Un devoir obligatoire- Aliénor/Yanis

Les cours n'étaient vraiment pas le point fort de Yanis et pourtant il allait devoir y mettre du sien pour réussir ses BUSE et ne pas se faire renvoyer. Il avait redoublé une fois, il ne pourra pas recommencer, c'était le moment pour lui de se mettre au travail. Visiblement leur professeur de botanique avait fait en sorte de lui gâcher sa fin d'après-midi en imposant un devoir en binôme. Il avait croisé les doigts pour ne pas finir avec Bellingham sinon il aurait mis sa tête dans un pot et l'aurait recouvert de terre.

Du coup il avait été mit en binôme avec Aliénor Chevalier, une élève de Serpentard, il ne la connaissait pas vraiment. Il savait juste qu'elle venait d'arriver à Poudlard, qu'elle était française et qu'elle venait d'une  famille de sang-pur. Dans un sens Yanis se dit que c'est quand même mieux que Nathaniel même si il aurait préféré être avec Hannah, sa meilleure amie ou sa sœur. Il faut dire que la dernière fois qu'il avait été en duo avec un Serpentard ça ne c'était pas très bien passé.

En tout cas le jeune homme avait dû laisser son ballon dans son dortoir pour filer dans les serres de botanique rejoindre Aliénor. En sortant le soleil était bien présent et Yanis se dit qu'il aurait été bien mieux dehors à s'entrainer plutôt que dans les serres à examiner des plantes pour un stupide devoir. Il ne savait même pas quel était le sujet, sa sœur devait sûrement le connaître mais il était trop tard pour lui demander.

Arrivé devant les serres il entra brusquement pour voir si Aliénor était déjà là et visiblement oui, ça puait toujours autant ici. Il n'arrivera donc jamais à arriver en avance une fois dans sa vie car elle était déjà là.

-Salut, je suis à l'heure j'espère parce que j'ai bien géré mon temps normalement et c'est très rare...

Car oui, la plupart du temps il n'était jamais à l'heure sauf pour l'heure du repas. Il se dit que pour une fois c'était un miracle qu'il n'est pas quinze minutes de retard sur l'horaire.

Cette cinquième année à Poudlard était pour moi synonyme de révisions… et par Morgane, quelle plaie ! Devoir me farcir une nouvelle fois le programme, bien que ce dernier ait quelques sensibles petites différences plutôt que me faire passer l’année suivante à cause de mon âge ? Pourquoi diable les britanniques commençaient-ils leurs études si tard, aussi ?!
Bien que dotée d'une intelligence remarquée par mes pairs, je n’étais pas la plus studieuse, c’était un fait que je ne pouvais nier. Et cette première année à Poudlard me servait dès lors pour pouvoir apprivoiser les subtilités de la langue de Shakespear ainsi que mes petits camarades pour le moins turbulents. Et à me faire connaître d’eux, évidemment.

Et ça aurait pu s’arrêter à ça : faire acte de présence durant quelques cours pour le moins barbants, mais il avait fallu que nos charmants professeurs y ajoutent une quantité titanesque de devoirs. Celui du jour était lié à la botanique… une matière intéressante mais qui me laissait toujours un sentiment désagréable dès lors que je découvrais toute la terre incrustée sous mes ongles. Et le pire dans tout ça, c’est que pour cette fois-ci le professeur avait jugé bon de désigner lui-même les binômes. Ainsi je me retrouvée affublée d’un vrai redoublant. A l’instar de tous les membres de ma classe, je m’étais renseignée sur lui quelques semaines plus tôt : un impur, comme la majorité de la société, mais pire encore… l’un de ses parents n’était même pas sorcier. Alors devoir me coltiner un boulet pareil ? Autant dire que ça ne m’enchantait guère.

Pourtant, je me tenais là, d’ores et déjà dans la serre, en attendant le fameux Yanis, et bien résolue à abréger au mieux ce maudit devoir. Le quidam finit par faire irruption, telle la tornade de muscles qu’il semblait être, se répandant en palabres qui me firent lever les yeux au plafond de verre.

« Oh… félicitations pour ce qui semble être un exploit. Tu veux une carte de chocogrenouille, peut-être ? »

Mon ton était mielleux, mais ne laissait pourtant que peu de doute sur l’ironie manifeste que renfermaient ces paroles. Franchement, à quoi s’attendait-il ? Une caresse sur la tête comme un bon toutou ? Je laissais m’échapper un soupir, car ce devoir prenait, dès lors, des allures de purgatoire.

Le Poufsouffle ne connaissait pas vraiment Aliénor, il savait juste qu'elle était française et qu'elle venait d'intégrer l'école cette année. Tout comme la fille que Yanis avait vue et qu'il cherche dans tout le château depuis quelque temps déjà, sauf qu'elle n'est pas en cinquième année visiblement. Elle était la soeur de Louis, qui était lui aussi à Poufsouffle.

En tout cas le jeune se doutait bien que si elle était à Serpentard ce n'était pas pour rien, elle devait sûrement être comme la majorité des serpents, imbu d'eux-même, puriste, coincé du cul un peu. Yanis n'avait aucun ami à Serpentard, pendant ses trois premières années ils lui avaient fait la misère en cachant son ballon ou en le crevant, juste pour rire.

Depuis que Yanis avait pris du muscle il en intimidait plus d'un et à part Amycus Carrow, aucuns venaient lui chercher des noises. En tout cas il allait devoir être sérieux aujourd'hui car il n'était pas avec ses amis et il ne connaissait absolument pas son binôme, peut-être qu'elle était super sympas et que ça allait bien se passer.
« Oh… félicitations pour ce qui semble être un exploit. Tu veux une carte de chocogrenouille, peut-être ? »
Visiblement non, ça allait être compliqué cette histoire, Yanis regarda la fille devant lui, il devait avouer qu'elle était jolie. Mais ça sentait la princesse sang-pur qui se prend pour la reine du monde et ça allait être très compliqué.

-J'en veux bien une si tu en as une ?

Il sourit, il avait tenté l'humour, des fois sur un malentendu ça pouvait marcher, même si avec elle ça allait être compliqué. Yanis s'avança vers elle avant de poser ses affaires à coté de lui sur la table.

-Je m'appelle Yanis Benrahma au fait.

Il tendit la main, c'était là qu'il allait savoir si cette fille est une puriste comme beaucoup d'autres ou pas. Si elle prend sa main il y avait peut-être un espoir de s'entendre un minimum, sinon c'était foutu et le Poufsouffle allait passer une sale après-midi. Déjà qu'il n'aimait pas les cours mais s'il devait en faire un avec une personne hautaine qui le prend pour une vermine dans ce monde... Il aurait dû prendre une potion pour rester zen.

Pourquoi fallait-il que je me retrouve affublée d’un tel boulet ? Déjà que l’optique de réaliser un devoir de botanique était quelque peu désagréable, le faire avec un redoublant ne m’enchantait absolument pas. Qui plus est, de ce que j’en savais ce n’était pas la seule casserole que se traînait ce grand dadet : il était certes sang-mêlé, mais l’un de ses parents n’était pas sorcier. Et cette tare, il l’apportait jusqu’à Poudlard avec de ces sports typiquement moldu. Je ne comprenais même pas que le Conseil des Purs ne l’ai pas d’ores et déjà interdit !

Me montrant mielleusement acide dès mes premiers mots, je donnais d’ores et déjà le ton. Or, sa réponse me fit légèrement arquer un sourcil avec une mine pour le moins dépitée. Dans un soupir, je détournais mon regard, replaçant une de mes mèches blondes derrière mon oreille avant de sortir mes affaires. Au moins avais-je l’espoir qu’une fois ma peine purgée, je ne me retrouverai plus avec ce Yanis pour les prochains devoirs de botanique. Yanis, qui d’ores et déjà, me tendait une de ses grosses paluches dans l’espoir que je la serre. Alors déjà les vrais gentlemen faisaient des baise-mains, et de toute façon il était hors de question qu’il me touche. De ce fait, cette main, je l’ignorais royalement, installant plutôt de quoi prendre des notes.

« Je sais. C’était écrit sur la liste des groupes. » rétorquais-je.

Maudite liste, soit dit-en passant. Puis, une once d’idée me traversa l’esprit, tel un éclair pour le moins fugace. Ooooh c’était stupide, de prime abord, mais peut-être allais-je trouver un intérêt à cette rencontre qui, pour l’heure, aurait tendance à me donner la jaunisse.

Appuyant mon avant-bras sur la table, je me tournais légèrement vers le garçon, l’observant réellement pour la première fois.

« Yanis, donc. » Je laissais quelques courtes secondes s’écouler avant de reprendre. « Tu n’es sans doute pas stupide, mais puisque tu tiens à des présentations : moi c’est Aliénor. »

Mais trop en faire n’aurait été que trop suspect, alors j’en restais là, désignant ensuite les plantes dans les parterres non loin : des géraniums dentus, à savoir le sujet de notre devoir.

« On s’y met ? »

Yanis était apprécié pour son humour surtout et le fait qu'il savait toujours détendre l'atmosphère. Mais là, ça va être très dur. Certes le Poufsouffle était loin d'être le meilleur élève de l'école, il faisait même parti du bas de tableau mais dans un sens la botanique était la matière qu'il gérait le plus. Depuis sa première année il avait toujours réussi dans cette matière alors au moins Aliénor s'énervera un peu moins, peut-être... Il savait que très peu de choses sur elle, il savait juste qu'elle était puriste et qu'à cause de ça l'entente va être compliquée.

Le jeune homme avait essayé de faire un peu d'humour lui demandant une chocogrenouille mais visiblement ça n'avait pas marché du tout. Elle n'était vraiment pas drôle, l'humour n'était pas son truc vu la tête qu'elle faisait. En tout cas Yanis restait poli et se présenta à la Serpentard en tendant sa main qu'elle ne serra absolument pas.
« Je sais. C’était écrit sur la liste des groupes. »
Yanis fit une grimace et retira sa main, elle était comme dégoutée de le toucher ce qui accentua le fait qu'elle n'était pas très fun. Le jeune homme était un peu triste, il aurait bien aimé connaître sa partenaire de botanique mais visiblement pas elle. Elle le fixa, Yanis n'osait pas bouger au risque de se prendre une gifle ou des reproches.
« Yanis, donc. » « Tu n’es sans doute pas stupide, mais puisque tu tiens à des présentations : moi c’est Aliénor. »
Il sourit un peu, le fait qu'elle lui parle sans trop lui lancer des piques était un bon début pour une discussion plutôt saine.

-Et bien enchanté Aliénor. Je vois bien que tu es loin d'être ravis d'être ici avec moi et malgré ma réputation de redoublant qui a raté ses BUSE, tu as de la chance la botanique est la matière que je gère le plus.

Il posa son sac sur une chaise à côté et sortit un parchemin ainsi que son manuel de cours et s'installa en face de la jeune femme. Il savait que s'il se posait plus près d'elle elle serait capable de s'éloigner ou même de vomir tellement il la dégoutait.
« On s’y met ? »
Yanis hocha la tête et regarda les plantes, des géraniums dentus, plantes que Yanis a étudiée pendant ses BUSE. Il avait failli se faire mordre d'ailleurs mais il avait bien réussi à la contrôler. Yansi s'approcha pour mettre des lunettes de protection et surtout des gants, ils allaient commencer avec la pratique.

-Ok, on doit voir pour lui retirer les crocs, la plupart du temps ils sont vendu pour la médecine mais on doit mettre des gants. L'année dernière un élève s'est fait mordre pendant les BUSE, il a fini à l'infirmerie, il y avait du sang partout.

Si l’idée qui m’avait traversé l'esprit pouvait, pour l’heure, sembler un brin capilotractée, elle n’était cependant pas stupide. Du moins ne me le paraissait-elle pas.
Je n’aimais pas les nés-moldus, c’était un fait, mais je savais m'accommoder des sang-mêlés. Après tout, ils formaient la majorité de la société sorcière. la plèbe, pour ainsi dire, et étaient difficiles à éviter. En outre, si certains savaient être utiles, d’autres étaient même de bonne compagnie. Pas que je m’attende à ce que ce Yanis appartienne à cette ultime catégorie, mais… je pouvais déceler en lui une certaine utilité à exploiter, en y regardant bien. Or, je n’étais pas stupide. Il n’allait pas se plier à mes désirs par mon simple nom qui, loin de mon pays natal, brillait déjà bien moins. Il allait me falloir l’amadouer. A ma manière.

Consentant à des présentations, je remarquais que ces dernières lui firent plaisir. Quoi de plus normal : il appartenait à une maison que certains -de la mienne- disait candide et sociable. Alors je réprimais une énième pique qui me serais sortie avec naturel lorsqu’il souligna à quel point j’étais chanceuse. Fan-tas-tique. Pour me qualifier ainsi, il aurait fallu que je tombe avec une des têtes de la classe, à l’instar de mademoiselle Mandragoran. Mais soit, puisque de toute façon je n’avais pas le choix, je me contenterai de m’apitoyer sur mon sort en silence. Peut-être serais-je, après tout, agréablement surprise ?

Avisant le sujet de notre devoir, ce fameux géranium dentu, j’entortillais mes cheveux en un chignon que je maintenais d’une pique se trouvant dans ma trousse -il est important de toujours avoir ce genre d’objet à portée de main. Il était hors de question que cette plante ne s’empare d’une de mes mèches. Yanis, lui, s’équipait d’ores et déjà de lunettes de protection et de gants épais. Si je rechignais à mettre les premiers qui nuirait immanquablement à mon style, je ne pouvais cependant qu’admettre que mon binôme avait raison quant aux protections. Et je ne sais si c’était parce qu’il avait remarqué ma réticence ou par simple envie de la conversation, mais il ajouta une anecdote pour le moins dissuasive. En même temps… c’était la moindre des choses de porter des gants face à de telles dents, n’est ce pas ?!

Enfilant donc à mon tour l’équipement adéquat, avant de poser mes iris sur mon associé de fortune. Sur la paillasse étaient évidemment présent tout le nécessaire d’entretien de la plante, dont les fameuses pinces nécessaires à l’extraction des dents.

« Préfères-tu alors tenir la plante ou lui arracher ses vilains crocs ? » demandais-je. « Si nécessaire, je suis disposée à les lui ôter… mais tu as intérêt à bien la tenir ! »

Parce qu’il était tout bonnement HORS DE QUESTION que je me retrouve avec une vilaine cicatrice à cause de lui et d’un chou !

Beaucoup d'élèves pensaient que Yanis était un né-moldu à cause de sa passion, le football, que très peu connaissaient ici, mais il y en avait. Mais non, il était sang-mêlé, certains avaient du mal à le croire, mais ça, le Poufsouffle s'en fichait, le statut de sang n'était rien pour lui. Il était ami avec des nés-moldus, des sang-mêlés et même des sang-purs, il se fichait bien de leurs noms de famille. Et là, aujourd'hui, il ne voulait pas d'ennuis avec la Serpentard qu'il ne connaissait pas très bien d'ailleurs. Le jeune homme devait rester droit, il avait déjà été convoqué avec Souad, sa soeur, dans le bureau de la directrice de maison.

Yanis était loin d'être un bon élève, s'il avait raté ses BUSE ce n'était pas pour rien, mais heureusement pour lui il était très bon en botanique. Il se présenta à la jeune femme, c'était le premier échange qu'il faisait avec elle et malgré tout, il voulait faire ça bien. Le Poufsouffle était apprécié de beaucoup, comme détesté de beaucoup aussi, et pourtant il était très gentil, drôle et serviable.

Le sujet du devoir, Yanis le connaissait assez bien, il l'avait déjà fait l'année dernière en plus de ça, alors il était callé sur le sujet. Ils allaient donc se mettre au travail et il vit Aliénor s'attacher les cheveux, il remarqua qu'elle était très jolie, mais il secoua la tête pour oublier cette pensée absurde.
« Préfères-tu alors tenir la plante ou lui arracher ses vilains crocs ? »
Il pouvait la tenir facilement, il avait la force pour la maintenir sans qu'elle ne bouge un poil, même s'il se faisait mordre, ce n'était pas très grave.
« Si nécessaire, je suis disposée à les lui ôter… mais tu as intérêt à bien la tenir ! »
Visiblement elle ne voulait pas la tenir et le jeune homme pouvait très bien le comprendre, elle ne voulait en aucun cas avoir de cicatrices sur ses bras, alors que lui, il en avait déjà.

-Très bien, je vais la tenir, je comptais déjà le faire de toute façon. Je pense bien que tu ne veux pas qu'elle te morde, des cicatrices sur une princesse ça ne s'est jamais vu. Quoi que ça pouvait donner un petit côté rebelle.

Il sourit et attrapa facilement le chou en le bloquant d'une main ferme, il avait déjà eu une très bonne note à ce devoir l'année dernière. Il la sentait se débattre, mais le jeune homme savait très bien comment tenir cette plante sans lui faire de mal.

J’étais loin d’être l’élève la plus studieuse de la promotion. Et si je pouvais aisément imputer cet état de fait à ce redoublement protocolaire dû aux différences entre les écoles française et anglaise, ça aurait été quelque peu malhonnête de ma part. Certes, devoir refaire le programme uniquement parce que mon âge correspondait à Poudlard à la 5ème année ne m’enchantait guère et ne m’incitait pas à m’investir plus que de raison dans mes études, mais il fallait admettre qu’à Beauxbâtons non plus je n’étais pas de celles qui s’échinaient pour les révisions. J’avais quelques facilités qui faisaient qu’en travaillant le minimum, j’avais des résultats tout à fait honorables. Alors oui, en prenant le temps d’étudier davantage, peut-être aurais-je pu prétendre à l’excellence et au titre de majeure de promotion, mais… en toute honnêteté… je serais passée à côté de tout ce qui fait le sel des études loin du regard parental, n’est-ce pas ?

Oui mais voilà. Là où mon insupportable petit frère, par son travail, avait réussi à sauter une année pour lui aussi finir dans cette même classe, ce n’était pas mon cas. Et me voici à présent à étudier des choux avec un grand dadet !  Si ça ce n’était pas synonyme de déchéance, il fallait clairement que je revois mon anglais. Anglais auquel j’appliquais mon doux accent français, d’ailleurs. Pourquoi diable faire davantage d’efforts ?!

Or, je pouvais reconnaître que mon partenaire d’infortune, faute d’être intéressant à mes yeux, était au moins de bonne volonté, et déployait bien des efforts pour faire en sorte que cette heure se passe au mieux. A ceci prêt qu’il employait le terme de princesse pour me désigner, et entre ses lèvres abimées je ne saurais déterminer s’il s’agissait d’un compliment, d’humour ou de sarcasme. Non… il semblait trop simplet pour faire preuve de sarcasme. Et puis c’était un Poufsouffle, n’est ce pas ?  Cependant, si je ne pouvais que lui accorder le fait que je ne désirais pas de cicatrices, je n’étais pas particulièrement d’accord avec le reste, et comptais bien le lui faire savoir !

M’emparant de la pince alors que Yanis tenait fermement le légume vorace.

« Je t’assure que je peux me montrer rebelle sans arborer de vilaines cicatrices. » dis-je en saisissant l’un des crocs pour tirer dessus. Je sentais une certaine résistance, mais en opérant une légère rotation, il se détacha aisément. « Cependant… tu devrais arrêter de te contenter des contes de fée comme unique référence pour les princesses… »

Déposant ce premier croc dans un tintement dans le récipient d’étain prévu à cet effet, je rapprochais la pince du végétal pour réitérer l’opération, bien décidée à édenter cette vilaine chose.

« Certaines princesses ou reines se sont illustrées dans l’Histoire comme étant de puissantes guerrières. »

Cependant, je ne pouvais qu’admettre un fait : je préférais être stratège et mener les troupes de loin plutôt qu’être au coeur d’une bataille. Je laissais cette place à d’autres. N’étaient-ce pas les Gryffondor à qui l’on offrait ce genre de position, là où les Serpentards étaient les tacticiens ?

Yanis avait toujours reçu des moqueries suite à ses mauvaises notes et à son redoublement, mais personne ne pouvait lui enlever son don en botanique. C'était la matière qui lui convenait le mieux, peut-être car elle était beaucoup plus manuelle que les autres et qu'il avait, grâce à Ryder, la connaissance de beaucoup de plantes, beaucoup qui sont toxiques pour l'humain d'ailleurs. Son ami traînait dans des endroits pas très sympathiques pour le Poufsouffle mais maintenant il avait pris l'habitude, il essayait juste de ne pas y aller quand Ryder était en compagnie d'Alecto Carrow.

Désormais, avec son redoublement, Yanis était dans la même classe que sa petite soeur lui aussi, pour son plus grand malheur. L'Algérien était très protecteur envers sa soeur, mais il n'hésitait pas à la rendre dingue aussi et se retrouver dans la même classe n'aidait pas la chose. Elle le saoulait pour qu'il travaille et lui, il n'arrêtait pas de la charrier, ce qui menait à une bataille dans les couloirs ou dans la salle commune, avec des insultes. Mais pour le moment, il était concentré, il avait déjà fait ce cours l'année dernière et l'avait très bien réussi, alors cette année il allait avoir la meilleure note de la classe.

Son binôme était une Serpentard et Yanis ne se mêlait pas trop aux verts et argent, il connaissait un peu Alecto mais rien de plus. Autant faire de nouvelles découvertes sur cette maison, non ? Et puis en plus de ça, Aliénor venait d'arriver dans l'école et il ne la connaissait pas du tout, Yanis n'était pas du genre à faire des jugements sans connaître la personne. Il la regarda prendre la pince pour s'occuper de la plante que le Poufsouffle tenait fermement.
« Je t’assure que je peux me montrer rebelle sans arborer de vilaines cicatrices. »
Ce n'est pas faux, mais des cicatrices c'est classe, enfin ça dépend où et comment on se l'est fait. Il n'avait pas eu le temps de répondre qu'elle enchaîna directement après ses premières paroles.
« Cependant… tu devrais arrêter de te contenter des contes de fée comme unique référence pour les princesses… »

- Ca je ne doute pas que tu peux être une rebelle, je pense que quand tu t'énerves, tu ne mâches pas tes mots. C'est vrai que je t'ai un peu caricaturé pour le coup, je m'en excuse, je voulais faire preuve de sarcasme mais visiblement, ça ne marche pas.

Yanis avait l'habitude qu'on le trouve débile, il s'y était fait, et puis seul l'avis de ses amis lui importait. C'est vrai qu'il était surtout entouré de Poufsouffle, mais son meilleur ami était un Gryffondor, d'ailleurs tout le monde se demandait ce qu'il foutait dans cette maison. En tout cas, sa camarade déposa le premier croc qu'elle avait arraché à la plante.
« Certaines princesses ou reines se sont illustrées dans l’Histoire comme étant de puissantes guerrières. »
Tout en la regardant arracher un second croc à la plante, Yanis chercha un conte où la princesse était une guerrière. Il se rappela des histoires moldus que son père lui lisait quand il était petit, Mulan était une guerrière, mais il ne se rappelait plus si elle était une princesse pour le coup.

- Je n'en doute pas mais mon enfance a surtout été bercée par des histoires de contes moldus, alors je ne sais pas si tu connais Mulan mais elle avait la classe. Après je te l'accorde, nos histoires à nous sont très caricaturées, ma mère est une sang-mêlée mais elle n'avait pas le temps de me raconter vos histoires.