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| I don't know who you are | Orphice | |
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Auteur | Message |
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Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: I don't know who you are | Orphice Ven 11 Oct - 20:33 | |
| Au-dessus de moi s’étirait un ciel étoilé. Et j’avais l’intime sensation qu’il s’agissait de la chose la plus belle qu’il m’avait été donné de contempler. Je savais également qu’elle serait la dernière. Des myriades d’étoiles scintillantes dans le ciel hivernal, que je ne tarderai sans doute plus à rejoindre.
L’esprit vidé, embrumé, j’étais bien incapable de dire ce qui m’avait amené à ce point de non-retour. Les images s’emmêlaient dans ma tête, dans un agglomérat qui n’avait plus trop de sens, et qui n’avait sans doute plus réellement d’importance… car à l’heure actuelle, je ne sentais plus grand chose. Le froid, mortifère, s’était chargé de peu à peu anesthésier mon corps et mes sens, annihilant jusqu’à cette douleur qui m’avait, précédemment, empêché de me déplacer. Ca… ça je m’en souvenais.
Je me souvenais de ce corps meurtri, qui ne parvenait plus à répondre correctement à mes ordres. De cette sensation oppressante dans mon organisme, qui me faisait aussi mal qu’elle pouvait m’effrayer. De ma difficulté à respirer, qui se soldait par une toux ensanglantée, voire de vomissements tout aussi rougeâtres. Il y avait eu cette angoisse, celle de comprendre que cette situation était bien plus critique que normale, et ne connaîtrait qu’une seule issue…
J’avais senti les larmes perler aux coins de mes yeux, alors que ma vision se faisait plus floue, face à l’inéluctable. Et peu à peu, dans les brumes de mon esprit mourant, s’était formée une question. Avais-je réellement envie d’encore me battre, alors que toute cette chienne de vie s’acharnait contre moi ? Est-ce que ça en valait la peine ? En d’autres circonstances, la réponse aurait sans doute été toute trouvée, mais cette fois-ci, sans doute s’agissait-il d’une façon, pour mon inconscient, de trouver une forme d’acceptation de ce qui n’aurait jamais dû l’être.
Alors j’observai ces astres lointains, comme ultime tableau pour apaiser mon coeur à l’agonie, et oublier que mon corps l’était tout autant. Je n’avais plus qu’à fermer les yeux, et tout oublier… pour ne plus jamais les rouvrir. Sans doute une part de moi s’y refusait-elle pourtant, car sous mes paupières closes, je sentis de nouveau la morsure saline de ces larmes revenant à l’assaut, pour lentement dévaler la peau diaphane de mes joues, et tracer leur sillon dans tout ce rouge qui avait peu à peu séché. Bordel… j’voulais pas crever, j’étais trop jeune pour ça… Trop jeune… mais déjà trop usé, trop blessé, laissé à l’agonie comme on laisserait crever un vulgaire cabot. Et encore.. sans doute avait-on davantage de considération pour les chiens.
Mais puisque c’était la fin, puisqu’il fallait exprimer une dernière volonté, je rouvris mes yeux, sans plus réellement discerner ces étoiles régnant dans le ciel nocturne. Et malgré la rancoeur, malgré l’amertume, ce fut bien envers ma famille qu’alla mon dernier souhait. Une prière silencieuse, pour que les Yaxley parviennent un jour à sortir de cet enfer dans lequel on les avait plongé, il y a de ça bien trop longtemps. Un enfer, qui, pour moi, prenait des allures d’étendues glacées à l’instar de ces légendes nordiques. Des limbes, pour les âmes damnées dans l’incapacité de trouver le repos… et dans lesquelles j’errerai pour l’éternité.
Dernière édition par Orpheus Yaxley le Mer 13 Nov - 10:37, édité 1 fois |
| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Ven 11 Oct - 21:05 | |
| J'appréciais cette ambiance de Yule, où nous étions encore à cheval sur deux années, où dans peu de temps, nous serons contraints de passer à la prochaine. Sous couvert de festivités et de réunions familiales. Évidemment, je serais heureuse de partager cette liesse avec ma famille, Nessie et Achlys. Même si je n'étais pas réellement coutumière de ce genre d'attentions au sein du Château séculaire, force était de constater que je m'y pliais. ... parce que j'étais Préfète au sein de la noble Maison d'un aïeul important qui avait construit avec trois de ses acolytes, ce lieu magnifique qu'était Poudlard.
Et, en temps que représentante de la loi entre ces murs, je me devais de montrer un quelconque enthousiasme. Ce dernier ne se dévoilant qu'à bien peu de personnes ou d'âmes à l'heure actuelle. Mes sourires sincères et tendres, je ne les octroyais qu'à ces personnes qui m'étaient relativement proches. Sans savoir que pour l'une d'entre elles qui ne l'était pas foncièrement, tout allait basculer d'un instant à l'autre. Comme si, ce satané Destin se jouait de moi, par ailleurs.
Évoluant dans les ruelles pour le moins désertes, mais dont les lumières réchauffaient l'air glacial de ce mois de décembre, je me disais que je n'avais plus besoin d'être en ces lieux. Que jeter à la poubelle mon gobelet de café à la saveur de citrouille épicée, justifiait à lui seul, ma désertion. Resserrant mon long manteau sombre sur ma personne, et réajustant mon écharpe aux teintes d'argent et d'émeraude, je m'apprêtais dès lors à tirer ma révérence, en transplanant. Parce que cette marche silencieuse m'avait permise d'apprécier cette solitude quelques temps, loin du tumulte de Poudlard ou du Manoir Gaunt et de la volonté de mon père, d'être toujours sur mon dos.
Mes bottes à talons crissaient de ce fait sur la neige fine encore présente sur les pavés, mon regard noisette repérant un endroit vierge de toute civilisation pour transplaner. Remettant mon sac à main sur mon épaule, je me mis à passer non loin d'un porche, où il me semblait discerner une silhouette recroquevillée sur elle-même. Sûrement un mendiant, qui se mettrait à geindre pour quelques Mornilles ou quelques Gallions. Passant devant ce dernier, j'avançais de quelques pas, jusqu'à m'arrêter progressivement.
Tournant lentement ma tête rousse vers l'arrière, avant de peu à peu revenir sur mes pas. Car, ce corps-là, je le connaissais. Je savais à qui il appartenait. Et si d'ordinaire, j'avais toujours émis le souhait de voir le Yaxley sous terre, ici, c'était bien tangible. Trop réel. La manière dont les quelques flocons venaient mourir sur sa peau et ce sang qui la marbrait par endroit. Sans réfléchir, je vins m'agenouiller près de lui. Tentant d'écouter si je pouvais encore percevoir un souffle même fugace, qui me conforterait dans l'idée que ce n'était pas ... terminé.
À cet instant plus de Yaxley. Juste Orpheus, pour qui, je m'inquiétais plus que de raison. Parce que, même si on connaissait l'inimitié que j'avais pour lui, jamais ô grand jamais, je n'en serais venue à cet extrême.
- ... Orpheus ?- Tu ... m'entends ? Instinctivement, j'en venais à placer sur lui mon manteau de laine noire dont je m'étais délivrée. Avec une infime précaution. Tout comme mon écharpe qui trouvait alors, sa place, autour de son cou. Dans la tentative probablement vaine de le réchauffer. Et qu'il puisse me répondre, même si j'avais cette horrible impression que chacun de ses mouvements serait pour lui, un véritable supplice silencieux ... |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Ven 11 Oct - 23:34 | |
| Peu à peu, le ciel paré d’un millier d’étoiles s’était voilé, à l’instar de ma vue qui se parait d’ombres mouvantes. Je ne me rendis pas compte du lent et silencieux ballet qui commençait alors à s’opérer. De ce spectacle qui m’avait toujours émerveillé, lorsque j’étais enfant… la danse féérique des premiers flocons, lorsqu’aucune brise ne venait affoler leur valse onirique. Ca m’avait toujours laissé doucement songeur, tantôt enjoué car les premières neiges annonçaient souvent le retour proche de mes aînés pour les fêtes de fin d’année, tantôt mélancolique, car en cette période, plus qu’en aucune autre, je percevais la différence notable entre notre famille et les autres, lorsque le froid et l’humidité s’infiltraient dans l’antre nous servant de demeure.
Cette fois… alors que mes paupières s’étaient peu à peu fermées, je n’avais pas même perçu la valse mortifère de ces quelques flocons. Pas plus que je ne sentais leur contact sur ma peau, alors qu’ils s’y déposaient tels un linceul en devenir. Je ne percevais plus que, de manière indistincte, les battements affolés d’un coeur qui s’épuisait à essayer d’alimenter en chaleur et en vie ce qui pouvait encore l’être, et qui, lui aussi, finirait par lâcher prise tôt ou tard. Moi… je sombrais déjà.
Je sombrais dans l’errance d’un sommeil sans fin, et dans l’obscurité la plus totale. Sans être capable de dire si j’étais plus effrayé ou finalement apaisé que tout ceci prenne fin. Pas plus que je ne conscientisais cette voix parvenant à moi de manière indistincte. Mais à mesure que les secondes s’égrainaient, une sensation désagréable s’emparait peu à peu de moi, à l’instar d’une brûlure, et de ces maudites douleurs refaisant surface. Mon visage s’était quelque peu crispé, sans que je ne m’en rende compte. Je me sentais si mal… pourquoi ? Pourquoi est ce que mon esprit s’éveillait-il de la sorte ? Pourquoi reprendre conscience de tout ça ?! Je voulais simplement que ça s’arrête…
Mes paupières finirent par tressaillir, s’ouvrant peu à peu sur mon regard pour le moins vitreux. Et je n’étais pas certain de comprendre qui était la silhouette face à moi. Une part de moi reconnaissait bel et bien la Gaunt mais l’autre… ça n’avait pas de sens, n’est ce pas ? Je scrutais alors ses traits, sans réellement les voir, entrouvrant mes lèvres en un questionnement silencieux, avant d’être pris d’une violente quinte de toux. J’avais l’impression qu’on m’arrachait les poumons, tant chaque secousse était un supplice faisant perler des larmes aux coins de mes yeux. Et la neige immaculée se trouva, dès lors, constellée de fines perles de grenat.
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 9:05 | |
| Combien de temps, était-il ici ? Seul à subir la morsure délétère du froid, et à se vider probablement de son sang ? Étais-je de ce fait, arrivée trop tard, afin d'assister à la finitude douloureuse d'un camarade de classe ? Ou ... pouvais-je encore le sauver, même si ... tout m'indiquait que cela serait probablement peine perdue, dans peu de temps. Que lui était-il arrivé ? Qui avait fait montre d'autant de cruauté et de barbarie pour le laisser aux portes de l'inconscience dans un tel état ?!
Je les sentais les griffes de la Grande Faucheuse, qui enveloppaient le corps meurtri du Vert et Argent. Il m'était tellement aisé de les percevoir, parce que cette scène à laquelle, j'étais en train d'assister, je l'avais déjà vue. Dans un songe ou une vision, sans pour autant y prêter plus d'attention que cela, car ça concernait Yaxley. Et-, je m'en fichais.
Mais ici, je ne pouvais décemment détourner mon regard noisette de lui et le laisser esseulé. Tout n'était plus qu'une question de temps, et sa survie ne se comptait sûrement plus qu'en minutes ... ou pire, en secondes. Perdre ce temps précieux, lui serait certainement fatal et même si, j'avais tant de fois rêvé et mis certaines de mes menaces à exécution pour qu'il paye ce qu'il avait osé me faire, en me dérobant ce poste de Batteur qui me revenait de droit, force était de constater qu'ici ... ça n'avait plus d'importance. Plus du tout.
Ce que je touchais de lui, ne semblait plus être vivant. Ou dans un état si proche de la finitude, qu'il me faudrait aller le récupérer, dans les Enfers. À cet instant, nous réécrivions la tragédie antique d'où provenaient nos deux prénoms. Sauf que je n'étais pas celle à aller sauver, c'était d'Orpheus qu'il s'agissait. Orpheus, qui était en bien piteux état, tant et si bien que lorsque son regard noisette semblable au mien et d'ordinaire défiant tout ce qui pouvait se trouver à portée, s'entrouvrit sur des iris voilés par des ombres ... ça me fendit littéralement le cœur.
- ... pardon ... ne parle pas ... ne parle pas ... Si d'ordinaire, j'étais connue pour un contrôle exacerbé de ma personne et surtout de mes émotions, ici, la donne était plus que différente.
Les larmes de mon cadet m'arrachèrent une grimace silencieuse, alors qu'avec une infime précaution, je venais poser mes pouces aux coins de ses yeux. Je n'avais plus le choix, tant et si bien qu'un dilemme atroce et cornélien s'offrait à moi de la plus singulière des manières. D'un côté, je pouvais envoyer mon Patronus, que le Lycaon courre à perdre haleine vers Sainte-Mangouste, mais ... ça serait des précieuses minutes immanquablement perdues. Et de l'autre, transplaner. Pour l'Hôpital pour Sorciers Britanniques, sans être assurée qu'Orpheus y survive à ce transplanage d'escorte en catastrophe.
Mais, je n'étais pas Médicomage et mes compétences en soins s'arrêtaient là, où les autres excellaient. Tout ce que je pouvais faire, c'était de lui impulser et insuffler assez d'énergie dans son corps contusionné par je ne savais qui ou quoi, pour prétendre à ce qu'il puisse se mouvoir et s'appuyer sur moi. Toutefois, je ne devais pas céder à la panique, qui commençait tout doucement à se frayer un chemin dans l'entièreté de mon âme. Car cela nous assurerait une désartibulation en règle et je n'avais pas envie de connaître cette expérience. Là encore, je n'étais pas sûre que mon vis-à-vis, en ressorte vivant.
- On va transplaner pour Sainte-Mangouste. Soufflais-je doucement, tout en tentant de me rassurer moi-même. ... et je ne te laisse pas. Je ne t'abandonne pas. Je suis avec toi. Je me répétais ces quelques mots, sous forme d'une sentence pour y croire. Et que lui aussi, même s'il ne m'entendrait probablement pas, par-delà le Voile ... |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 18:11 | |
| Sur les rives du Styx, je m’étais trouvé frappé de plein fouet, tiré violemment en arrière alors que je me retrouvais face au Passeur, et qu’il m’aurait simplement fallu lui glisser quelques pièces, que je n’avais pas en ma possession. J’aurais alors été condamné à l’errance, faute d’avoir pu payer Charon. Mais l’on en avait décidé autrement, me ramenant brutalement vers la surface, et vers une réalité qui en était venue à me rendre malade. Peu à peu, c’était comme si chacun de mes muscles contusionnés et de mes os brisés s’étaient rappelés à mon bon souvenir. Chaque respiration était un véritable supplice, me faisant comprendre que j’avais, au minimum, plusieurs côtes de cassées. Il aurait tellement été plus simple de lâcher prise…
Mon coeur battait bien trop vite, de façon erratique, trahissant tant l’angoisse qui s’emparait de moi, que sa difficulté à me maintenir ainsi, d’un fil, au bord du gouffre. Or, celle qui avait été l’instigatrice de ce qui s’apparentait à un sauvetage, se tenait face à moi, sous des traits que je ne comprenais guère. Cette fille, elle avait l’apparence de quelqu’un que je connaissais, mais une attitude drastiquement différente. Alors, lorsque mon organisme me laissait un court répit, je me mis à scruter ses traits, d’un regard qu’on pourrait qualifier de fiévreux, trahissant une profonde incompréhension de la situation.
La demoiselle prononça alors quelques mots, qui mirent un certain temps à se frayer un chemin dans mon esprit, mais lorsqu’enfin ils l’atteignirent, je sentis peu à peu la panique s’emparer de moi. Ma respiration, aussi superficielle soit-elle, s’accéléra, et j’eus un infime mouvement de recul. Or, cette décharge soudaine, elle ne faisait que remettre en exergue mes sens, ce dont j’aurais préféré me passer. Pris de sueurs froides, alors que la douleur n’était à pas grand chose de me faire tourner de l’oeil, j’essayais d’articuler quelques mots.
« Pas… pas là-bas… pitié… »
Je déglutis, essayant de reprendre ce souffle qui me manquait. Et parce que j’avais bien conscience qu’une telle supplique serait bien insuffisante.
« ..Les Goyle… j’veux pas… y… y retourner… »
Et au point où j’en étais rendu, je crois bien que je préférais crever ici et maintenant, plutôt que me faire récupérer par eux après tout ça. Car ils me le feraient payer au centuple, et que j’aurais alors bravé la faucheuse pour rien. Face à ce que j’imaginais de leur courroux, la mort restait alors quelque chose de bien plus enviable.
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 18:50 | |
| Même s'il se trouvait en face de moi, -son corps tout du moins-, j'avais cette singulière impression que son âme, elle, était déjà bien trop loin. Inatteignable plutôt. Comme si cela était déjà trop tard, que mon maigre sauvetage n'avait rien pu faire et que je me trouvais alors démunie, face à ce camarade de maisonnée qui partageait les mêmes couleurs que moi. Et pourtant, je lui en avais voulu durant des années qu'il puisse prétendre à les revêtir. N'y voyant là, qu'un pied de nez dû aux Moires qui s'étaient amusées de ma condition. Mais ici, je crois que j'aurais préféré qu'Atropos coupe le fil de mon existence, que Lachésis en vienne à réparer celui d'Orpheus pour qu'enfin Clotho puisse en tisser un autre.
Là, c'était bien tout ce que je souhaitais alors que les prunelles d'ordinaire si emplies de vie d'Orpheus n'étaient plus que de vaines chimères. Contraint d'abandonner la lutte ? Je ne le lui permettais pas, même si, tout comme moi, il ne saisissait pas pleinement ce qui se jouait dans cette situation. Dans cette scène tragique, où malheureusement pour lui, il avait le premier rôle. Je l'avais décemment perçue cette lueur d'incompréhension, à laquelle je ne pus que répondre par un sourire engageant.
Et une inquiétude folle quand il me répondit par la négative concernant ma volonté de transplaner pour Sainte-Mangouste. ... c'était donc ici, en plein cœur de Londres sous un ciel d'encre, que tout s'achevait ? Que tout se terminait ? Que je ne garderais alors qu'en mémoire, un Yaxley agonisant ? Que les larmes au creux de son regard, n'étaient qu'une manifestation tangible de sa douleur ?
J'eus envie de protester vivement, de le secouer même. Pour que la dernière chose que je ne vois, ce ne soit pas ça. Pas cette mort injuste, décidée par un Être Supérieur ou par cette vélane en carton d'Atropos qui avait mis son dessein à exécution ! Mais, comme s'il m'eut entendue, j'eus une précision de la part de mon cadet. Concernant les ... Goyle. De par mon père, j'avais entendu dire qu'il était devenu la pupille des Goyle, établi dans cette famille, comme un vulgaire objet.
Fronçant mes sourcils, je ne pouvais qu'accéder à la requête d'un mourant, n'est-ce pas ? Cependant, ça n'arrivera pas.
- D'accord. D'accord. De toute manière, nous devions partir d'ici, quoiqu'il nous en coûte. Et transplaner, serait bel et bien la seule et unique option. Sortant ma baguette de mon sac à main sans fond, je la pointais vers le Vert et Argent pour cette fois-ci, lui octroyer un regain d'énergie vitale. Certes minime mais ô combien primordiale.
Toutefois, je devais me calmer. Parce qu'à l'instar de mon cadet, intérieurement, c'était la débâcle. Même si, extérieurement, mes gestes étaient assurés, alors que je l'aidais à se redresser, prenant tout mon temps pour qu'il y parvienne. Face à moi, se tenait Orpheus Yaxley ou du moins ce qu'il en restait. Et, ce que mon regard noisette contemplait, n'était qu'atrocité. Un visage tuméfié. Des marbrures bleutées et violacées et du rouge ... une quantité impressionnante de rouge.
Trop- beaucoup trop. Et que dire de son corps, que je ne préférais pas observer, même si j'y fus contrainte. Dans un geste pour m'apaiser mais aussi pour tranquilliser le cœur d'Orpheus qui paraissait prêt à se rompre, je venais poser mes mains sur ses joues. Fermant mes iris noisette, l'espace de quelques secondes, mon front contre le sien. Par-devers moi, je l'entendais cette litanie. Celle de nos deux souffles et de ce quelque chose d'autre que je n'identifiais pas encore, qui en l'espace de quelques secondes entraient en symbiose.
Là, c'était l'instant propice pour transplaner. Chez moi. Au Manoir Gaunt. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 19:40 | |
| A présent que mon esprit était aussi éveillé que ce que mon organisme à l’agonie le lui permettait, je sentais toute la détresse et l’effroi qui m’habitaient. Car j’avais chuté dans ce gouffre, et que la seule chose qui m’empêchait actuellement de m’écraser en contrebas, c’était cette main, si frêle, qui me retenait avec l’énergie du désespoir. Mais au-dessus de nous s’étiraient bien trop d’ombres, comme autant de monstres qui menaçaient de fondre sur nous. Ces spectre, cependant, il n’y avait bien que moi qui pouvaient les voir, car c’était mon âme qu’ils hantaient de leur présence lugubre. Et ils avaient des apparences incertaines, simulacres de visages humains dont les traits rappelaient ceux de mes bourreaux. J’étais en train de délirer, n’est-ce pas ? Et cette fille, face à moi… Eurydice… était-elle, elle aussi, le fruit de l’imagination de mon cerveau en souffrance ? N’étais-je pas simplement en train de divaguer à cause du manque d’oxygène, et de rêver l’entiéreté de cette scène…? Une scène cruelle, car elle ravivait trop de douleurs, tout en insufflant à mon coeur une étincelle d’espoir, quant à quelque chose que je trouvais à présent stupidement vain.
Pourtant, la Gaunt, qu’elle soit réelle ou fictive, pointa sa baguette en ma direction, prononçant quelques syllabes m’échappant. Et à mesure de sa litanie, j’avais la sensation que ma vue se faisait un peu plus nette, et mes pensées moins confuses. Elle était réelle, n’est ce pas ? J’en eus l’absolue confirmation lorsque la jeune femme passa un bras sous mes épaules dans un message qui était clair, mais ô combien difficile à exécuter. Car ce n’était pas mes jambes qui refusaient de me supporter, mais bien tout le reste de mon corps qui protestait, et ce malgré l’aide manifeste d’Eurydice. Déplier ce corps engourdi était un véritable calvaire, et j’avais l’impression qu’on me plantait des couteaux dans le ventre à mesure que je me redressai. Parce qu’il le fallait. J’étouffais alors des plaintes sourdes, retenant ces larmes que je ne contrôlais plus, alors que la douleur me donnait des vertiges, et luttant contre la tentation de rester recroquevillé sous ce porche, pour ne plus jamais bouger.
Parce que la Gaunt déployait toute son énergie pour me venir en aide, et que je devais lui rendre la pareille, faire ma part du marché, et puiser dans cette volonté qui m’avait fait défaut. Je ne sus comment j’avais fini par me relever, cramponné à la silhouette de la Vert et Argent pour ne pas sombrer de nouveau. Je me sentais à bout de souffle, le cœur prêt à exploser tant j’avais mal, et ma vue s’était à nouveau brouillée, l’espace de longues secondes, me laissant croire que j’allais disparaître une fois de plus dans les ténèbres.
Ce fut cependant le contact de ses mains chaudes contre la peau glacée de mon visage qui me réancra dans la réalité, et l’instant présent. Parce qu’elle se trouvait à présent face à moi, son front s’étant posée contre le mien, les paupières closes. Et peu à peu, je sentis mon souffle s’apaiser, même s’il ne pouvait pas se caler sur celui de la Gaunt, alors que mes yeux s’étaient également fermés pour ne plus être en proie aux vertiges. Je me laissais happer par cet instant suspendu, malgré la douleur, malgré le froid, malgré la Faucheuse qui déposait lentement sa faux contre ma gorge marbrée.
Dernière édition par Orpheus Yaxley le Sam 12 Oct - 22:45, édité 1 fois |
| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 20:25 | |
| Rattraper Orpheus à l'instant près, où il allait sombrer dans cet Enfer qui n'était pas si métaphorique que cela, finalement. Ce Tartare, cet endroit des Enfers était bien trop réel, et je devais me saisir de cette seule et unique opportunité pour prétendument le sauver. Lui octroyer cette main tendue et en venir à l'extirper de ce gouffre dans lequel, il était si prêt de succomber. Non, pas aujourd'hui. Pas maintenant.
Même si j'étais à des lieues de me douter que chaque mouvement lui offrait une douleur sans précédent, il devait se lever. Réussir à revenir dans ce monde où je me trouvais et où je l'aidais. Alors, patiente, je lui murmurais des réassurances. Ainsi que des sourires, parce que j'étais soulagée que de le voir debout, même si le tribut lui était si lourd à payer. Une rétribution qui lui était qu'un seul et unique supplice. Et si ... je l'avais pu, je crois qu'intentionnellement, je me serais emparée de son affliction. La porter quelque peu sur mes épaules, comme son corps, sur le mien.
Mais au lieu de cela, j'effleurais son visage comme pour imprimer dans mes souvenirs que la réalité où il n'existerait plus, ne serait pas celle que je désirais. Que c'était Yaxley, et comme il le disait si bien lui-même : on ne venait pas si facilement à bout des mauvaises herbes, hein ? J'avais tellement envie que cette sentence soit véridique. Que ce soit une vérité des plus absolues que rien ne pourrait entâcher. J'étais présente et je le resterais.
Comme lors de ce transplanage où je le gardais contre moi, atterrissant sur le sol de ma chambre sans heurts. Nauséeuse, je le demeurais mais ... ce n'était rien face à ce corps qui se pressait contre moi et que je conservais, comme pour me persuader qu'il ne serait pas de nouveau emporté loin de moi, dans un autre monde que je ne serais pas en mesure d'atteindre. Rassurée mais seulement à moitié, je l'accompagnais jusqu'à mon lit, afin qu'il puisse s'y étendre. Et là, peu m'importait que son sang macule mes draps. Parce que ... comme je l'avais initialement pensé, rien d'autre n'avait d'importance ... si ce ne fut la survie d'Orpheus.
Survie qui tenait en quelques lignes, écrites à la hâte et envoyées dans une missive express vers Sainte-Mangouste. Pour faire mander le Médicomage le plus compétent de Sainte-Mangouste et ce, dans les plus brefs délais. Or d'ici à ce qu'il nous rejoigne tous les deux, je restais au chevet du Yaxley, assise sur la chaise proche de mon lit, mes fins doigts passant nerveusement dans mes mèches rousses, tandis que je surveillais le souffle de mon interlocuteur. Savoir si tout ce qui avait été mis en œuvre par mes soins, n'aurait pas une fin prochaine.
... il m'était assuré que je la refuserais, si c'était le cas ! Dans un temps suspendu qui me sembla pourtant être une éternité, je vis enfin apparaître l'éminent membre de l'élite médicale, se pencher au-dessus du corps fatigué et tellement abîmé d'Orpheus. M'intimant presque par un ordre de le laisser officier.
Et tout un chacun savait combien je ne me pliais pas aux injonctions.
Prenant avec délicatesse une main du Vert et Argent dans les miennes, je ne le quittais pas du regard alors que l'homme lui administrait potions et sortilèges en suffisance. Et, en trop grandes quantités pour que celles-ci soient décemment acceptables. Cette fois, je les sentis ... ces larmes qui venaient s'échouer sur mes joues, comme de viles traîtresses. Moi, je n'avais pas envie que ça s'arrête ici.
- Mademoiselle Gaunt, j'ai fait tout ce que j'ai pu. Le reste, c'est entre ses mains. Mais, je vous conseille de le surveiller. L'homme plus âgé, posa sa main sur mon épaule avant de repartir d'où il était venu.
Et- jamais ô grand jamais, le Serpentard ne me parut si frêle entre mes draps blancs. Jamais, je ne le sentis si vulnérable. Alors, constatant que je n'avais pas lâché sa main, l'une des miennes, la libre, vint bouger quelques mèches bouclées de son front.
- ... dis ... tu ne me laisses pas, n'est-ce pas ? À cette interrogation, j'eus un sourire tendre. Comment, je pourrais encore te traiter de sale rat, sinon ? Non. Je n'avais pas envie que ça s'arrête. Pas comme ça. Pas maintenant. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Sam 12 Oct - 23:28 | |
| Si ma vie ne tenait plus qu’à un fil, lui-même en train de se rompre, je l’avais dès lors remise entre les mains d’une des descendantes de l’illustre Salazar Serpentard. Car si Eurydice avait indéniablement fait partie de ceux me l’ayant le plus détruite, présentement elle était bien la seule à pouvoir la sauver. Une charge dont elle avait pris toute l’ampleur, et à laquelle elle s’était employée, de sa propre volonté. Une volonté que je lui connaissais exempte de failles, et dont j’avais si souvent fait les frais. Alors je me raccrochais à elle, comme si elle eut été un rocher au milieu d’un océan funeste et glacial. Un unique espoir de salut, bien dérisoire cependant. Qu’espérai-je, moi qui refusais de me rendre à l’hôpital ? Mais je préférais sombrer dans les eaux du Styx, plutôt que me faire lentement détruire par les Goyle. C’était le choix, conscient, que j’avais fait dès lors que j’eus décidé de fuguer de leur manoir malgré tous les risques encourus. Et que j’avais vraisemblablement rencontrés.
Il n’y eut alors qu’un souffle, avant que tout ne se brouille, dans cette tempête si caractéristique des transplanages. J’eus l’impression qu’on m’arrachait les organes les uns après les autres, dans un supplice qui me sembla prendre une éternité, alors qu’il n’avait en réalité duré qu’une fraction de seconde. M’effondrant presque à l’atterrissage, je ne fus retenu que par la force de la Gaunt, qui m’installa sur ce qui semblait être un lit. Moi, je n’étais plus réellement conscient de ce qu’il se passait, gardant les yeux ouverts sans réellement voir. Il y avait dans mes iris une angoisse qui me dépassait, alors que ma peau avait pris une teinte livide, se marbrant par endroits alors que je peinais à respirer. J’avais la sensation d’étouffer, et qu’on appliquait un poids considérable sur mon abdomen et ma cage thoracique. Quant à mes yeux, je luttais pour les garder ouverts, ayant la sensation que si je les fermais, cette fois, ce serait de façon définitive.
Les minutes qui suivirent furent semblables à des heures, et je sombrais peu à peu dans l’inconscience. Je percevais des voix, de manière indistincte, sentais qu’on me manipulait, que je n’étais pas seul… ça, j’en avais la certitude. Mais tout était lointain. Terriblement lointain.
Des heures qui suivirent, je ne gardais aucun souvenir. Pas plus que ces quelques fois où je m’éveillais, fiévreux, pris de quelques délires, où il me semblait voir une ombre ayant tantôt l’apparence d’un proche, tantôt d’une créature informe et monstrueuse. J’entendais des voix, qui se mêlaient les unes aux autres, des murmures qui n’avaient pas de sens, et d’autres qui me disaient que ça n’en valait pas le coup. Que je n’en valais pas le coup. Et au milieu de tout ça, l’une d’elle me demandait de me battre, de tenir… de revenir. Ca non plus… je crois que je ne m’en souviendrais pas. Pas consciemment, du moins.
Je ne saurais dire combien de temps s’était écoulé, lorsque j’ouvris enfin réellement les paupières, de manière éveillée et lucide. Presque lucide. Mes iris s’étaient posés sur le plafond, dans cet environnement qui n’avait rien de familier, et j’avais la sensation de m’être de nouveau fait broyer par un troll. Comme deux mois auparavant. Pourtant… je n’étais pas à l’infirmerie de Poudlard. Tout était flou, embrumé, et je peinais à comprendre ce qu’il m’arrivait. Essayant de bouger un peu, ce furent mes doigts, pour le moins engourdis, qui répondirent en premier, me faisant percevoir le contact d’une autre peau.
Ce fut à l’instar d’un flash, d’une brûlure à l’intérieur de mon crâne, alors que des images fugaces et anarchiques me revenaient en tête et firent drastiquement augmenter mon rythme cardiaque.
Etait-ce dans un nouveau cercle de l’Enfer que j’avais atterri ? Je n’étais pas certain de vouloir le savoir.
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 8:55 | |
| Petite, quand Achlys se permettait de me questionner sur ce qui était dès lors ma plus grande peur, je fanfaronnais toujours. Poings sur mes petites hanches, le traitant moi-même de couard alors que les Gaunt, eux, n'avaient jamais peur de rien ni de personne. Que notre statut lui, faisait frémir ceux et celles qui nous étaient inférieurs en tous points. En grandissant, c'était la même chose. Personne ne parvenait à faire naître ce sentiment chez moi, parce que j'étais puissante et que je ne faiblissais pas. Aucunement. Ce n'était pas ainsi, que j'avais été élevée pour être dans ce monde, moi, Eurydice Gaunt. Mais ... si mon meilleur ami en venait à me questionner à ce moment précis, je crains que la donne serait sensiblement différente.
... parce qu'à chaque seconde, chaque minute, et maintenant chaque heure ... je ressentais une inquiétude vivace envers Orpheus. Que le fait de l'avoir récupéré si proche des Enfers, qu'il m'ait suivi sur ce sentier le ramenant tout doucement vers mon monde qu'était celui des vivants, ne soit qu'un espoir vain et éphémère. Et que, si j'en venais à me retourner pour voir s'il me suivait encore, on me le ravirait à tout jamais. Comme le fut mon homonyme antique pour le sien.
Alors, pour probablement la première fois de toute mon existence, je l'éprouvais cette Peur. Cette sensation cuisante d'être à deux doigts de perdre quelque chose d'important et qui ... comptait ? Je n'en avais strictement aucune idée, alors que j'assistais impuissante à cette fièvre qui à certains moments faisait délirer mon cadet, qui commençait nerveusement à s'agiter entre les draps. J'y voyais à chaque fois, un sursaut d'énergie avant la Fin. Et, je pressais sa main, toujours délicatement maintenue entre les miennes. Car, même si les heures s'écoulaient ... je ne me sustentais pas, je n'avais pas faim. Mon attention était focalisée sur le corps étendu à quelques centimètres du mien.
Sur le qui-vive, j'écoutais aussi les bruits inhérents au Manoir Gaunt et au fait que probablement cela serait singulier pour ses habitants de ne pas me voir apparaître au souper. Mais, je ne pouvais pas. Je me devais de rester au chevet du Yaxley, qui à chaque instant, pouvait de nouveau sombrer. Et puis, j'étais coutumière de m'isoler pour prendre mes repas. Aujourd'hui serait l'un de ces moments.
Tout comme je ne mangerais pas, je ne dormirais pas. Restant consciente malgré tout. Même si, en cet instant, c'était dans l'âme propre d'Orpheus que tout se jouait. Ici, j'étais bel et bien désarmée, ne lui octroyant que la pression de mes mains sur la sienne, pour seul et unique encouragement. Je ne sus ce qui le dévorait de l'intérieur mais cela devait être cauchemardesque, étant donné son cœur qui s'emballait plus que de raison, et dont je pouvais aisément ressentir les pulsations.
Ce fut au bout de longues heures qui me parurent intensément interminables et d'interrogations silencieuses quant à la survie de mon cadet, que je perçus un discret mouvement de ce dernier. Ses doigts, toujours dans l'écrin que formaient mes mains, qui se mirent tout doucement à se mouvoir. Aussitôt suivis par sa silhouette et un regard noisette certes décontenancé et perdu, mais qui n'avait plus rien à voir avec celui qu'il m'avait été donné d'observer, il y a de cela quelques temps.
Rassurer le jeune homme en priorité, qui était dès lors, dans un environnement qu'il ne connaissait pas et dont il n'avait aucun souvenir.
- Orpheus ? L'interpeller par son prénom, avant de continuer d'une voix douce pour ne pas le brusquer. Geste, dont je n'étais pas coutumière et qui m'était totalement étranger. ... tu es en sécurité. Il ne va rien t'arriver. Tu es chez moi, au Manoir Gaunt. Je ne pouvais nier le soulagement que j'éprouvais en cet instant. Anéantissant peu à peu, ce sentiment que je détestais et qui avait pris possession de mon être entier, lors de ce sauvetage inconsidéré. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 10:31 | |
| En cet instant, j’avais le sentiment de revenir de particulièrement loin. D’un périple qui avait duré une vie entière, et m’avait saigné jusqu’à la moelle. J’étais épuisé, rompu, mais durant de courtes secondes, j’avais ressenti une sensation de sérénité. Quelque chose que je ne connaissais pas vraiment, pour ainsi dire. Une quiétude, de celle qu’on pourrait ressentir à l’issue de l’oeuvre de toute une vie. Moi… je venais simplement de retrouver la mienne, n’est ce pas ? Mais je ne le saisissais pas encore réellement.
Etendu sur un lit qui n’était pas mien, je prenais peu à peu conscience de cet environnement qui ne m’était en rien familier. Et ce sentiment de paix, cette torpeur, furent rapidement balayés lorsque la réalité manifeste de la situation me revint, par brides. J’avais soudainement la sensation de manquer d’air, car c’était comme un poids qui venait de me tomber sur la poitrine. Qu’est ce qui m’était arrivé ? Et où me trouvais-je à l’instant ? Est ce que j’étais de retour chez les Goyle ?!
Cette angoisse cyclopéenne fut cependant atténuée d’un mot, un nom, le mien… me faisant comprendre que je n’étais pas seul. Qu’il y avait, à mes côtés, une présence, depuis de longues heures déjà. Une voix qui m’était familière, et dont la douceur avait guidé mes pas dans l’obscurité que j’avais traversé. C’était du moins la sensation que j’avais, car immédiatement, mon coeur s’apaisa quelque peu, l’espace de quelques secondes.
Or, les informations que cette voix me donnait étaient discordantes, pour mon esprit. Les Gaunt ? Comment pourrais-je prétendre être en sécurité dans un endroit pareil ?
Lentement, dans un geste me demandant bien plus d’efforts qu’il n’aurait dû, et non sans difficulté, je tournai légèrement la tête vers l’origine de cette voix. Éclairée par la lumière filtrant au travers des rideaux, il y avait une silhouette à mes côtés. Une silhouette aux traits que je connaissais, mais que je ne reconnaissais pas. Parce que ça ne pouvait pas être réel. Ca ne pouvait pas être elle qui était à l’origine de cette voix. Ca n’avait pas de sens…
Pourtant, à mes côtés, ses mains entourant toujours l’une des miennes, se trouvait l’héritière des Gaunt. Ressentant alors une certaine crispation dans ma mâchoire, je pris une profonde inspiration -autant que me le permettait mon corps abîmé. J’étais nerveux, et pour le moins inquiet compte tenu de mon état, car venant d’elle, il y aurait fatalement un contrecoup, n’est ce pas ? Une rétribution à payer. Elle n’était pas connue pour sa charité, la Gaunt. Et je savais, dès lors, que j’étais loin d’être sorti de toute cette fange dans laquelle je m’étais enlisé depuis trop longtemps.
Scrutant ses iris avec une certaine méfiance auréolée de fatigue, j’entrouvris les lèvres pour exprimer quelques mots, qui ne vinrent pas. Car je ne savais pas quoi dire, au fond…
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 11:15 | |
| Oui. Je ne pouvais rejeter plus longuement au fin fond de mon inconscient, l'idée que j'étais rassurée. En proie à ce soulagement que de le revoir parmi nous et non loin de moi, ce Yaxley que j'avais trouvé dans un état si proche de la finitude. J'étais sensiblement détendue, -quoiqu'un peu toujours secouée par les évènement de la veille-, de voir Orpheus s'éveiller peu à peu de cette torpeur dans laquelle, il avait été initialement plongé.
J'avais tenté de le rassurer, de faire valoir ma présence à son chevet et surtout, de ne point le laisser seul pour ce combat qu'il n'avait pas été certain de remporter. Si, ordinairement, son sort m'était bien peu intéressant, force était de constater que de le voir à l'article de la mort, avait quelque peu bousculé mes paradigmes. C'était cette douloureuse image, qui s'était imprimée dans mon âme et dont j'avais peur qu'elle soit la dernière que je verrais de lui.
C'était idiot, n'est-ce pas ? Car, j'avais passé une bonne partie de ma vie à pourrir la sienne. À lui faire comprendre qu'il était un indésirable et un opportuniste, que son existence avait bien peu de valeur au regard de la mienne. Qu'il méritait juste ce bourbier dans lequel sa famille s'était enlisée depuis des années. Or, une partie de moi n'avait pas pu se résoudre à le voir disparaître et cette partie, je ne savais pas encore laquelle, celle-ci pouvait être.
Tout ce que je savais, à ce moment précis, c'était que sa vie ... importait. Tout autant que la mienne. Et, que de le laisser mourir de la sorte, cela m'était impensable et impossible.
Alors, quand il s'éveilla lentement et qu'il reprit peu à peu pied dans cette réalité qu'il avait failli quitter, je vis bien que tout ce chamboulement avait raison de sa propre raison. Qu'il ne comprenait soudainement pas pourquoi, de Bourreau ... j'étais passée à Bienfaitrice en l'espace d'un instant qui n'était qu'un claquement de doigts pour l'Univers. Comment pouvais-je l'en blâmer, seulement ? Je ne le pouvais pas et je le comprenais.
La réserve dans ses prunelles, j'y répondais par une œillade rassurante, assortie d'un sourire qui, je l'espérais, l'était tout autant. Même si, Orpheus me connaissait comme dépourvue de compassion et de sentiments miséricordieux à son propos, cette crainte venant de sa part, elle me heurtait vivement sans que je ne le conscientise.
- Je ne veux pas ... je ne veux pas te faire de mal. Tu ne crains rien, je t'assure. C'était comme rassurer une bête blessée dont la main de l'homme avait été bien plus punitive que caressante. ... je t'ai trouvé aux portes de l'inconscience et- ... Et quoi ? ... et je ne pouvais pas te laisser là-bas.
Sans m'en rendre compte, j'avais conservé sa main dans les miennes. C'était peut-être aussi le signe tangible, que je ne voulais pas qu'il s'étiole si prestement, Orpheus. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 12:29 | |
| Les informations se bousculaient dans ma tête, images fantômes et résiduelles de ce qui avaient pu m’arriver, se heurtant telles des vagues contre les parois de ma conscience. S’y mêlait cette situation nouvelle, qui me dépassait totalement. En vie, je l’étais vraisemblablement, mais avec le sentiment d’être piégé. Retenu par un corps qui refusait encore de pleinement me répondre, et d’une condition que je redoutais. Étais-je passé d’un bourreau à un autre ? Quelle serait la contrepartie à ce souffle de vie que la Gaunt m’avait rendu ? Quelles nouvelles chaînes allait-on, une fois de plus, placer à mes poignets ? Quelle corde autour de ma gorge encore meurtrie ? J’avais quitté une prison et traversé l’Enfer, et on m’en avait sorti pour de nouveau me piéger. C’était là le sentiment qui m’habitait.
Les mots, questionnements silencieux, ne parvinrent à quitter le seuil de mes lèvres. Il ne s’agissait pas là que de faiblesse, mais bien de mon incapacité à trouver les paroles adéquates. Et sans doute la Gaunt le perçut-elle, car elle prit les devants, essayant de me rassurer de quelques mots et sourires. J’aurais voulu y croire à ce discours, il me semblait sincère… mais je n’y arrivais pas. Pas entièrement.
Dans un souffle, je fermais mes paupières, les sourcils très légèrement froncés alors que j’essayais d’intégrer le propos de ma bienfaitrice, sans jamais pouvoir chasser totalement les ombres qui imprégnaient mon coeur.
Cet avenir qui se profilait était plus qu’incertain. Étais-je au fond d’un gouffre, ou piégé dans une pièce totalement blanche et dénuée de tout, jusqu’à la moindre ouverture ? Je ne saurais le dire, mais ce que je sentais, c’était qu’à l’heure actuelle il n’était pas entre mes mains, et m’avait totalement échappé. Je ne pouvais pas même me fixer ces objectifs simples qu’avaient été ceux lors de ma fugue de chez les Goyle. Ces objectifs qui étaient la base même de la survie… Alors, que me restait-il ?
« Merci… » soufflais-je d’une voix quelque peu rauque, éraillée. « … de t’être arrêtée. »
Car actuellement, les fils de mon destin… c’était bien entre les mains d’Eurydice qu’ils se trouvaient.
Dernière édition par Orpheus Yaxley le Dim 13 Oct - 14:28, édité 1 fois |
| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 13:05 | |
| Je laissais peu à peu le Yaxley revenir. Reprendre conscience, même si cette dernière n'était peut-être qu'en morceaux épars, finalement. Parce que, l'observation que j'en avais de sa personne, m'octroyait cette douloureuse conclusion : il était totalement perdu. Évoluant encore deux états pour le moins indistincts. Et là encore, il m'était impossible de l'en blâmer, pour la forme. De ce qu'il m'avait avoué la veille, à travers cette souffrance qui animait chacun de ses gestes, il avait mentionné les ... Goyle. Croyait-il alors, qu'il subirait ici le même traitement ?
Là, était peut-être la conclusion à ses hypothétiques retenues, lorsqu'il s'agissait de pleinement vivre l'instant. Mais, si je l'avais sauvé d'une mort implacable et certaine, ce n'était aucunement pour le replonger dans des abysses si denses et si sombres, dont cette fois-ci, il ne survivrait pas. Alors, je le laissais encore accuser le coup, observant chacun de ses mouvement avec une tendresse soudaine. Même si, celui où il se mit à clore ses prunelles, me fendit potentiellement le cœur.
Mes propos, il n'y voyait aucune sincérité dans ceux-ci. Ou du moins, il hésitait fortement à les qualifier comme tels. Au lieu de cela, du doute. Et ... si je me mettais un tant soit peu à sa place, l'espace de quelques instants, je réagirais pareillement. Y préférant une survie égoïste plutôt qu'une confiance pleine et entière qui ne m'attirerait dès lors que des ennuis. Malgré tout ce que j'avais pu toujours dire à son sujet ... on se ressemblait bien plus avec Yaxley, que je ne l'aurais voulu. Et ça, ça me le rendait bien trop humain.
Pinçant mes lèvres pleines, je ne pus avoir qu'un sourire délicat face à son remerciement. Ce dernier prononcé d'une voix comme survenue d'outre-tombe. À cet instant, sa main à lui toujours entre les miennes, j'effleurais du bout de mes pouces, sa peau. Lentement. Et ... comment aurais-je pu ne point m'arrêter de la sorte et de le laisser à la merci du monde ? Non. Je ne le pouvais pas.
- ... Je me mis à déglutir longuement avant de poursuivre mes propos. ... il était hors de question, que je ne te sauve pas.
Et parce que tout ceci était bien trop singulier pour que ce ne soit pas évoqué :
- À ton rythme et prends tout le temps qu'il te faudra mais ... tu as des ... souvenirs ? Tu te rappelles de quelque chose ? Mon regard noisette scrutait alors chacune de ses mimiques avec circonspection. Même si je me faisais la réflexion que de se remémorer quelque chose d'aussi traumatisant, lui serait de ce fait insoutenable. Mais ... le laisser presque mourir, ainsi ?
Un silence. Avant d'inspirer à nouveau. Car, je me rendis compte là aussi, que sauver Orpheus ... je ne l'aurais pas fait avec n'importe qui. Elle était bien là, la différence notable. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 15:08 | |
| J’étais fatigué de tout ça. Fatigué de cette existence moisie, et de me battre pour ne serait-ce que prétendre respirer, garder la tête hors de l’eau… Bien sûr, tous n’agissaient pas de la sorte à mon encontre. J’avais des amis, des camarades, qui se moquaient bien de l’image de ce nom me collant à la peau, mais au fil de l’eau, c’était devenu bien peu face à l’énergie déployée par ceux qui ne souhaitaient que notre trepat. A mon Enfer personnel s’ajoutait ma famille bien-aimée. Et tous ceux cherchant à me modeler, en écrasant ce que moi, j’étais. Pendant un instant, il m’avait semblé que j’avais lâché prise, baissé les bras, cessé de me débattre pour simplement couler dans les eaux sombres. Mais ce n’était pas moi, n’est ce pas ? Moi… j’avais toujours prétendu ne pas plier face aux autres, être de ce genre de mauvaises herbes tenaces, increvables. Or, à l’heure actuelle, retrouver un tel mental semblait me demander bien trop d’énergie et de conviction.
Pourtant… il allait bien falloir que je la remonte cette maudite pente, pas à pas. Puisque je ne m’étais pas noyé, et qu’il fallait encore vivre.
Alors que je sentais le contact délicat des doigts de la Gaunt contre ma peau, et percevais ses propos, j’avais l’impression d’avoir à faire à une autre personne. Quelqu’un qui m’était inconnu, bien que caché sous les traits d’une des chimères hantant mon existence. J’ouvris alors les paupières, l’observant un temps, scrutant ses iris si semblables aux miennes, avant de m’en détourner lorsqu’elle me questionna à propos des derniers événements. Mon regard se perdit un peu, alors que ma mâchoire se contractait. Remettre un tant soit peu d’ordre dans ces images imprimées dans ma tête n’était en rien une partie de plaisir…
« Ca fait combien de temps… que j’suis là…? » demandais-je, afin de resituer un peu les événements.
Et dès lors que la réponse me fut donnée, mes sourcils se froncèrent finement. Dans mon esprit, certaines images étaient claires, les plus lointaines… mais les derniers souvenirs que j’étais censé avoir l’étaient beaucoup moins. Comme si ma conscience n’y avait pas totalement accès.
« J’me suis enfui de chez les Goyle… y’a deux jours, je crois… j’ai passé une nuit dans un petit entrepôt, mais j’pouvais pas y rester… »
Parce qu’il était utilisé en journée, ou quelque chose du genre. Ca non plus, ce n’était plus très clair. Mes iris scrutèrent le plafond et ses moulures, alors que je restais un temps silencieux. Parce que la suite était de plus en plus confuse.
« C’est hier soir, je crois… des types me sont tombés dessus. Des clochards, je crois. Plusieurs clochards. Ils voulaient de l’argent, ou quelque chose de ce genre… »
Sauf que j’en avais pas. Je n’étais pas mieux lotis qu’eux. Et à mesure que j’y repensais, que j’essayais de recoller les morceaux alors que je voyais les coups pleuvoir, je sentais cette angoisse monter. Est ce qu’on m’avait battu à mort… juste pour quelques maudites mornilles ? Je me souvenais m’être défendu, autant que je le pouvais, mais pas d’avoir dit ou fait quelque chose justifiant autant de violence… Elle avait été gratuite, totalement gratuite.
« C’est… » commençai-je d’une voix plus incertaine, trahissant nettement mon désarroi. « … la suite est floue… j’me souviens pas vraiment… »
Il y avait eu ces étoiles, si brillantes, et ce sentiment terrible d’une vie qui s’étiole, sans qu’on ne puisse rien y faire. Je n’étais pas même certain de me souvenir de la douleur que j’avais ressentie, telle qu’elle fut réellement. Et il y avait eu cette présence indistincte, une chaleur contre ma peau. C’était elle, n’est ce pas ?
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 15:55 | |
| Si je n'avais toujours que contemplé fugacement la surface qu'était Yaxley, force était de constater qu'Orpheus était plus complexe. Plus- saisissant. Un mélange harmonieux, dont je n'avais pas saisi la prime importance. C'était ce qui se révélait dans ce regard noisette similaire au mien. Prunelles que je n'avais jamais réellement remarquées. Et qui, se paraient de nuances singulières et belles. Parce que dans ces mêmes orbes, la Mort dans son essence la plus primale, les avait désertées. Peut-être temporairement. Peut-être qu'Elle reviendra à un moment donné mais à cet instant, Elle avait bel et bien disparu.
La Grande Faucheuse, qui avait laissé toutefois de nombreux stigmates sur la peau marbrée d'Orpheus. Et, même si ces derniers s'effaceraient avec le temps, il y en avait des plus profonds. Ceux de sa Conscience, notamment. Ceux-ci, j'en étais sûre et certaine qu'ils devaient être douloureux. Surtout après une telle nuit agitée à se battre pour prétendument respirer. Donner une dernière impulsion de son pied, pour remonter à la surface de l'abysse, pour pouvoir exhaler une goulée d'air frais. Encore un peu.
- Un moment. Depuis la fin de la soirée. Tu as dormi une bonne partie de la matinée. Un silence. Parce qu'en ce qui me concernait, je ne lui précisais pas que je l'avais veillé et que je ne m'étais de ce fait, nullement reposée. J'avais tout mon temps pour cela.
Fronçant lentement mes sourcils, j'écoutais la suite de sa diatribe. Et en effet, il me réaffirmait qu'il s'était enfui de chez ceux qui- le séquestraient ? Les Goyle ? Mon père Emrys Gaunt, m'en avait brièvement parlé, m'affirmant que les géniteurs s'étaient assurés de prendre le Yaxley avec eux, pour en faire un cabot bien dressé. Car après tout, il n'y avait bien que la violence qu'il comprenait, n'est-ce pas ? Cela était le questionnement qu'avait formulé mon père avant d'esquisser un sourire. Et, j'y avais été totalement insensible.
... comme je m'en voulais de l'avoir été, à cet instant. Pourtant, je n'étais pas de ces âmes et de ces cœurs qui se faisaient ronger par une quelconque culpabilité. Avancer sans se retourner, était une primeur que je ne laissais pas aux autres. Peu m'importait, les dommages collatéraux dans mon sillage ... Bordel- Et là, ... ça- ... me bouleversait, à outrance.
- Deux jours ?! À errer dans le froid ... Ces quelques mots, je les prononçais pour moi-même, me rendant compte de l'affreuseté de sa situation et de tout ce qu'il avait pu endurer. Ce passage à tabac, parce que c'était bien de ça, dont il était question, n'est-ce pas ? ... des clochards ? Autant ?! C'était totalement absurde là, non ? Combien ? Parce que ce n'était pas seulement un duo à qui il avait eu affaire, pour le mettre dans un état pareil ?
Et ... cela avait été si cruel. Si gratuit.
- C'est déjà bien. Repose-toi. Avec un sourire malicieux et parce que je le connaissais peut-être un peu : ... même si je sais que tu vas me dire que tu l'as assez fait ... c'est préférable, ici. Un silence. Ça te reviendra à un moment donné, mais il ne faut pas forcer la mémoire.
Tout comme je n'étais pas sûre qu'il se souvienne que je lui avais parlé sans cesse, pour le maintenir éveillé, pour ne pas qu'il sombre. Que ma voix et ma présence avaient peut-être été, ce qui l'avait sauvé ? Peut-être ...
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| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 16:52 | |
| Me remémorer les derniers événements, ou tenter de le faire, me mettait dans un état de confusion et de désarroi plus profond que ce que je voulais bien admettre. Car si une partie de moi essayait désespérément de se souvenir, de donner un sens à ces images, une autre s’y refusait farouchement. Il y avait une angoisse sous-jacente que mon coeur ne voulait pas avoir à endurer. Pas plus qu’il ne le faisait déjà. Parce que ces souvenirs provoquaient chez moi un stress indéniable. J’avais beau être un bagarreur, et avoir l’habitude de la violence, cette fois c’était allé bien trop loin.
En quelques mots confus, j’expliquais des brides de ce qui me revenait en tête à celle qui se tenait à mes côtés. Eurydice, qui ne fit que davantage souligner l’absurde et l’invraisemblance de toute cette situation. Avais-je été stupide ou prétencieux, à ainsi préférer affronter le froid de l’hiver à mes bourreaux ? Car après tout, la rentrée ne se faisait que dans quelques jours, diraient certains. Sauf que ma pensée, moi, elle était allée plus loin que ça. J’avais déjà essayé de leur échapper en ne montant pas dans le Poudlard Express, évitant ainsi d’aller à leur rencontre et préférant la sûreté relative de l’école de sorcellerie. Tentative pour le moins vaine, puisqu’ils étaient venus m’y trouver, et pas dans les meilleures dispositions suite à cette petite blague. Et fuir en partant du château ? Pour aller où ?!
Si cette décision avait été pour le moins extrême et avait failli me coûter la vie, elle avait cependant été ma meilleure opportunité, si ce n’était la seule.
Puisque c’était elle qui m’avait invité à ces réminiscences, ce fut également la Gaunt qui prit le parti de les interrompre, en quelques mots précautionneux. Avant de m’inviter au repos. J’haussais légèrement les sourcils lorsqu’elle prit les devants, quant à mes éventuelles protestations. Pinçant brièvement les lèvres, je reportais mon regard sur le plafond, pensif. Avant d’en arriver à une conclusion qui m’était quelque peu désagréable, même si j’avais le sentiment que ça ne serait pas partagé. J’allais avoir besoin d’elle, une fois de plus, et ça ne serait sans doute pas la dernière. Alors je reportais mes iris sur la demoiselle, hésitant un court instant avant de formuler mon propos.
« Tu m’aiderais à m’asseoir ? »
Car j’avais besoin de sentir mon corps en mouvement, de me prouver que je n’étais pas qu’une âme dans une coquille inerte. Mais mes membres étaient ankylosés, douloureux, sans parler de la faiblesse manifeste qui semblait s’être abattue sur moi. Un ensemble, qui me donnait l’impression de ne pas être moi-même, d’être dépossédé d’une partie de ce que j’étais.
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 17:25 | |
| Au fur et à mesure qu'il me déroulait le fil de ses propos, il me venait à l'esprit une conclusion plus que cruelle. Et ... si je n'étais pas arrivée dans cette ruelle, à ce moment-ci ? Si ceux qui l'avaient molesté avec hargne et ressentiment avaient alors terminé leur œuvre ? Que finalement, Orpheus aurait succombé sans que je ne le sache. Ou bien plus tard, lorsque je ne l'aurais pas vu à Poudlard et que j'aurais appris sa mort par l'un ou l'autre des enseignants peuplant le Château. Est-ce que cela aurait bouleversé l'Eurydice d'alors ?
Peut-être. Ou peut-être pas, tout compte fait. Peut-être, aurais-je continué d'avancer tout en ne réussissant pas à mettre des mots sur une forme de manque. Une absence imputée peut-être au Yaxley en fin de compte. Et, parce que je ne parviendrais toujours pas à le verbaliser pour autant, je deviendrais d'autant plus odieuse et implacable.
... mais, il était là non ? Encore à moitié présent mais c'était déjà un bon début. Même s'il lui faudrait du temps pour se remettre pleinement. Que tout ceci n'était qu'une parenthèse bienvenue pour une suite dont je n'avais aucune prise. Un avenir somme toute assez incertain, mais ... il y avait cette voix qui me soufflait qu'on était liés, désormais. Que le fait de l'avoir sauvé, ce n'était pas le fruit du hasard. Qu'il y avait un Destin et que parfois, il allait bien au-delà de ce qui pouvait être compréhensible par le commun des mortels.
Le ressentait-il, lui aussi ? Alors que mon interlocuteur dans une hésitation quelque peu silencieuse, me demandait à nouveau de lui octroyer mon aide. Avec un sourire délicat et un hochement de ma tête rousse, je me penchais quelque peu en avant, quittant momentanément l'assise inconfortable de ma chaise, mais pas cette main à lui, qui se trouvait toujours dans les miennes. Dans un souffle, mais avec ce sempiternel sourire présent sur mes traits, je gardais l'une de mes mains liée à la sienne. Mes doigts évoluant sur son poignet avant d'arrêter leur course sur son bras, pour l'empoigner.
Mon autre main, quant à elle, évoluait sur son visage. Traçant du bout de mes doigts les circonvolutions et les aspérités, que je pouvais rencontrer. Notamment, celle inhérente à cette cicatrice barrant la majeure partie de sa joue droite.
- ... heureuse de te compter de nouveau parmi nous. Pas entièrement encore, mais c'est déjà beaucoup. Attendant qu'il en vienne à s'asseoir au bord de mon lit, j'en venais toutefois à lui poser des interrogations que j'estimais plus que légitime. Tu n'es pas nauséeux ? Ça va ? Ta tête ne te tourne pas trop ?
Il lui viendrait peut-être à l'idée prochainement de vouloir faire quelques pas ? En tout cas, si telle était sa volonté, je le soutiendrais. Et ce, dans le sens le plus littéral du terme. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 22:05 | |
| Des réminiscences que j’avais, je craignais de ne pas être en mesure de pouvoir bouger. Tel que ça avait été le cas alors que le froid se chargeait de faire son office. S’il était évident que ce n’était pas uniquement grâce à une bonne nuit de sommeil que je m’étais éveillé de ce cauchemar, je me questionnais malgré tout. Combien d’os de mon corps s’étaient trouvés brisés sous les coups ? Quelle rage avaient dû déployer mes agresseurs pour ainsi rompre certains d’entre eux ? Des vagues souvenirs que j’avais, il n’y avait pas que mon squelette qui avaient pris cher, et malgré la demande formulée auprès de la Gaunt, je sentais bien l’appréhension qui, peu à peu, m’envahissait. Elle serpentait aux frontières de ma conscience, parce que de telles douleurs, je ne voulais pas les revivre.
Eurydice, elle, par contre, semblait si sereine… confiante. Penchée vers moi, amorçant une aide future, ses doigts frôlaient cependant les traits de mon visage que j’imaginais dans un bien triste état. Quoique, de souvenir, ce n’était pas lui qui avait le plus pris. Et à ses propos, j’esquissais un très bref sourire, qui était bien plus de façade que réel. Cependant… je devais admettre que quelque chose me déboussolait dans son attitude. Et me touchait également. Car il y avait de la chaleur dans son attitude, à laquelle je n’étais pas habituée, et que dans le froid de ces ténèbres dans lesquels j’évoluais depuis plusieurs semaines -si ce n’est bien plus- la moindre petite flamme était d’un profond réconfort.
L’aide apportée par la Gaunt ne fut pas vaine, tout au contraire. Car j’avais beau faire mon possible pour masquer les signes d’inconforts, mais bouger mon corps était loin d’être une sinécure. Ma mâchoire s’était serrée, et mon visage crispé, sentant ce qu’on pourrait au minimum appeler des courbatures dans l’ensemble de mon corps. Mais je me doutais qu’il ne s’agissait pas de ça. En outre, mon abdomen me faisait salement souffrir, ce qui me fit avoir quelques sueurs froides au changement de position.
« Ca va… » mentis-je éhontément, en appuyant une main sur le matelas pour me stabiliser alors que la tête me tournait. « J’vais… j’vais pas prétendre que j’me porte comme un charme, mais… j’ai connu pire je crois. »
L’un comme l’autre nous le savions, vraisemblablement. Fixant un temps le sol, je pris une profonde inspiration, en espérant que ces vertiges passeraient rapidement. Il ne fallut finalement que quelques secondes pour que ma vision se clarifie de nouveau, mais il allait falloir que j’attende un peu avant de prétendre à me lever, si je voulais espérer tenir sur mes pieds. Je levais alors légèrement l’un de mes bras devant mes yeux, celui qui m’avait fait le plus souffrir, constatant alors en silence les énormes ecchymoses couvrant le peu qu’il m’était donné de voir. J’imaginais alors que le reste de mon corps serait dans un état similaire.
|
| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Dim 13 Oct - 22:45 | |
| Je l'avais bien perçue cette volonté de me rassurer par un sourire qui n'était que d'apparence. Même si, j'étais loin de me douter combien il devait souffrir, mon intuition me soufflait toutefois que ça devait être un martyr sans précédent. Que chaque parcelle de son corps, n'était alors faite que d'affliction et se mouvoir ... un supplice. Une affreuse torture par laquelle, il devait pourtant se soustraire, malheureusement. Car, s'il bougeait de nouveau, cela voulait bien spécifier une chose des plus importantes, n'est-ce pas ? ... il était certes abîmé mais bel et bien en vie.
Alors, pour l'y aider, je m'étais montrée délicate et à l'écoute. Ne le brusquant aucunement dans ses mouvements et attendant qu'il les exécute. Doucement. Lentement. Dans une chorégraphie à laquelle s'ajoutaient mes pas, parce que je ne le laissais point seul. Et, je ne voulais pas qu'il le soit. Plus maintenant, du moins. Peut-être, était-ce le fait de l'avoir trouvé esseulé et démuni, qui me troublait autant ? M'affectant alors, plus que de raison.
- Hum. Je n'y croyais bien qu'à moitié, voire pas du tout à son assurance bravache, mais je ne renchérissais pas à ses propos, avant d'inspirer à la toute fin de ces derniers. ... en effet.
À cet instant, l'étau de la vilaine Culpabilité qui venait enserrer ma gorge. Me rappelant combien j'avais été odieuse avec lui, lorsqu'il m'avait subtilisé cette place de Batteur au sein de l'équipe de Serpentard, ce qui avait alimenté mon courroux et décuplé ma rage. Combien j'avais été ignoble de lui briser une jambe, avant d'avoir la volonté de faire subir le même traitement à la seconde, tout ceci dans l'optique qu'il rampe. Qu'il s'agenouille ...
Alors, lorsque mon regard noisette le vit observer l'un de ses bras marbré de bleu et de rouge, de cette constellation étoilée qui n'avait rien de sublime, je le pris dans mes bras précautionneusement et ce, pour ne pas lui faire de mal. Sans un mot. Dans une étreinte maladroite, parce que je n'y étais pas sujette ordinairement. Il n'y avait dès lors que Nessie et Achlys qui pouvaient y prétendre. Mes cousins aussi, même si c'était extrêmement rare, l'affection prononcée chez les Gaunt.
... je laissais filer les secondes, alors que ce poids de tout ce que je lui avais fait subir, m'étouffait. M'excuser, je ne le faisais jamais. Parce que de mon point de vue, les autres étaient toujours en tort. Mais ici, il était temps, non ?
- ... je suis désolée ... Aussi de ce qu'il était advenu de lui dans cette ruelle, mais surtout- ... de- d'avoir été atroce avec toi. Ces mots, ils n'excuseront pas tout mais ... je suis sincère en te les disant. Pour une fois, de telles palabres m'avaient paru adéquates et véritables. Et, j'en pensais chaque mot avec certitude, murmurés contre le torse du Yaxley. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Lun 14 Oct - 15:05 | |
| Dès lors que mon regard se fut posé sur les marques bardant ma peau, c’était une sensation désagréable qui s’était peu à peu insinuée dans mon esprit. Un sentiment d’abandon. Car il s’agissait bien de ça, n’est ce pas ? Une désertion de la part de mes proches, de ma famille… ceux qui auraient dû être là pour me soutenir, ne serait-ce qu’un peu. Et qui, pourtant, m’avaient tout bonnement lâché, d’un coup de couteau dans le dos, en me remettant entre les mains des Goyle. Etait-ce à cause de mes récents échecs que je m’étais fait abandonner de la sorte ? Ou parce qu’au fond, je n’avais jamais été réellement compté dans les membres réels de cette famille pourrie jusqu’à la moelle ? Car là encore, il n’y en avait aucun à mes côtés. Aucun au courant de ce gouffre dans lequel j’avais manqué de sombrer de façon irrémédiable… et je n’étais pas sûr de vouloir qu’ils le soient, à présent. Parce qu’ils n’y auraient que des reproches en guise de réconfort.
Je ne sais si Eurydice perçut ce qui me tourmentait, et avait agi en réponse à tout ceci, ou si ce ne fut que le fruit d’un étrange hasard, mais… je sentis ses bras se refermer sur moi avec une étrange délicatesse, et sa tête se poser contre mon buste meurtri. Un geste auquel je ne sus pas vraiment quoi répondre. L’enlacer en retour ? Ça sonnait terriblement faux… Et je n’avais pas envie de jouer à ça. Alors je laissais les secondes s’égrainer en silence, acceptant simplement cette chaleur humaine que la Gaunt voulait m’offrir, et sans la repousser. Parce que je n’en avais ni la force, ni l’envie.
Mais lorsqu’elle reprit la parole, en quelques murmures maladroits, je sentis ma gorge se nouer. Ces moments, trop nombreux, que la Serpentard évoquait… je ne voulais pas y penser. Je ne voulais pas conscientiser que c’était bien la même personne, qui d’un côté m’avait pourri mon existence, et de l’autre l’avait sauvée… parce que j’aurais indéniablement du mal à passer l’éponge sur tout ça. Je ne pouvais tout simplement pas. Sans que je ne m’en rende compte aussitôt, mes poings aussi s’étaient légèrement refermés, sans que je ne fasse montre d’une quelconque hostilité pour autant. Mais elle était pourtant là, l’entière vérité… ce jour, Eurydice était la seule à me tendre la main. Je savais qu’il y avait une affaire de circonstances, que j’avais des amis qui en aurait fait tout autant s’ils avaient été présents, à leur manière tout du moins… et parfois il était bien plus aisé d’éviter une situation inconfortable que de l’affronter. C’est ainsi qu’on avait souvent fonctionné d’ailleurs… tant et si bien que ce propos me déstabilisait un peu. Alors, dans un souffle, j’acquiesçai simplement, pour lui faire comprendre que j’avais au moins entendu ses quelques mots.
Et le silence se prolongea de quelques secondes, avant que je ne le brise moi-même de quelques mots :
« Pourquoi tu fais ça…? »
Je ne parlais pas tant de l’étreinte, ou de cette tentative d’excuse, mais bien de ce tout, qui faisait que nous en étions là, elle et moi. Après tout, si me voir à l’agonie lui avait causé un cas de conscience, elle aurait très bien pu se contenter d’appeler des secours, ou quelque chose de ce genre. Or, là, j’étais dans sa chambre, et face à une personne que j’avais du mal à assimiler comme étant la même que celle qui avait participé à l’enfer de ma scolarité. Quelqu’un pour qui je nourrissais une certain rancoeur, si ce n’était davantage, ce qui me mettait fatalement dans une situation d’incompréhension manifeste de mes propres émotions à son encontre. Car d’Eurydice ou de la Gaunt, laquelle survivrait, finalement ?
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| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Lun 14 Oct - 15:40 | |
| À Poudlard, je ne m'étais jamais gênée pour montrer aux autres ce qui faisait ma supériorité. Ce sang pur qui circulait dans mes veines, tout comme ce nom de famille à la consonnance illustre qui m'octroyait à lui seul, une place de choix dans la société sorcière. Je n'avais jamais hésité une seule seconde à couper les ailes de ceux et celles qui voulaient s'élever plus haut que ce que leur misérable statut le leur permettait. ... et Yaxley, lui, en était l'exemple parfait.
J'avais fait en sorte que son quotidien demeure un calvaire, son existence ... une pénitence. Que chaque jour, il puisse se permettre de regretter un peu plus le fait de fouler cette terre que nous partagions. Et, je m'en étais amusée. Que de le voir souffrir mais ... toujours répondre avec cette pugnacité qui le caractérisait tant. Parce qu'il n'était pas de ceux et celles qui baissent les bras aisément ou ceux qui échouent lamentablement. Alors, j'en avais eu du fil à retordre avec lui, avec son esprit de rébellion.
Mais ici, force était de constater que j'étais totalement perdue dans ce que je ressentais. Que ma perception de sa personne, se trouvait altérée et c'était peut-être ce qui expliquait en partie la manifestation de cette étreinte que lui, tout comme moi, n'était pas en mesure de comprendre. Car, je l'avais faite sur l'instant. Sans réfléchir pour autant. Parce qu'il en avait besoin ? Autant que moi, pouvais-je dire.
Mes excuses, même si elles furent accueillies par le Serpentard, je savais pertinemment qu'elles n'étaient pas acceptées, mais qu'il les avait bel et bien entendues. Là aussi, le moment était propice pour le faire et je m'en étais saisi. Et- j'aurais dû la voir venir cette interrogation légitime, qui démontrait à elle seule, l'incompréhension totale d'Orpheus face à mes agissements envers sa personne. Ici encore, je ne savais pas l'expliquer ou peut-être que si en fin de compte.
Ça m'aurait peut-être rendue malade que de ne pas le voir une dernière fois, pour lui demander pardon ? Qu'il était en fait innocent, n'étant l'instrument que d'une machinerie sordide qui le broyait lui, à petit feu ? Et, qu'il était surtout bien plus humain que moi, elle était là, cette affreuse conclusion. Qui rajoutait une strate de plus à ma Culpabilité. Et par Hécate, ce qu'elle pouvait être insidieuse !
Tout comme lui, je laissais encore s'égréner les secondes de silence. Malgré qu'il se soit exprimé pour le rompre. Parce que je devais chercher mes mots, qu'ils soient les plus à même de traduire cette singulière situation dans laquelle nous nous trouvions. Me rasseyant à côté de lui, mes mains sur le rebord de cette couverture en laine émeraude, l'un de mes petits doigts vint chercher l'un des siens, dans une tentative vaine de me donner du courage. Pour affronter ce que je n'appréciais pas au demeurant. Mettre en mots, ce qui se tramait sous mes longues mèches rousses.
- ... parce que ... ce n'est pas humain ce que tu endures. Et, que tu l'es plus que je ne l'ai jamais été. Que ma haine à ton encontre n'avait pas lieu d'être et que tu n'aurais pas réagi de la même manière, si nos situations avaient été inversées. Un silence. Ce que je veux dire, c'est que ... ta vie importe autant que la mienne et que la nuit passée, elle a failli t'être ravie. Et, je crois que je ne l'aurais pas supporté ... c'est probablement pour ça, que tu te retrouves ici, avec moi.
Cette fois mon regard noisette vint trouver le sien, si similaire.
- C'est bien moindre comparé à tout ce que tu as enduré par ma faute, mais ... je n'avais pas envie de demander pardon à un fantôme. Pas un de ceux qui aurait pris ton apparence. Ça, il en était strictement hors de question. Et, il y aurait eu cet étrange manque, surtout. Qui serait survenu peu à peu, au moment de sa disparition. Et que, malgré moi, je n'avais pas eu envie d'expérimenter.
C'était peut-être de l'égoïsme que de l'avoir sauvé ?
- Je ne voulais pas que tu meures, seul. Tout simplement. Et, j'étais encore loin de me douter que rapidement, mon Épouvantard s'en trouvera modifié avec cette veille cauchemardesque qui faisait en sorte qu'Orpheus soit en ce lieu. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Lun 14 Oct - 16:54 | |
| La Gaunt, elle avait toujours fait partie des plaies de mon existence, se faisant aussi directe qu’une lame, et aussi sournoise qu’un poison, toujours avec cette volonté propre à certains des Vingt-Huit à vouloir me faire ployer. Et plusieurs fois elle m’avait fait flancher, ne serait-ce qu’un peu, même si j’avais toujours gardé cette farouche volonté de ne pas la laisser parvenir à ses fins. Ni elle, ni aucun de ses semblables. Et je la détestais pour ça.
Alors pourquoi ce revirement de situation ? Pourquoi affichait-elle un autre visage ? Etait-ce simplement parce que nous étions en dehors de l’enceinte du château, et qu’elle estimait que personne n’aurait connaissance de ces faits ? Qu’une fille comme elle, issue d’une illustre famille respectée, s’était abaissée à aider le rejeton d’une famille déchue et honnie. Ou avait-elle eu un cas de conscience, et avait-elle voulu l’alléger en me prêtant assistance en cet instant où nul autre ne l’aurait fait ? Mais dans ce cas… pourquoi cette surprenante douceur dans son attitude ? Pourquoi cette étreinte ? Autant de questions auxquelles elle ne semblait pas vouloir apporter de réponse, s’éloignant simplement pour simplement s’asseoir. Elle se défilait, n’est ce pas…?
Je laissais s’échapper un soupir, pas réellement surpris, finalement, de la tournure qu’avait pris la situation suite à ma question. Mais mon regard se porta sur sa main, lorsqu’Eurydice chercha à rétablir ce contact qu’elle avait elle-même amoindri, d’un de ses doigts accrochant l’un des miens. Celui de cette main qui m’avait servie à me stabiliser. Et là, contrairement à ce que j’avais pensé, elle reprit la parole d’une manière qui me paraissait aussi sincère que déroutante. Je fronçais légèrement les sourcils, accusant le coup. Ce n’étaient pas ses mots qui étaient blessants, mais bien l’affreuse réalité qui se trouvait derrière, entre les lignes. Tout ce que j’avais pris dans la gueule ces dernières années… ça avait été totalement gratuit. C’était pas mérité. Du moins pas à chaque fois. Et si c’était quelque chose dont j’avais conscience, l’entendre… c’était très différent. C’était douloureux, mais apportait aussi une forme de soulagement.
Alors, lorsque ses iris se levèrent pour venir rencontrer les miens, je me mis à les scruter, comme à la recherche d’une quelconque forme de malice ou de… je ne savais trop quoi, en réalité. Oh, j’aurais très bien pu répondre par du sarcasme, comme je savais si bien le faire. Faire taire tout ça, enfouir tout ce que je ressentais derrière mon assurance et ma provocation légendaire. Une bonne dose d’arrogance pour cacher la misère. J’aurais pu lui dire qu’elle avait fait ça pour avoir la conscience tranquille, et qu’elle allait pouvoir remettre le compteur de ses bonnes actions à zéro pour la nouvelle année, mais… non. Pas cette fois. Parce que je lui devais d’être en vie, et malgré cette amertume qui m’habitait, il y avait également une forme de reconnaissance.
« Okay… » dis-je simplement en détournant le regard.
Parfois, la fuite reste la meilleure des options, pas vrai ? J’avais beau avoir initié le sujet, maintenant que j’avais ma réponse, il était temps de passer à autre chose plutôt que s’y enliser. Mes iris parcoururent alors la chambre dans laquelle je me trouvais, s’accrochant aux divers détails mais s’attardant aussi sur les diverses portes. Des placards, mais pas uniquement…
« T’as une salle de bain ? » demandais-je.
Parce que, sans même être encore certain de tenir debout, à minima me rafraîchir le visage me ferait indéniablement du bien. En plus de peut-être m’aider à m’éclaircir les idées. Je n’envisageai pas spécialement une douche, même s’il était clair que mon corps devait être couvert de crasse, de sang, ou… j’ne savais trop quoi. Mais vu l’état similaire de mes vêtements, l’idée me semblait plutôt stérile.
|
| | | Eurydice Gaunt Puriste & Préfet Messages : 272
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Lun 14 Oct - 17:25 | |
| Ça me faisait bizarre d'accrocher mon petit doigt à l'un des siens. De frôler sa peau différemment, cette fois-ci. D'être douce avec celui pour qui j'avais toujours été une forme de némésis, sans m'en priver. Là, ce simple contact, il m'était étranger. Comme celui d'avoir effleuré son visage avec la pulpe de mes doigts lorsque je l'avais aidé. Et, ce n'était pas dérangeant. C'était la conclusion qui en résultait, qui l'était.
Parce que ... j'aurais pu en être privée. De ne plus voir cette silhouette, assortie d'un sourire qui défiait le monde et ceux qui avaient toujours l'intention de le mettre plus bas que terre. De faire ployer Orpheus, durement. Et, comme il ne se pliait pas à l'exercice, il était toujours judicieux de redoubler nos efforts. Parce qu'évidemment, je me comptais dans le lot. Car, plus il se rebiffait, plus j'en doublais mes ardeurs. Quitte à être véritablement cruelle.
Là, ce n'était pas ça qui se produisait. Surtout quand j'avais répondu à son interrogation avec le plus de sincérité possible. Une vérité absolue, qu'il ne croyait pas possible. Et pourtant- j'en pensais chaque mot. Et, je ne les avais pas édulcorés. Ils étaient bruts et vrais. À son seul mot d'assentiment à mes propos, j'eus un mince sourire. Gardant son petit doigt proche du mien, liés peut-être de la plus symbolique des manières, ce faisant. Ce fut lorsqu'il reprit la parole à nouveau, que j'haussais un sourcil.
J'avoue que j'avais presque oublié de lui demander s'il ne voulait pas se rafraîchir un peu, ou même prendre une gorgée d'une boisson rassérénante. Se sustenter, je n'en étais pas certaine mais il pouvait peut-être essayer ?
- La porte, là. Juste en face de toi. Est-ce qu'il allait parvenir à se redresser seul ou étais-je encore susceptible de l'aider ? Ne réfléchissant que bien peu de temps, je pris de nouveau sa main dans la mienne, l'autre évoluant dans son dos pour le soutenir. ... stabilise-toi. D'accord ? Attendant quelques secondes dans cette position où il fut debout, je me pliais à sa volonté de faire ces quelques pas qui nous conduiraient jusqu'à la salle de bain attenante à ma chambre.
Je savais qu'être diminué de la sorte était sûrement une épreuve pour lui et que de demander de l'aide était sensiblement une honte. Mais à cet instant, je m'en fichais royalement. Ce n'était pas important.
- Orpheus ? Ça va ? Lui demandais-je doucement, tout en tournant ma tête vers lui, souhaitant qu'il me le confirme. ... tu peux te tenir à moi. Je ne te laisse pas tomber. Je lui octroyais un sourire, tandis que je maintenais ma prise avec délicatesse, à la fois avec ma main et dans son dos. |
| | | Orpheus Yaxley Puriste & Quidditch Messages : 249
| Sujet: Re: I don't know who you are | Orphice Lun 14 Oct - 19:38 | |
| Plus les minutes défilaient, et plus je prenais conscience de mon corps, à présent que je parvenais un tant soit peu à le bouger. Et j’avais l’impression d’avoir un poids énorme sur les épaules, qui le rendait alors si difficile à bouger. Il y avait cette fatigue immense, présente dans chacun de mes muscles, comme s’il avait fallu que j’y puise la moindre once d’énergie pour remonter à la surface. Peut-être était-ce réellement ce qu’il s’était passé après tout. En outre, je sentais, ou du moins je devinais, les ecchymoses qui couvraient ma peau, à ces zones pour le moins sensibles même lorsque je ne bougeais pas. Et encore, sans doute avaient-elles étaient amoindries par l’action de quelques sortilèges ou potions.
Mais lorsque j’avais levé mon bras devant mes yeux précédemment, pour y découvrir l’état de ma chair, j’avais également constaté la crasse qui s’y trouvait. Le peu de peau n’étant pas marbré se devinait sous des constellations de sang séché ou de terre.
Je relevais alors les yeux sur la porte que m’indiquait la Gaunt. A la fois toute proche, et pourtant si loin compte tenu des capacités que je m’estimais avoir en cet instant. J’acquiesçai légèrement, prêt à tenter le coup, mais fut devancé par Eurydice, qui s’était d’ores et déjà levé en se saisissant de ma main, et m’aidant d’un appui solide dans mon dos. Si ma mâchoire se crispa, je ne protestai pas pour autant, et acceptais l’aide de bonne grâce. Aide qui fut plus que bienvenue, quand le changement de position m’occasionna un sale vertige. Et j’étais bien incapable de dire si c’était dû aux douleurs dans mon abdomen, ou à une maudite hypotension. Sans doute un peu des deux, dirait quelqu’un de qualifié.
J’expirai un souffle, le temps que le sol -la pièce même- cesse de tanguer, puis tentais quelques pas. Lentement. Car si je sentais mes jambes assez solides, mes muscles, eux, protestaient plus que de raison. Et je ne voulais même pas savoir dans quel état ils étaient !
« Ouais… ça va. » répondis-je entre mes dents sans la regarder, davantage concentré sur mes mouvements.
J’avais bien conscience qu’elle disait vrai, et qu’Eurydice ne comptait pas se dérober à cette tâche qu’elle s’était elle-même attribuée, mais… je ne voulais pas m’appuyer réellement sur elle. Pas plus que je ne le faisais déjà lorsque des vertiges me prenaient.
Et ce trajet, de quelques secondes, me parut durer une éternité. J’étais en nage, mais également frustré de me retrouver dans un tel état pour un si maigre effort -théorique- fourni. Lâchant alors la main d’Eurydice, je me cramponnai d’une main à la céramique du lavabo, tout en ouvrant le robinet de l’autre, pour allégrement m’asperger le visage. Je me moquais bien de tremper mes vêtements, le contact de l’eau sur mon visage me faisait un bien fou, même si la vue de cette saleté, mélange de terre et de sang, se mêlant au liquide pour lui donner une teinte sombre, me laissait à penser que j’étais dans un bien triste état.
Ramenant mon autre main sur la faïence, je repris mon souffle, avant de me décider à affronter mon reflet dans le miroir surplombant le lavabo. Et j’eus un rire sec.
« C’est pas fameux, hein…? »
L’une de mes pommettes semblait avoir souffert d’un coup plutôt rude, au point d’y laisser une cicatrice récente, et une belle ecchymose, mais mon regard se porta sur les marques de mon cou, avec une certaine circonspection. Lentement, je penchais ma tête, dégageant ma gorge, et frôlant les marbrures du bout des doigts.
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