Silas Beauchamps ll La suivre comme son ombre

Les derniers efforts et le premier cri est poussé le 17 juillet 1948. Petit dernier pour le moment car je possède déjà un frère et une sœur, je serais rejoint quelques années plus tard par deux sœurs. Enfant du milieu, ce n’est pas toujours évident de trouver sa place. Mais nos parents ont toujours fait en sorte de donner autant d’amour à l’un comme l’autre afin que chacun puisse trouver sa place dans la famille.

Les années défilent et j’intègre l’école de Beauxbâtons comme mon frère et ma sœur ainsi que ma mère avant nous. Ma scolarité se passe relativement bien dans l’ensemble, me faisant des amis avec qui je fais quelques bêtises, et j’ai également quelques petites amies, mais cela ne dure jamais bien longtemps. Je fais partie de l’équipe de Quidditch de mon école en tant que défenseur et j’apprécie énormément les cours sur les créatures magiques, décidant qu’un jour je deviendrais guérisseur pour le ministère de la magie afin d’être au plus près des créatures et les soigner.

L’année de mes seize ans, nous partons en Norvège avec toute la famille pour les vacances de fin d’année. Voyage dont toute la famille rêve depuis un moment maintenant, voulant découvrir les différents paysages que le pays a à nous proposer. Ça a été mon plus beau voyage. Non pas parce que les paysages étaient magnifiques, même si c’était le cas, mais parce qu’il y avait Elle. Cette fille au magnifique sourire avec qui je passais mes journées à apprendre à patiner sur le lac gelé ou faire des batailles de boules de neiges. Cette fille avec qui j’ai échangé un doux baiser et qui me paraissait plus beau que ceux que j’avais connu auparavant. Les adieux avaient été durs. Très durs. Les larmes coulaient le long de ses joues et me serrait le cœur. Des promesses sont faites, lui disant que je reviendrais la voir. Quand ? Là était toute la question. J’espérais l’année suivante, mais il a fallu attendre six ans avant que je puisse repartir la voir. Les années ont été longues, n’arrivant pas à oublier ce doux visage avec ses fossettes de chaque côté qu’on a envie d’embrasser.

La surprise a été faite pour ses dix huit ans. Mes parents ne pouvaient venir car ils travaillaient tous les deux, alors avec mon frère et mes sœurs, nous sommes retournés dans ce pays qui a été un coup de cœur pour nous tous. Nous avions prévenu ses parents que nous serions là pour l’occasion et mon cœur ne faisait que galoper dans ma poitrine à l’idée de la revoir. Et quand je l’ai revu, ça a été le coup de foudre. Elle était plus belle que dans mes souvenirs. Son visage, encore un peu enfantin à l’époque, a changé légèrement. Elle est devenue une jeune femme à présent. Je la serre dans mes bras et je sais que c’est elle. Celle à qui je dirais « pour toujours ». Six ans à rattraper et donc tant de choses à nous dire. Ma main ne quitte pas la sienne alors que je l’écoute me parler de sa vie. Cette nuit-là nous nous sommes aimés. Dans la salle de pause de la scierie où elle travaille. Ce n’est peut-être pas le lieu le plus romantique et pourtant c’était si beau. Tout est une évidence avec elle.

Nous décidons d’aller camper ce soir-là. De passer du temps que tous les deux. La lune est pleine et haute dans le ciel, éclairant un peu le lieu où nous avons décidé de poser notre tente. Le feu allumé, nous sommes blottis l’un contre l’autre, discutant de notre avenir. Mais des bruits de pas se font entendre et ma main resserre celle de Morrigan. Cherchant du regard d’où cela provient, et voit alors deux yeux rouges nous fixer et avancer doucement dans la nuit. Je me lève alors et prend la main de Morrigan dans la mienne, lui disant de courir vite, paniqué, espérant sauver nos vies. Mais elle chute alors et je l’entends crier derrière moi. Je me retourne et la voit au sol, lui au-dessus ayant planté ses crocs. Je crie son nom, le cœur brisé de la perdre sous mes yeux et retourne alors vers elle, espérant la sauver mais il bondit vers moi et plante ses crocs dans mon bras. La douleur est atroce mais pas autant que l’idée de me dire que j’ai peut-être perdue celle que j’aime. Je finis par tomber au sol, le corps dans la neige froide.

Mon corps me fait légèrement mal et je finis par me réveiller avant de me retrouver à baisser la tête devant un inconnu. De ce sentiment de soumission et je comprends qu’il nous a transformés. Que nous sommes à son service à présent et cela ne me plaît pas. Je n’aime pas ce regard qu’il porte sur nous, ni les surnoms qu’il nous donne : Charybde et Scylla. Je vois que Morrigan non plus n’apprécie pas, les larmes bordant ses yeux. J’ai envie de la serrer dans mes bras, mais je ne peux pas, pas devant lui.

Le premier soir de pleine lune. L’envie de sang. Je sens mes os craqués sous la transformation, sentant les griffes pousser et les canines sortir, me faisant mal. Cela fait plusieurs jours que nous sommes portés disparus, mais ils ont fini par arrêter, nous déclarant morts tous les deux. Mon frère et mes sœurs sont restés en Norvège afin d’aider les parents de Morrigan pour nous retrouver. Ils auraient dû rentrer. Ils ne rentreront jamais. Le loup en moi a pris possession de mes pensées, me disant sans arrêt qu’il faut tuer. J’ai suivi Morrigan et nous avons tué nos familles ce soir-là. Ce n’est qu’en nous réveillant le lendemain que nous avons vu ce que nous avons fait. Des visages des êtres aimés figés pour l’éternité. L’envie de pleurer, d’en finir ici. D’être devenu un monstre assoiffé de sang. Pourquoi continuer ? Mon regard se pose sur elle et je sais pourquoi continuer. Je pose ma main sur son épaule alors qu’on nous appelle, que nous devons repartir. Nous retournons auprès de lui. Mais ce que je ne sais pas, c’est qu’un de ma fratrie a survécu à tout cela.

La meute part pour l’Angleterre et nous suivons, considéré comme des moins que rien à qui on refile toutes les basses besognes. Mais on se soutenait, faisant en sorte de ne pas sombrer dans la folie. J’ai appris que mes parents m’avaient déclaré comme mort, tout comme ceux de ma fratrie que j’avais tué sur place. Ça me fait mal mais elle est là pour apaiser mes douleurs. Tout comme je suis là pour apaiser les siennes. Des coups de fouet j’en ai pris pour avoir défendu Morrigan, ayant des cicatrices sur le dos, marques qui ne partent pas.

La guerre à commencer et nous nous sommes retrouvés du mauvais côté. Mais nous ne pouvions partir, pas maintenant. Nous avons combattu sans cesse, jusqu’à ce que Voldemort finisse par tomber et Greyback entre dans une rage d’avoir perdu cette guerre. Il a suffi d’un regard avec Morrigan pour qu’on se comprenne. On ne peut rester là plus longtemps.

Alors nous avons couru toute une nuit de pleine lune, pour fuir au plus vite cette meute qui nous faisait que du mal. Le calme dans l’esprit fait le plus grand bien. Mais la peur qu’ils finissent par nous retrouver est présente. Nous trouvons un hangar abandonné d’où l’odeur nauséabonde de poisson pourri y règne. Mais ça fera l’affaire pour nous transformer à l’abri des regards. Cela devient notre lieu d’habitation le temps de trouver autre chose. Le temps de trouver un nouvel Alpha. Je réussis à me trouver un petit boulot en tant que barman au Nemesis, afin d’avoir un peu d’argent pour nous payer à manger alors que de son côté elle vole. Ça ne me plaît pas, car j’ai peur qu’elle finisse par se faire prendre et qu’on l’emmène loin de moi. Qu’on finisse par découvrir qu’elle est une louve à la nuit de pleine lune. Mais nous trouvons enfin un Alpha. Remus. Il semble bon avec les siens et j’ai envie d’être son bêta. De le servir alors qu’il a une odeur réconfortante. Il faut qu’on trouve le moyen de l’approcher. Mais comment ? C’est toute la question.