[Starchaser] Une dernière danse

 
C’est dans la Grande Salle que le plus beau du spectacle a lieu lors du bal. Ayant entendu des bribes de conversations à ce sujet, Regulus ne pouvait pas quitter la soirée sans y avoir mis les pieds. Profitant d’une soirée avancée, de quelques verres dans le nez (sinon, comment aurait-il pu endurer la présence de Barty et Orthos ?), d’une salle qui se vide petit à petit, l’idéal moment se dessine enfin. Regulus passe les portes et ne peut retenir un hoquet de surprise quand il constate… rien. Le vide, l’immensité infinie de l’espace. Des étoiles au plafond, sous ses pieds, aux murs. Ce n’est plus une pièce, mais la galaxie qui fait briller ses yeux aux teintes argentées. Avançant lentement, il ne remarque rien autour de lui. Des musiciens jouent plus loin, quelques conversations et même des danseurs vaquent à leur occupation autour de lui, mais Regulus, maintenant au centre de la salle, ne voit rien de tout cela.

Il ignore combien de temps il reste là, à tourner sur lui-même et se perdre dans un tourbillon de sentiments qu’il ne peut expliquer, mais une présence à ses côtés lui fait baisser la tête. Cette dernière, après tout, semble l’observer et c’est ce sentiment d’être épié qui traverse finalement son état émotif de contemplation. Après tout, il aimerait tant pouvoir s’envoler sur son balai jusqu’à rejoindre les étoiles. C’est un peu comme s’il réalisait son impossible souhait l’espace de quelques instants. « Potter ? » chuchote presque Regulus quand il revient sur terre (pas littéralement, pour le coup, comme ses pieds sont sur un tapis d’étoiles) et qu’il aperçoit le capitaine des Flaquemare à un mètre de lui. « Ça fait longtemps que t’es là ? » demande-t-il ensuite, sourcils froncés, avant de tirer légèrement sur le col de son habit, qui ne l’étrangle pas du tout, en ce moment. Il ne peut retenir un regard fuyant sur la silhouette du sportif, qui porte un magnifique habit rouge, presque brillant, aux touches dorées. Parfait Gryffondor, bien que Regulus ne l’avouerait pas, même sous la torture.

 
James a un sentiment d'accomplissement devant sa soirée presque parfaite. Il a passer du temps avec ses frères de coeur, ses coéquipiers, a retrouvé son cavalier contre lequel il s'est affalé d'un faux désespoir après s'être perdu de vue dès l'arrivée. Finalement, il a trouvé Caleb, qu'il va endosser pendant les prochains événements; le brun, loin d'être d'accord avec ce qui se passe entre les murs du château, ne sait pas comment faire sa part pour aider les étudiants pour le moment.
Alors pourquoi devant tant de plaisants moments, n'est-il pas satisfait pleinement ?

La réponse prend se dessine dans un habit argenté, un visage fin et des traits normalement froids, mais merveilleusement réchauffés, en ce moment. Le poursuiveur ne peut pas nier le souffle qui lui manque quand il voit enfin Regulus. Il n'avait même pas réalisé qu'il le cherchait, avant de l'apercevoir au centre de la Grande Salle. Reg observe les alentours avec révérence, une émotion évidente peinte dans ses yeux. C'est inconsciemment que James se détache de son présent groupe (il est si hypnotisé qu'il ne sait même plus avec qui il se trouve) pour s'approcher du Black.

« Potter ? » Il cligne des yeux, réalisant au même moment que Regulus le remarque que James a marché jusqu'à lui. « Ça fait longtemps que t’es là ? » Le coeur battant, le capitaine avale d'une traite le reste de son verre avant de le faire voleter jusqu'à une table plus loin d'un coup de baguette. Il plaque sur son visage un sourire assuré, sentiment qui ne l'habite pas de du tout en ce moment. « Pas vraiment. C'est magnifique, n'est-ce pas, ce qu'ils ont fait ici ? » dit-il, évitant la question comme il le peut comme il ignore complètement la réponse. Ça pourrait faire une heure qu'il observe Regulus qu'il ne l'aurait pas remarqué.

Le regarder, le trouver magnifique jusqu'à sentir sa tête tourner, c'est une chose. Après tout, il peut facilement mettre le tout sur le dos de l'alcool. Mais sa prochaine question le surprend lui-même, bien qu'il ne laisse rien le trahir. « Ça serait dommage de ne pas en profiter pour danser. Qu'en dis-tu ? » Sa main s'étire, tendue paume vers le ciel vers le brun. James n'arrive pas à détacher ses yeux de lui, le trouvant bien plus beau que la représentation de la galaxie autour d'eux. L'espace d'un instant, il se demande ce qui lui prend, mais la seconde d'après, il n'en a que faire.
Les bals sont l'excuse parfaite pour ne pas réfléchir et profiter du moment présente, non ?

 
Absorbé par les étoiles, il a été si facile pour Regulus d'oublier qu'il n'est pas en train de flotter dans l'espace. À moins que ça soit le cas et qu'il soit maintenant mort. Pourquoi serait-il accueillit par James Potter, cependant ? Son fil de pensées erratique le laisse croire qu'il a peut-être bu un peu plus qu'il ne le pensait à la base. Il faut dire qu'après son incarcération forcée au sein de son propre Manoir, les grands événements sont plus difficiles à digérer que par le passé. Au Square, même si un nombre élevé de sorciers passaient jour après jour, Regulus trouvait facilement la solitude. Ayant vécu toute sa vie dans le sombre endroit, personne ne pouvait s'y cacher mieux que lui; outre Sirius, naturellement. N'étant déjà pas, à la base, un grand adorateur du genre humain, reprendre le cours d'une existence normale est un défi de tous les jours.

Énergie dans le négatif, Regulus avait hâte de quitter le bal quelques instants plus tôt. Il ne pouvait toutefois pas le faire sans avoir mis les pieds dans la Grande Salle; une ou deux minutes plus tard, et le voilà qui se sentait de nouveau d'attaque. Jusqu'à ce qu'il revienne brusquement sur Terre et face à face avec Potter. « Pas vraiment. C'est magnifique, n'est-ce pas, ce qu'ils ont fait ici ? » Face à la question, le visage de l'ancien étudiant s'adoucit et se perd dans le décor céleste autour d'eux. Il hoche la tête, avant de baisser les yeux pour regarder leurs pieds donnant l'impression de voler dans l'immensité infinie de la galaxie. « Oui, ce l'est. Ils auraient dû donner cette allure à la Grande Salle bien avant ce soir, » répond-t-il d'une voix apaisée. Oh, comme il aurait davantage apprécié ses années à Poudlard avec un tel décor à tous ses repas. Qu'importe si ça donne le vertige à d'autres.

« Ça serait dommage de ne pas en profiter pour danser. Qu'en dis-tu ? » Pendant une seconde, Regulus se dit qu'il n'a pas bien compris. Après tout, les mots du lion ne sont pas parfaitement explicites... mais le voilà qui lève la main dans sa direction, attend une réponse. La surprise à nouveau sur son visage (l'alcool plus les étoiles rendent son masque plutôt difficile à tenir), le vocabulaire du brun s'est fait la male entre deux constellations. « Tu... veux danser, avec moi ? » demande-t-il stupidement après un long trente secondes de stupéfaction. En même temps que les mots lui échappe, il lève sa propre main pour la déposer dans celle de James. Il approuve sans même le réaliser, ne pense même pas à l'étrangeté de cette situation.

« Tu sais danser, au moins, Potter ? Je tiens à mes chaussures, » dit-il lorsque la distance se fait de moins en moins présente entre eux, d'un ton qui retrouve à peine son aplomb habituel. Regulus se retient tout juste pour ne pas se pincer afin de valider qu'il n'est bel et bien pas en train de rêver, mais le voilà qui entoure les épaules de James de ses bras. Ses mains refusent de bouger, laissant plutôt ses pieds prendre le contrôle; au moins, ils semblent savoir suivre le rythme de la musique. Ils sont bien les seuls à comprendre ce qu'ils doivent faire ou même ce qui se passe en ce moment.

Les fois sont rares où James a pu profiter d’un visage complètement dénué de masque, quand il est question du vert et argent. Le peu de fois où ça a été possible, le brun s’est surpris à ne parvenir à détourner les yeux. Maintenant qu’il a eu une petite discussion avec Skyler… James comprend mieux pourquoi. Il peut penser cette simple vérité : Regulus Black est d’une rare beauté, une qui frappe le poursuiveur en pleine poitrine. « Oui, ce l'est. Ils auraient dû donner cette allure à la Grande Salle bien avant ce soir, » lui répond le plus jeune, d’une voix aussi apaisée que les traits de son visage. James ne parvient qu’à approuver d’un bruit de gorge. Le brun est captivé par l’espace et les étoiles, tandis que lui est absorbé par ledit brun.

Pour être certain que ce moment ne se termine pas trop rapidement, le capitaine invite Reg à danser. Ce dernier le regarde, stupéfait, laissant l’anxiété prendre de plus en plus de place dans sa cage thoracique. Avant qu’il puisse plaisanter et briser le malaise avant qu’il ne s’installe, il voit la main au teint pâle se lever pour se déposer dans la sienne. «Tu... veux danser, avec moi ? » James hoche la tête, tirant Regulus vers lui avant de répondre. « Oui, j’en ai vraiment envie, » murmure-t-il, se sentant audacieux alors que les bras de l’attrapeur s’enroule autour de ses épaules, tandis que les siens se glissent autour de sa taille.
Son cœur bat à toute rompre, tellement que James se demande si Regulus peut l’entendre. La musique semble percer leur bulle et, soudainement, ils bougent à son rythme. « Tu sais danser, au moins, Potter ? Je tiens à mes chaussures. » À la remarque, le Potter laisse un court rire lui échapper. « Tu vas le découvrir à tes risques et périls, » répond-t-il avec un ton amusé.

James sait danser, connaît plusieurs danses, même. Malgré les idéaux politiques des Potter, ils restent des sang-purs et quelques habitudes sont bonnes à conserver. Bien que réticent, plus jeune, à l’idée d’apprendre à danser et à se demander quelle en serait l’utilité, il ne le regrette aucunement aujourd’hui. Afin de faciliter les pas, James attrape une main de Regulus, avant de le faire reculer, lâchant sa hanche, puis le tire à nouveau contre lui pour le diriger vers le centre de la Grande Salle. « Tu me dis si jamais je t’écrase un orteil, hm ? » Sa voix est amusée, taquine, mais laisse également apercevoir comme il apprécie ce moment qui se dessine.
Il est en train de danser avec Regulus. Avec son… crush, doit-il s’avouer. Peut-être que l’alcool aide, peut-être est-ce le décor féérique, peut-être est-ce tout simplement son interlocuteur et ses yeux brillants avec autant de force que les étoiles accrochées autour d’eux. « As-tu passé une belle soirée au château, Regulus ? »

« Oui, j’en ai vraiment envie. » La réponse est murmurée, mais elle frappe Regulus avec une telle force qu’il s’en retrouve le souffle coupé. Incapable de savoir pourquoi, il ne peut répondre, se laissant plutôt emporter entre les bras du joueur de Quidditch professionnel. Les pieds ancrés dans les étoiles, il est difficile de garder la tête froide, comprendre que le présent moment est aussi véridique que le reste de sa soirée. Le vert et argent doit donc garder contenance, coûte que coûte. « Tu vas le découvrir à tes risques et périls, » répond James, l’amusement impossible à manquer autant dans le ton de sa vie qu’au fond de ses yeux. Garder contenance lui échappe encore une fois, alors qu’il laisse son vis-à-vis mener la danse d’une main de maître; son inquiétude n’a pas sa place, mais si Regulus est franc, ça ne le surprend pas du tout.
Existe-t-il quelque chose dans laquelle James Potter n’est pas doué ?

« Tu me dis si jamais je t’écrase un orteil, hm ? » ajoute-t-il, l’arrogant. « Tu te débrouilles pas trop mal… pour le moment, » vient la réponse sur la même cadence.
Regulus est venu se perdre dans les étoiles, hypnotisé par l’infini ciel. Une galaxie noire aux nombreuses couleurs, d’étoiles mortes brûlantes dont il se sent proche. Puis Potter s’est glissé entre deux constellations, happant toute son attention. Le prenant encore plus par surprise que le décor. Il y a… quelque chose qui se trame entre ses côtes, mais il refuse d’en prendre connaissance. Il met sa facilité à ne pas analyser, pour une fois, sur l’alcool ingurgitée. N’est-elle pas toujours sa meilleure accompagnatrice, parfaite rédemptrice de ses sombres pensées ? Elle le sauvera encore ce soir, alors qu’il mord dans un fruit qui lui semble horriblement défendu.

« As-tu passé une belle soirée au château, Regulus ? » Brusquement ramené au présent moment, même si de ses yeux, jamais il n’a lâché James. « Pfft, horrible. Entouré d’imbéciles, mon seul réconfort a été les verres de champagne, » dit-il dans un roulement d’yeux qui lui est typique. Il marque une pause, avant de laisser son regard s’échapper parmi les étoiles avant de reprendre. « Ce moment, parmi les étoiles, va rester marqué dans ma mémoire longtemps, » dit-il d’une voix à peine plus haute que la musique. Se tournant à nouveau vers James, il s’approche imperceptiblement grâce à une nouvelle parade dans la musique.
« Et toi ? »

 
James est audacieux. Un brin arrogant, si on en croit les rumeurs. À Poudlard, il a tenté d'atténuer ce dernier trait, qui le rendait surtout égoïste. Certes, il n’est pas devenu un saint du jour au lendemain, à toujours eu des teintes de petits cons dans ses agissements. Revenir au sein du château fait naître, cependant, une amertume profonde, un désir de reprendre des études alors que, même avec une guerre qui prenait de plus en plus de place, il était encore naïf et insouciant. Beaucoup plus joyeux, moins traversé par un deuil et une colère sourde.
Peut-être est-ce pour cela qu’il s’est fait aussi audacieux avec Regulus. Une proposition de danse sans même y penser à deux fois. « Tu te débrouilles pas trop mal… pour le moment. » La réplique qui se dessine sur un ton un peu joueur, conquis le poursuiveur un peu plus. La logique aurait été plutôt de s’éloigner, fuir et nier, mais James n’a jamais été doué pour ravaler sa passion, quelle qu’en soit son origine.

Peut-être que demain, il tiendra un discours différent. Pour l’heure, tout ce qu’il désire, c’est plus. « Pfft, horrible. Entouré d’imbéciles, mon seul réconfort a été les verres de champagne. » Voix exaspérée, roulement d’yeux à la Regulus Black, habitude que James remarque de plus en plus à force de passer du temps avec lui, ces derniers temps. Habitude qu’il trouve craquante, s’il doit être honnête. « Ce moment, parmi les étoiles, va rester marqué dans ma mémoire longtemps, » ajoute le brun d’une voix plus apaisée, le regard perdu parmi les étoiles. La vérité, c’est que le Potter n’est pas habitué de voir Regulus de cette manière; ça le prend au dépourvu, tout en accélérant son rythme cardiaque avec exagération. Après tout, son interlocuteur lui permet d’avoir accès à cette facette de lui.
Ainsi, James réagit avec toute l’intelligence qu’il sait faire preuve. « Je t’ai pas encore fait monter au septième ciel, pourtant. » Les mots quittent sa bouche plus vite qu’il n’a le temps d’y penser et, bien qu’il plaisante, sa bouche tirée que d’un côté, le fond de ses prunelles montre à quel point… à quel point il aimerait être plus que sérieux.

En même temps, il se refuse de trop y penser, pour garder les deux pieds sur Terre. Autant qu’un plancher décor galaxie peut lui permettre. « Et toi ? » « Oui, vraiment, Poudlard me manque, dernièrement encore plus. Ça m’a fait du bien d’y faire la fête, » répond-t-il avec sincérité. Regulus maintenant plus proche dû au tempo et aux mouvements de leur danse, leur coeur de James manque -encore- un battement. « J’suis plutôt fan de cette danse avec toi, aussi, » ajoute-t-il, se mordant la lèvre inférieure avant d’hausser les épaules. « Ça termine parfaitement la soirée, » ajoute-t-il dans un souffle, ralentissant imperceptiblement leurs mouvements avec son aveu.