Elle, ici à Poudlard ? C’était à croire que ceux qui travaillait au ministère finissait par aboutir à cette école d’une manière ou d’une autre et il ne manquait pas à ce critère. Bien que cette situation soit très temporaire dans son cas. Moins de 365 jours maintenant. Le temps était un étrange concept qui pouvait passer si lentement, mais à la fois si rapidement. Il aurait cru voir d’autres personnes avant de penser qu’il y trouverait Milena.

Pas qu’il pensait qu’elle n’avait pas sa place ici, seulement, vu le métier … Il aurait pu miser sur d’autres circonstances qui les réuniraient. Les choses étant ce qu’elles sont, elle devait bien penser la même chose de lui. L’auror le plus automate jamais vu dans sa décennie et pourtant, le voilà à Poudlard, à enseigner à la nouvelle génération et le voilà qui s’attachait à cette bande de morveux, qu’il apprenait à les adorer. Peut-être y trouvait-elle, comme lui, une atmosphère apaisante au château qui venait panser des blessures dont on n’a pas vraiment envie de parler.

Il avait donné sa parole à Nikolai et c’est bien ce qui le poussait à mettre son manteau en cette froide soirée d’Octobre. Le vent s’était levé depuis plusieurs heures déjà. Son plan initial était de se rendre à la garde-chasse bien avant la tombée de la nuit, mais un élève l’avait stoppé après les cours pour parler de ses difficultés académiques et familiales et Hayden n’avait pas eu le cœur de le stopper dans sa tirade. Il n’avait pas toujours les meilleurs conseils, mais il savait être à l’écoute et quelque fois, c’est tout ce dont une personne à besoin.

Plaçant ses cheveux pour la deuxième fois ce soir, il n’arrive pas à être satisfait devant le miroir. Il sait que le problème ne vient pas de la coiffure mais de la soirée à venir et qu’il retarde le moment où il franchira la porte. Sauf qu’à un moment ou un autre, il devra se mettre en mouvement. Il a déjà assez retardé son départ. Il effectue un froissement de nez devant son miroir avant de grommeler et d’agripper son manteau pour sortir dans les longs corridors de Poudlard. Dévalant les marches comme si tout à coup il était pressé de se rendre à destination, il se retrouve pris d’un choc lorsqu’il pousse une des portes extérieures, lui faisant goûter au vent froid du Nord. Resserrant le tissu noir contre lui, il pressa le pas pour prendre la direction de la cabane au loin.

Adieu sa coupe de cheveux qu’il avait tant préparer, le vent le malmène jusqu’à son arrivée à la porte. Bien qu’il sache que ce n’était pas de sa faute d’arrivée ainsi coiffer, le simple fait de savoir l’état lamentable de sa présentation lui fit grincer des dents pendant le trajet. Toquant fortement à la porte 2 fois, il avait déjà bien hâte qu’elle vienne lui ouvrir, pour se mettre à l'abri de ce foutu vent qui lui gelait déjà le bout des joues, leur donnant une couleur plus rougeâtre.

Le but de leur rencontre ? Celle-ci venait d’une demande du directeur en personne. Il lui avait demandé de porter assistance à la garde-chasse pour ses problèmes avec sa magie élémentaire, mais il n’était pas là que pour cela. Ses liens avec le ministère ainsi que son ancien emploi avaient fait de lui un choix idéal pour la situation de la demoiselle, en plus de ses propres connexions avec Nikolai. C’était donc une visite de courtoisie pour s’assurer que tout se passait bien de son côté et de commencer à aborder le sujet de sa magie du feu.

Lorsque la porte s’ouvrit enfin, il ne se fit pas prier pour se frayer un chemin à l’intérieur de la chaumière et referma la porte derrière lui rapidement, avant que l’air frais extérieur envahisse le petit habitacle.

-Bonsoir, mademoiselle Turner.

Son premier réflexe, avant même d’adresser un contact visuel avec elle, fut de repousser rapidement ses cheveux vers l’arrière, pour ensuite enlever son manteau et replacer sa chemise. Accrochant son manteau dans l’entrée, il tourna ensuite son regard vers sa protégée.

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Vu la couverture qu’elle porte sur les épaules et le regard surpris qu’elle prend en sa présence, il en devine que le directeur n’a pas pris la peine de l’avertir de sa venue. Pourquoi ? Pour la surprendre ? Lui qui était certain que ce rendez-vous était planifié et prévu entre les deux adultes, il semblerait qu’il arrivait comme un fantôme du passé pour elle. Ce n’était pas ce genre de soirée et de conversations qu’il avait pensé devoir aborder, mais impossible de fuir maintenant, le professeur était entré et son manteau retiré.

Sa mâchoire se sert à la mention de son ancien nom. Elle n’est vraiment au courant de rien. Cela lui fait une belle jambe de devoir tout lui expliquer, alors que toute l’attention de la soirée devrait être dirigée vers elle et non vers lui. Il allait être le plus bref possible pour expliquer sa situation, mais impossible pour lui de ne pas adresser son prénom et continuer de se faire appeler Steve toute la soirée. Il en serait déconcentré à chaque instant qu’il entendrait ses syllabes sortir de sa bouche. Parce que tout ce qu’il entendrait, cela serait la voix de son père.

Il la regarda agiter sa main devant lui, pour bien lui faire remarquer la bague qu’elle avait au doigt. Il avait seulement voulu être le plus neutre possible pour éviter de s’aventurer dans un terrain miné dont il ne saurait comment se sortir. Le regard toujours aussi neutre et distant, il n’avait fixé que sa main de brèves secondes avant de retourner son regard froid sur elle.

- Toutes mes excuses, madame Turner.

Il se permet de regarder quelques secondes la décoration autour de lui. Il avait appris à le faire par politesse et à réagir, pour avoir l’air plus … chaleureux. Bien que son visage pouvait être aussi expressif qu’une roche, il ne donnait pas l’impression d’être bien impressionner par ce qu’il voyait autour de lui. Il fallait le connaître pour remarquer qu’il n’était pas comme avant, qu’il faisait des efforts.

- Je vois que tu t’es créé un petit nid charmant.

Retournant ses yeux sur elle, plantée dans l’entrée, il baissait la tête pour arriver à le regarder dans les yeux, malgré sa présence intimidante, elle savait qu’il ne lui ferait pas de mal et même bien le contraire. Il se pencha légèrement pour rapprocher son visage du sien, comme s’il cherchait à lui parler de plus près sans pour autant trop se rapprocher et pénétrer un espace interdit. Hayden était le premier à détester qu'on s'approche de lui, encore plus qu'on le touche.

- C’est le directeur qui m’envoie. Je ne sais pas si tu es au courant, mais je suis professeur à l’école depuis la rentrée. Avant d’aller plus en détails sur la raison de ma présence, je te demande de m’appeler Hayden désormais. J’aimerais garder Steve dans le passé.

Il releva le dos et éloigna son visage du sien pour tourner la tête et commencer à marcher dans la hutte de la garde-chasse pour trouver un endroit plus confortable pour continuer la conversation. Il se permettait de ne pas attendre d’être invité à entrer plus loin pour le faire. Des explications brèves qui allaient peut-être lui déplaire ou bien lui amener plus de questions que nécessaires s’il s’était donné la peine de donner plus d’explication qu’une simple demande d’oublier son ancien prénom.

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Plus féminin ? L'habitacle avait effectivement quelque chose de charmant, mais il n'était pas vraiment l'homme de la situation pour parler de décoration, et encore moins pour exprimer l'envie de rendre son domicile plus accueillant. Que dirait-il de son chez-soi, cette pièce close qu'il considérait comme sa maison, avec seulement un lit, une chaise et un feu de foyer ? Enfin, deux chaises maintenant, ce qui lui permettait de recevoir. Pourquoi ne ressentait-il pas le besoin de rendre cet endroit plus chaleureux, comme Milena avait pu le faire ici ? Peut-être parce que sa situation était temporaire. Mais alors, celle de Milena l'était aussi, et pourtant, la voilà qui faisait de son mieux pour y apporter sa touche personnelle.

Dès qu'il la vit lui faire un signe de tête qu'il devina être une invitation à la suivre, il emboîta immédiatement le pas pour aller s'installer sur le canapé disponible. Il n'était pas contre l'idée de s'asseoir plus confortablement pour poursuivre la discussion, qui risquait déjà de durer un bon moment. Alors qu'il s'apprêtait à prendre place, il commença légèrement à fléchir les genoux pour s'asseoir, avant de réaliser que la jeune femme avec lui n'était pas encore assise. Par galanterie, il resta debout devant le canapé, attendant qu'elle revienne avec le thé pour prendre place.

Il prit place en croisant les jambes sur le canapé, veillant à orienter ses grandes jambes loin de la théière pour éviter tout accident, bien qu'il en créa malgré lui avec ses grands pieds.

- Merci dit-il simplement en prenant sa tasse de thé après qu’elle l'ait proposé. Jamais il ne refuserait un thé chaud.

Avant même qu’il puisse reprendre la conversation, Milena lui posait déjà des questions, mais pas celles qu’il aurait cru entendre. Peu importe, il était simplement content d’être bien accueilli dans sa demeure et que cela ne rende pas la suite des choses plus difficiles. Il n’était pas le meilleur pour aborder des sujets sensibles ou pour donner des explications tout en tenant compte des autres. Il avait tendance à manquer de tact et à être beaucoup trop direct dans ce genre de domaine. Bien qu’il veuille surveiller ses paroles, il aurait apprécié que le directeur en glisse un mot à Milena au préalable pour faciliter les choses pour le professeur. Mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite.

Il émit simplement un bruit de gorge pour lui confirmer qu’il était bien professeur, en réponse à sa remarque.

- J’enseigne les sortilèges, les sortilèges supérieurs et la magie élémentaire à temps partiel. Tu me connais, je travaille toujours trop.

Il a travaillé ainsi toute sa vie au ministère, alors pourquoi sa vie d’enseignant serait différente ?

- Pour être honnête avec toi, je crois que certains élèves apprécient de me créer de la misère, mais contrairement à ce que j’aurais pu penser en début d’année scolaire, ils sont pour la plupart bienveillants. J’imagine qu’ils avaient juste besoin d’un moment pour apprendre à connaître leur nouveau professeur. Je ne suis pas toujours facile d’approche … mais j’essaie de changer.

Il regarda sa tasse de thé avec peut-être un peu trop d’attention en lui parlant, mais rapidement, il remonta son regard pour la fixer de nouveau et ne lui laissa pas le temps de parler directement après ses paroles pour enchaîner rapidement.

- Assez parler de moi. Je suis venu ici pour toi, parle moi de tes dernières semaines. Pourquoi es-tu resté enfermé dans cette cabane ?

Il était vrai après tout qu’il était ici pour parler d’elle et de l’avenir et Hayden n’avait jamais apprécié les conversations mondaines ou celle qui tournait autour de lui, alors il profita de cette balle au rebond pour retourner la conversation sur elle.

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