songe d'une nuit d'été TW : mort graphique d'une enfant. l'orage grondait au-dehors. A la fenêtre des enfants Croupton, les arbres dessinaient des visages monstrueux et frappaient contre la vitre pour faire sursauter les deux bambins. Barty faisait mine de dormir, recroquevillé dans son lit - âgé de dix ans, il supposait qu'il n'était plus de son âge d'avoir peur de l'orage. Celui-ci était cependant bien terrible. Il entendit sa soeur geindre non-loin de lui. Dans la maisonnet, ils partageaient une chambre la nuit - une habitude qu'ils avaient de la difficulté à perdre, plus encore alors qu'il se préparait à recevoir sa lettre pour Poudlard.
Chut, Lydia. Tu peux dormir, on risque rien. grogna-t-il, espérant que sa petite soeur - qui venait de fêter sa cinquième année - se calme enfin.
Il ne l'a pas entendu quitter son lit, marchant sur les dalles froides du sol en carrelage. Il ne l'a pas entendu non plus ouvrir la porte - elle grinça dans le chaos de l'extérieur qui frappa plus encore sur la vitre. Il ne l'entendit pas traverser la maison, appelant
maman avec sa voix terrifiée. Elle avait oublié - il supposait que c'était là l'explication la plus logique, celle qui lui permettait de retrouver le sommeil.
Elle descendit pour rejoindre la cave - et parce qu'elle avait du sang sorcier, que la peur lui tenait au ventre, elle arriva à en ouvrir la porte, pourtant magicalement scellée. Comment y arriva-t-elle, Barty ne l'expliquera jamais. La magie et ses miracles - ses miracles maudits. Il entendit uniquement le hurlement glutural de la harpie et le cri d'agonie de sa soeur. Sautant de son lit, il frappa le sol aussi vite que possible, récupéra sans y penser la baguette que sa mère laissait toujours sur le comptoire de la cuisine
juste au cas où. Il ne put rentrer dans la pièce sans risquer d'être dévoré à son tour. Il vit la créature dévorer sa soeur. Il frappa un coup, ferma la porte, et pleura.
La harpie avait mangé un enfant ce soir. Cela faisait dix ans qu'elle espérait - cette fois elle avait réussi.
Le lendemain, il ne retrouva que peu de choses de sa soeur. Qu'une peluche qu'il garda avec lui. Sa mère en larme. Son père tétanisé. Sa soeur morte. Et le monstre qui se flattait d'être plus fort - finalement - que les humains. Maudite à jamais et dans son sang, la même malédiction qui coulait. Quand il vit le sang, il se contenta de le fixer. Aucune émotion en transparaissait dans son esprit à la vue de l'hémoglobine en quantité. D'autre auraient rendu leur âme pour cela - son père ne put rentrer dans la pièce à cause de l'odeur. Lui s'en moquait. Parce qu'il lui apparut alors que lui aussi été maudit.
comptine des feuilles d'automne Il n'était rien de nouveau dans la marche du monde. D'un côté l'ombre, de l'autre la lumière - parmi les serpentards, l'ombre était préférée, figeant dans la nuit ce qu'il y avait de plus puissant à leurs yeux. Barty se demandait toujours ce que cela pouvait être : le pouvoir, la magie noire, le sadisme, la cruauté, le sang. Il savait pas l'expliquer pour les autres - bien que pour lui c'était une évidence : il aimait voir le visage des autres se barrer de souffrance. Il aimait savoir qu'il pouvait les briser, leur faire mal, les voir se tordre et supplier - c'était jouissif, explosant en lui en excessif plaisir. Plus il y pensait, plus il s'en approchait. Auprès d'Evan Rosier et Adriel Mulciber, il laissait son esprit s'étendre en mille pensées cruelles - sans limite à ses réflexions, moins encore s'il levait sa baguette après.
Alors quand ils s'approchèrent pour lui proposer de porter la marque, il eut du mal à trouver une raison de le refuser. Mais il n'était pas un homme impatient - il vivait au rythme des journées sans courir plus vite que le monde. Regulus était parti il-ne-savait où, une fois encore. C'était une chose récurrente avec ses fiançailles déclarées à la fille Macmillan; une profonde stupidité qui dépassait l'entendement pour le Croupton. Les mariages arrangés étaient aussi idiots que l'obligation de procréer. Un truc qu'il cachait pas - mais au moins cette situation le laissait face à Oswin et c'était une chose qu'il appréciait.
C'est une idée stupide. il lui arrache un haussement de sourcil méprisant -
C'est toi qu'est stupide, Feuerbach. grogna-t-il juste par simplicité - arrachant un rire à l'Allemand qui se tourne pour lui faire saisir sa pensée.
Je vois pas pourquoi m'en priver. J'ai rien contre le fait de torturer, ou de tuer, ou les deux. Alors autant le faire en bonne compagnie. décréte-t-il, bien qu'à s'entendre il sait que l'argument tient pas la route. Pas sur la torture ou la mort, mais sur la compagnie. Feuerbach est pas stupide - contrairement à ce qu'il a pu avancer. Il est même plutôt du genre à réfléchir plus vite et plus loin que la majorité des gens.
Quitte à devenir un tueur, fais en une qualité réelle : tu pourrais te professionnaliser dans la chose et le faire pour tes propres convictions - plutôt que pour convenir à celles d'un autre que tu connais même pas. Ca tombait sous le sens - faut dire que Barty cherchait difficile à réfléchir plus et l'idée était plutôt engageante, de faire de son don et de son talent pour la souffrance un gagne-pain pour plus tard. Il sourit, plutôt, pour se tourner vers Oswin avec reconnaissance :
Et toi, c'est quand que tu uses de ton intelligence pour autre chose que gouverner Black dans l'ombre ? C'est que jamais il le saura. Pour Black, Feuerbach se fera parfaitement obsessionnel. Au point d'offrir sa vie - sa magie, plutôt. Là où se centraliser son pouvoir. Il devint rien, rentra en Allemagne, et n'offrit à Barty que de rares lettres pour prendre des nouvelles sans passion à l'intérieur.
Et Barty pleura, un jour, la perte de son ami. De le voir réduire à néant un potentiel qui aurait fait de lui un grand. Il se promit de ne pas commettre la même erreur - et de faire payer à Regulus d'avoir été l'instigateur d'un tel gâchis.
pas dans la neige d'hiver La fin de Poudlard approchait - de même que la guerre grondait encore au loin. Il se tenait là, à observer les tréfonds du lac noir, sans trouver raison à faire autre chose que rien - sauf pour écrire sur le parchemin se trouvant sur ses genoux. Parfois il jetait une phrase, vidait son âme torturée.
Sirena,
Je t'aime.
Il n'existe pas de vérité plus évidente que celle-ci. Elle me marque depuis longtemps, depuis un an, depuis toujours. Ce fait sa place en moi, me rend entier. Je t'aime.
C'est facile à dire, à penser, à vivre, à exister. Ca fait une part de lueur dans une existence où je veux tout en gris. Dans mon monde assailli de nuages pour ne rien faire paraitre, tu t'es imposée comme un rayon moqueur et aveuglant.
Je t'aime.
Sans terreur, sans angoisse, sans regret. Ca me fait rire des autres, avec eux, pour eux. Ca me rend vibrant, brûlant, fiévreux.
C'est facile.
C'est évident. Peut être que finalement, même les monstres ont droit au bonheur.
Tu as finis par me le faire croire.
Et j'ai envie d'y croire.
J'ai envie de le penser comme une évidence.
Le bonheur est dans ton regard.
Ton regard qui fait sourire mon monde.
Sirena, je t'aime.
Il resta un moment, sans bouger, inspirant seulement les pensés qui le traversaient en vague immenses. Il sourit, véritablement, rassuré pour le reste de cette vie qui lui était offerte.
Puis il se leva, il s'approcha d'une des bougies qui se trouvait toujours allumée dans la salle commune, et y glissa le parchemin qui s'embrasa. Alors que sur la table tombait les morceaux de cette déclaration qu'il offrait au néant, elle arriva.
Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle, les sourcils froncés. Il se tourna vers elle, comme il le faisait toujours, lui offrant toute son attention - et garda son sourire. Il avait atteint cette sérénité, cette certitude.
Ce qu'il ressentait lui appartenait, mais il ne saurait imposer à Sirena l'amour d'un monstre.
Je t'accompagne jusqu'à la Grande salle pour diner ? Proposa-t-il plutôt, laissant là les cendres.
Laissant là son palpitant, au creux de la main de la sirène.
fleurs séchées de printemps L'hémoglobine lui tirait la peau - le sang séché faisait masse dans ses cheveux et le rendait salle. Il le sentait sans pouvoir rien y changer pour l'heure - il transplana pour rejoindre Camden Town, oubliant qu'il se trouvait là des moldus qui pourraient être terrifiés de le voir ainsi apprêté. La cigarette à la bouche, le manteau à moitié déchiré, les fringues puant la sueur et le sang - un mercenaire, comme il le gueulait souvent, voila ce qu'il était devenu.
Voila pourquoi il était doué. Il rejoignit l'appartement de Regulus d'un pas déterminé - non pour voir son meilleur ami mais pour abuser de son hospitalité. Et pour une douche, aussi.
Je reviens. Dit-il pour salutation, se faisant une place dans l'appartement tout juste rénové et se foutre à poil sans une seconde pensée.
Il est ici chez lui - il voit pas les choses autrement. D'autant qu'il n'a pas d'autres chez lui où exister en ce moment. Le dernier loyer a pas été payé, alors ce qu'il avait de toit sur la tête lui a été retiré. Peut être un jour se posera-t-il dans un boulot qui rapporte constamment - pour l'heure, les tueries se font peu fréquentes, parce que chacun ressent un élan d'amour pour l'existence. C'est ainsi : la fin des guerres c'est mauvais pour le commerce du sang.
Propre, il rejoint Regulus, prend dans son frigo une bière, s'assoit près du piano où son meilleur ami frappe les touches avec mélodie. Il aime la musique classique - voila une chose qui sait détendre son âme et agiter son intellect.
T'as une sale gueule. T'as passé la journée à te morfondre, encore ? Demanda-t-il après la première gorgée, sans se faire tendre ou câlin. Pas de cela entre eux - ou s'il fut un temps Barty l'avait espéré, il a soigné son coeur brisé depuis. Il est juste là pour emmerder Regulus, se faire le démon sur son épaule lui rappelant constamment ce qu'il fait de travers.
Il lui doit au moins cela - et pour être souvent un parfait crétin. Et pour l'avoir évité d'en être un quelques années avant. Il grogne le Black pour réponse et Barty se marre.
Ca te rend pas plus sexy tu sais ? dit-il comme si l'évidence pouvait échapper au Black - mais Regulus se fait sexy tout le temps, ce qui désespère le Croupton qui va pas jouir de la même allure élégante. Lui il jouit juste de sa liberté - qui souffre d'un manque d'argent. Ou peut être pas comme il s'appartient à lui-même et que cela lui convient bien.
Ce que le Black peut pas apprécier - mais Barty désespère pas de le lui faire savourer un jour.
Vire ta gueule déprimée de ce visage d'ange. Et viens avec moi : on va faire déféquer quelques moldus homophobes en se tenant la main dans la rue. J'connais un endroit sympa pour oublier que le monde est pas si sombre. Par gentillesse il termine vite la bouteille - tend la main au Black pour le guider hors de chez lui - le menant dans les bas fonds où Barty à ses habitudes - le reste de la soirée il en gardera qu'un vague souvenir flou, une brume qui entache son esprit et exacerbe ses émotions qui se font amnésiques.
Regulus a disparu à son réveil, c'est souvent le cas. C'est pas cela - cependant - qui l'empêche de jouer le même manège une fois que la nuit tombe encore.