Les ombres de la nuit. [Sevyce]

Une longue journée de travail qui se termine. Tu es fatigué. Exténué même. Et pourtant, tu n’as pas fini encore. Tu dois aller voir Lucius pour parler de votre marchandise secrète. Voir si tout fonctionne comme il le souhaite. Tu sais que Malefoy a misé gros dans ce trafic, et tu veux pouvoir l’aider. C’est bien ce que tu as fait en mettant au point la Rose Noire. Après de longues semaines d’essais, d’échecs, tu as fini par trouver le mélange parfait. Tu n’y as pas cru dans un premier temps. Et finalement, ça a été parfait. Et tu le vois bien, maintenant que c’est sur le marché. Il y a de plus en plus de demandes, de personnes qui veulent tester. Et tu as tout fait pour qu’elle rende accro. Qu’on en redemande toujours plus. Chose qui semble être réussie. Alors ça te va parfaitement.

Les mains dans les poches de ton manteau, afin de te protéger du froid mordant de l’hiver, tu marches tranquillement. Tu as vraiment besoin de te dégourdir les jambes, avant de retourner dans l’appartement moisi que tu occupes. Inspirant doucement, tu frôles les murs, afin de ne pas attirer l’attention. Tu as encore les marques des coups reçus par les mangemorts. Tu n’en reviens toujours pas que Sirius Black est venu à ton secours. Sûrement qu’il n’avait pas vu que c’était toi. Levant le bras pour enlever la main brune qui te tombe devant les yeux, à cause du vent, tu avances rapidement. Et tu t’arrêtes devant un établissement qui semble accueillir beaucoup de monde. La fête bat son plein. Ce n’est pas ce que tu aimes, alors tu ne te vois pas y aller. Mais tu restes devant, de l’autre côté de la rue, à observer tout ça malgré tout. C’est plus fort que toi. Et tu te viens à imaginer ce qui serait sa vie, si tu n’étais pas toi. Si tu n’avais pas ôté la vie. Si tu ne t’étais pas fâché avec Lily lorsque vous étiez encore à Poudlard.

Soudain, une silhouette blonde sort de l’établissement, t’interrompant dans tes pensées. Tu fronces les sourcils, alors qu’elle semble complètement ailleurs. Alcoolisée ou alors elle a pris de la drogue. Alors tu ne devrais pas t’en préoccuper. Ce n’est certainement pas ton problème. Mais t’agis avec instinct, ne comprenant pas pourquoi. Tu t’avances vers elle, et tu la rattrapes par le bras, alors que deux hommes allaient l’accoster. Et ce n’était certainement pas pour jouer au Quidditch ! Glissant ton bras autour de sa taille, t’es mal à l’aise. Les contacts de la sorte, très peu pour toi. Mais là, elle semble en avoir besoin. Alors tu prends sur toi. « Je peux vous raccompagner chez vous ? Vous ne semblez pas en état de le faire. »

T’es perdu dans tes pensées. Tu ne sais pas où tu en es. Mais tu viens à imaginer tout ce qu’aurait pu être ta vie si tu n’avais pas fait ses choix. Si tu avais gardé contact avec Lily, au lieu de la blesser comme tu as pu le faire. Si tu n’avais pas rejoint le rang des mangemorts, et que tu n’avais pas la marque des Ténèbres sur le bras. Et plus que tout, si tu avais eu l’amour de ton père, ta sœur à tes côtés. Peut-être que tu ne serais pas celui que tu es actuellement. Peut-être que tu serais quelqu’un de bien, qui ne cherche pas la rédemption à chaque coin de rue.
Mais malheureusement, avec des si, on referait un monde. Et ce n’est pas dans ta façon de faire, alors que tu sais parfaitement qu’il n’y a aucun retour en arrière. Alors il ne te reste plus que les regrets au plus profond de ton être. Mais même si tu apprends à vivre avec, ce n’est pas pour autant que tu ne te détestes pas. Parfois, tu aimerais tellement vivre la vie de quelqu’un d’autre … La vie où tu aurais ta sœur à tes côtés, tes parents heureux et aimants …

Un soupire s’échappe de tes lèvres, au même instant où ton regard se pose sur la blonde qui sort du bâtiment. Et tu ne sais pas pourquoi, alors que tu es loin d’être un preux chevalier, mais tu t’avances pour venir l’aider. Surtout en voyant que deux hommes sont en train de la suivre. Tu n’es pas idiot, et tu sais parfaitement ce qu’ils ont en tête. Ton bras se glisse autour de sa taille, alors que la blonde vient à s’appuyer contre toi. Tu te figes lourdement, alors que tu ne sais pas si tu dois reculer et la laisser tomber, ou ne pas bouger et ne pas apprécier ce contact. Mais tu finis par rester à ses côtés, te disant que cela serait sans nul doute pire pour elle, de s’écrouler au sol. Alors tu prends sur toi, même si un frisson loin d’être agréable, te remonte le long de la colonne vertébrale. Tu as horreur des contacts, mais on va dire que pour une fois, c’est pour la bonne cause. Et tu finis par prendre la parole, lui demandant si tu peux la raccompagner quelque part. La blondinette n’a pas l’air en état de le faire seule. Tu écarquilles les yeux une fraction de seconde, avant de reprendre un visage neutre. « Non je ne suis pas intéressé. » Tu réponds froidement. Ce n’est pas comme si tu croyais à l’amour ou même que tu mérites de vivre quelque chose. Avec tout ce que tu as fait, il est tout à fait légitime que la vie t’impose de vivre seul. Et là, la blonde reprend la parole. Et encore une fois, elle te perd complètement avec cette question. « Si … enfin … Non, enfin … je crois. » Oui elle est jolie, mais ce n’est certainement pas quelque chose à dire lors d’une première rencontre non ? Parfois, tu aimerais avoir un ami vers qui te tourner, pour éviter ce genre de situation où tu ne sais pas comment réagir. Inspirant profondément, gardant ton bras autour de sa taille pour qu’elle ne tombe pas, tu soupires. Tu ne veux pas la laisser au milieu de la rue, mais elle ne se souvient pas de son adresse. « Je vais vous raccompagner jusqu’à chez moi. Mais dès demain, à la première heure, vous déguerpissez le plancher. » Ce n’est pas comme si tu aimais avoir du monde chez toi. Bien au contraire, alors que c’est montré l’endroit insalubre où tu vis, et ça te rend encore plus honteux que tu ne l’es en temps normal.

Tu n’es clairement pas intéressé par sa proposition. Non pas qu’elle ne soit pas jolie. Simplement, ce n’est pas le genre de chose qui attire ton attention, alors que tu es rongé par les remords. Tu ne peux pas oublier ce que tu as fait, alors que la marque des Ténèbres orne toujours l’épiderme de ton avant-bras. Tu as enlevé une vie cette nuit-là, détruit une famille, tout ça pour servir un maître et une famille, qui t’a manipulé. Tu n’étais pas des leurs, même s’ils ont essayé de te le faire croire. Tu n’as jamais eu ta place parmi eux. Et c’est bien pour cette raison que tu as fourni des informations précieuses au ministère, afin de tenter de racheter tes fautes. Même si c’était en vain, alors que cela ne pourra jamais racheter totalement ce que tu as fait. La blondinette reprend la parole et tu ne sais pas quoi répondre. Alors t’hésites, tu bégaies. Mais ce n’est pas comme si tu étais très doué avec les sentiments. Clairement, ce n’est pas ta tasse de thé, alors que tu as toujours eu du mal à exprimer ce que tu penses réellement. Ta réponse la fait rire, et tu roules des yeux. Tu ne vois pas ce qui est drôle, mais si ça la fait rire … Alors soit. Tu ne la lâches pas, alors qu’elle semble avoir du mal à tenir sur ses jambes. Tu ne sais pas où il faut la ramener. Aussi, tu décides de la raccompagner jusqu’à chez toi, à la condition qu’elle dégage dès la première heure. Tu n’aimes pas qu’on vienne chez toi, alors que tu as honte de ton logement. Il est clairement pourri, rongé par la moisissures. Mais vue l’heure tardive, tu ne sais pas où la conduire. Sans parler que tu n’as pas les moyens de lui payer une chambre d’hôtel, alors que tu as déjà du mal à payer ton loyer. Tu lèves les yeux au ciel face à sa réponse. « Et tu bois plus car clairement, tu ne tiens pas. » Il ne faut pas être devin pour le voir. Elle est ivre, mais tu ne sais pas combien de verre elle a bu. Et dans le fond, ça ne te regarde pas, alors que tu ne la connais même pas. C’est déjà bien surprenant que tu lui sois venu en aide, alors que ce n’est pas ton genre en temps normal. « Joyce. » Son prénom roule sur ta langue et contre toute attente, c’est agréable. Et soupirant, tu finis par lui donner ton prénom. « Severus. » Aucun surnom. De toute manière, tu n’as pas des amis pour qu’on t’en donne. Et la dernière qui le faisait, c’était Lily et tu l’as perdu. Alors clairement, ton prénom, c’est suffisant. Marchant, la tenant toujours, tu arrives rapidement dans les Embrumes. Ce n’est pas le meilleur endroit, mais c’est là où tu vis. Tu viens à pousser la porte, et grimpes les marches, menant jusqu’à ton appartement. Ouvrant, tu attrapes ta baguette pour mettre un peu de lumière, avant de te tourner vers elle. Puis tu viens à la faire asseoir sur ton petit matelas posé au sol, qui te sert de lit.« T’as besoin de quelque chose ? » Que tu demandes, tout en enlevant ta cape.

Tu n’aimes pas ramener du monde chez toi. Encore moins une personne que tu ne connais pas. Mais en vue de son état, tu ne peux clairement pas laisser la blonde au milieu de la rue. Qui sait ce qui pourrait lui arriver, alors qu’elle n’est clairement pas en état de rester seule. Bien trop ivre et complètement à l’ouest. Alors même si tu n’es pas du genre à aider les autres, tu te dis que là, ça serait bien trop dangereux de la laisser seule. Alors t’annonces la couleur : elle vient chez toi mais dès demain matin, à la première heure, elle s’en va. Tu ne vas pas la garder indéfiniment. Surtout que tu es plus du genre à être solitaire. Et que tu as également honte de l’état de ton logement. C’est bien pour ça que tu ne fais venir personne. Alors tu reprends la parole, la maintenant toujours pour éviter qu’elle ne tombe, avant de lui demander de ne plus boire. Il est clair qu’elle ne tient pas, et donc, peut se mettre en danger pour rien. Tu ne comprends d’ailleurs pas comment on peut se mettre dans un tel état, si personne n’est là pour veiller sur nous. « Ok. » Tu ne viens pas à t’étendre sur le sujet. A quoi bon ? Elle ne te doit rien et toi non plus. Si elle veut continuer à boire, c’est son problème et non le tien. Toi, c’est juste pour ce soir que tu vas veiller sur elle. Les autres soirs, elle sera libre de faire ce qu’elle veut. Venant à répéter son prénom, tu finis par te présenter à ton tour. C’est plus simple dans un certain sens. Mais toi, tu n’as pas de surnom à lui donner et pour cause, tu n’as pas d’amis pour l’utiliser. Enfin bien sûr tu as Lucius ou August, mais c’est plus de la famille que des amis. « De rien. » Tu n’es pas du genre bavard, donc tu ne vas pas parler pour ne rien dire. La blonde vient à poser sa tête sur ton épaule, et tu te figes. Tu n’es pas du genre à aimer les contacts, encore moins avec des personnes que tu ne connais pas. Tu dois te faire violence pour ne pas l’éloigner de toi, parce que tu paraîtrais certainement malpoli. Fort heureusement, vous arrivez bien vite chez toi. Tu la fais entrer dans ton petit appartement, avant de l’asseoir sur le matelas au sol qui te sert de lit. Et tu te tournes vers Joyce pour lui demander si elle a besoin de quelque chose. Hochant la tête, tu vas chercher un verre d’eau dans la cuisine avant de revenir pour lui tendre. Mais quand tu reviens, tu te tournes vivement alors qu’elle est en train de défaire son chemisier. Et tu ne prends même pas le temps de lui répondre. « Mais qu’est-ce que tu fous ?! » Tu es clairement mal à l’aise. Pourquoi se déshabille-t-elle ? Elle ne peut pas dormir dans sa tenue non ? Inspirant doucement, tu tends le verre d’eau derrière toi, sans la regarder. « Ton verre d’eau. Et ça fait quelque temps oui. » Tu ne veux pas parler de ça. C’est ta vie privée. Sans parler que tu as honte de ce qui t’a conduit jusqu’ici. Soupirant, tu continues de fixer le mur. « Faut envoyer un hibou à quelqu’un pour prévenir que t’es là ? »