alpha || Remus & Emrys

Le temps s'envolait, emportant avec lui tes convictions et tes certitudes. Tu te rapprochais une fois encore de la pleine lune et tu sentais l'angoisse te ronger les sangs. Tu avais proposé de sortir - pour te changer les idées et parce que tu ne tiens pas en place. Tu étais alors de corvée de sortir pour les élèves de Poudlard. Tu devais les accompagner à Pré-au-Lard, les surveiller sur place pour être certain qu'ils ne faisaient pas n'importe quoi et respectaient les règles imposées par l'école.
Tu aimais jouer ce rôle, en général, mais aujourd'hui tu te sentais sur les nerfs, inquiet, avisant chaque remarque, chaque taquinerie comme s'il s'agissait d'une menace. Tu grognais presque, foudroyant du regard certains gamins qui chahutaient autour d'un gamin plus jeune. "MacAllister, je vous conseille d'arrêter votre petit jeu autrement c'est avec moi que vous jouerez au bras de fer." Dis-tu finalement, quand le gamin risque de tomber dans la neige boueuse. Le Serdaigle se tourne, semble te juger du regard un moment avant de se raviser et de partir plus loin avec ses trois copains. Tu passes à côté du gamin qui part presque en courant après avoir croisé son regard aussi.

Tu dois vraiment avoir la gueule des mauvais jours.
En plus Edwige n'a pas pu venir à la sortir, avec qu'elle doit passer des examens. Et tu manques pas d'être inquiet aussi à cause de cela. Tu soupires lourdement, passant les quelques heures suivantes à te faire presque cruel avec certains élèves qui tentent d'aller plus loin que ne l'autorise le règlement. Tu croises finalement tes bras, te postant sur la partie de chemin qui permet de quitter Pré-au-Lard pour les plaines, et foudroie juste du regard tous les élèves qui s'en approchent. Tant et si bien que soudaine il n'y a plus personne.
Juste toi et ta mauvaise humeur. Tu tournes le regard vers la plaine, et cette immensité te donne envie de hurler. Comme si c'était trop et pas assez à la fois. Comme si tu étais trop à l'étroit dans ton propre corps. Morrigan t'avait prévenu que ca serait pire.
A mesure du temps, le loup deviendrait plus exigeant. Mais le tiens à décider de l'être sacrément vite. Finalement, tu entends encore marcher et tu souffles fort, sans même te retourner pour engueuler le malheureux qui s'est approché de là. "J'ose espérer que vous n'avez pas prévu autre chose que des heures de colle jusqu'aux prochaines vacances hm ?" demandes-tu avant de te tourner - quand même - pour prendre le nom des élèves.

Et de te retrouver devant un Auror. Tu le reconnais rapidement du fait de sa tenue et sent le rouge qui te monte aux joues.
Une fois encore t'as été un peu trop sûr de toi. "Pardon je.. Je m'attendais à voir des élèves. Ils font un concours merdique qui consiste à aller jusqu'au Tournefeuille." Expliques-tu, comme s'il était bienvenue de ta part de tout balancer à l'Auror pour éviter qu'il se questionne sur ton humeur. Tournefeuille - le prochain village, a plus de deux kilomètres de là, après le territoire des Centaures. Autant dire que c'était une idée de bouse d'hippogriffe.

La fin de la journée s'annonce pleine de promesse, ce soir tu retrouveras Sirius pour une soirée en amoureux à l'appartement déserté par James dû à ses entraînements qui se font de plus en plus intense. Le jeune homme dort au centre des Flaquemare et Marlène semble être de garde, en bref ce soir vous avez la maison pour vous et tu ne vas pas râler d'avoir un peu d'intimité. Surtout que tu prépares un repas des plus délicieux alors pour cela tu es allé chercher un poulet que tu vas faire rôtir avec du miel, des carottes et des pommes de terre puis une tarte aux fraises que ton amant adore. Pas n'importe laquelle, celle qu'on trouve chez Pieddodu et qu'il dévorait quand vous y alliez à l'époque de vos études à Poudlard. Sirius est avec des fournisseurs et tu devrais avoir deux bonnes heures devant toi, surtout que la pleine lune arrive et des moments pour être seul et méditer ne se font pas nombreux, ça va te faire du bien de souffler un peu.

Sauf que Pré-au-lard a été pris d'assaut par les élèves de Poudlard et si tu adores le fait de les croiser, il n'empêche que tu te retrouves vite dépassé par cet ensemble de jeunes qui courent partout, se font des blagues et rigolent trop fort. Beaucoup se calment en posant les yeux sur ton uniforme d'auror, ça fait toujours ça quand vous arrivez quelque part. C'est vrai que la tenue est imposante et annonce souvent soit le pire, soit simplement l'autorité du ministère qui se trouve sur tout le territoire. En bref, ça calme les plus rebelles. Pour éviter la grande allée et les adolescents en furie, tu prends par une petite ruelle avant de t'arrêter aussi sec quand tu arrives dans le dos d'un jeune homme à la voix grave, en colère, agressive même. Tu fronces les sourcils alors que Dante s'éveille aussitôt, sentant qu'il y a quelque chose dans l'air. Une force entre vous, de l'électricité qui pique ta peau et te pousse à faire encore quelques pas. Puis il se retourne et Dante grogne dans ta gorge, te noircissant les yeux sans que tu ne puisses l'empêcher. "Il me restait des heures à finir mais étant donné que j'ai terminé Poudlard et bien ma dette n'a pas été remplie." Dis-tu avec un semblant d'humour quand tu le vois qui se calme et que les choses deviennent moins tendues entre vous. "Ouais... Des adolescents de Poudlard quoi. Vous voulez que je leur colle un coup de pression ?" Et tu pourrais le faire, surtout si ça peut l'aider car lorsque tu es arrivé il semblait prêt à exploser d'une colère froide. "Moi c'est Remus. Tout va bien ?" Que tu demandes en tendant une main vers lui pour lui offrir une poignée simple mais virile, afin de briser cette glace autour de lui. "La pleine lune arrive, ça rend nerveux mh ?" Tu sens qu'il est comme toi mais tu ne peux pas le dire de vive voix alors autant le demander d'une manière plus détournée. Si il fait comme si il ne comprenait pas alors il répondra à côté mais si ce n'est pas le cas, si il joue la carte de la franchise alors vous vous comprendrez d'un regard.

Tu sens que ton palpitant bat plus fort, frappe durement dans ta poitrine comme s'il était prêt à s'échapper. T'es sur le qui-vive, ressentant les odeurs, la présence des autres, et les bruits plus violemment. Tu n'as jamais été aussi conscient du reste du monde, ni aussi agacé de sa présence. T'es pourtant pas un type méchant ou solitaire - t'es plutôt du genre à apprécier la foule, à aimer la fête et à t'adapter à tout ce qu'on te propose. Mais depuis que t'as changé, t'es moins prompt à accepter les autres. A certains moments. Le reste du temps t'es ravi mais pas actuellement. Actuellement, c'est comme si le monde entier était trop étroit pour toi. Comme si tu n'étais pas fichu d'y trouver ta place pour être à l'aise et heureux.
T'as juste envie de grogner, cogner, mordre. Tu sais pas - t'es enragé d'en dedans et t'as du mal à le contenir. Alors quand tu entends un bruit, tu commences à te demander si les élèves sont pas tous de gros crétins, et s'ils remarquent pas comme t'es à cran.

Sauf que devant toi c'est pas un élève, c'est un Auror. Ce qui te calme un moment - de peur d'avoir dépassé une limite avec le sorcier qui aurait sans doute aucun mal à te mettre au sol. "Il me restait des heures à finir mais étant donné que j'ai terminé Poudlard et bien ma dette n'a pas été remplie" Tu grimaces, réalisant avec un temps ce qu'il te jette là. Tu lâches un rire, pouvant pas t'en empêcher - "Moi, je paye ma dette en heure de prof." Parce qu'à cause de Cardan t'as pas manqué d'en avoir aussi en stock des heures de colle. Pas que tu les ai toutes faites, bien qu'il devait pas t'en rester beaucoup. "Ouais... Des adolescents de Poudlard quoi. Vous voulez que je leur colle un coup de pression ?" Tu réfléchis à la proposition un moment - peut être que tu devrais accepter - mais pour l'heure il ne se trouve pas d'élève à proximité, alors tu aimerais autant pas leur donner des idées en les mettant face à un Auror. "Vous avez sans doute mieux à faire. D'autant qu'apparemment ils préfèrent la chaleur d'un chocolat chaud." Ce qui te convient bien, en vrai.

Parce que t'as toujours cette chose sous la peau qui ne demande qu'à exulter. T'as toujours envie de t'enrager, de frapper, de grogner. T'as toujours envie de courir. De hurler. Et finalement, la présence d'un autre n'est pas si désagréable. Tu connais pas le type - mais c'est la première fois en plusieurs jours que tu te sens un brin mieux. "Moi c'est Remus. Tout va bien ?" "Emrys. Ouais, c'est juste une journée sans." Expliques-tu, sourire en biais pour pas l'inquiéter - et étrangement, ca te tient à coeur de ne pas l'inquiéter. Et aussi de rester encore un peu à ses côtés. T'es pas certain de comprendre pourquoi, mais tu n'as pas envie qu'il retourne à ses occupations. "La pleine lune arrive, ça rend nerveux mh ?" Tu restes choqué, montrant aisément ton mouvement de recul quand il te jette ça dessus une fois encore. Agacé - encore. "Ca se voit sur ma gueule ?" demandes-tu sans pouvoir l'empêcher. "Je veux dire - vous en êtes aussi ? C'est pour ça que…" Tu hésites à dire que tu te sens bien avec lui, alors tu la fermes. Soupirant lourdement, t'as du mal à contenir les émotions qui te traversent férocement. "Ouais. J'ai envie de hurler sans me le permettre pour autant. Vous en êtes un aussi ? Depuis longtemps je paris. Vous avez l'air d'être en meilleur état que moi."

Tu lâches un rire, imaginant sans mal le jeune homme avoir une dette si grande qu'il doit donner du temps à Poudlard. Si Sirius avait voulu enseigner alors il aurait été obligé de faire la même chose sans doute, tant sa dette était grande à la fin de sa 7e années. Mais ton amant est parti en laissant une ardoise immense, sans doute la plus grande de l'école ou alors la seconde, quand on sait que James avait une dette bien grande lui aussi. Ils battent des records, d'un par leur résultat mais aussi par les heures de colle cumulée. Ca a fini par devenir une blague entre vous, car chacun savait bien qu'ils n'auraient pas assez de 7 ans pour rembourser cette dette trop grande. "Bien , au moins vous allez pouvoir souffler un peu." Et surtout se calmer de cet état que tu devines explosif, lui qui est aussi soumis aux effets de cette pleine lune blanche qui arrive et qui tend chaque mage atteint de cette malédiction qui est la vôtre. Une journée sans comme il te dit, tu hoches la tête en pensant que oui on peut exprimer cela de cette façon même si il est évident que c'est tout autre. Et parce qu'il n'est pas dans ta nature de ne pas aider ceux qui ont besoin, tu tentes de briser la glace et de lui faire comprendre que tu sais très bien quel mal brûle en lui, qu'elle colère, qu'elle rage qui menace de le faire grogner comme un animal blessé.

Sa réponse te fait lâcher un sifflement à la fois amusé et impressionné. "Mais c'est qu'il mordrait !" Dis-tu aussitôt avec un petit rire, pas du tout surpris par sa réaction. Même, tu t'y attendais pour tout dire car la rage c'est votre façon de vous défendre face à une nature si souvent décriée par ceux qui ne la comprennent pas. C'est plus facile de vous détester pour ce que vous êtes que de vous comprendre. "Oui, c'est pour ça." Autant briser la glace tout de suite et lui faire comprendre que si il est soumis à cette pression, tu l'es aussi. Pour ton plus grand déplaisir, tout serait plus simple si tu n'étais pas esclave de la pleine lune une fois par mois mais c'est ainsi alors autant faire avec et apprendre à le contrôler un minimum... Pour ne pas se faire dévorer. "Disons que je pratique cela depuis que j'ai 4 ans alors... Ca aide à se contrôler. Vous, c'est récent non ? Vous en êtes encore à l'agressivité des premières lunes." Pas de jugement dans ta voix, tu cherches simplement à l'approcher sans l'effrayer et à lui prouver qu'il y a bien quelqu'un qui peut l'aider. Tu fais un pas ou deux vers lui, tout en regardant autour de vous. Mais il n'y a personne, les élèves sont partis pour avaler un chocolat chaud et chacun semble avoir oublié ce professeur agressif. "Vous voulez en parler ?"

Tu proposes cela sans savoir si ça va le faire fuir ou au contraire, l'inciter à se confier. Souvent les loups garous n'aiment pas se confier à des inconnus mais tu te dis que pourquoi pas... Et tu essayes d'appliquer les conseils de Morrigan, ceux que tu as aussi découvert et lu dans ces bouquins étranges et anciens, récupéré au ministère dans une bibliothèque appartenant aux aurors. Pour ainsi dire, tu ne sais pas encore tout ce que ça implique d'être considéré comme un véritable alpha mais tu sens brûler en toi, le besoin d'aider cet homme que tu as en face. Car il semble perdu, oublié, en proie à ses sentiments et à cette rage sans savoir comment faire pour la contrôler un minimum.