Quand l'amour du père manqueIl y a des lieux où la vie ne s’arrête jamais, où le repos n’est pas. Le plus représentatif de tout ça c’est sans doute les hôpitaux. Peu importe l’heure du jour ou de la nuit, ça fourmille toujours d’activité entre larme de joie et de tristesse ce lieu est un condensé de vie dans ce qu’elle a de plus merveilleux et d’horreur. Aucun hôpital n’échappe à cette règle, même pas celui de Roanne. Et pourtant, il n’est pas entouré de grande ville, on pourrait s’attendre à ce que parfois tout soit calme, complétement vide de cette énergie propre à ce genre de lieu. Non. Julie n’a jamais connu un seul moment vraiment calme. Des joies immenses, de la peine et de la colère, mais pas la paix du calme absolu.
Ce ne sera pas non plus pour ce soir. Un tas de médecin s’agite autours d’un lit, on parle fort et une urgence se fait sentir dans cette chambre de la maternité. La jeune infirmière tente d’aider au mieux, mais ils le savent c’est déjà trop tard pour la femme. Trop affaibli par sa grossesse, une urgence vitale engagé quelques heures plus tôt, c’était déjà un miracle que le petit être qu’elle tient désormais dans ses bras ait poussé un cri, comme si elle avait voulu s’accrocher à la vie coute que coute.
« Chut trésor, tu as réussi. Tu vis. Tout ira bien, je te le promets. »Julie ne se rendait pas compte de la promesse qu’elle faisait. D’ailleurs, est ce que c’est vraiment pour l’enfant ou pour se rassurer elle ? Se dire que c’est fini cette nuit catastrophique ? Oui sans doute vu que l’enfant ne peut pas comprendre. Julie lui fait sa toilette, l’habille et va vers le père, mais rien. Cet homme n’a aucune réaction face à l’enfant. Est-ce parce qu’il a perdu sa femme ? En tout cas Julie essaie de s’en convaincre alors qu’elle laisse le bébé à sa surveillance dans un berceau médicalisé pour aller s’occuper d’autre patient. Le temps qu’il digère tout ça -si c’est possible- et aussi qu’il trouve un prénom à cette enfant comme l’a demandé un médecin.
« -Alors vous avez décidé de son prénom ?
-Non.
-Je sais que c’est dur…
-Donnez-lui un prénom. »Julie regarde choqué le père qui vient de quitter la pièce après lui avoir demandé ça en lui coupant la parole. Sympathique comme type. Elle se penche sur l’enfant qui se réveille et la berce. Elle l’observe cette enfant qui a tout fait pour vivre alors que les conditions n’étaient pas réunies pour. Elle lui chante une petite berceuse tout en réfléchissant à si elle doit proposer un prénom ou pas. Elle n’est pas parente, mais ce père le fera-t-il ? Non. Et la mère n’aurait jamais l’opportunité d’en donner un désormais. L’enfant calmé, elle la repose dans le berceau et prend son crayon pour écrire sur un bout de papier Colombe. Cela lui irait bien à cette enfant. Elle aura peut-être besoin d’aile pour s’en sortir dans cette vie. Elle la surveille encore un peu avant qu’elle soit appelée ailleurs et que le père revienne. Julie découvrira que c’est bien le prénom qu’elle a choisie qui ont été mis sur les papiers de naissance de l’enfant et étrangement la nouvelle lui a serré le cœur. Le soir venu elle a fait une petite prière pour cette enfant en espérant que sa vie soit douce malgré tout.
Le temps s'arrête
Le cours d’histoire de la magie n’est pas le plus intéressant qui soit, mais Colombe fait en sorte de s’accrocher quand même. Elle ne souhaite pas une mauvaise note. Même si son père se fout bien de ses résultats et de tout ce qui la concerne, tant que ça ne lui fait pas ombrage ou ne le dérange pas, elle veut réussir sa vie. Elle veut faire ses preuves et comme ça, elle pourra s’envoler loin de son père et lui prouver qu’elle vaut quelques choses, que ce n’est pas juste une épine dans son pied qui lui a fait perdre sa femme.
Quoi que y a peu de chance qu’il en est quelques choses à faire. Il se fiche de tout ce qu’elle fait. Tout ce qu’il veut c’est qu’elle ne soit pas dans ses pattes et surtout qu’elle ne fasse aucune connerie. Qu’elle soit douée en musique, il s’en fiche. Qu’elle est un lien puissant avec la terre au point de pratiquer avec aisance la magie de la terre, il s’en fiche. Peu importe ce qu’elle réussit, il s’en fiche. Il n’y a jamais eu un bravo ma fille, c’est bien. Par contre, la reprendre quand elle a juste été suspecté d’avoir fumée avec des amis ça il a su faire. Lui qui n’est pas foutu de lui faire à manger, de l’accompagner acheter ses fournitures ou de faire le ménage, il a su la punir de cours de musiques et sortie pendant un mois -en plein vacances d’été- juste pour une suspcisions d’un truc illégal qu’elle n’a jamais fait. En bref, il ne se comportait en adulte responsable que pour faire un rôle proche de son métier chéri d’auror et en plus il se trompait. Oui Colombe lui en voulait encore, même si ça c’était passé il y a plus sept mois maintenant. Elle lui en veut tellement qu’elle y pense encore, alors que d’habitude quand elle est à l’internat beauxbatons son père n’existe plus et elle redevient une adolescente insouciante. Elle y pense en cours aussi. C’est ridicule, faut qu’elle pense à autre chose. Sauf qu’elle ne peut pas, parce qu’à chaque fois qu’elle pense à ça elle se rappelle qu’elle n’a que seize ans et qu’il lui reste encore deux ans avant de pouvoir partir de chez elle faire ses études.
« Mademoiselle Philosofae ? Vous êtes appelé dans le bureau de la directrice, veuillez-vous y rendre immédiatement. »Quelle façon brutale de revenir à la réalité. Elle regarde le professeur qui vient de lui dire ça mettant quelques secondes avant de réaliser qu’elle doit se lever et suivre un autre membre du personnel pour aller voir la directrice. A vrai dire, elle ne comprend pas pourquoi on l’appelle. Elle se lève comme un automate et suit la personne sans discuter. C’est quand elle arrive dans le bureau de sa directrice qu’elle commence à comprendre, parce que les uniformes des aurors français elle les connait très bien et aucun d’eux n’est son père.
« -Asseyez vous mademoiselle Philosofae. »Lance sa directrice avec une douceur dans la voix qui fait frisonner l’enfant. Son cœur bat la chamade, alors qu’elle comprend de mieux en mieux ce qui se passe. Les têtes des adultes de la pièce ne laissant que peu de place au doute, pourtant elle attend la confirmation. Et malgré tout quand le couperet tombe ça fait mal. Son père n’était pas un bon père, elle a toujours eu conscience. Néanmoins, il n’était pas méchant et elle a quelques souvenirs qui sont bien avec lui alors ça fait mal. D’autant plus mal que peu avant, elle était en train de s’énerver mentalement contre lui. Les larmes ont coulés ce jours là et elle n’a pas parlé une seule fois dans ce bureau. Elle les a laissé faire, acceptant tout ce qu’il disait. De toute façon personne ne lui demandait son avis, on lui disait juste des faits. Elle aurait le droit d’aller à l’enterrement de son père ce week-end. Elle resterait à beauxbatons jusqu’à la fin de l’année, parce que c’était mieux pour elle. Puis elle serait confiée à son cousin Roanake dès les prochaines vacances. Et le reste ? Elle ne s’en souvient plus trop. Quelle importance, son père est mort en mission et elle ne s’est pas sentie libérée par sa mort, juste abattu, vide, comme si le temps s'était arrêté pendant plusieurs jours.
Une vie nouvelle commenceLes vacances d’hivers sont arrivées très vite. Elle n’a pas eu l’impression de vivre ces dernières semaines. Certes, elle n’aimait pas son père ou du moins pas comme une fille devrait l’aimer, mais il était un membre de sa famille, un proche et c’est dur de se dire que plus jamais elle ne le verrait. Dur aussi de se dire qu’elle devrait, cet été, quitter la France pour aller vivre chez son cousin. Toute l’affection qu’elle a pour Roanoke n’enlève rien au fait qu’elle quitte aussi ses amis, son école depuis plus de sept ans et c’est encore une perte, peut-être une perte plus douloureuse que celle d’avoir perdu son géniteur. Même si elle a le temps de s’y préparer et d’y préparer ses amis, elle a un poids sur le cœur.
Un violent acoup la fait revenir à la réalité. Ils viennent de se poser avec la calèche de l’école au point de rendez-vous : Rubha an Dùnain. Un site historique qui se trouve en face des Hébrides. Elle ne savait pas si c’était l’école qui avait demandé ce point de rendez-vous ou Roanoke. Elle n’en a cure en réalité, tout ce qu’elle voit c’est que sa vie change et qu’elle a plus mal qu’elle ne le croyait. Les larmes roulent sur ses joues alors qu’elle descend de la calèche. Son regard se pose sur son cousin, elle fonce dans ses bras et le sert un peu fort. Il n’en fit pas la remarque au contraire, il la serre en retour et lui embrasse le front en lui disant :
« Ça va aller cousine, t’es à l’abris maintenant. Je te le promets. »Et ce jour-là, il ne lui a pas menti. Très rapidement Colombe a découvert une vie où on attendait rien d’elle ou du moins rien qu’un enfant ne devrait faire. Elle qui a toujours dû se gérer et gérer leur maison depuis qu’elle était haute comme trois pommes, c’est bizarre d’atterrir dans une famille où juste on vous aime et vous protège sans s’attendre à ce qu’on fasse tout.
Poudlard is my home
Première et dernière année à Poudlard, Colombe a eu l’impression de retourner en première année en arrivant au château. Tout était une découverte pour elle et elle adorait ça. Beauxbatons et son luxe vont lui manquer, mais Poudlard c’est le renouveau et elle ne compte pas -plus- se larmoyer sur ce qu’elle a perdue. Elle n’a plus le temps pour ça et elle a trop gagné depuis qu’elle vit chez son cousin pour ne pas être reconnaissante de ce changement de vie qui sonne comme une renaissance pour elle. Et elle compte profiter à fond de cette unique année à Poudlard.
Le seul truc un peu gênant c’est le fait de se retrouver derrière les petits de onze ans à attendre d’être répartie dans sa maison. Avec sa taille, elle ne peut pas passer inaperçue et elle a l’impression – ce n’est pas qu’une impression- d’être observée de toute part. Elle a hâte de passer sous le choixpeaux pour pouvoir se fondre dans la masse de gens de son âge ou de personne d’a peu près son âge et pouvoir admirer les trésors de ces lieux plus tranquillement.
« Miss Colombe Philosofae »Eurk son prénom et son nom son vraiment bizarre avec le ton anglais. Parfois, elle a du mal à comprendre que c’est à elle qu’on s’adresse, mais là elle attendait sagement son tour donc elle réagit immédiatement. Elle avance vers l’estrade de plus en plus gênée par les regards sur elle, ses joues s’empourpre même tandis que son cœur accélère. Elle s’installe sur le tabouret parfaitement inconfortable et laisse le professeur placé le choixpeau sur sa tête. Il ne lui faut pas longtemps avant qu’il ne décide dans quelle maison elle doit aller.
« Poufsouffle ! »Au moins c’est passé vite. Elle se dirige vers la table de la maison à l’emblême de blaireau et trouve rapidement quelques personnes de son âge pour parler avec eux. Le stresse a disparue pour laisser place à une certaine allégresse. Il est si facile de parler avec ses camarades qu’elle en oublie la sensation qu’elle a eu d’être observée comme un objet de curiosité tout au long de cette cérémonie de répartition.