Milena - war child

TW : asile psychiatrique, tortures mentales et physiques, perte d'un mari, échec de grossesse, lieux médicaux.

Ceci n'est pas une belle histoire. Ce n'est pas une histoire d'amour sulfureuse, passionnée et brûlante. Ce n'est pas l'histoire de deux amants maudits que le destin réunit à la fin. Ce n'est pas l'histoire d'une jeune fille ayant un avenir brillant. Ce n'est pas une histoire d'aventures épiques, de dragons et de princesses à sauver.

C'est une histoire déjà connue par beaucoup. Une histoire d'haine ancestrale, d'enfants maudits au milieu d'un conflit centenaire. Une histoire d'amour interdite, déjà contée à de maintes reprises. Shakespeare créa Romeo et Juliette. Ovide créa Orphée et Eurydice, ainsi que Pyrame et Thisbé. Une histoire contée au fil des années, encore et encore. Une histoire où la seule fin possible, est la mort.


Cette histoire pourrait commencer par Il était une fois, mais elle est tellement répandue que cela serait mentir. Cette histoire débuta en Bulgarie, dans les années 50. Dans ce pays d'Europe de l'Est, seules deux familles de sorciers sont de sang-pur. C'était un petit pays, après tout, avoir plus de familles pures aurait créé davantage de conflits. Deux familles pures seulement et pourtant, un conflit archaïque entre elles. D'un côté, les Rankov qui étaient les descendants d'un fondateur de l'école de magie Durmstrang. De l'autre, les Turner, dont le nom à consonnance britannique trahissait le mariage qui a eu lieu il y avait de ça des décennies avec un riche anglais pour sauver le peu de fortune qu'il restait, la majorité ayant été dilapidé par un héritier un peu trop dépensier. Deux familles que tout opposait, deux familles qui se haïssaient depuis des années. Ô bien évidemment, cela n'a pas toujours été le cas. Au début de leur histoire, les deux familles s'entendaient à merveille. Puis il y a eu un mariage forcé, qui a été rompu par le parti Rankov d'une sale façon. Depuis, la haine les alimente, causant des duels impressionnants à chaque fois qu'ils se croisent. La seule chose qui comptait, c'est la haine.

La cadette des Rankov est donc née au milieu de cette haine, en 1950. Elle a été précédée de trois garçons, trois héritiers, qui ne faisaient qu'alimenter la guerre entre les deux clans. Comme ses frères, elle a été éduquée dans la haine des Turner. Là était son héritage. La haine, l'animosité, l'hostilité. Son entrainement magique commença tôt, il fallait faire d'elle un outil de guerre, une sorcière hors pair. Tout pour être plus puissants qu'eux. Milena était vue comme la sauveuse de sa famille, celle en qui la haine brûlera encore plus fort. Littéralement. Dotée de la magie du feu, elle allait devenir un élément de taille dans la balance. Les Rankov voyaient déjà la fin des Turner.

Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

Elle a fait son entrée à Durmstrang à ses onze ans, une école coupée du reste du monde. Etant la plus jeune de sa famille, elle n'avait ni frères, ni cousins présents dans l'école en même temps qu'elle. Elle était seule, le feu lui chatouillant les mains à chaque coup de stress qu'elle ressentait. Puis elle le vit, lui. Et au premier regard, elle a senti qu'il changerait sa vie à tout jamais. Au début, elle ne savait pas qui il était. Elle savait son prénom, Nikolaï, mais elle ignorait son nom de famille. Au fil des semaines, elle qui a grandi dans la haine des Turner, elle s'est éprise de l'un d'eux. Et même après avoir su son nom, après avoir qui ils étaient l'un et l'autre, elle ne pouvait pas se résoudre à le détester. Elle l'aimait, c'était comme une évidence. Il y a eut des promesses de toujours, des promesses d'une vie ensemble. Puis leurs familles ont été au courant. Milena a encaissé les coups, en serrant les dents. Se disant qu'après Durmstrang, ils partiraient loin de la Bulgarie. Ensemble, car c'était tout ce qui comptait.

Une nuit, Nikolaï est venu la chercher en bas de sa fenêtre, usant d'un sort d'invisibilité puissant. Milena a jeté sa valise par la fenêtre avant de sauter, réceptionnée par son amour, dont la chaleur lui avait manqué. Ils devaient fuir pour s'aimer, prendre le premier train pour Londres et ne pas se retourner. ils ne voulaient pas de cette guerre, ils ne voulaient pas de cette haine. Eux, ils voulaient simplement s'aimer. Ils sont arrivés à Londres, Milena est devenue Katherine et se sont mariés le lendemain. Elle voulait porter son nom, pour toujours. Jusqu'à ce que la mort les sépare. Elle portait une robe crème dans un style bohème, tenant quand même à avoir sa tenue de mariée. Lui était en costume, beau comme à son habitude. Ils se sont dit oui devant l'officier de mariage sorcier, qui a proclamé le mariage. Le soir même, ils se sont aimés passionnément, tendrement, dans le petit appartement qu'ils avaient trouvé à la va-vite, se jurant de toujours être ensemble.

Durant l'été, ils continuaient de s'entrainer au combat, dans l'hypothèse où leurs familles viendraient les chercher. Ils s'entrainaient dur, même s'ils finissaient plus souvent sur le tatamis dans des éclats de rire et des baisers volés. Ils ont ensuite passé des essais secrets pour entrer au Ministère mais ils voulaient les passer à deux. Ils étaient des enfants soldats, des recrues de premier choix pour les autorités magiques britanniques. Ils ont réussi les essais haut la main et en novembre 1968, ils sont devenus espions pour le Ministère.

La première grande mission pour eux s'est passée en France, lors de l'été 1970. Katherine est devenue Joséphine et a coupé ses longs cheveux bruns en un carré aux épaules. Ils devaient récolter des informations sur les sang-pur français, qui semblaient mener une politique contre le Ministère anglais. Milena ne comprenait pas les enjeux mais elle savait ce qu'elle devait faire, c'était le plus important. Leur première mission a été un succès mémorable. Ils ont fêté ça trois mois plus tard avec du champagne. Les potions de grossesse sont toutes ressorties négative, posées sur le comptoir de la cuisine. Elle avait une moue triste et les yeux ailleurs. Il l'a consolé, tendrement et amoureusement. Ils réessaieront, plus tard. Elle l'avait lui, c'était le plus important.

La deuxième grosse mission a été donnée, direction Berlin. Milena est devenue Moïra, les cheveux blonds platines en coupe garçonne et des faux tatouages sur les bras, un style grunge et des faux piercings. Méconnaissable et pourtant, un mois après leur arrivée, elle a été vue. Un cousin, qui l'a reconnu malgré son changement d'apparence. Un cousin, qui a lancé un sortilège de traçage. Un cousin, qui voulait venger sa famille et qui a appelé toute la cavalerie. Ils ont fui, ils se sont cachés dans un appartement en sous-sol à Berlin Est, ils se sont nettoyés de tous sortilèges de traçage. Du moins, c'était ce qu'ils pensaient.

Ils n'ont pas eu le temps de penser, de réfléchir, qu'il fallait partir en Italie. Nouvelle mission, nouvelle identité, Milena est devenue Stella. Cependant, deux jours après leur arrivée, ils se sont fait piéger. Salement, lâchement. Encerclés par les Rankov, ils connaissaient déjà l'issue. Le père Rankov, regardant salement sa fille, comme si elle n'était plus rien à ses yeux. Elle dessina un cercle de feu autour d'eux, pour se protéger, pour repousser l'échéance. Elle pleurait et s'est tournée vers Nikolaï pour l'embrasser une dernière fois. Pour toujours. S'en est suivi un duel, un long duel mais Milena a été maitrisée la première. Elle vit ensuite son mari tomber, mort. Elle a essayé de calciner son père, qui la tenait fermement contre lui, mais il s'était immunisé. Elle a été emmenée loin de lui, loin de son amour, son corps sans vie gisant sur le sol. Elle ne pouvait rien faire, elle sentait son cœur se briser, éclater. Puis de douleur, de chagrin, elle s'est évanouie. Une vie sans lui, ne mérite pas d'être vécue.


Patient n°286 - 3 juin 1974.

La patiente vient d'être internée. Ne répond à aucun stimuli, semble être ailleurs. Apathique. Condition physique : bonne. Condition mentale : faible.
Cheveux tondus et mise en place d'une camisole pour la mise en isolement d'une semaine.
Mise en place d'un traitement par électrochocs à faire sur un an, à raison de trois séances par semaine.

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Patiente n°286 - 26 septembre 1974.

Nouvelle séance d'électrochocs qui n'ont aucun effet sur la patiente. Elle semble être enfermée dans son corps. Aucune réponse corporelle, ni mentale. Mise en place du jet d'eau haute pression à raison de deux séances par semaine. Première séance demain 27 septembre 1974.

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Patiente n°286 - 14 août 1975.

Réaction oculaire suite à la prononciation du prénom Nikolaï, infirmier s'occupant d'elle. A creuser.
Fin du traitement par jet d'eau haute pression. Effets : nuls.
Fin du traitement par électrochocs. Effets : nuls.

Début du traitement par trépanation sous demande de la famille et sous recommandation du directeur de l'asile. Trois séances par semaine.
En complément : coups de canes sur les cuisses à la demande de la famille.

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Patiente n°286 - 24 avril 1978

Patiente mise en isolement avec camisole dans la salle blanche pour cinq mois après avoir essayer d'étrangler un infirmier. Guérison en bonne voie. Elle semble reprendre des réflexes de défense. La famille est soulagée.

(NDA : la torture blanche est une méthode de torture consistant à mette une personne dans une salle blanche (mur, sol, plafond) avec un lit blanc, des draps blancs, des vêtements blancs et une forte lumière blanche. C'était une méthode de torture très efficace car elle conduit à la folie. Le cerveau, en n'ayant plus de stimuli de couleur, n'arrive plus à fonctionner correctement. Cela entraine des hallucinations auditives et visuelles, notamment)

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Patiente n°286 - 12 mars 1980

Patiente laissée dans sa chambre. Plus aucune réponse. Aucun effet des méthodes médicales. Cas perdu.

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Patiente n°286 - 2 juin 1980

La patiente a réussi à s'échapper après un sauvetage. De nombreux personnels sont morts à la suite de duels ayant duré toute la nuit. Dossier clos.



Milena Turner - 3 juin 1980

La patiente est mise dans un coma artificiel pour soigner ses blessures physiques. Marques de trépanation, marques de coups sur les jambes et dans le dos. Entailles sur les bras et sur l'abdomen. Cruauté sans nom.
Bilan psychologique à faire.

Procédure juridique engagée contre l'asile où elle a été retrouvée afin de le faire fermer.

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Milena Turner - 10 juillet 1980

La patiente s'est réveillée paniquée et affolée. Injection d'un tranquillisant et d'un anti-douleur.
Travail pour la rassurer et lui dire qu'elle ne craint rien, qu'elle est en sécurité.
La patiente s'est rendormie.

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Milena Turner - 31 juillet 1980

La patiente va mieux et commencer à se nourrir toute seule. Une magicocoiffeuse est venue pour arranger ses cheveux. Session sur les événements historiques manqués. La patiente a énormément besoin d'être rassurée et consolée. Travail d'apaisement avec des croups. Elle semble adorer les animaux et se détend à leur contact.

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Milena Turner - 26 août 1980

La patiente va quitter l'unité de soins psychiatriques d'ici quatre jours afin d'être mise en sécurité dans un endroit tenu secret.
Elle semble aller mieux, elle parle de plus en plus et l'équipe de nuit l'a même entendue rire.
L'hôpital Sainte Mangouste restera à son entière disposition pour cinq ans, afin de l'aider à retrouver une vie normale.



Cher Nikolaï,

Je sais que cette lettre ne te parviendra jamais. Tu es mort, sous mes yeux, sans que je ne puisse faire quoique ce soit. J'ai simplement besoin d'écrire, de t'écrire, de te parler.

J'ai vécu l'enfer pendant six ans. Un véritable enfer, mais je m'en suis sortie. J'ai été internée dans une asile psychiatrique en Europe de l'Est, je ne sais où. Ils m'ont infligée les pires tortures mais j'ai résisté. Pour toi, pour nous. Je ne pensais qu'à toi, je ne pensais qu'à ton souvenir, à ton sourire, à ton rire, à toi.

Je m'en suis sortie avec des séquelles. J'ai peur du noir, j'ai peur de la nuit. J'ai peur des bruits soudains et forts. J'ai peur de la solitude, j'ai peur de dormir. J'aimerais que tu sois encore à mes côtés, avec moi. J'ai du mal à retourner à la vraie vie après six ans d'angoisse. Je suis garde-chasse à Poudlard, placée en protection ici par le Ministère. La petite cabane est sympathique et entourée de sorts de protection multiples. Je vis entourée d'animaux, ce que j'aime le plus. Je n'ai aucune affaire à moi, pas encore du moins. Je n'ai plus rien, je dois tout reconstruire, tout refaire. Tu restes auprès de mois, dans mes souvenirs, dans mes pensées, à l'aube, au crépuscule.

Je t'aime.

Tienne, à jamais,
M.T.