Les hurlements ne cessent pas une seconde dans le manoir familial des Lestrange, ce lieu qui a vu défiler des dizaines de membres formant la noble et grande famille des Lestrange à travers les siècles. Les deux enfants, les deux aînés sont assis l'un à côté de l'autre et ne bougent pas, ils ressemblent à des statues de cire qu'on aurait oublié là. Pourtant il y a de la vie, tout autour d'eux les médicomages s'agitent, les sage-femmes aussi et leur propre père fait les cents pas devant la porte close de cette chambre où l'on ne cesse de réclamer des linges propres et de l'eau chaude pour aider la femme qui souffre. Cette femme, une Selwyn de naissance, peine à extirper de son corps en souffrance le bébé qui devrait être déjà là depuis plusieurs heures. Un garçon d'après les espoirs de toute une famille, le père Lestrange possède déjà deux fils mais quel prestige si il avait trois héritiers pour faire perdurer son nom ! La question ne se pose pas pour le moment, si ce n'est que l'accouchement se passe mal et que Rodolphus ne laisse échapper aucun son pour témoigner de son inquiétude, de toute façon il n'en a pas le droit. Un homme doit être fort, fier et puissant, il ne doit pas se laisser dominer par ses émotions d'après les enseignements de son paternel alors il ne dit rien. Parfois sa respiration se coupe quand un hurlement de douleur est plus fort qu'un autre puis il reprend silencieusement, attendant que quelque chose bouge enfin. A ses côtés Rabastan pose parfois des questions mais face au mutisme de son aîné, il garde lui aussi le silence. Tout cela est lourd, pesant jusqu'au moment où un médicomage sort de la chambre pour quémander au patriarche de venir de toute urgence. Et lorsqu'un nouveau hurlement plus aïgue que les autres se fait entendre, Rodolphus comprend que l'enfant est né.
« Qu'est ce qu'il se passe, Rhody ? » « Je ne sais pas, Rabi. » Ne s'attendant pas à une réponse, le cadet sursaute en entendant la voix de son frère. Mais Rodolphus comprend, en croisant le regard de son père qui sort de la chambre, que l'enfant est venu au monde mais qu'ils n'auront plus leur mère à leurs côtés, à l'avenir.
La petite fille est une sœur agréable pendant des années, jusqu'à ce qu'elle se mette à parler et qu'elle s'oppose à Rodolphus en tout ce qu'il fait. Elle est plus douée, plus intelligente, parfaite aux yeux d'un père qui a perdu une femme mais dont la fille devient rapidement la préférée de la famille. Et malgré tous ses efforts c'est peine perdu, il se bat contre une tempête bien trop violente qui le laisse souvent sur le bas côté. Rabastan semble discret et effacé, traîté comme un presque idiot là où Rodolphus rugit encore comme un lion pour faire entendre sa voix. Et qu'elle voix ! Plus les années passent et plus il s'oppose à son paternel et à sa sœur. Leur père n'est pas cruel mais c'est un homme intransigeant et difficile à satisfaire, du moins pour ses fils qui ont du mal à lui arracher un bref sourire. D'ailleurs le père Lestrange n'est pas du genre à sourire, si ce n'est à vaguement approuver leurs devoirs et leurs jeux en agitant doucement la tête et encore, pas souvent. En revanche quand il est question de Raven alors il ne ménage pas ses sourires et n'est pas avare de compliments, même lorsqu'elle se montre aussi capricieuse et têtu que les deux aînés. Alors Rodolphus sent grandir en lui de la jalousie et une colère mal contenue, dirigée vers cette sœur bien trop encombrante qui prend toute la lumière pour elle.
Et parce qu'il est l'héritier alors on lui parle de cette Confrérie de Morgane, à peine une semaine avant qu'il ne rentre à Poudlard. Il est fier d'avoir cette chance qui lui est enfin donnée, celle de faire ses preuves et son paternel lui annonce directement que sa place n'est pas acquise, qu'il devra se faire remarquer et la gagner au prix de nombreux efforts alors Rodolphus travaille plus encore, surtout sa magie dès qu'il entre à Poudlard et se retrouve dans la noble maison de Salazar Serpentard. Il est bon élève et surtout excellent en métamophose et en sortilèges, ce qui lui permet de gagner de nombreux duels dans le club associé à cette discipline. Rabastan le rejoignit bien rapidement et par chance, cela permis à Rodolphus de garder un œil sur son frère trop discret. Les mauvaises langues jurèrent qu'il avait une mauvaise influence mais au moins, Rabi n'était pas seul et surtout, il pouvait comme toujours compter sur son frère. L'ambiance à Poudlard, donnant à Rodolphus un semblant de confort et de paix, contrasta violemment avec celle de leur demeure familiale où l'apparente froideur de leur père fini d'attiser la colère d'un Rodolphus adolescent ne comprenant pas comment un paternel puisse se montrer aussi distant avec ses fils. Ce qu'on lui cacha jusqu'alors fini par exploser un soir, quand leur paternel confia à Rodolphus que pour être grand maître alors, un sacrifice était nécessaire. Leur famille, associé au Cancer, dû sacrifier l'amour afin d'atteindre ce poste important et Rodolphus osa demander ce soir là, si leur mère aurait pu être sauvée le jour de son accouchement. Le silence venant de leur père confirma le pire et commença à briser la confiance de l'aîné, alors déjà difficilement intacte.
Mais le pire arriva lors d'une leçon donnée par leur père à ses trois enfants, une leçon sur le pouvoir que Rodolphus fut incapable de comprendre encore aujourd'hui. Lui déclara que le pouvoir se tenait par le sang, quoi de plus important et puissant justement que les liens du sang ? Que ce soit familiaux ou simplement grâce à la pureté, d'après lui rien ne pouvait être plus important que ça. Rabastan déclaré que le pouvoir venait du savoir et cette réponse aussi fut réfléchie, en effet qui détient le plus grand savoir au monde détient aussi le plus grand pouvoir. Et leur sœur déclara que le pouvoir n'est autre que le pouvoir, une réponse qui laissa Rodolphus perplexe et qui lui valu une leçon des plus douloureuses. L'Endoloris qui suivit lui fit l'effet d'une sensation terrible lui tombant dessus, comme si soudainement son corps était en feu et que le seul espoir de rédemption pour lui se trouvait dans la mort pure et simple. Cette douleur le choqua, plus encore parce qu'elle fut envoyée par leur père et si avant cela il n'avait déjà pas beaucoup d'affection pour lui alors, Rodolphus se retrouva privé de tout sentiment d'amour pour leur paternel à cet instant. Une fois encore Raven s'en tira avec les lauriers et Rodolphus se retrouva choqué pendant des jours suite à cette torture injustifiée et terrible. Ne dit-on pas qu'il faut vraiment vouloir la souffrance de l'autre pour lui infliger ça ? Comment un père de famille peut détester son fils à ce point, qu'il puisse le torturer ainsi ?
Ne trouvant plus son bonheur chez lui, Rodolphus se rapprocha de la famille de sa mère et surtout de sa grand-mère maternelle qui, au bout de plusieurs mois, découvrit ce que le père Lestrange avait osé lui faire au nom d'un pouvoir ridicule à la définition floue. Sa grand mère lui parla alors d'un Ordre ancien, oublié de tous mais terriblement actif et surtout opposé à la Confrérie, c'est ainsi qu'à l'âge de 15 ans et quelques mois, il fit ses premiers pas dans l'ordre de Merlin. Mais comme tout bon Lestrange il fut obligé de faire ses preuves, l'Ordre craignant qu'il ne soit qu'un espion ou peu sûr de ses idées ainsi il passa des années, jusqu'à la fin de Poudlard, à prouver que son implication ne pouvait pas faiblir et justement, plus il devint un proche de l'Ordre de Merlin et plus il prit conscience du danger que la Confrérie pouvait représenter. Amoureux du pouvoir, capable de tout pour l'atteindre, sacrifiant des innocents afin d'accéder à un rôle élevé, les actions de la Confrérie finirent par le convaincre de se battre contre eux et c'est ainsi qu'une fois diplômé et hors de Poudlard, il jura d'intégrer la Confrérie afin de l'atteindre de l'intérieur et de mettre fin à ses horribles manigances. En parallèle, il se tourna vers une formation de Réparateur, lui qui s'était montré doué depuis toujours avec différents sortilèges et assez intelligent pour toucher toutes les matières possibles à Poudlard.
Et pour s'adapter au mieux à son rôle de parfait sang-pur ou du moins en apparence, Rodolphus accepta un mariage arrangé avec l'une des filles Black, Bellatrix pour ainsi dire qui s'était toujours montrée extrême et un peu dérangée avec les autres élèves de Poudlard. Heureusement il en fit son amie au lieu d'en faire une alliée et si leur mariage à venir ne comportait pas d'amour, il trouva le moyen de s'en accommoder. Après tout ses projets étaient autres et n'avaient pas changé avec le temps, à savoir intégrer la Confrérie définitivement, devenir le maître de sa famille et atteindre ce groupuscule de l'intérieur afin de savoir au mieux comment le toucher et le faire imploser. Quoi de mieux qu'une taupe pour savoir comment faire chuter ceux qui se pensent au dessus des lois ? Pourtant sa mission se retrouva en pause quand un groupuscule nouveau monta en Angleterre et qu'il fut convoqué par Aloysia Gottlieb en personne qui lui demanda directement de les intégrer pour agir de la même façon que la Confrérie, à savoir donner à l'Ordre des informations pour faire lentement cesser les activités des mangemorts en les faisant exploser de l'intérieur. Rodolphus accepta, il avait juré il y a longtemps de tout faire pour l'ordre et de fait, il se fit tatouer sur le bras cette marque disgracieuse et horrible qui refuse toujours de partir malgré les différents sorts qu'il peut utiliser. Bellatrix en fit de même mais il la soupçonna bien plus fanatique que lui, si ce n'est qu'il rentra dans le rôle du parfait petit mangemort pour convenir à celui qui se fit appeler le maître des ténèbres. A son grand regret Rabastan le suivit aussi et si déjà il trouvait la marque affreuse, sur le bras de son frère cette marque sonna comme une insulte mais que faire, que dire sans qu'il ne comprenne que Rodolphus n'était pas si fanatique que cela ? Et puis au moins, cela l'aida à garder un œil sur ce frère discret aux ressources insoupçonnées. Pourtant cette marque lui apporta des ennuies, c'est ainsi qu'il découvrit que lui et Rabastan venaient d'être déshérité par leur père, plaçant Raven comme unique héritière de leurs biens mais aussi de la place de grand Maître. Si l'ambiance n'avait jamais été douce entre le frère et la sœur dès à présent, la guerre fut déclarée et il jura de la tuer au moment venu. Après tout, ne doit-on pas tuer un maître pour prendre sa place ?
Doué en Occlumencie qu'il avait appris pendant ses études pour cacher ses activités, il devint aussi Légilimens et se retrouva plus d'une fois à trafiquer les esprits de ceux que les mangemorts avaient capturés, se retrouvant avec des informations utiles qu'il fit passer à l'Ordre en échange d'une protection concernant ses activités. Pour faire triompher ce qu'il pensait juste, Rodolphus ne recula devant rien et il apprit à se servir de la magie noire tout autant qu'à tuer, si bien que Voldemort le prit comme un de ses généraux, le pensant d'une loyauté sans faille. Si seulement le vieux fou avait pu penser un instant que Rodolphus était tout sauf loyal à sa cause alors il serait sans doute mort d'une crise cardiaque dans la seconde et ils auraient été débarrassé plus vite. Quand le Seigneur des Ténèbres commença à s'affaiblir, il ne fit rien pour l'aider malgré ce que tout le monde pouvait penser et quand l'Ordre gagna enfin, au moment où Voldemort disparu dans une caverne sombre et inaccessible pour le commun des mortels, Rodolphus se retrouva en apparence libéré d'une cause qu'il ne voulait surtout pas défendre cependant, c'est à ce moment là qu'il fut déclaré comme recherché pour ses crimes et avec son frère mais aussi Bellatrix, il fut obligé de partir en cavale de peur de se faire attraper. Il n'est pas idiot et se doute bien que si un jour il se fait attraper alors la sentance sera le baiser du détraqueur pour lui mais aussi pour Rabastan et ça, ça ferait trop plaisir à Raven n'est-ce pas ? Ainsi pour le moment il vit de quelques larcins, de revente de drogues et d'Impero pour dépouiller les pauvres sorciers du Londres Magique, le temps de trouver une solution à son problème afin de pouvoir recommencer à agir comme il le souhaitait, à savoir revenir vers la Confrérie, se battre contre sa sœur et intégrer enfin la place qui lui revient de droit.