Tu as beau loger à l'hôtel auprès de Lux et trouver ça agréable, il n'empêche que tu as quand même besoin d'un peu d'argent pour satisfaire tes envies ou simplement pour remplir tes bourses de potions de sommeil, de repos ou contre les douleurs diverses. Parce que depuis la guerre tu dors mal, tu ne t'apaises pas souvent et tu te blesses trop ainsi, il n'y a qu'avec quelques potions que tu parviens à tenir quand le sommeil fait des siennes et qu'il te refuse le luxe d'une nuit bien pleine, reposante et apaisante comme tu le vivais lorsque tu étais encore à Poudlard. C'était une autre époque, tu essayes de te persuader qu'un jour tu sortiras de tout ça et que tu trouveras l'apaisement pour avoir des nuits tranquilles il n'empêche qu'en attendant, il est impossible pour toi de te passer de quelques substances.
Et puis tu dois reconnaître, même si tu ne l'avoueras jamais de vive voix, que tu es peut-être un peu accro à ces potions aussi. Et surtout aux effets rapides et incontestables. Ainsi tu sors de l'hôtel le jour où Lux est là mais occupée avec des clients, en profitant pour lui demander si elle a besoin de quelque chose car tu peux faire des courses pour elle. Elle ne te demande rien mais tu notes qu'elle lit la première partie d'un ouvrage sur les légendes magiques d’Éthiopie et tu te met en tête de chercher le second volume. Tu voudrais lui faire plaisir, après tout elle prend des risques pour toi et vous vous entendez bien, en plus elle te chouchoute parfaitement. Tu ne serais pas en vie ni même en liberté si elle ne prenait pas soin de toi comme cela, au contraire tu aurais été attrapé depuis un moment déjà.
Pour trouver ce que tu cherches, tu transplanes jusqu'à Londres et surtout non loin de l'allée des embrumes, où tous les pires sorciers d'Angleterre se promènent en toute impunité, toi également. Mais c'est aussi là qu'on trouve les meilleures potions et surtout à un prix compétitif, alors pourquoi te priver ? Enfin tu as une bourse assez vide concernant les gallions et c'est toujours dans l'allée que tu parviens à voler ce dont tu as besoin, souvent les sorciers qui viennent ici ont la bourse pleine et il ne te reste qu'à tendre la main pour voler ce qui t'appartient en quelques secondes. Alors, capuche sur la tête pour cacher ton identité trop reconnaissable, tu commences à arpenter les ruelles non sans éviter les gens qui te passent trop prêt, tu n'aimes pas qu'on te frôle et moins encore qu'on te touche, on ne sait jamais qui est la personne en face de toi après tout.
Pendant une minute tu t'arrêtes pour observer une silhouette au loin qui marche à l'opposé de toi. En avisant la cape, tu peux assurer que la personne est assez riche et puis le bruit de ses talons sur les pavés te permet de savoir instantanément que c'est une personne de la haute. Pas Bellatrix déjà car elle ne porte pas ce genre de talons mais qui alors ? Tu finis par froncer les sourcils en te disant que bon au pire tu t'en moques de savoir qui elle est, l'important c'est sa bourse que tu vois pendre à sa ceinture comme une invitation silencieuse à venir la saisir. Toi tu t'en serviras davantage qu'elle, n'est-ce pas ? Tu n'es jamais très fier de voler mais c'est une nécessité, surtout quand on a plus de boulot et qu'on ne peut pas accéder au coffre de Gringott's. Si le ministère savait, les aurors débarqueraient dans la minute et tu te retrouverais arrêté. Ca te fait rager quand on pense que ton coffre déborde à la banque mais bon, que peux-tu faire ?
Voler, voilà la solution que tu as trouvé. Ainsi tu approches furtivement et aussitôt tu met en pratique ce que tu fais toujours, ta main se glisse dans la cape de voyage de ta cible et en quelques secondes tu refermes tes doigts sur une bourse ne cuir de bonne facture, voire même de luxe si tu juges les arabesques qui semblent être gravées dans le cuir. Mais ça c'est jusqu'à sentir la main de ta cible présumée, qui attrape ton poignet alors que tu relèves les yeux vers... Elle. Et que tu restes là, surpris, attrapé la main dans le sac comme un novice. Maintenant il y a deux choix, soit elle hurle et alerte tout le monde, soit elle te balance dans le décor.
Le mois prochain aura lieu le bal de la nouvelle année à Poudlard, et bien évidemment Selena compte y participer. Elle a bien l'intention de s'y rendre avec de sponsoriser un ou une élève. Une façon pour elle de faire briller le nom Yaxley au sein de l'école d'une façon un peu plus glorieuse que ce que fait son frère en ce moment. Si elle aime profondément Orpheus, ces derniers exploits à Poudlard sont loin de la ravir. L'idée qu'il puisse emprunter la même voie que leur aîné, une voie de stupre et de violence, la terrifie. Elle sait bien qu'il a toujours eu une certaine propension à agir avant de réfléchir, usant de ses poings un peu trop rapidement et n'ayant pas non plus sa langue dans sa poche. Elle se souviendra toute sa vie du jour où Persée a été chassé de la maison par leur père et est parti dans une folie injurieuse à l'égard de toute la famille. Quand bien même c'était à son tour d'être insultée de tous les noms par son propre frère, ce n'est pas elle qui a réagi : c'est Orpheus, du haut de ses quatorze ans, qui a bondi sur leur aîné pour le frapper et le faire taire. Un élan de violence dont la raison l'a flattée – il voulait la défendre, la protéger d'affreuses injures –, mais dont la brutalité et l'imprudence l'ont aussi inquiétée. Sur bien des aspects, son cadet ressemble plus à Persée qu'à elle. Comme lui, il est impulsif et peut prendre de très mauvaises décisions sur un coup de tête, alors que sa grande sœur a toujours privilégié les stratagèmes et la réflexion aux choix hâtifs. Ses nombreuses années d'écart avec lui l'empêchent d'avoir un véritable regard sur ses fréquentations au sein du château, mais elle ose espérer qu'il ne traîne pas avec de la vermine ou des personnes qui l'entraîneraient sur un chemin qu'il ne doit pas suivre. Elle qui aime tant avoir le contrôle sur tout s'avère frustrée de ne pas en avoir plus sur son petit frère qui, à bien des égards, commence à l'inquiéter. Elle ne sait pas tout ce qui se passe à Poudlard, mais le peu d'informations qui arrivent jusqu'à ses oreilles sont loin de l'enchanter. Les résultats d'Orpheus au dernier grand examen qui y a eu lieu n'ont pas été brillants et ses fiançailles avec Aurora ont été brisés sans que le paternel Slughorn soit réellement explicite à ce sujet, sa fille étant parti en Norvège avant que Selena ait pu lui demander la moindre explication. Et à présent l'héritier Yaxley est à la charge des Goyle censés faire de lui un digne chef de famille, une situation qui l'a mis en rage alors qu'elle a tout d'une aubaine aux yeux de Mildred et Selena. Plus le temps passe et plus cette dernière craint que cet échec académique ne soit que la partie émergée de l'iceberg...
Pouvoir se rendre à Poudlard à l'occasion du bal de la nouvelle année lui donne l'impression qu'elle pourra avoir une meilleure vue sur la façon dont se comporte Orpheus dans son école. Elle espère qu'après avoir passé le début des vacances de Noël chez les Goyle, il se sera ressaisi. Quand bien même il soit la personne la plus chère à son cœur, elle n'est pas assez naïve pour croire qu'il n'a rien à se reprocher. Elle espère que Ford Goyle tiendra parole et offrira un meilleur avenir à son petit frère. De son côté, c'est de son propre avenir que Selena doit se soucier. Malheureusement, l'élément central dans ses plans n'est pas aussi coopératif qu'elle l'espérait : Adriel est une tête de mule sans pareil qui semble décidé à lui faire vivre un enfer. Même si leur soirée alcoolisée s'est avérée moins catastrophique qu'elle aurait pu l'être, leur relation reste terriblement tumultueuse. Elle compte bien le convaincre de l'accompagner, mais d'ici là elle doit s'occuper d'autre chose : sa tenue.
Avant de rejoindre la boutique de Madame Guipure sur le Chemin de Traverse, la Yaxley a un crochet à faire par l'Allée des Embrumes. Enveloppée d'une cape richement décorée – un cadeau d'Amaury pour leurs fiançailles –, elle doit se rendre à Barjow et Beurk pour y vendre un objet appartenant à son défunt mari qui ne lui est d'aucune utilité. Elle ne s'attendait pas à ce que, à mi-chemin dans cette rue à la mauvaise réputation, elle sente un poids s'ajouter à la poche de sa cape. Aussitôt, ses doigts fins viennent saisir le poignet de la main qui n'a rien à faire là. Le voleur empêché, elle relève la tête pour découvrir son visage et ses traits se peignent alors de surprise : elle le connaît, ce visage. « Lestrange ? » Elle l'a connu dans les réceptions de la haute société, bien que n'ayant jamais particulièrement sympathisé avec lui. « Qu'est-ce qui vous prend ? » Sa voix est véritablement étonnée, presque outrée de constater que ce sang-pur si bien éduqué soit en train de faire les poches des passants de l'allée des embrumes. Elle veut croire que c'est une erreur et que, malgré les déboires des Lestrange depuis la fin de la guerre, il ne se soit pas rabaissé à cela.
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