre elle et lui.

- Non !, lâche-t-il avec impétuosité.

La pointe de ses cheveux commençait doucement à prendre une teinte jaune, contrastant avec son noir ébène naturel. Son cœur, lui, s'était accéléré, tambourinant avec violence contre sa cage thoracique. Il était hors de question de mêler ses parents à toute cette histoire. À sa vie, de manière générale. Maintenant qu'il leur avait échappé, il ne retournerait plus en arrière.

- J'peux me débrouiller seul, j'ai pas besoin d'aide !, claque-t-il avec sa langue, de frustration.

Il s'était mis tout seul dans ce merdier, il s'en sortirait seul. Comme un grand. Comme il l'avait toujours fait. Sa main commençait à se sentir engourdie à force d'appuyer sur sa plaie, mais son instinct lui criait de ne pas lâcher. Titubant alors qu'il tente de se redresser, il se maintient sur une des barrières de la rue, posant tout son poids sur ce point d'appui.

- Voyez, tout va bien ! Merci, au revoir !

De sa main, il la salue grossièrement, tandis qu'il prenait une grande inspiration pour rassembler sa volonté avec son esprit et sa conscience. Un regard glisse de nouveau sur la femme dont la bonté l'irritait au plus au point. Que gagnait-elle à vouloir l'aider ? Rien qui n'en vaille la peine, se disait-il. Il n'avait pas le temps de songer à ça. Il devait d'abord réussir à se rendre chez lui — bien loin — et réfléchir à ce qu'il allait faire pour rembourser le prix que l'autre n'avait pas payé. Ce mois allait être une galère sans nom, mais il allait s'en sortir. Comme toujours.

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Lorsqu’elle voit le jeune-homme blessé, Grace ne peut l’ignorer. Elle sait parfaitement que le quartier n’est pas le plus propice à sortir la nuit et qu’elle devrait vite rentrer chez elle. Mais c’est un jeune qui ne doit même pas être majeur, si bien que son cœur de future maman s’inquiète encire plus. Elle ne peut donc pas le laisser là. Même si dans un sens, Grace sait qu’elle ne peut pas le ramener chez elle pour le soigner. Si son époux est là, elle ne peut pas prendre le risque que l’inconnu le reconnaisse et aille le dénoncer. La brune n’oublie pas que la tête de Rabastan est placardée sur de nombreuses affiches, ce qui la rend malade et la met hors d’elle. Ce n’est pas comme s’il avait été fidèle à la cause du mage noir ! Mais ça, personne ne veut l’entendre. Et il portera à vie les séquelles mentales de ce qu’il a vu et dû faire, mais également physique, de la marque des Ténèbres brûlée sur sa peau. Mais ce n’est pas le moment de penser à tout ça, aussi, Grace vient à demander s’il veut qu’elle prévienne quelqu’un. Peut-être ses parents ? Après tout, il est jeune. L’inconnu reprend la parole, alors que ses cheveux changent doucement de couleur. Chose qui intrigue un peu plus Grace, alors que ce n’est pas anodin. Il doit cacher quelque chose, mais l’apprentie medicomage est incapable de savoir quoi. Après tout, elle n’est pas enquêtrice ! Le jeune-homme se redresse, s’appuyant contre la barrière. Immédiatement, le regard de Grace se pose sur sa plaie sanglante, ainsi que sa main qui appuie sur cette dernière. Elle voit bien que ce n’est pas rien. Aussi, quand il commence à s’éloigner, la Lestrange perd patience. Il est hors de question qu’elle vienne à le laisser partir dans un état pareil. Autant en tant que future maman qu’en tant que future medicomage. Se redressant, elle le rejoint en grande enjambée, ne mettant pas longtemps. En même temps, avec la douleur, il ne doit pas être simple pour lui de marcher. Attrapant son bras sans ménagement, elle le force à s’arrêter, plantant un regard déterminé dans le sien. « Il est hors de question que je vous laisse repartir dans un tel état. Vous allez faire trois mètres avant de vous effondrer, et de vous videz de votre sang. » Tant pis si elle doit lui faire peur pour lui faire comprendre la gravité de sa blessure. A un moment, elle ne va pas mâcher ses mots pour le dorloter. Inspirant, elle continue de le fixer d’un regard perçant. « J’ai bien compris que vous cachiez quelque chose. On a tous notre petit jardin secret. Alors laissez-moi vous aider, je n’irai pas vous demander de détails. » Elle a juste besoin de savoir ce qui s’est passé, afin de comprendre ce qui l’a blessé. Et ensuite, elle le soignera. Elle n’ira pas chercher beaucoup plus loin. Le relâchant, elle lui indique le reste de la rue. « Est-ce que vous acceptez ? Je ne vais pas vous forcer, mais vous ne trouverez personne qui acceptera de vous soigner, autre que moi, sans vous poser de question. C’est à prendre ou à laisser. » Grace lui laisse le choix.

Alors qu'il peine à retrouver un semblant de connexion avec son corps, il se sent tiré de force vers l'arrière, il titube, manquant de retourner au sol. Une fois son nord remis en place, il se tourne vers elle, comprenant par son expression et le ton de sa voix qu'elle ne le laisserait clairement pas aller crever en paix. Chez lui, dans une ruelle, peu importait. Il n'existait pas grand monde à qui il manquerait de toutes manières.

- J'ai rien à cacher, p'tin, pestifère-t-il quelques secondes avant de grogner sous la douleur lancinante.

Petit mensonge blanc ou réalité ? Il ne savait même plus ce qu'il avait à taire et ce qui pouvait être exposé. Sa magie auprès des moldus ? Son véritable âge auprès de son patron ? Ses activités illicites auprès de Sloane ? L'endroit où il se cachait à ses parents ? Tout en faisant la liste de tous les mensonges composant son existence, Castiel se rend compte que rien n'est vrai. Son quotidien enchaîne  hypocrisies sur hypocrisies.

- Et donc ? Vous êtes magicienne et allez me guérir d'un coup de baguette magique ? C'est stupide.

Bien amer, il était loin de se douter qu'il avait tapé dans le mille. Au milieu des rues de Londres, il était difficile de distinguer les sorciers d'un moldu. Sa tête se met soudainement à tanguer, sa vision devenant double, puis floue. Ses mains viennent s'accoter sur ses tempes, une céphalée vive traversant sa boite crânienne. Non sans se soucier que ses mains pleines de sang venaient de tacher son visage.

- Bordel, ça tourne.

Yeux crispés sous les diverses douleurs, signaux d'alerte vifs que son corps tentait de lui communiquer, il geint en serrant les dents. Un pas, il chancelle, retrouvant appui contre le mur. Entrouvrant les paupières, il sent le regard insistant de la jeune femme encore posé sur lui. Elle ne lâcherait pas l'affaire...

- OK. OK, finit-il par concéder non sans quelques jurons. C'est quoi le pl-

Sa phrase s'interrompt, tandis qu'il sent qu'un noir total venait de se produire dans sa tête, sa conscience s'amoindrissant au fil des minutes et du sang qui s'écoule de la plaie.