hate loving you || Mina & Mischa

Son coeur battait durement, réalisant ce qu'il venait de vivre. Au-delà de la peur de perdre Eden, il avait vu sa soeur humer l'air autour d'elle, suivre une trace invisible pour retrouver la belle sorcière, grogner et mordre pour se défendre.
Il avait nié, un temps, concentré sur la présence d'Eden et son retour auprès de lui. Il ne pouvait pas simplement réfléchir à ce qu'il avait vu, en tirer les conclusions évidentes de la nature de sa soeur jumelle. Il ne pouvait pas expliquer ainsi son départ des Etats-Unis, son silence, cette distance qu'elle avait mis entre elle et le reste de leur famille. Il ne le pouvait pas - son palpitant battait beaucoup trop fort et son inquiétude était trop grande pour la femme dont il était amoureux.

Puis Eden se réveilla à l'hôpital Sainte-Mangouste et l'inquiétude devint du soulagement. Il resta auprès d'Eden autant qu'il le pouvait mais une partie de son esprit divagua rapidement vers sa jumelle. Lorsque le reste des Dingoes vinrent au chevet de la chanteuse, il en profita pour s'éclipser. Son esprit bouillonnait - d'images, de craintes, de conclusions terribles qui lui faisait monter la bile dans la bouche. Il n'osait pas penser les mots mais les savait déjà.
Il s'arrêta devant l'appartement de Mina - inspirant profondément il frappa à la porte en essayant de garder sa respiration sous contrôle, de même que ses émotions. Mais la vérité, c'est que son coeur battait si fort qu'il savait que sa soeur devait l'entendre. Il était assez courageux pour venir la voir - et dans son fort intérieur il se répétait que ce serait la dernière fois. Il ne pouvait pas prendre ce risque. Il ne pouvait pas se laisser avoir par ses mensonges et sa perfidie.

Quand elle ouvrit, il resta interdit un moment, face à elle, l'observant comme pour essayer de devinber ce qui avait changé. Il constatait qu'elle n'avait pas de marques d'inquiétudes comme lui. Elle n'avait pas l'air d'être épuisée. Bien que son regard se faisait sombre - peut être qu'elle avait faim ?, pensa-t-il. Elle était belle. Sa humelle avait toujours été belle, mais là c'était plus encore.
Il lui était presque impossible de détourner son regard. Hypnotisé. Comme un papillon face à la lumière. "Il faut qu'on parle" lança-t-il avant d'entrer chez elle, une fois qu'elle lui en laissa la place. Il observa rapidement les lieux, réalisant qu'elle ne vivait pas ici seule. Il ignorait l'heure qu'il était. Il s'en moquait. Il se tourna vers elle, une fois la porte fermée et essaya de garder contenance en lui faisant face. "Je crois qu'il faut qu'on parle." DIt-il, essayant de se montrer le plus ferme possible alors qu'il ne ressentait que l'affreuse envie de partir en courant. "Je crois que tu me caches des choses et que..." Et que quoi ?
Que j'ai envie de partir en courant comme un gamin ?
Que j'ai peur de tes mensonges et de tes vérités ?
Que je n'arrive plus à avoir confiance en toi ?

"Je sais comment tu as retrouvé Eden." Dit-il finalement, comme si cette simple phrase était une condamnation, un aveux que sa soeur lui avait refusé, mais qui le blessait profondément. Peut être que finalement les livres avaient raison - peut être que les créatures sont viles, manipulatrices et cruelles.

La recherche de Eden fut intense, assez pour te forcer à t'éclipser une fois ton amie retrouvée et surtout entre les mains de Mischa, là pour prendre soin d'elle et l'emmener à St Mangouste. Avec les autres créatures vous n'avez pas traîné, d'abord pour éviter qu'on vous pose des questions concernant les membres de la guilde assommé et resté au sol jusqu'à l'arrivée des autorités. En bref tu es rentrée à l'appartement pour te reposer et surtout pour avaler une poche de sang afin de calmer la soif dans ta gorge, celle qui s'éveille quand tu uses de tes capacités longtemps mais aussi quand tu chasses sans rien avoir à la clé, pas de récompense sous forme de deux crocs se plantant dans une belle gorge chaude et offerte. Ainsi tu ne sais combien de temps tu as dormi mais quand on frappe à la porte de l'appartement, tu fronces les sourcils. Colin aurait-il oublié ses clés ? Non tu en doutes, tu l'as entendue verrouiller en partant alors tu t lèves pour approcher de la porte et plus tu marches, plus tu reconnais le rythme cardiaque de ton frère. Il est énervé, stressé, fatigué et tu sais d'avance que tu vas te retrouver devant son visage fermé en ouvrant. Tant pis tu prends le risque, tu viens saisir la poignée que tu déverrouilles et tu ouvres à ton jumeau pour rester clouée devant son regard sombre, lui qui était pourtant toujours si doux avec toi. "Mischa ? Tout va bien ?" Mais ta question ne reçoit pas de réponse, juste une phrase qui claque dans l'air et te fait déglutir alors que tu te pousses pour le laisser entrer.

La révélation fini par arriver naturellement, Mischa a beau être naïf il n'est pas bête quand il prend le temps de sortir de ses partitions pour regarder le monde qui l'entoure. Alors tu le laisses entrer, tu fermes derrière lui et plus tu te concentres, plus tu sens l'émotion piquante derrière son stress. La peur, violente et terrible qui lui prend la gorge, l'évidence que ton frère n'a plus confiance en toi. Et ça te fait autant mal qu'une brûlure venant du soleil. "Et comment ai-je retrouvée Eden ?" Que tu demandes finalement après un moment, préférant l'entendre te le dire. Qu'il ait le courage, la franchise de te dire qu'il a compris de qu'elle nature tu étais maintenant. Pas que ton frère manque de courage quand il le veut cependant tu es surprise de le voir ici, à son rythme cardiaque tu dirais qu'il voudrait être partout sauf devant toi ce soir. Tu finis par faire quelques pas pour t'asseoir dans le canapé, ne cherchant même pas à l'inviter à faire de même. Il est sur ses gardes comme si tu pouvais le blesser, autant dire que rester loin de lui semble être la meilleure chose à faire pour l'instant. "Comment va-t-elle ?" Parce que c'est ça le plus important finalement. Enfin pour le moment.

Tu essais de la regarder mais la bile te monte dans la gorge et tu t'étrangle avec la peur qui s'insinue en toi. Tu te souviens tout ce que tu as entendu sur les vampires à Poudlard - incapable de ne pas avoir les mots Vicieux, manipulateur ou cruel qui tournent dans ta tête. Pourtant tu connais ta jumelle, tu essais de faire le lien - et tu te rappelle que ce n'est plus Ariana. Ce n'est plus elle - c'est Mina. Et Mina est une inconnue. Mina est une créature de la nuit.
Mina s'est jouée de toi et t'as menti. Elle a refusé de te dire la vérité, elle t'a évité, elle a joué les héros - et tu sais pas l'expliquer, sauf que tu vois tout comme un jeu de manipulation pour te faire tomber dans le panneau. Elle pourrait faire de toi ce qu'elle veut - te tuer même - en jouant les sauveuses pour Eden. Peut être qu'elle veut se venger. Parce que tu ne l'as pas suivi. Parce que tu l'as abandonné. En tout cas c'est ce que tu as eu à l'esprit. Tu essais de trouver des raisons - tu en trouves des tonnes, et ça te rend malade. Comment tu peux la regarder en face après cela ? Comment tu peux encore avoir confiance ? Tu peux pas.

Tout simplement. "Et comment ai-je retrouvée Eden ?" Grâce à ton odorat. Grâce à ton ouïe exceptionnelle. Peut être même que tu as fait partie de la bande qui l'a enlevée en premier lieu. Tu as mille réponses là encore - tu fais preuve de mauvaise foi mais c'est plus simple que de faire face à la réalité. "Comment va-t-elle ?" "Je veux pas que tu t'approches d'elle." Tu réponds, grognant presque la demande.

Restant loin. Sait-on jamais, elle pourrait te faire mal aussi - surtout si tu lui fais du mal (te gueule une petite voix dans ta tête). Tu la fais taire, cette voix-là. Parce que tu peux pas penser que c'est toi le méchant de l'histoire. C'est elle la créature fantastique et buveuse de sang après tout. "Tu l'as sentie, tu as suivi son odeur, comme font les monstres pour trouver leur proie. Pas vrai ?" Demandes-tu finalement, sentant ta voix qui se fait moins fière et vindicative. Parce que tu réalises que t'es dans l'antre d'une vampire, et qu'elle pourrait te tuer toi aussi.
Pourquoi ne le ferait-elle pas, après tout ? "Parce que c'est ce que tu es - Mina. Un Monstre."

Tu vois la tension de chacun de ses muscles, tu comprends qu'il attend un geste de toi pour courir dehors et fuir ta présence, ton regard, le souvenir que tu laisseras dans son esprit. Et ça te fait mal, comme des gifles qui viennent te frapper si violemment que tu titubes. Ainsi tu préfères t'asseoir, restant à bonne distance de celui qui a partagé pendant neuf mois, le ventre de votre mère avec toi. Tu préfères ça à le voir fuir si vite, car tu ne saurais même pas comment réagir. Il t'ordonne de rester loin de Eden avec un ton si froid que tu ne réponds pas, préférant baisser les yeux sur ta table basse à la recherche de ton paquet de cigarettes. Tu en prends une, tu l'allumes à la façon moldu d'une main tremblante tout en sachant que la suite va être encore plus douloureuse que le reste. Mais l'ordre n'est rien à côté de ce qui va suivre et qui va te faire encore plus mal. Le premier mot prononcé contre toi, Monstre claque dans l'air comme une injure à ta nature. Tu peines à déglutir et tu lèves vers lui un regard que tu voudrais calme car tu en veux pas envenimer la situation mais en réalité c'est la douleur qui perce dans tes yeux. Tu n'as jamais vue Mischa ainsi, tu ne le pensais même pas capable de réagir de la sorte pour ainsi dire.

« Parce que tu penses que je l'ai choisie ? T'es vraiment qu'un pauvre con ! » Que tu finis par cracher alors que ta fumée part en petite volute de ta bouche. Tu ne te lèves pas, craignant sa réaction là aussi mais tu poses sur lui un regard noir, coupant comme des sabres. « J'ai combattu avec l'Ordre et j'ai été attaquée un soir. A mon réveil, j'étais transformée... Tu voulais quoi ? Que j'me fasse cuire au soleil ? » Tu réponds d'un rire sans joie car c'est justement ce qu'il va te répondre. « J'ai trouvée ta petite copine, sans les créatures que tu dénigres tant, Eden ne serait qu'un souvenir. Et c'est comme ça que tu nous remercies ? Je te savais naïf, idiot parfois mais alors intolerant là, j'dois dire que ça me surprend ! » Et c'est peu dire, parce que Mischa n'a jamais laissé sous-entendre qu'il était ainsi. Il faut dire que vous n'en avez pas parlé avant cela... Pas que vous en ayez eu besoin. « Je craignais de te le dire, j'avais peur de ta réaction et... J'avais de quoi. Retourne gratter sur tes scènes bidons, t'as toujours été bon qu'à ça. » Et tu mords comme un serpent, avant de mordre comme une vampire.