Dear Lord || James & Barty

Passage par la fenêtre - celle-ci est entrouverte, diras-tu sans sourciller quand ton meilleur ami te demandera immanquablement comment t'as fait pour rentrer cette fois. Faut pas qu'il s'affaiblisse le Black, alors tu t'assures de toujours le surprendre au mieux, trouver des failles dans le système de pseudo-protection qu'il a mis autour de son appartement. Mais à vivre au-dessus d'un bar on risque fort de s'attirer des ivrognes et des malfrats de tout genre - dont t'es clairement le spécimen le plus acceptable. Alors tu passes, tu entres, envahit l'espace appartenant à Regulus dont il a repris le contrôle après avoir foutu dehors son colocataire-imposé.

Dans sa cuisine il y a de quoi manger liquide - tu t'empares d'un bouteille à la couleur ambrée, l'ouvre avec les dents, bois une gorgée qui t'arrache le palet puis écoeuré la repose dans un coin avant de continuer ton chemin vers les piles de livres de tout genre qu'il a étalé partout. Trop compliqué d'être soigneux et ordonné - le Black aime mieux s'étendre et foutre le chaos partout pour mieux s'y retrouver. T'as pas de mal à y faire ton chemin non plus - c'est que tu parles le Regulien depuis longtemps.

Tu te jettes finalement sur un fauteuil avec une bouteille de Vodka-surprise - celle-là t'as reconnu l'étiquette - puis un roman à la couverture noire et grise qui te semble pas trop mauvais. Tu te plonges aisément dans les lignes. Comme tu vis sur la route la plupart du temps, tu perds pas d'énergie à transporter des livres, mais t'aime t'arrêter pour lire dès que tu peux. Que ce soit chez Sirena, Orthos ou Reg - quand tu viens durant leur absence tu leur prends souvent un livre en attendant. Plongé dans les aventures d'un dragonnier moyennageux en guerre contre les Vikings, tu mets du temps à réaliser qu'un bruit répétitif claque contre les murs de l'appartement.

Te faut bien une minute pour saisir qu'il s'agit de coups donnés à la porte - tu te lèves alors, gracieusement, pour aller voir de quoi il s'agit.

Pendant une seconde - qui passe aisément sur toi - tu réalises l'image que tu dois donner à l'inconnu de l'autre côté de la porte. Un semblant de miroir dans un coin du couloir et tu t'arrêtes pour fixer tes cheveux défaits et sales, ta mine déconfite, ta robe de sorcier poussiéreuse et ton air d'avoir pas dormi depuis des jours. Tu ferais peur à un épouvantard.

Mais c'est la vie qui veut ça, alors tu te ramènes jusqu'à la porte, l'ouvre et découvre là, l'une des personnes que t'avaient le plus à l'esprit de rencontrer - de revoir, plutôt, comme vous vous connaissez déjà - depuis un moment. James Potter. Tu le salues avec un sourire en biais, avisant sa tenue bien plus soignée et propre que la tienne - tout chez lui respire la réussite et le bon goût. Un soleil dans le ciel étoilée de Londres - l'étoile montante de la société, qui fait vibrer les palpitants quand il tient sur un balais. Mais alors, tu sais pas ce qui fait frémir celui de Reg dans le lot. Parce que t'es pas con - pas trop du moins - le Black passe son temps avec son frère, avec Potter, avec Lupin peut-être bien (de toute façon aller avec l'un c'est aller avec les autres) et il tient à garder la chose ainsi.

C'est pas pour l'amabilité de Sirius. Il n'en n'a aucune. Tout comme Lupin qui se fait plus souvent bougon qu'agréable. Reste James - et il a pas nié passer du temps avec.

Alors pourquoi ? T'es beau comme un Dieu, pas étonnant que tu fasses la une des magazines. Ca te dit on prend un verre toi et moi ? Qu'tu proposes en battant des cils, te laissant aller contre le montant de la porte dans une posture nonchalante. Parfaite opportunité pour apprendre à connaitre le Potter - puis voir s'il est aussi parfait qu'on dit, surtout pour s'approcher de ton meilleur ami. Y a que de l'alcool merdique ici, mais si ça froisse pas tes habitudes de bon garçon, je t'en sers un ?

Il t'offre pas mieux qu'un nom jeté avec mépris le Potter - pourquoi te fader d'amabilité s'il n'en fait pas de même, outre pour t'amuser plus encore de le mettre en rage ? Tu t'en invectives pas, t'es pas fait du même orgueil que James ou Regulus - t'es pas même certain d'en avoir du tout parfois, tant la vie te marche dessus et t'aime la laisser faire. Faut dire qu'autrement la vie serait particulièrement emmerdante et t'es pas fait pour l'ennui. Alors autant ouvrir la porte à James et le laisser t'occuper le temps que Regulus revienne - si comptait qu'il revienne à une heure assez acceptable pour que tu ai envie de l'attendre. Pas sûr, moins encore avec une compagnie si inattendue. Ce n’est pas ta compagnie que j’recherche. C’est à la porte de Regulus que je cogne, non ? T'arques un sourcil, comme si tu t'attendais presque à ce qu'il se mette à rire à sa propre stupidité.
Ou à la tienne. T'as presque l'idée de lui répondre avec sarcasme - puis te gêne pas finalement, comme tu touches ta poitrine avec un air dramatique - Vraiment ? Non. Je me disais bien qu'on se trouvait pas chez moi ou toi. - avant de laisser filer avec un air blasé et un regard vers le ciel.

T'es chez Regulus comme chez toi - majoritairement parce que t'as pas de chez toi depuis que t'as claqué la porte de chez ton père. Pas moyen pour toi de penser que t'es encore un Croupton qui a sa place là-bas. Pas moyen pour toi d'y remettre un pied tant que le patriarche sera en vie - peut être une fois que Charlie aura repris le flambeau tu pourras le considérer. Mais en attendant, t'es chez toi partout ailleurs. Le monde est assez vaste pour cela, et l'appartement de tes amis aussi. Celui de Regulus est pas ton préféré, mais Orthos travaille ce soir et t'as pas autant de trucs intéressants à lire chez lui. Surtout des bouquins de médicomagie - chiant chiant chiant - alors que Regulus aime la romance et le drame.
Etonnant. Vraiment. L’alcool le plus merdique sera toujours meilleur que ta compagnie, Cette fois tu lâches clairement un rire amusé. T'as plus en commun que je pensais avec Reg - suffit de vous offrir de la boisson pour vous convaincre de faire tout ce qu'on veut. Laches-tu en te jetant à nouveau sur le fauteuil - avisant le fait que Potter préfère resté debout comme un con au milieu de la pièce.

Tu sais pas s'il est déjà venu ici - tu l'imagines sans peine comme c'est devenu le nouveau sorcier préféré de ton meilleur ami (et ça te convient parfaitement si on te pose la question, comme ça t'as moins à jouer les baby-sitters avec ce foutu Black) - (même si en réalité tu sais pas ce qu'il lui trouve au Potter) - (et que t'es plus fun que lui, clairement). Alors tu le regardes de biais plutôt, ta vodka surprise toujours bien logée près de ton siège. T’sais quand Reg doit revenir ? Tu prends la vodka, ton livre et tu t'éventes avec, comme si la pièce devenait brûlante - alors que tu te gèles plutôt. Bien sûr. Il m'a dit avec exactitude où il se trouvait, pourquoi il y était et quand est-ce qu'il va revenir. Et quand il va rentrer je vais lui cuisiner un bon repas et lui faire couler un bain parce que j'suis la strangulot de Black. Tu parles avec un voix haut perchée, le sarcasme dégoulinant de chacune de tes paroles, comme si la question était la plus stupide que James aurait pu trouver.
C'est pas loin d'être la vérité. T'en fais pas Potter, cette place est libre, tu la prends quand tu veux. Rajoutes-tu avec plus de sérieux - visiblement - et un clin d'oeil pour appuyer tes propos.

Pas fichu de tenir en place - tu passes tes jambes pour t'assoir mieux et grogne à le voir toujours figé comme un poteau. Assieds toi au moins, tu me donnes le tournis. Tu lui montres un siège - puis il prend celui qu'il veut tant qu'il en prend un, vraiment. Je pensais que toi, plus que les autres sorciers de ce monde, saurait qu'un Black est un esprit libre. Ou alors j'ai tiré l'mauvais pion : mais le miens a tendance à se fourer dans des histoires de bouse d'hippogriffe et à venir pleurer pour être sauvé ensuite. Alors j'attends que ça arrive - histoire de pouvoir lui rappeler comme il est con et de le sauver quand même parce qu'avec le temps j'ai fini par m'y attacher. Le tiens marche pas pareil ?