Couvre feu || Astrée & Zooey

La nuit était porteuse de toutes les promesses. Tu le sais depuis longtemps - l'interdit avait quelque chose d'excitant et de fantastique. T'es pas la seule à roder la nuit dans les couloirs auprès des fantômes et des esprits frappeurs. Tu sais qu'à Poudlard c'est une sorte de concours entre les élèves, d'arriver à passer outre la garde des tableaux, des professeurs et des préfets lors de leurs tours de garde. Pas moyen de te faire prendre - t'aime mieux jeter un peu d'argent de poche dans des capes d'invisibilité qui te permettent de rejoindre aisément la cours de l'école.
Une fois encore, tu glisses hors de ton lit, hors de la salle commune des Serdaigles. Et ce qui est le plus difficile pour vous - descendre les escaliers en colimaçon sans être rattrapée par quiconque, et sans croiser quiconque. T'aimes le défi, te cachant dans les trous du mur en pierre quand tu crois reconnaitre le son caractéristique des fantômes glissant jusque là.

Tu arrives finalement dehors sans accroc, et c'est là que tu vois que t'es pas la seule à avoir joué à ça. Mais jamais encore tu n'avais eu l'idée de passer par dehors. Tu souris, voyant qu'il se trouve un balai qui s'approche du mur pour faire descendre en toute discrétion une autre élève - mais pour l'heure son visage est caché par l'obscurité - tu t'avances plutôt pour voir de qui il s'agit, et termine derrière la serre de botanique. C'est là que tu devines qu'elle a atterri. "T'es vraiment pleine de surprise, Astrée." Tu lâches en devinant finalement la silhouette et la coupe de cheveux de ta camarade.
Parce que tu te rends compte que tu la devines aisément maintenant. Tu souris, t'approche, murmurant pour ne pas être repérées. "Ca te va bien de faire le mur - judicieux le coup du balai." Complimentes-tu la belle Serdaigle avant de faire un tour sur toi pour t'assurer qu'il ne se trouve personne autour de vous. "Je t'offre une cigarette spéciale ?"

T'as la colère qui te serre le cœur à force d'être reprise par les professeurs régulièrement, qui te rappellent à quel point tu étais bonne élève, que tes sœurs sont meilleures que toi et que tu baisses dans tes notes mais aussi dans ton comportement qui se fait rebelle, violent, vindicatif. Et surtout t'as pris une beuglante de tes vieux ce matin même, envoyé par ton père suite à un devoir particulièrement mauvais où tu as fini avec le T de troll, une honte pour une Fawley anciennement bonne élève aux sœurs irréprochables. Sauf que tu ne supportes plus d'être comparée, moins encore qu'on te dit quoi faire, comment agir alors ce soir tu décides de faire le mur, encore. Pour une promenade, parce que rester dans le dortoir te fait étouffer au milieu des ouvrages de cours, des élèves qui travaillent comme si leur cœur allait lâcher dans la seconde si ils n'apprennent pas aujourd'hui même toutes les définitions de botanique. T'attends que tout le monde dorme et tu quittes le château, passant par deux passages secrets, évitant une dispute entre Peeves et le Moine Gras qui se lamente de ne pas être écouté par l'esprit frappeur. Quand tu arrives à l'extérieur, le froid te brûle les yeux et pique ta peau car tu n'es pas assez couverte mais qu'importe, enfin tu respires convenablement. Avec un balai laissé là pour l'occasion, tu descends la muraille pour poser tes pieds dans l'herbe humide afin de marcher quelques pas sauf que tu n'es pas prudente, pas assez. Et on parle derrière toi, te faisant te tendre comme si tu étais face à un préfet. Sauf qu'en te retournant, ni professeur ni préfet mais bien une de tes camarades aux cheveux colorés et au charme qui te brûle les hanches.

« Merlin Zooey, t'es aussi discrète qu'un fléreur ! » Que tu râles alors que ton cœur manque de lâcher dû à la surprise, à la frayeur. « Ouais, j'suis pas encore capable de faire un saut de 8 mètres. » Que tu dis avec cette langue acérée qui te sert bien trop souvent, surtout contre les enseignants de l'école qui le méritent bien. « Carrément... Tu comptais quitter le château ? J'voulais juste faire quelques pas dans le parc, j'étouffe à l'étage. » Pas que ce soit une surprise, t'es certaine que vous êtes beaucoup à manquer d'air mais peu osent prendre le risque de sortir en pleine nuit. Poudlard a quelque chose d'effrayant surtout sans la lumière du soleil pour apaiser vos imaginations. « Tu fuis Morphée ? »

Elle se tourne vers toi avec un regard apeuré - tu devines son coeur qui frappe durement dans sa poitrine et les frissons qui parcourent son corps et fait lever ses poils. Tu souris, t'approche assez d'elle pour qu'elle devine ton visage et voit que t'es pas son ennemi. T'as plus tant l'envie de l'être depuis vos derniers échanges. "Merlin Zooey, t'es aussi discrète qu'un fléreur !" T'aimes bien les fléreurs - ces bestioles étaient aussi douces que méchantes, exigeants des caresses uniquement quand elles le décident et refusant de faire cas des demandes des autres si cela leur convient pas. Tu supposes que c'était plutôt bien trouvé comme analogie. Tu la félicitais plutôt pour son approche plutôt originale de "faire le mur". "Ouais, j'suis pas encore capable de faire un saut de 8 mètres." "Et t'es trop intelligente pour traverser les couleurs en évitant les préfets, les fantômes et les fléreurs curieux hm ?" demandes-tu avant de sortir de ta poche ce pourquoi tu es dehors.
Parce que clairement ce que tu as là ne peut pas se déguster dans un endroit clos sans risquer d'être prise sur le fait. Ou d'éveiller l'intérêt des autres élèves de Serdaigle et t'ai pas du genre à partager. Sauf quand tu le décides. Comme un foutu fléreur. "Carrément... Tu comptais quitter le château ? J'voulais juste faire quelques pas dans le parc, j'étouffe à l'étage." "Je voulais surtout fumer derrière la serre de botanique, mais on peut se promener ça me gêne pas plus. Tu en veux ?" Demandes-tu alors que tu sors l'herbe magique pour la rouler et préparer ta cigarette spéciale. C'est une habitude chez toi, un truc que tu fais de plus en plus souvent et qui te tourne tellement dans la tête que tu peux plus dormir sans avec ça dans la gueule.
"Tu fuis Morphée ?" "J'emmerde Morphée." Le sommeil n'était pas ton allié ces derniers temps - il ne faisait que te rappeler ta mère, ton nouvel amant et ton père mort. Pour pas changer - sauf que maintenant ta mère était devenue une énième ennemie dans ta vision des choses. "J'cesse pas de penser à ma mère, ça m'donne pas envie de dormir. Et toi, tu deviens de plus en plus rebelle hein ? Tu sais que si tu t'aventures sur ce chemin tu risques d'te faire une réputation qui va te coller au cul ?" Demandes-tu en prenant ta baguette pour allumer le bout de la cigarette et inspirer profondément dessus avant de la passer à Astrée. "C'est quoi ton excuse pour être une vilaine fille ?"

Pendant une seconde ton cœur manque de s'arrêter et tu te dis une seule et unique chose, que ta vie va s'arrêter dans la semaine à venir. Si tes parents apprennent que tu fais le mur, tu n'oses imaginer les conséquences. Sauf que ce n'est ni un préfet ni un professeur que tu as devant toi, mais bien l'une des rebelles de l'école. Si tu pourrais l'insulter pour s'être jouée de toi de la sorte, tu décides de sourire doucement avant de lui envoyer quelques mots bien placés. T'as failli crever à cause de ses bêtises et la garce s'en amuse, elle mériterait que tu la dénonces pour... Tu n'en sais rien. Et tu n'as pas envie, étrangement elle te sort moins par les yeux depuis quelques temps, au contraire. Tu trouverais presque sa présence supportable. Chose que tu n'iras pas lui dire, c'est bien plus drôle de juste lui envoyer des piques dans ce jeux qui s'est installé entre vous. « Moque toi, j'voudrais te voir éviter les fantômes toi ! » Parce qu'ils sont malins et plus encore les tableaux qui peuplent le château et qui donnent l'alerte dès qu'un élève qui ne leur revient pas, est en dehors des dortoirs. T'es pas si folle, tu ne veux pas que ta sortie s'arrête en quelques minutes parce qu'un tableau aura balancé simplement.

« On peut aller se poser derrière la serre, ce sera moins risqué que de promener. » Et parce que le parc du château est lui aussi surveillé, quelque chose te dit qu'ils sont habitués à voir des élèves se faire un chemin jusqu'à ce lieu où vous ne devez pas être en plein jour. Tu préfères te poser quelque part avec elle et ne plus bouger jusqu'à une période indéterminée. Jusqu'à ce que Sirius soit haute dans le ciel. « Tu veux en parler ? D'ta mère. Je t'ai bien parlée de ma famille, l'autre fois. » Autant dire que c'est le moment de vous confier, il semblerait que cela devienne plus simple entre vous. Ca aussi, pas que ça te surprenne, en réalité t'as toujours su bien écouter. C'est juste qu'avec l'adolescence t'as décidée de devenir une copine médiocre qui souffle fortement dès que ça l'agace. « Qu'est ce que j'en ai à foutre, de ma réputation ? » Que tu finis par lui demander avant de prendre la cigarette et de tirer dessus comme elle vient de le faire. Tu sens aussitôt une forte détente couler en toi, comme si chacun de tes muscles faisait aussitôt disparaître la tension en toi. Tu la rends à la jeune fille à côté de toi, non sans cracher la fumée aux reflets roses et aux paillettes qui montent vers les cieux. « J'en ai marre qu'on me dise quoi faire. Les professeurs en premier lieu, qui viennent me dire que j'étais bonne élève, que je gâche mes capacités, que je dois prendre comme exemple mes sœurs. » Tu commences à parler tout en marchant, craignant que votre sortie cesse rapidement si quelqu'un vous entend ou vous voit. « J'ai pris une beuglante de mon vieux ce matin. Toujours les même reproches... Que j'suis la honte des Fawley. Faut dire que mon devoir noté Troll l'a rendu furax. » 

"On peut aller se poser derrière la serre, ce sera moins risqué que de promener." Alors tu fais exactement ça - t'as pas la volonté de te battre ou de faire semblant. T'as juste envie de te cacher derrière la serre puis de fumer jusqu'à oublier ton nom. Tu aurais assez de quoi faire pour ça - d'ailleurs - sauf si vous partagez le tout. Alors à ce moment là tu seras contrainte de garder un peu de ton esprit ouvert et éclairé pour toi.
Peut être même que tu seras capable d'avoir une vraie conversation. "Tu veux en parler ? D'ta mère. Je t'ai bien parlée de ma famille, l'autre fois." Tu hausses les épaules. Etrangement, t'aurais rien contre t'épancher sur tes problèmes auprès de la jolie Serdaigle. Mais pas juste comme ça - tu as besoin de faire taire le renflement qui envahit ta poitrine dès que t'as mère est au centre de la conversation. Et pour ça tu connais juste une solution. "On fume d'abord. Après je te raconterai ma vie minable." Lâches-tu avec un rire, parce que t'es certaine de pas avoir une vie extraordinaire. C'est même plutôt triste que tu te retourne autant le cerveau alors que c'est pas si dramatique.

Il y a pire. Bien pire. Mais t'es comme toutes les adolescentes finalement - quand il s'agit de ta personne, t'es encline à en faire des tonnes et à geindre pour la moindre peine ou contrariété. "Qu'est ce que j'en ai à foutre, de ma réputation ?" "T'as raison, c'est mieux de s'en battre les fesses." Assures-tu - comme pour ta part ca fait bien longtemps que t'as arrêté de t'en faire pour ta réputation. Ou pour quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Tu mènes ta vie avec comme seule objectif de te marrer le plus possible. C'est déjà pas mal, et ça prend du temps et de l'énergie. "J'en ai marre qu'on me dise quoi faire. Les professeurs en premier lieu, qui viennent me dire que j'étais bonne élève, que je gâche mes capacités, que je dois prendre comme exemple mes sœurs." Vous êtes finalement derrière la serre, et pendant son laïus tu sors tes produits pour commencer à rouler une premier cigarettes. Tu l'écoutes, comprenant ce qu'elle voulait dire - et réalisant comme tous les parents étaient pourris. Les siens valent pas mieux.
C'était presque rassurant, de se dire que cela n'avait rien à voir avec toi, ou elle. C'était le simple fait d'être parent qui les rendait idiot. "J'ai pris une beuglante de mon vieux ce matin. Toujours les même reproches... Que j'suis la honte des Fawley. Faut dire que mon devoir noté Troll l'a rendu furax." "Moi j'te trouve plus cool que les autres Fawley." Faut dire que des Fawley t'en connais pas non plus cinquante. La seule c'est Lyra - et tu la connais plus de vue qu'autres choses. Au moins Astrée elle sait t'accompagner dans tes moments de délire. "Ignore ton vieux. C'est un foutu insatisfait, comme la plupart des adultes. Alors ils s'en prennent à nous, parce que c'est le plus simple." Et tu veux pas voir les choses autrement. Même quand ils s'agissent comme des gamins, ils sont ridicules. Quand ils se trouvent des nouveaux amants comme ça - pour le fun. Ou qu'importe pourquoi d'ailleurs.

"Ma mère m'a invité à Noël, après m'avoir ignoré durant des mois, pour me présenter son nouveau ToyBoy. C'était merveilleux. Un grand moment." Lâches-tu finalement, une fois que t'as inspiré une ou deux lattes sur ta cigarette magique que tu tends naturellement à Astrée.