On se retrouvera toujours, vieux frère. Lucius & Rodolphus

La rose Noire. Une drogue terrible qu'on t'a proposé à la consommation il y a une semaine de  ça et même si tu as acheté une dose, tu dois avouer que c'était davantage pour étudier sa composition que pour en prendre et t'envoyer directement dans les jupons de Merlin. Autant dire que tu as eu besoin de temps pour la synthétiser et pour réussir à étudier au moins la moitié, qui a fini par se révéler grâce à tes talents en potion mais l'autre moitié de la drogue est encore un mystère pour toi et tu n'es même pas certain de vouloir découvrir ce qu'elle contient. Pour ce que tu sais, c'est un mélange de produits rares, de plantes qu'on utilise peu mais qui ne sont pas chère et surtout, une potion à une dose si infime qu'on ne peut pas imaginer un instant qu'elle soit si importante dans la composition et pourtant c'est ce qui fait tout le côté fourbe de la drogue. En effet c'est ce qui rend la substance si addictive et de fait, si intéressante pour celui qui la produit. Heureusement, il y a une chose que tu sais, c'est que l'une des plantes utilisées ne pousse que dans les endroits marécageux où viennent se reproduire les Murlap une fois par an, ça dans le nord du pays et dans le sud de Londres. Combiné au nom, il ne t'a fallu qu'un instant pour comprendre qui était le responsable d'une telle drogue sur le marché Anglais.

Tu as finis par te rendre jusqu'au manoir Malefoy, non sans difficulté car l'endroit est surveillé alors c'est de nuit que tu transplanes, dans cette même forêt marécageuse pourtant calme en cet hiver glacé. L’endroit est silencieux, le bruit de la neige qui craque sous tes bottes brise le silence alors que tu avances vers le manoir imposant et sombre au milieu d'un jardin en sommeil mais encore bien entretenu. Ta silhouette sombre recouverte d'une cape se faufile au milieu des bosquets malgré le froid, heureusement tu n'as pas besoin de lumière et tu te contentes de la lueur de la lune pour trouver un passage secret, glissé là entre deux rosiers plantés jadis par Irma Rosier, ayant épousée il y a deux siècles un certain Antheus Malefoy et dont la crinière noire comme la nuit tranchait avec celle blonde presque blanche de tout ses ancêtres. Finalement après un mot de passe murmuré contre le passage secret, celui-ci s'ouvre et se referme sur toi, te permettant d'entrer dans un couloir plein de toiles d'araignées mais encore praticable. Tu marches un bon moment jusqu'à arriver devant le tableau muet, à savoir la toile d'un elfe de maison qui ne peut plus parler depuis que le peintre lui a cloué la bouche à l'aide d'un peu de peinture à l'huile. Tu pousses la porte en forme de bibliothèque et après avoir jeté un coup d’œil pour t'assurer que l'endroit est vide, tu finis par rentrer dans ce qui est la bibliothèque des Malefoy.

L'endroit a toujours été immense et agréable, chaleureux presque, tu y venais souvent quand Voldemort était du genre à traîner chez les Malefoy et que l'endroit était le quartier général du groupuscule. C'était l'occasion pour toi de lire ou de dormir dans l'un des immenses fauteuils rouges qui trône dans la pièce. Avec un sourire nostalgique, car tu n'es pas venu ici depuis longtemps et que les propriétaires de cette maison t'ont quand même manqué, tu laisses ta main reposer sur le dossier d'un des fauteuils pour en caresser délicatement le tissus précieux. Mais ton geste s'arrête quand une baguette arrive dans ton champs de vision, menaçante et agressive, témoignage d'un propriétaire prêt à défendre sa demeure. Et alors que tu reconnais la baguette et surtout son propriétaire, tu sens un sourire naître sur ta bouche. « Bonsoir, mon vieil ami, ça fait longtemps que tu te caches ici. » Que tu dis avant d'ôter ta capuche pour dévoiler ton visage, sous la lueur de quelques bougies allumées ici et là.

Le sommeil te fuyait, autant que ta femme - les choses allaient un peu mieux depuis la soirée à Poudlard mais Narcissa était toujours méfiante vis à vis de toi, et tu le savais pertinemment. Tu ne cherchais pas tant à le combattre, considérant qu'il ne se trouverait que le temps pour vous permettre de vous retrouver et de vous montrer en parfaite confiance l'un avec l'autre. Alors tu essayais malgré tout d'être un meilleur mari - il se montrait tendre, à l'écoute, présent et compatissant. Autant que possible, il se levait la nuit pour prendre soin de Drago et de ses douleurs nocturnes. Il le berçait, fredonnant des comptines durant des heures, et parfois le garder contre lui. Il s'installait dans la bibliothèque, gardant son fils contre lui pendant qu'il se perdait dans un livre. Il s'endormait aux premières lueurs du jour - Narcissa prenant le relais. Et parce qu'il travaillait surtout pour les Shadowers à présent, il n'avait pas à se soucier d'être là constamment. Il respectait son propre rythme et répondait au missive des hommes qu'il avait à présent sur le terrain.

La vente de la Rose noire rapportait déjà des petites fortunes à la famille Malefoy et tu n'avais pas à t'en plaindre. Severus venait régulièrement au manoir pour travailler encore la formule et la rendre plus délicieuse encore - mais ton ami était là comme chez lui, prenant ses marques sans se soucier de voir le maitre des lieux en arrivant.
Ce soir tu avais finalement recouché Drago dans son berceau, près de la cheminée immense qui se trouvait dans la bibliothèque. Au moins tu seras près de lui s'il venait à se réveiller à nouveau. Et alors que tu commençais à feuilleter un ouvrage de magie ancestrale, tu entendis un mur bouger. C'était une chose bien étrange que d'entendre un mur bouger - mais tu pouvais reconnaitre le bruit sans sourciller. Le manoir Malefoy était truffé de passages secrets mais peu de sorciers étaient au fait de cela.

Tu ne croyais pas au hasard, mais parmi les sorciers au fait de la présence de ces passages se trouvait Greyback et Bellatrix - l'un comme l'autre, tu te méfiais de leur venue au milieu de la nuit. Alors tu lanças un sortilège de protection autour du berceau pour aller sur la trace de l'intrus. Silencieux, discret comme un chat, tu vis passer une ombre. Prenant ta baguette, tu glissais jusque lui pour finalement mettre ta baguette contre sa jugulaire. Un geste rapide et maitrisé. Il s'arrêta, et ta respiration disparut dans ta gorge.
Tu ignorais qui c'était mais tu étais prêt à faire disparaitre un cadavre s'il le fallait. Bonsoir, mon vieil ami, ça fait longtemps que tu te caches ici. Cette voix. Tu restais sans bouger, mais une réalisation se fit dans ton esprit quand il ôta sa capuche.

Rodolphus Lestrange. Je te pensais mort. Dis-tu d'une voix blanche, sans baisser ta baguette pour autant, restant en joue avant de sourire à ton meilleur ami comme il le fit avec toi. Mais tu ne perdais pas ton emprise sur lui. Tu regardais derrière lui, devinant le passage qu'il avait emprunté - après tout vous aviez passé des heures à explorer ces couloirs pour deviner tous les passages et devenir les maitres absolus de ce manoir. C'est une visite de courtoisie, vieux frère ? Tu aurais pu envoyé une lettre avant, j'aurais préparé un gâteau. Rajoutes-tu, une manière de lui demander ce qu'il foutait là.

L'endroit est calme si ce n'est le bruit du feu qui crépite dans la cheminée, te laissant penser que si Lucius n'est plus là alors il n'est pas parti depuis longtemps. Ou alors est-ce Cissy qui cherche à apaiser les hurlements de son enfant ayant du mal à trouver un sommeil réparateur ? Tu le sauras bientôt car tes pas te mènent dans les dédales de cette bibliothèque où tu adorais te cacher, que tu aimais explorer quand tu venais ici. L'endroit n'a aucun secret pour toi car Lucius te les a tous montré lorsque vous n'étiez que des enfants, que des amis bien éloigné d'une guerre qui se préparait en silence, en secret. Vous n'aviez pas l'idée à ce moment là du rôle qu'il vous faudrait jouer, lui comme soldat et toi comme parfait espion d'une cause que personne ne pourrait croire réelle et pourtant tu es là à présent, abandonné après que le conflit ait pris fin, espérant secrètement avoir encore un rôle à jouer quelque part. Et cet endroit t'apaise, même si il a été le lieu de retrouvaille des mangemorts, même si vous avez tremblé face à Voldemort ici, même si tu as eu peur pour ceux que tu appréciais en ces murs. Cet endroit reste aussi doux et apaisant que dans tes souvenirs, peut-être parce qu'ici tu t'es senti chez toi plus d'une fois à l'époque. Lucius t'assurait d'être un invité choyé et désiré, ton père fermait les yeux sur tes nuits de plus en plus fréquente en ces murs et le père Malefoy t'offrait toujours un verre de pur feu que tu ne finissais jamais malgré ton goût pour l'alcool. Tu as été traité comme un Malefoy ici et tu en retrouves les marques maintenant que tes mains se posent sur les couvertures des ouvrages anciens.

Ton geste cependant s'arrête en l'air quand tu sens la baguette contre ta peau, menaçante et promesse d'une fin rapide si tu venais à jouer au plus fin avec le maître ou la maîtresse des lieux. Mais quand tu t'annonces et que ton regard accroche celui, clair, d'un Lucius Malefoy bien vivant et bien portant, tu lui fais un sourire en coin. « Presque... J'ai failli y passer plus d'une fois. » Que tu lui dis avec un petit rire dans la voix. Plus d'une fois les aurors t'ont approchés, les Tireurs t'ont blessés, les sorciers t'ont dénoncés et pourtant tu es ici ce soir. « Où tu aurais demandé à Dobby d'en préparer un. La dernière fois que tu as cherché à cuisiner, j'ai cru mourir d'une intoxication alimentaire. » Simple constat, souvenir d'une fois où il voulait préparer des muffins pour Cissy quand vous étiez à Poudlard. Plus jamais, Lucius ne sait vraiment pas cuisiner. Alors sans un mot de plus tu viens fouiller la poche de ta cape de sorcier pour en sortir un sachet contenant des cristaux noirs, ressemblant à des diamants minuscules. « Depuis quand tu joues au baron de la drogue ? La Rose noire, franchement ? Tu signais tes messages menaçants de ce pseudo, à Poudlard. » Mais ça tu es le seul à le savoir, parce que Lucius était ton meilleur ami et que tu mettais un point d'honneur à tout savoir sur lui, même ce qu'il voulait te cacher.

En vain, ta curiosité digne d'un Serdaigle était bien plus forte et tu as toujours su que les messages inscrits sur les murs, tagués pour ainsi dire, venaient de lui. Des messages pour menacer les nés-moldus, pour réclamer plus de justice pour ceux qui méritaient la magie et ne la prenaient pas pour acquise. Un côté justicier masqué que tu n'as jamais approuvé chez lui mais que tu ne lui as jamais dit. Un jour il a cessé de taguer car son esprit était tourné vers une belle blonde, lui même est devenu plus mature cette année là.

Rodolphus toujours en joue, tu laissais aller ta curiosité de le voir là. Tu ignorais le jeu auquel il jouait - s'il avait été marqué comme toi, il avait disparu après la défaite du Lord Noir et n'avait pas été retrouvé après. La rumeur de sa mort était devenue si bruyante que tu l'avais prise pour une réalité et tu n'avais plus jamais prononcé son nom. Qu'importe ce qui vous avez séparé, qu'importe qu'il ait pris ton amour pour Narcissa comme une trahison - parce que tu savais qu'il en était aussi amoureux - il était ton meilleur ami. Vous vous connaissiez depuis enfant, vous aviez découvert tous les passages secrets de cette maison et vous aviez partagé bien plus de souvenirs que tu n'en n'avais avec n'importe qui d'autre. Même Narcissa ne pouvait pas se targuer de te connaitre aussi bien que Rodolphus Lestrange.
Mais aujourd'hui tu ignorais ce qui vous liait encore. Ce que vous aviez encore en commun. Ce qui vous empêchez d'être des ennemis. Presque... J'ai failli y passer plus d'une fois. Tu lâchais un rire - parce qu'à l'instar de bien d'autres mages noirs il n'avait pas failli sous les coups des Aurors et des Tireurs d'élite. Il était doué, parmi les plus doués du reste, et tu le savais pertinemment. Le savoir là était un soulagement - tu le réalisais, en même temps que tu baissais doucement ta baguette, mais la gardais malgré tout au poing. Où tu aurais demandé à Dobby d'en préparer un. La dernière fois que tu as cherché à cuisiner, j'ai cru mourir d'une intoxication alimentaire. Personne ne t'avait demandé de manger trois muffins d'affilés. grognas-tu, levant les yeux au ciel au souvenir de votre médiocre expérience dans les cuisines de la maison Malefoy. Les elfes de maison aussi n'avaient pas cru leurs yeux, proposant leurs aides aux deux garçons que vous étiez, encore et encore. Mais c'était l'anniversaire de Cissy, et tu avais voulu faire un effort.
En vain, donc.

Soudainement, devant tes yeux Rodolphus sortit un sachet de la Rose noire pour le faire danser sous tes yeux. Tu le pries, sans sourciller, rangeas définitivement ta baguette - tu étais chez toi et si ton ami voulait te faire la peau il l'aurait déjà fait. Depuis quand tu joues au baron de la drogue ? La Rose noire, franchement ? Tu signais tes messages menaçants de ce pseudo, à Poudlard. C'est pour ça que tu es ici ? Pour te remémorer de vieux souvenirs ? Demandas-tu en lui faisant signe de te suivre. Tu es bien le seul à connaitre le lien entre moi et ce surnom. Ma mère a toujours des roses noires dans la roseraie du jardin. Dis-tu pour explication - bien que Rodolphus n'en n'avait guère besoin. Il savait fort bien l'origine de ce surnom-là. Pas qu'il l'avait apprécié mais il te laissait faire sans sourciller. Tu l'as goûtée ? continuas-tu avant de revenir vers la cheminée où ton fils dormait toujours dans le berceau qui allait et venait doucement grâce à un sortilège. Que puis-je faire pour toi, mon ami ?

Tu es en sécurité ici, c'est l'idée qui coule en toi alors que tu regardes l'environnement dans lequel il vit à présent. L'endroit n'a pas changé si ce n'est qu'il y a encore plus de livres qu'avant, sans doute apporté par Narcissa après son déménagement avec son mari. Et parce que Lucius a la faculté étrange à acheter des bouquins qu'il ne lit que plusieurs mois voire années, plus tard. Une passion qu'il avait déjà à Poudlard et qui n'a pas cessé, si tu juges les trois bibliothèques qui débordent de livres immenses et anciens. Et ça te pousse à sourire mais aussi à plaisanter, chose que tu n'as pas fait depuis des semaines là aussi. Sauf quand tu es avec Lux, avec elle tu parviens à te lâcher assez pour ne pas penser à l'extérieur, aux dangers divers qui sont là et qui attendent pour te tomber dessus. « J'avais faim et ils avaient l'air bons ! » Que tu réponds d'un air parfaitement outragé, comme si c'était ta faute d'avoir eu si mal au ventre ce jour là. Il faut dire que tu as toujours été gourmand et qu'il y avait si peu de gourmandise chez vous, qu'une fois chez les autres tu ne te privais pas de piquer quelques biscuits pour satisfaire ta dent sucrée.

« Non, pour savoir comment un héritier d'une grande maison fait le choix de devenir un fabriquant de drogues. » Dis-tu sans jugement mais avec beaucoup de curiosité quand même. Parce que ça te surprend, Lucius a toujours été si soigné, si guindé... La drogue ? Est-ce qu'il se serait abaissé à une chose telle juste par ennuie ou par besoin ? « Je sais, ils ont été plantés par une ancêtre Rosier. Comment va ta mère d'ailleurs ? » Sa mère, assez douce pour t'offrir quelques biscuits en cachette et des bouquins pour ton frère, car si le père Malefoy était effrayant alors la mère t'adorait et avait toujours plaisir à t'avoir dans sa demeure. Ca fait longtemps que tu ne l'as pas vue... Elle n'est sans doute même plus à Londres. Tu le suis silencieusement, avisant le berceau qui se secoue tout doucement devant un feu d'une cheminée immense. « Non. Je devrais ? » Mais tu l'as achetée par curiosité et pour l'étudier, pas que tu réussisses à percer tous ses mystères pour le moment.

« C'est ton fils ? Il est beau. » Dis-tu en observant le bébé qui dort sans un bulle de silence, avec le visage apaisé et surtout bien dessiné des Malefoy. « Et dire que cet enfant a failli être brun et se nommer d'un prénom commençant par la lettre R ! » Que tu rajoutes non sans rire avant de te laisser tomber dans un des fauteuils, avant d'avancer tes mains vers le feu pour réchauffer tes doigts engourdis dû à la neige et au froid. « Je voulais te voir... Je ne sais pas ce que tu deviens depuis la défaite du Lord. Alors une question simple : Comment vas-tu, Lucius ? » Que tu demandes en posant sur ton ancien meilleur ami un regard inquiet mais aussi fatigué, d'être traqué et de devoir courir. Finalement malgré les années tu n'as jamais cessé de penser à lui, à votre amitié. Et il t'a manqué, Lucius.

Rodolphus Lestrange était sans doute l'ami le plus cher de Lucius. Ils se connaissaient depuis toujours, avaient fait Poudlard ensemble, avaient partagé amours et convictions. Sans doute, l'amour de Rodolphus pour Narcissa Black aurait dû mettre un terme à cette amitié - quand il s'agit d'amour adolescent, l'excès est souvent la seule réponse acceptable dans une situation. Et pourtant, il se trouvait encore là, dix ans après, à venir se réchauffer au coin du feu dans le manoir Malefoy.
Les choses avaient bien changé depuis l'heure - le père de Lucius était mort, ce dernier avait repris la tête de la famille, il s'était fait marquer, il avait vu son maitre être défait et avait dû se cacher le temps que les choses se tassent. Il avait offert quelques informations au Ministère quand ce dernier était venu en réclamer, avait clamé pour sa part une sombre malédiction et l'usage d'un Impero pour expliquer son infortune, et il avait fait profil bas. C'était lâche, sans doute, mais parfois la lâcheté permettait de se sauver la vie. Et il aimait mieux cela, qu'à pourrir à Azkaban. L'infortune de Rodolphus restait grande, de son côté, puis qu'il était condamné à l'exil pour le moment. Non, pour savoir comment un héritier d'une grande maison fait le choix de devenir un fabriquant de drogues. Il sourit à demi-teinte, ramenant son ami près de son fils pour s'assurer que le bambin dormait toujours. L'histoire est simple : il faut savoir survivre. Admit-il, parce que ce n'était que cela. De la survis - et si les Malefoy ne pouvaient pas risquer d'avoir l'oeil du ministère sur eux, alors il avait fallut à Lucius le temps de repenser les choses. Se rendre indispensable jusqu'à pouvoir retrouver la lumière du jour.

Ils parlaient aussi aisément que s'ils s'étaient quitté la veille et en cela Lucius reconnaissait une véritable amitié. Rodolphus connaissait le manoir, son histoire, sa femme - il savait tout de lui et plus encore. Il le connaissait par coeur, devinait ses réactions, et sans doute pourrait le faire tomber pour le voir mort. Mais il n'en ferait rien - tout comme Lucius le laissera vivre dans le manoir, caché, aussi longtemps qu'il le souhaitera. Tant qu'il ne s'approchera pas de sa femme. Je sais, ils ont été plantés par une ancêtre Rosier. Comment va ta mère d'ailleurs ? Elle n'est plus qu'une ombre depuis la mort de mon père. Mais elle vit la maison de l'autre côté du champ, proche pour pouvoir me permettre de la voir et pour pouvoir aller s'occuper de ses fleurs. Admit-il en hochant la tête - sa mère était une ombre, une ombre qui laisse le temps l'emporter.
Rapidement la conversation s'établit sur la drogue - la Rose Noire - que Rodolphus avait entre les mains. Non. Je devrais ? Il semblerait que ce soit la meilleure des drogues existantes sur le marché. Et il s'en était assuré - Severus Rogue et lui avaient travaillé durant des semaines, des mois pour trouver la parfaite combinaison. Une drogue qui rendait euphorique, heureux, excité, et surtout accroc, très rapidement. C'est ton fils ? Il est beau. Je sais. Et Drago était une fierté pour lui - bien que Narcissa lui faisait payer ses mois d'absence et de solitude en lui ôtant parfois le plaisir de passer du temps avec lui. Elle s'assagit sur ce point, mais Lucius savait qu'il devait travailler encore pour avoir sa parfaite confiance à nouveau. Et dire que cet enfant a failli être brun et se nommer d'un prénom commençant par la lettre R ! Levant les yeux au ciel, Lucius s'installa en face de son ami qui trouva place dans un fauteuil près du feu. En attendant il est un merveilleux enfant blond et il se nomme Drago. Grogna-t-il, presque, sur un ton qui semblait menacer Rodolphus de trop en dire sur ce qu'il aurait aimé avoir de Narcissa.

Mais Lucius ne gardait pas de griefs contre le Lestrange - pas contre lui. Je voulais te voir... Je ne sais pas ce que tu deviens depuis la défaite du Lord. Alors une question simple : Comment vas-tu, Lucius ? Il resta un moment à réfléchir la question - sa vie prenait un chemin qu'il n'aurait pas pensé prendre, mais il n'irait pas s'en plaindre. Il aimait ce qu'il commençait à construire. Je perçois la possibilité de construire quelque chose de grand, d'important, de puissant. Je vais bien. Je dois m'assurer de rester libre pour ma femme et mon fils, et je fais tout ce que je peux pour revenir au sommet sans avoir l'oeil du ministère sur moi. Jusque là, je n'ai pas à me plaindre à ce sujet. Expliqua-t-il pour réponse, sourire en biais sur les lèvres. Mais toi, mon ami, comment vis-tu la cavale ? As-tu besoin de te poser quelques temps ici ?

Survivre, une chose qui revient bien souvent depuis que tu as pris la cavale. Survivre face aux ennemis, aux sorciers, à ceux qui veulent avoir ta peau, ceux qui font justice par eux même, les groupuscules ou simplement les sorciers égarés qui pensent pouvoir ramener au ministère un ancien mangemort et en tirer toute la gloire possible. Survivre est un objectif pour toi, l'un des seuls que tu as dans ton esprit car tu n'es pas certain d'avoir un lendemain. Alors tu vis au jour le jour et si c'est une avec laquelle tu as eu du mal au début, car tu aimes avoir le contrôle des choses, tu as fini par t'y faire. Forcément, quand on perd le contrôle soit on subit, soit on essaye de le reprendre comme on peut. « Et quoi de mieux qu'un scorpion acculé prêt à tout pour se sortir des flammes ? » Dis-tu en perdant ton regard dans le feu qui brûle dans la cheminée, sentant une chaleur et un apaisement monter en toi. La première fois depuis longtemps, alors que tu n'es pas à l'hôtel et qu'habituellement tu dois être dans la sécurité de ta chambre pour te sentir apaisé. Tu apprends le quotidien de sa mère et tu lui offres un sourire désolé, te souvenant sans mal de cette femme ayant beaucoup de prestance mais assez de douceur pour t'offrir des cookies à chaque fois que tu venais. Tu aurais aimé qu'elle ne finisse pas si touchée par la perte de son mari mais tu te doutes que c'est logique quand on a passé tant de temps avec quelqu'un.

« Et l'une des plus addictives, n'est-ce pas ? Tu ne fais jamais les choses à moitié. » Dis-tu en te souvenant d'avoir étudié la formule, pas assez pour tout connaître mais assez pour pouvoir jurer qu'avec ce genre d'ingrédients, ça peut te faire partir dans une addiction terrible dont tu ne pourrais pas sortir et pourtant, tu veux encore avoir de l'emprise sur ce que tu prends. Certes trop de potion pour dormir et t'apaiser mais que faire, quand tes nuits sont peuplées de ces horreurs ? Tu te sent sourire malgré tout dû à la pique que tu viens de lui envoyer, ne pouvant t'empêcher de penser que si tu avais été plus acharné avec Cissy alors les choses auraient été différentes. Tu le regrettes ? Non, pas un seul instant car ils sont heureux ensembles et puis tu ne peux cesser de penser à une belle fille blonde qui ne quitte pas ton esprit, moins encore depuis la délicieuse nuit de noël que vous avez partagé. Le cadeau fut original et pourtant, il fut l'un des plus beaux qu'on ne t'ait jamais offert.

« Tu as fait une belle pirouette pour t'en sortir... Je ne sais pas si je dois trouver ça admirable ou critiquable. » Dis-tu non sans sourire de plus belle avant de te lever pour faire quelques pas et ôter ta veste là encore, celle qui empêche ta cape trempe de te porter froid. Tu es habillé de noir, comme toujours et c'est aussi une habitude des années à servir de Lord Noir. Tu relèves tes manches car il fait chaud dans la pièce, dévoilant la marque que tu portes toujours et qui est inerte depuis qu'il n'est plus là pour guider ses soldats. « Non, j'ai trouvé une planque pour quelques temps. » L'hôtel dont il ne doit rien savoir, du fait que c'est l'Ordre qui t'a aidé à avoir un point de chute. Enfin un lieu pour te reposer, il est vrai que tu vis mieux depuis que tu sais où revenir chaque soir. « Je vais bien... Mieux. » Et tu n'en dis pas plus, tes yeux se plongent à nouveau dans le feu que tu finis par approcher pour ressentir sa chaleur. Autant que celle qui brûle en toi quand tu penses à elle. « J'ai rencontré quelqu'un... Et je crois que je souhaite avoir une possibilité de me sortir de cette cavale, pour elle. » Dis-tu sans regarder ton ami, n'ayant que bien peu l'habitude de parler aussi de ce qui traverse ton cœur. La dernière fois, il était tenté de proposer à Cissy d'aller boire un chocolat et vous étiez encore à Poudlard. Il t'a devancé quand il a su que tu ressentais cela et tu lui en as voulu. Mais cette fois-ci tu as besoin de parler, tu as besoin de ton ami.

Devant le feu de cheminée, les deux amis se retrouvaient comme à l'époque de Poudlard. S'ils s'étaient disputés un temps l'attention de Narcissa, ils se connaissaient depuis assez longtemps pour que cela n'entache pas l'affection qu'ils se portaient l'un à l'autre. Lucius ressentait une vague de mélancolie, se retrouvant à l'âge de quatorze ans, découvrant les frasques des émotions en même temps que son meilleur ami - difficile pour lui de considérer Rodolphus autrement. Soupirant lourdement, il laissa sa tête tomber vers l'arrière, frapper délicatement le repose-tête du fauteuil dans lequel il se trouvait. Il avait le sentiment de pouvoir enfin se reposer et se laisser aller. Et l'une des plus addictives, n'est-ce pas ? Tu ne fais jamais les choses à moitié. Il sourit à moitié, se tournant vers son meilleur ami - il supposait que c'était toujours le cas, il était des relations qui ne se laissaient pas effondrer par le temps - pour croiser son regard brillant. Evidemment. Il faut bien s'assurer des revenus réguliers. Et le monde a droit à sa dose de rêve, tu crois pas ? Demanda-t-il avec le plus de malice possible.
Le monde pouvait se mettre à rêver, maintenant qu'il pensait son cauchemars disparu. Pas que Lucius souhaitait faire tomber le ministère, comme Voldemort l'avait désiré. Aujourd'hui il avait gagné en humilité - il voulait retourner sur les sommets des sociétés sangs purs. Il voulait voir la magie respectée, il voulait voir les sangs mêlés et les nés moldus à leur place. Il supposait qu'il pourrait faire ça, une fois qu'il aurait assuré la puissance de sa famille. C'était à cela, finalement, que son existence était dédiée. A la recherche de pouvoir. Tu as fait une belle pirouette pour t'en sortir... Je ne sais pas si je dois trouver ça admirable ou critiquable. Si tu as des critiques, j'espère qu'elles me permettront d'être meilleur. Grogna-t-il, car c'était tout ce qu'il accepterait. Au moins il n'était pas à Azkaban, et il n'avait pas à fuir du manoir.

A l'heure actuelle, il considérait sa situation plus enviable que celle de Rodolphus. Pas qu'il laisserait son ami dehors, à dormir sous les ponts et à fuir les Aurors. Le manoir serait bien assez sécurisé - Rodolphus pouvait souffler un peu quelques jours sans que Lucius n'y voit rien à redire. Non, j'ai trouvé une planque pour quelques temps. Il opina, ne posant pas plus de question - parce qu'il supposait que si Rodolphus voulait lui dire, il le lui dira, tout simplement. S'il voulait que Lucius sache, qu'il puisse venir à sa rescousse à tout moment, qu'il puisse le retrouver vite, alors il le dirait. Autrement, Lucius le laissera gérer cette situation seul, comme il le souhaitait. Je vais bien... Mieux. Vraiment ? demanda-t-il en arquant un sourcil.
Il n'était pas certain - Rodolphus semblait pouvoir prendre une douche et dormir trois jours - il avait une sale tête. J'ai rencontré quelqu'un... Et je crois que je souhaite avoir une possibilité de me sortir de cette cavale, pour elle. Cette fois, cependant, Lucius sentit un pique d'intérêt se former dans sa poitrine. Il se redressa, se penchant vers Rodolphus avec un air plus intrigué, presque amusé, un sourire sur les lèvres et l'air de vouloir hurler comme une gamine. Une fille ? Très étonnant - les filles ont toujours été un point faible pour toi. Je devrais pas être étonné. Alors dis m'en plus - c'est qui cette fille ? Demanda-t-il. C'est pour ça que tu préfères ta planque à un lit chaud du manoir : pour la retrouver ? Rajouta-t-il avec un clin d'oeil. Si je pouvais t'aider pour te sortir de là, tu sais que je le ferais. Son regard se baissa sur le tatouage marquant la peau de Rodolphus. Naturellement, il releva les manches de sa chemise pour dévoilé le siens aussi. Un souvenir d'une erreur qui l'avait rendu meilleur, finalement. Mais dans ce combat, je crois que c'est chacun pour soi.

« Que tu es généreux ! Un véritable humaniste ! » Dis-tu avec un ton parfaitement ironique. Comme si Lucius s'occupait réellement de savoir que le monde a besoin de rêver ou pas, il ne se bat que pour lui même et sa famille évidemment, le reste du monde pourrait brûler que tu es certain qu'il s'en moquerait parfaitement. Ce que tu comprends, toi aussi tu n'en as que faire des autres et seuls tes objectifs comptent. Plus encore quand ça concerne d'anciens mangemorts, tu les vendrais sans hésiter pour assurer ta liberté et la paix d'un quotidien bien mérité. Une chose que tu ne diras pas ouvertement, simplement car Lucius ne peut pas imaginer que tu te sois autant détourné de cette cause pour laquelle vous avez été marqué. « Tu es revenu sur tout ton engagement auprès du maître... N'as-tu aucun regret ? L'Impero... Comme si il nous avait traversé l'esprit de te manipuler de la sorte. » Dis-tu en tournant ton regard vers lui, sans aucun reproche mais dans un rôle parfait d'ancien mangemort qui vient réclamer des comptes à celui qui n'a pas été clair, honnête avec sa parole. Si d'autres auraient voulu lui faire payer ce retournement alors toi tu n'en as que faire, principalement parce que vous n'êtes plus en guerre et parce que faire payer Lucius ne t'apporterait rien. Il était ton ami à Poudlard, il l'est toujours en dehors et si il a fait cela pour survivre alors... N'as-tu pas été le premier membre de l'Ordre à t'assurer un rôle d'espion pour faire tomber Voldemort et ses sbires ? Chacun fait comme il le peut pour survivre, avec plus ou moins de succès.

« Oui, vraiment. » Un souffle qui t'échappe alors que tu fermes les yeux pendant un instant, pensant à cet apaisement que tu ressens auprès de Lux, quand tu te perds dans ses bras ou que tu sens sa bouche embrasser la tienne avec envie, avec une ferveur que tu ne pensais jamais recevoir de la part d'une femme, moins encore depuis qu'un tatouage hideux barre ton bras. « C'est vrai, je suis toujours tombé amoureux de femme qui ne me regardaient pas en retour. C'est désespérant que je suis bien plus beau que Londubat, Weasley ou même toi ! » Dis-tu avec un rire qui vient taper contre les murs de cette bibliothèque, sans réveiller l'enfant qui dort dans sa bulle de repos. « Parce que ma planque c'est chez elle et que j'ai beau adorer l'idée de t'embêter dès le réveil, je suis encore plus emballer par la chaleur de ses reins que je retrouve chaque soir. » Dis-tu en tournant vers lui un regard amusé mais surtout malicieux et plein de sous-entendus.

« Je sais et je ne te demande rien... Tu dois protéger ton fils et assurer l'avenir des Malefoy. Moi, je me débrouillerais. » Ou tu l'espères du moins, chose qui te fait soupirer. Jusque là tu as évité de répondre à Lucius mais tu sais qu'il va revenir à la charge alors tu dois faire en sorte de lui donner des réponses si tu ne veux pas être cuisiné. Et le bougre sait comment te faire parler. « Que veux-tu savoir à son sujet ? Elle est gentille quoi qu'avec un répondant qui te ferait voir rouge, elle est belle et intelligente, elle revient d'un tour du monde. Rien de plus. Et je ne donnerais pas son identité ! »