LILY || Will Rock You

La vie d'adulte se constituait de choix. Il était évident que certains d'entre eux n'étaient guère aisés à prendre - sans doute parce qu'une fois adulte, il n'y avait plus personne d'autre que soi-même pour se rendre responsable des conséquences inévitables. Prise de risque nécessaire, le choix que Lily avait pris était simple : quitter la maison de ses parents. Il était temps - presque six mois s'étaient déjà écoulés depuis la fin de ses études à Poudlard, et bien qu'elle enchainait les heures à Sainte Mangouste pour s'assurer un avenir dans le médicomagie, elle devait admettre que rentrer tous les soirs sous le toit de ses parents n'avait plus rien d'agréable. Moins encore depuis que sa soeur - Pétunia - l'accueillait avec de vindicatives remarques et des regards courroucés.
Une fois encore, son fiancé Vernon s'était invité pour le week-end. Un jeune homme moldu pour le moins inintéressant et qui donnait envie à Lily que courir dans les bras de James Potter (sans prendre en compte le fait que le dit-Potter était son petit ami et que cette envie n'avait rien de si désagréable à présent). Tu nous donneras des nouvelles régulièrement, n'est-ce pas Lily ? Sa mère s'assurait une fois encore qu'elle avait bien glissé dans ses valises les plats en sauce et les apple pies qu'elle avait cuisiné la veille, de peur de voir la jeune sorcière mourir de faim. Elle sourit pour réponse, avant de croiser le regard de Pétunia qui se tenait sur le canapé en faisant mine de n'avoir aucun intérêt à ce qu'il se passait sous ses yeux.

N'as-tu jamais essayé d'être normale, Lils ? La question était sans cruauté, posée par une gamine perdue qui ne voulait surtout pas voir son monde bouleversé. Pourtant, la magie de sa soeur n'était pas nouvelle - cela faisait des années qu'elle en était témoin, essayant vainement de se persuader que tout cela n'était qu'un rêve. Lily la fixa un temps, se demandant bien ce qu'elle pourrait répondre pour ne pas parfaitement brisé ce qu'il pouvait subvenir de cette relation avec Pétunia. Parce qu'elle l'aimait - malgré tout - ne pouvant s'empêcher de regretter parfois d'être différente au point de n'être plus acceptée par elle. Monstre murmurait-elle parfois sur son passage, dans des grognements cruels et apeurés. Parce que Lily savait - elle avait lu assez de romans et entendu assez d'histoires pour comprendre que sa soeur la détestait par peur de ce qu'elle était. Par peur de ce qui les séparait. Tuny... Murmura-t-elle, s'approchant de son ainée pour lui prendre les mains. Sans savoir que cette presque étreinte sera la dernière entre elles. Il n'est rien de plus triste que de préférer être normale à exceptionnelle.

Elle embrassa son père, enlaça sa mère, ignora le sourire en biais de Vernon et Pétunia qui faisait mine de n'avoir pas remarqué ce qu'il se jouait. Je vous envoie un message dès que je suis installée. Assura-t-elle, sourire en place avant de quitter le quartier moldu qui l'avait vu grandir. Elle attendit au coin du quartier l'arrivée du Magicobus - celui-ci la mena jusqu'à la maison que les Maraudeurs habitaient - elle avait demandé à être hébergée le temps de trouver un appartement ou de finir par vraiment devenir une Potter - après tout, dans une vie aussi exceptionnel, tout pouvait encore devenir possible.




Le calme s'était installé dans la maison des Maraudeurs - le sobriquet n'était plus si véridique mais faute de mieux c'était toujours en ces termes que Lily désignait. Elle se trouvait au-dessus d'un ouvrage de médicomagie, révisant les flux magiques pour faciliter les guérisons et utiliser les onguents de la manière la plus efficace. James était absent, partit s'entrainer en vue des prochains championnats nationaux de Quidditch. Harry était à ses affaires - comme souvent ces temps-ci. Remus était tout juste revenue de presque deux jours de surveillance sans arrêt et prenait une douche. Quant à Sirius - Sirius était partie il y a trois mois déjà, essayant de se battre contre ses instincts pour devenir un homme meilleur. Fut un temps cette simple idée - que Sirius Black puisse devenir quelqu'un de bien - l'aurait faite lever les yeux au ciel. Mais elle voulait y croire maintenant. Elle voulait y croire d'autant plus qu'elle voyait comme Remus souffrait de cette absence.

Quand il revint dans la pièce, il s'appuya un temps sur la cuisinière comme pour chercher l'inspiration. Elle se redressa, quitta son livre des yeux et sourit tristement à son meilleur ami. Assieds toi, j'ai de quoi te faire plaisir. Assura-t-elle, posant une main douce sur son épaule avant de sortir du réfrigérateur un steak qu'elle avait mis là en revenant de sa journée à Sainte-Mangouste. C'est un truc qu'elle cache souvent au fond, avec les légumes, pour être certaine que cela profite à Remus, et pas aux autres. Elle sort la poêle, le steak, un fond de beurre et des frittes qu'elle a gardé de son fish and chips post-formation. Le posant devant lui, elle en profitant pour prendre deux bières moldues - après tout, il était le mieux placer pour savoir qu'elles étaient meilleures que les bières sorcières.

Elle s'assura que tout était bien en place - comme toujours depuis deux ans. La bieraubeurre, les bonbons au miel, et surtout la part de gâteau au chocolat qu'elle allait chercher tous les mois auprès des Elfes de maison de Poudlard. Jamais ils ne posaient de question - faut dire qu'elle savait se rendre agréable et qu'elle leur parlait toujours avec gentillesse et douceur. Mais cette fois - cette fois elle ne fut pas assez rapide, ou alors Remus avait passé une meilleure pleine lune que les fois d'avant. Alors qu'elle mis une fourchette sur la part de gâteau, elle entendit un grognement et le Gryffondor ouvrit les yeux sur elle.
Un moment suspendu, avant qu'il ne fronce les sourcils et qu'elle ne lui sourit. Lily ? Elle s'assit - incapable de courir se cacher cette fois. Salut Remus. Comment tu te sens ? Demanda-t-elle - parce que c'était toujours la question qui la taraudait, jusqu'à ce qu'il revienne en cours, deux jours après la lune pleine. Il resta interdit un moment, avant de se rendre compte que son drap était tombé sur son torse marqué de griffures et de cicatrices qu'il cacha. Elle ne l'en empêcha pas. Mange un peu de chocolat - tout ira mieux après. Dit-elle avant de se pencher sur son front pour l'embrasser et de partir.

Elle a pas cessé de prendre soin de lui - puis lui d'elle. Quand elle a été blessée, quand elle a été brisée, quand elle a douté - ils sont devenus inséparables dans un monde qui ne voulait pas d'eux. Pour se rendre meilleurs, plus forts, plus indestructibles. Remus est son alter égo, cette part d'elle qui hurle à la lune de bien vouloir la laisser exister. Il brûle de la même rage - de cette même injustice qui les rend meilleurs que les autres.



Il dort, ronflant doucement sans pour autant être désagréable - pourtant c'est le genre de bruit qui peut vite faire tourner fou. Il dormait, profondément, son corps allongé sur le sol du toit terrasse qu'ils avaient aménagé - rien qu'ils ne puissent pas faire par magie. Et James était un romantique, désireux de la rendre folle sous les étoiles, sous la lune - que la nuit leur appartienne comme le reste du monde maintenant qu'ils s'aimaient. Et il hurlait à la lune, ses sentiments impudiques offerts au monde parce que simplement j'ai toujours rêvé de hurler que je t'aime, Lily Evans, alors même toi tu ne pourras pas m'en empêcher. Alors elle le laissait faire, jusqu'à ce qu'il s'effondre. Un rire sur les lèvres, un ronflement, et puis le silence. Dans le silence elle sentait la morsure du froid sur sa peau nue. Elle reprit leurs vêtements, préféra mettre ceux de James et le laissa dormir avec une couverture qu'elle réchauffa par un sortilège. C'était étrange, de voir James si libéré.
D'aimer le voir si libéré. Et de cesser de rougir pour préférer rire.

Elle grogna, fulminant sur sa chaise pour - encore une fois - relever le regard et les trouver comme des idiots en train de rire derrière une rangée de livres. Elle se leva, la baguette à la main et l'envie d'en découvre. Jamais vous cessez d'être des idiots ? Demanda-t-elle, excédée, en trouvant Potter et Black assis en train de feuilleter des ouvrages de métamorphose. Ils se turent - Potter avec son air de niffleur à Gringotts et Black avec des ténèbres dans les yeux. Faites preuve d'un peu de maturité pour changer, et aller quelque part où personne ne souffrira de vous voir agir comme les crétins indifférents que vous êtes ! Elle entendit la réprimande du bibliothécaire mais l'ignora.
Ses yeux se gorgèrent de larmes, réalisant que c'était sa voix qui avait brisé le calme de la pièce. La honte la pris et lui serra la gorge. Rouge, elle se recula alors et retourna à sa place prendre ses parchemins pour s'en retourner aux dortoirs. Elle détestait cela - se faire remarquer, se faire rabrouer, ne pas respecter les règles, ne pas être parfaite. Parce qu'elle savait qu'en étant moins que parfaite, elle devenait la cible des cruautés des autres. C'est finalement Potter qui la retrouva, quelques minutes plus tard à peine. Quoi encore ? . Mais il ne dit rien - il posa devant elle le livre sur lequel elle travaillait et il partit. Sans un mot. Sans un regard moqueur ou un sifflement appréciateur. Simplement, il lui ramena son livre en silence, posant un pied dans son quotidien de l'ombre plutôt qu'en essayant de l'éblouir par ses impudeurs. Et elle en fut touchée.

La nuit était éblouissante. Le monde était brûlant - bruyant de mille hurlement, de klaxons, de musique qui résonnait jusqu'à eux. Et elle sourit - se levant finalement pour inspirer l'air de la nuit, et pour rire sous les étoiles à son tour : J'AIME JAMES POTTER. hurla-t-elle, le répétant encore et encore jusqu'à ce que James l'attire contre lui et l'embrasse encore.



Il arrivait qu'elle le voit partout - que ce soit une impression ou une réalité, elle ne saurait le dire mais c'est alors que les rêves commençaient et que la nostalgie lui reprenait la gorge. Elle ne pouvait pas s'en empêcher - il était un regret qu'elle porterait jusqu'à la fin de sa vie, et elle le savait pertinemment. Elle l'avait aimé, c'était le premier à avoir eu droit à sa confiance aveugle, à son affection, à son amour d'enfant, pur et innocent. Elle l'avait aimé comme on aime à sept ans : convaincu que jamais l'existence ne sera sans cette amitié, qu'ils pourront combattre dragons et magiciens pour être toujours ensemble. Que rien ne pourrait les séparer parce qu'ils sont parfaitement bien à deux. Ils se comprennent. Ils se devinent. Et surtout : ils se protègent.
La dernière fois qu'elle crut voir Severus Rogue, il portait une longue cape noire qui lui rappela qu'il était marqué comme un mangemort et elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

Dorcas lui avait dit que Severus Rogue voulait la voir. Qu'il se trouvait dans le couloir devant Gryffondor et hurlait son nom. Elle se demanda ce qu'il arrivait dans la tête des garçons pour autant aimer être bruyant. Agacée, elle sortit pour le rejoindre - Tu vas arrêter de hurler comme ça Severus ?! Demanda-t-elle, le regard tourné vers les tableaux qui semblaient subir le désagrément avec beaucoup d'agacement. Je devais te parler Lily, s'il te plait. Je suis désolé, je n'aurai pas dû te parler comme ça et ce qui est arrivé à Emmeline c'es- Non, tais toi.   Elle leva une main majestueuse, brûlant de colère et de souffrance face à son meilleur ami. Son ancien meilleur ami. Tu vas repartir dans ton dortoir, parce que tu n'as aucun droit d'être ici après le couvre-feu. Tu vas rejoindre tes amis sangs purs, ceux qui ont fait tant de mal à Emmeline - au point qu'elle doive rentrer chez elle au milieu de la nuit. Tu vas continuer ta vie, tes études, tu vas être diplômé de Poudlard et tu décrocheras le métier de tes rêves - tout cela sans plus jamais m'adresser un mot.

Des mots il y en eut d'autres, mais chaque fois elle répondit par le silence. Elle essaya de le détester - pour Emmeline, pour Dorcas, pour elle-même. Pour les attaques, la peur, la guerre qui s'immiscer partout et les détruisait. Mais elle s'en trouvait souvent incapable, se rappelant du gamin qui lui avait murmuré qu'elle n'était pas un monstre, qu'elle était douée, qu'elle était magique. Le gamin qui lui avait ouvert les portes de ce monde auquel elle appartenait sans le savoir. Le gamin qui l'avait rassurée, qui l'avait guidée, qui lui avait donné confiance en elle.
Le garçon qui avait humiliée les nés moldus en les insultant cruellement. Le garçon qui s'en prenait aux plus jeunes, arguant qu'il était assez puissant pour les détruire tous. Le garçon qui avait créé des sortilèges pour voir ses ennemis se vider de leur sang. Le garçon devenu mangemort, par ivresse de pouvoir.
Pourtant elle ne pouvait pas le détester - elle préféra l'oublier.



C'était une effervescence étrange qui s'empara de Sainte-Mangouste ce jour-là. Un étage entier qui avait été privatisé, l'accès interdit à certains employés triés comme s'ils avaient une maladie particulièrement cruelles dans les veines. Lily ne m'y guère de temps à constater qu'il n'y avait que des sangs purs pour se rendre au troisième étage - la chose était déjà arrivée, disait-on, pas moins d'une année auparavant. Les sourires se faisaient extatique - il se tramait une chose qui mettait le monde magique en émoi. Un de ces évènements qui laissaient Lily perplexe mais lui rappelait les moldus qui s'extasier des articles sur les célébrités qui se mariaient ou changeaient de coupe de cheveux. Une célébrité - si comptait que cela en soit une véritablement - se trouvait entre les murs de Sainte-Mangouste pour donner naissance à son bébé.  

C'est en croisant Evan Rosier, à l'accueil de l'hôpital, qui réglait quelques dossiers magiques, qu'elle réalisa alors ce qu'il se passait. Elle connaissait Evan Rosier depuis longtemps - leurs études communes avaient été assez pénibles pour qu'elle en garde un souvenir amer. Comme la plupart des nés moldus et sangs mêlés de ses années à Poudlard. Mais c'était parfois plus encore - juste à le voir, une sueur froide lui remonta le long du dos, elle resta figée, incapable du moindre mouvement, son coeur s'emballa et elle perdit le souffle. La panique l'étreignit et elle ne sut dire pourquoi.

La douleur fulgurante la foudroya violemment. Le poignard accroché à son corps la faisait saigner abondement. Le cri s'évanouit sur sa langue et elle tomba. Le sang coula sur son badge de préfère - raison à sa présence dans les couloirs la nuit après le couvre-feu. Elle savait mieux qu'à ne pas respecter les règles, Lily. Elle savait mieux qu'à se faire remarquer, Lily. Elle était de ces élèves modèles qui aimaient se faire oublier - réalisant à peine que la honte devait changer de camp. Est-ce qu'elle payer ses pensés révoltées à présent ? Elle se laissa tomber contre le mur froid de Poudlard, la pierre lui léchant la peau tandis qu'elle se laissait choir sur les dalles. Et devant elle, la silhouette immense au masque argentée.
Le Mangemort devait sourire de son hardiesse. Il ne dit mot, laissa juste la lame du poignard ensanglanté briller sous la lune. Le sang glacé, le venin s'empara de son esprit et elle perdit connaissance en ne gardant à l'esprit que ce parfum masculin qui lui faisait monter la nausée.

Il passa près d'elle, sans la remarquer - après tout qui pouvait-elle être pour lui ? Personne. Rien qu'une silhouette de plus, une ombre dans un monde où lui régnait en duc. Duc, prince, comte - les sangs purs et leur hiérarchie à eux pour régner sur leur monde. Elle ouvrit la bouche mais ne put prononcer un mot - la prochaine fois peut être, se sentira-t-elle assez courageuse pour se hisser sur son piedestal. Mais il passa près d'elle sans la voir mais ne laissa derrière lui qu'un parfum masculin, qui lui fit monter la nausée.



C'est terminé. Ca la foudroie de l'intérieur, les mots résonnant entre eux dans le silence de la maison. Aucun des autres n'est revenus des funérailles. Aucun des autres n'est là pour s'immiscer dans la dispute qui s'est engagé comme un duel entre les deux amants. Elle reste pantoise, la voix chancelante, le souffle court. Elle le fixe, sachant pas comment prendre les paroles qu'il lance alors avec certitude. Elle le croit - elle aurait pu douter en minimisant l'aspect dramatique de la déclaration, l'intimant à aller dormir pour en rediscuter demain, puis oublier sur le chemin de remettre sur le tapis des mots si glaçant. Mais il est sûr, James, quand il lui jette que c'est terminé. Non la vie d'un presque-fils revenu du futur. Non la vie d'adolescent qui s'est arrêté à la porte de Poudlard. Non la guerre qui voit son ennemi anéanti. Mais eux. Ce truc qui vibre entre leurs coeurs amoureux - ce truc qui doit à présent se taire pour laisser rien de mieux que les regrets et les remords.
Eux. James et Lily. C'est ça qui est terminé. J'suis certain que je peux pas continuer après ça, Lils. Je... Je vois pas comment. Elle voudrait trouver les arguments, trouver les mots pour le garder près d'elle. Elle voudrait, mais trouve rien à rétorquer. Son regard glisse plutôt vers la fenêtre où glisse un ciel sans lune.

C'était la perfection - il n'y avait rien qu'elle imaginait de plus pour se rendre heureuse. Portant un pantalon rouge à carreaux, des docs marteens d'un genre parfait, et une chemise de James nouée à sa taille, Lily se promenait dans les rues de Camden avec les trois autres Maraudeurs près d'elle et Harry à son bras. Sirius et Remus qui ne cessaient de se chamailler pour des frittes - et James qui jouait à compter les points. Puis le soleil qui brillait presque au-dessus de Londres. Le temps tournait vite, alors qu'ils se promenaient dans ce coin moldu, pour rejoindre un bar connu pour ses musiciens branchés - ceux qui hurlent l'appel à la révolte et l'envie de liberté. On devrait s'louer une voiture pour cet été et suivre les Doors en tournée. Pas moyen pour Remus qui trouve rapidement à redire au choix du groupe - Sirius qui lance que si c'est pour ABBA il aime autant retrouver un boulot. Puis James qui sourit juste - Ou on pourra conduire jusqu'à la mer et nager jusqu'en France pour manger des crèpes. Et l'idée si folle semble pas si désagréable - parce que tout est parfait et même la pluie qui tombe dehors semble pas capable de faire perdre à Lily le sourire qu'elle tient sur la gueule.

Elle sent que les larmes coulent sur ses joues - mais trouve pas à répondre. A la place, elle s'avance vers James, peut pas s'empêcher de vouloir le sentir contre elle une fois encore; elle l'étreint, laissant aller contre lui les larmes de la douleur de cette perte qui les a séparé finalement. Je vais prendre mes affaires. Souffla-t-elle sans faire un geste de plus, sentant qu'il s'accroche à elle avec la même force désespéré. Celle des êtres vivants qui ont vu leur avenir leur être arraché.



Elle resta un moment devant l'entrée de la chambre, se demandant bien si elle avait droit d'y mettre les pieds. Elle savait qu'Harry n'y avait pas beaucoup dormi - elle avait été prévue pour lui sans que réellement il ne l'occupe. Il préférait dormir chez Euphémia et Fleamont. Mais c'était malgré tout sa chambre. Elle y entra, fermant la porte derrière elle. Elle posa ses affaires - elle ne pouvait décemment pas retourner chez ses parents et après tout ce qu'il s'était passé Remus refusait qu'elle ne quitta la maison. Elle partirait sans doute - un jour - quand elle aura assez d'argent de côté et d'envie pour avoir son indépendance. Mais il était si plaisant d'être entourée. Si plaisant d'être auprès de cette famille qu'elle ressentait être la sienne. Pourquoi s'en priver ? Pourquoi partir ?
Elle s'assit sur le lit et prit sur la table de chevet la photographie magique qui y siégeait. Ils y étaient tous : Peter, James, Sirius, Remus et elle - le dernier jour à Poudlard.

Penchée sur la fenêtre du salon, elle souriait en écoutant les autres derrière elles qui continuaient à faire tourner la bouteille et à savourer de vivre enfin en adulte loin des murs de Poudlard. Une fête - avant que certains ne partent sur les routes, que d'autres retrouvent des familles aimantes et démarrent des formations pour devenir adulte. Et à cela s'ajoutait des secrets qui lui furent révélés : comme l'identité d'Harry Potter, venu d'un futur dramatique pour les sauver tous. Son fils. J'espère que tu ne m'en veux pas trop, Lily ? De t'avoir menti. Demanda-t-il en s'approchant d'elle, prenant place à ses côtés. Elle se tourna vers lui, souriant doucement face à ce visage si familier à présent. De n'être pas venue me voir pour me dire que tu étais le fils que j'aurais avec James Potter dans le futur et qui est revenu pour nous sauver d'une mort certaine ? Demanda-t-il, moqueuse et taquine, bien que tendre malgré tout. Elle le regarda, reconnaissant ses orbes vertes qu'ils partageaient. Tout cela lui semblait si évident à présent - comment avait-elle pu ne rien remarquer jusqu'alors ? Je suis contente de le savoir cela dit. Et je suis rassurée. Il fronça les sourcils, dans une mimique qui appartenait parfaitement à James : Parce que même si tu as pris le charme des Potter, tu as pris de moi aussi. continua-t-elle. Je sais : les yeux. Elle secoua la tête : Non. Le sourire.

Il était mort, Harry. Pour sauver Regulus. Pour tuer Voldemort. Pour les sauver tous. Et pourtant - il y avait cette chose en elle, cet instinct étrange qui s'éveillait en hurlant que tout n'était pas perdu. Que la vie était un cycle. Que la magie devait préserver son équilibre. Qu'Harry ne les quitterait jamais, souriant encore sur cette photo qu'elle avait décidé de garder.
La vie continuait.
La vie gagnait à la fin du combat.
Toujours.