Tu vois bien qu'elle ne va pas bien, il faudrait être idiot pour ne pas le voir. Et ça occupe tout ton esprit, dès que tu te lèves jusqu'à ce que tu te couches, parce que Lyra a pris une place énorme dans ta vie, dans ton coeur et tu ne parviens plus à mettre de côté les sentiments qui grossissent en toi quand tu la croises, quand tu sens son regard chercher ta silhouette et qu'elle t'adresse quelques mots que tu savoures comme un cadeau. Sauf que Lyra va de plus en plus mal, elle est éteinte, ne rit plus, ne sourit presque pas même quand elle est avec toi et comble du mal être, aujourd'hui elle a ratée un entraînement de Quidditch inter-équipe. Alors certes ils ne sont pas obligatoires et permettent juste de s'entraîner tous ensemble pour ne pas perdre la main mais malgré tout pour une dingue de Quidditch comme elle, comme toi, manquer ce genre de moment est impensable. Sauf qu'elle n'était pas là, tu as attendu longtemps avant de te résoudre au fait qu'elle ne viendrait pas. Alors où peut-elle être ? Ceux de ta maison n'ont pas répondu à tes questions et ont préféré les éviter, jusqu'au repas.
A nouveau pas de trace de la Gryffondor, ce qui a fini par t'inquiéter au point de te pousser à aller marcher dans le château bien après l'heure du repas, quand tout le monde s'apprête à aller se reposer ou lire un peu dans les dortoirs. Toi tu as fini par trouver ton chemin dans les sous-sols, dans ce lieu où personne ne va jamais mais que tu aimes bien pour son calme. Jusqu'à entendre le bruit de pas de quelqu'un approchant de toi, ce qui t'a fait relever la tête de crainte de tomber sur un préfet te demandant d'aller à ton dortoir mais au contraire quand tes yeux ont finis par se poser sur la forme au bout du couloir, c'est celle que tu n'attendais plus qui se trouve enfin là. « Lyra ! » Que tu appelles avant d'agiter le bras vers elle avant de presser le pas pour approcher davantage. Et une fois que tu arrives devant elle, tu lui souris tout en reprenant ton souffle. « Je te cherchais ! Comment tu v... » Et tu arrêtes aussitôt de parler en voyant ses cernes noires et surtout le paquet qu'elle tient, contenant des ailes minuscules d'une créature que tu ne connais pas. « Tu veux que... Je t'emmène à l'infirmerie ? » Ca semble être la solution la plus logique soudainement. Parce que tu ne sais pas quoi dire, tu ne sais pas quoi faire pour l'aider. Et pourtant tu le voudrais sincèrement.
Elle est en train de sombrer. Bien sûr, Lyra devrait demander de l’aide. Mais elle n’en a même pas la force. Elle ne veut pas décevoir son frère, ses amis. Elle préfère couler seule, plutôt que d’entraîner du monde avec elle. Sa mère lui manque terriblement et dans le fond, la Rouge et Or ne veut pas causer du tort à son aîné. Il a déjà bien assez de choses à gérer pour le moment, avec le coma de Piper. Il n’a donc pas besoin de savoir qu’elle va si mal. Même à Leah, Lyra n’a rien dit. Elle s’est contentée de sourire, d’écrire en disant que ça va mieux que la réalité. De toute façon, comment pourrait-elle aller bien ? Si à tout ça, on rajoute le Quidditch où certains de son équipe ne la soutiennent même pas, Orpheus, et ses notes qui dégringolent, il est certain que Lyra ne va pas tenir longtemps. La personne qui la fait tenir, c’est Othello. Même si au fil des jours, la brune n’arrive même plus à sourire en sa compagnie. Pourtant, le Poufsouffle lui fait du bien. Il la fait se sentir vivante pendant quelques secondes.
Déambulant dans les couloirs de Poudlard, Lyra ne sait pas où elle va. Elle a juste besoin de s’éloigner. La Gryffondor ne veut pas être au milieu de tout le monde, à prétendre qu’elle va bien en affichant un faux sourire sur ses lèvres. Autant dire que lorsqu’elle voit qu’elle n’est pas loin des sous-sols, la brune continue son chemin. Au moins, elle est presque sûre d’être tranquille. Avant de la trouver là, il y aura du temps. Inspirant doucement, vérifiant que personne n’est là, Lyra regarde le petit sachet qu’elle tient au creux de sa main. D’un côté, elle voudrait s’arrêter. Elle voudrait ne plus être dépendante de tout ça. Mais de l’autre … De l’autre, c’est son moyen d’apaiser son cœur bien trop douloureux. Son cœur qui souffre bien trop de tout ce qui lui ait tombé sur le nez en seulement quelques semaines. Inspirant doucement, la Rouge et Or hésite. Les ailes de cette petite créature, qu’il faut mâchouiller, sont vraiment une des meilleures drogues qu’elle a pu tester. Mais aussi une des plus fortes. Soupirant, son esprit lutte. Mais ses doigts ouvrent malgré tout le sachet. Jusqu’à ce qu’elle entende des bruits de pas. Se retournant vivement, Lyra est surprise de voir Othello. Si bien qu’elle en oublie même de cacher le petit sachet qu’elle tient à la main. La Gryffondor le regarde et quand il vient à parler d’infirmerie, elle secoue vivement négativement la tête. Hors de question, elle risquerait bien trop ! Sans parler que Colin sera au courant de ce qui se passe. « Je … Non non c’est bon ! Il n’y a pas besoin, je vais bi … » Mais Lyra s’arrête en pleine phrase. Comment peut-elle lui mentir droit dans les yeux ? Alors que son cœur bat pour lui. Non, elle ne peut définitivement pas mentir à Othello, c’est trop lui demander. Inspirant, elle range le sachet dans sa poche et décide de changer de sujet. « Tu t’es perdu ? » Certainement pas, alors qu’il connaît parfaitement les couloirs du château. Il n’y a donc qu’une possibilité. Mais Lyra n’arrive pas à y croire … « Ou tu … Tu venais y retrouver ta copine peut-être ? » Son cœur se serre douloureusement à l’idée. Mais après tout, pourquoi n’aurait-il pas une copine ? Il a tout ce qu’il faut pour qu’une fille soit charmée. Elle la première. Soupirant, Lyra ne veut finalement pas entendre la réponse. « Non finalement, laisse tomber, je dois y aller. » Et rapidement, elle tourne les talons, prête à partir.
Tu n'attendais que ça, de pouvoir enfin la voir après l'avoir cherchée pendant des heures. Tu n'es pas discret en plus, ta cousine elle même commence à voir que tu en pinces pour la belle Gryffondor mais que peux-tu faire ? Tu es du genre entier et pire encore, tu ne sais pas mentir alors il est vrai que ton regard part souvent vers la table des lions, espérant la voir manger avec appétit et rire à une blague d'une camarade. Ou chahuter avec les autres membres de son équipe, sauf que Lyra est éteinte. Le rayon de soleil ne brille plus, elle ne parle pas beaucoup, ne sourit plus et même ta présence semble ne plus lui redonner ce sourire qui la rendait si belle. Alors toi qui est entier, tu peines à cacher ton inquiétude et puis tu n'en as pas envie, si tu es le seul à voir qu'elle va mal au moins tu veux être certain qu'elle se rassure en se disant que quelqu'un la voit tel qu'elle est. Vraiment telle qu'elle est et pas tel qu'elle veut se montrer aux autres, ceux qui ne voient pas ou n'en ont rien à faire. Sauf que lorsque tu finis par la voir dans le couloir, tu ne peux t'empêcher d'approcher vite vite de peur qu'elle disparaisse encore une fois, comme un songe ou comme si elle te fuyait. Avant de t'arrêter, d'aviser son état et surtout le sachet qu'elle tient. Tu ne vois pas bien mais c'est assez pour te faire comprendre que Lyra ne tourne pas qu'au jus de citrouilles, les rumeurs vont vite à Poudlard surtout quand un état d'un élève change et qu'il va mal. Pourtant, tu ne devrais pas être le seul à réagir mais malheureusement beaucoup sont trop égoïstes pour se bouger.
"Non. Je te cherchais." Dis-tu en décidant d'être franc et honnête, surtout alors que tu viens de la surprendre avec un sachet dont tu ne sais rien. Tu souris, d'un sourire triste tout en levant les yeux au ciel. "Allons Lyra... Tu sais bien que je suis célibataire." Et puis aucune autre ne t'intéresse alors pourquoi irais-tu tourner autour des autres filles ? Certes tu sais bien que depuis que tu es joueur de Quidditch, il y a quelques filles de ta maison qui te regardent en coin mais qu'importe, toi tout ce que tu veux se trouve devant toi et les autres tu ne les vois pas. "Quoi ? Mais... Hé !" Que tu dis en lui courant après pour la rattraper par le bras aussitôt que ta main se serre autour de son poignet droit. Celui qui tenait le sachet maintenant dans sa poche. "Pourquoi tu me fuis ? J'ai fait quelque chose de mal ?! Ca fait des jours que je veux te parler, que je te cherche, que je vois bien que tu dépéris d'heure en heure !" Tu craques, parce que tu es inquiet pour elle mais surtout parce que tu es épuisé et que lors de tes instants de fatigue, tu ne parviens plus à retenir le filtre de sociabilité qui t'empêche habituellement de dire tout ce qui te passe par la tête. Pourtant on t'a élevé dans l'idée que tu devais cacher tes sentiments mais tu es Poufsouffle et évidemment tu ne sais pas jouer la comédie bien longtemps, au contraire de ta cousine même si Echo se fait trop souvent trahir par son don de métamorphomage. "Tu ne vois pas que je m'inquiète pour toi ? Que je veux t'aider ?" Que tu finis par murmurer tout en cherchant son regard, posant sur elle des yeux humides parce que tu ne supportes plus de la voir dans cet état.
Finalement, son cœur s’accélère alors qu’il lui dit qu’il la cherchait. Lyra ne s’attendait pas à ce qu’il lui dise une telle chose. Et elle est touchée par ces quelques mots. Inspirant doucement, elle ne veut pas savoir s’il voulait retrouver sa copine. Après tout, elle est malade rien qu’à l’idée même ! C’est bien pour cette raison que la Rouge et Or tourne finalement les talons, s’éloignant. Elle ne veut pas voir ô combien il est heureux de retrouver sa peut-être copine. Mais contre toute attente, Lyra entend les pas d’Othello derrière elle. Et elle sent ses doigts qui s’enroulent autour de son poignet, la faisant légèrement sursauter. Dans le fond, elle pensait qu’il la laisserait partir même si son cœur a hurlé pour qu’il ne le fasse pas. Les mots du jeune Poufsouffle la font frissonner, alors qu’elle doit se mordre les lèvres pour ne pas céder. Il a visé si juste, qu’il l’aurait tué si son organe vital avait été en ligne de mire.
Et là, le cœur de Lyra se fissure un peu plus, alors qu’elle voit ses yeux qui sont humides. Avalant difficilement sa salive, la brune tire sur une peau autour de son pouce, pour se forcer à ne pas craquer. Mais voir Othello dans un tel état, ça la fait souffrir. « Je … Si mais … » Mais là, Lyra craque. Comme si son âme se fissurait et que le torrent qu’elle retenait à l’intérieur, venait de se déverser. Inspirant difficilement, la gorge secouée de sanglots, Lyra s’avance et comble la distance qui la sépare d’Othello. La Rouge et Or s’effondre contre lui, alors que ses doigts agrippent son pull avec force. Si elle le lâche, elle va tomber et jamais Lyra ne pourra remonter. Tremblante contre lui, son corps est secoué de sanglots que la brune n’arrive pas à retenir. « J’y arrive plus … S’il te plaît … Je veux que ça s’arrête. » La douleur qu’elle ressent au plus profond d’elle-même. La douleur de ne plus avoir sa mère à ses côtés. La douleur que lui impose le manque quand elle tente d’arrêter. Et la douleur qu’Orpheus a laissé dans son cœur, et que seul Othello arrive à combler. Tout … Lyra n’arrive plus à faire face à ses ténèbres, ayant l’impression d’étouffer entre leurs bras. « S’il te plaît … Aide-moi … » Il pourrait largement l’abandonner. Lui dire de se débrouiller. Mais dans le fond, si lui ne le fait pas, qui le fera. Alors elle pleure contre son torse, n’arrivant pas à s’arrêter. Son âme est vide. Comme si tout son monde était devenu sombre et qu’aucune lumière ne pouvait l’atteindre. Sauf que tout le monde a besoin de lumière. Inspirant pour tenter de se calmer, Lyra finit par pleurer silencieusement. Son cœur ne doit plus avoir de sanglots non plus. « J’ai plus rien … Je suis toute seule ... » Elle murmure, avoue ce qu’elle ressent au plus profond de son âme brisée.
Tu attends, ne sachant que faire, comment réagir à la voir ainsi dans cet état. Tu voudrais lui hurler tellement mais seul le silence sort de ta bouche, silence entrecoupé par vos respirations. Tu refuses de la voir partir encore une fois, fuir ce que tu ne parviens pas à lui avouer. Pourquoi faire ? Pour aller encore s'enfermer dans des chimères faites de drogues douces mais qui deviennent de plus en plus dures ? Tu ne peux pas accepter qu'elle se détruise comme ça, pas sans rien faire, pas comme si ça ne te touchait pas tant tu veux l'aider. Et alors que tu vas pour parler, lui demander ce qu'elle compte faire mais aussi parce que ce silence commence à te rendre fou, elle brise la distance et vient s'écraser contre toi tel une noyée qui s'accroche à une bouée de sauvetage. Tu renfermes tes bras autour d'elle, sans être mal à l'aise mais surtout parce que tu ne sais pas comment réagir soudainement. Tu es sans voix mais pas sans souffle, tu respires le parfum de sa chevelure pour l'imprimer dans ton esprit. "D'accord... Je peux t'aider Lyra... Je peux être là pour toi." Et la certitude que tu met dans ta voix te surprend, parce qu'elle est soudainement plus grave, plus sûre et définitivement plus adulte. "Mais non... Tu n'es pas toute seule, tu as encore ton frère Colin, tes amis..."
Et tout en disant cela, tu caresses lentement son dos avec tes mains pour essayer de faire passer son chagrin. Chacun de ses sanglots qui perce le calme de ce couloir te fait mal, comme si tu prenais des coups de poignard dans le cœur. Tu voudrais faire plus que simplement lui parler, comme si tes mots pouvaient apaiser la douleur qu'elle a en elle. Mais tu peux juste être là, la serrer contre toi et lui jurer que tout ira bien. Pas maintenant peut-être, pas demain mais ça va finir par se calmer. "Moi je suis là, j'te laisserais pas." Pas comme le goujat qui a été odieux avec elle et qui ne mérite aucune des larmes qu'elle verse. Alors pour lui offrir un cocon encore plus agréable, tu viens poser ta joue sur le sommet de sa tête car heureusement tu es grand et elle, assez petite. Là, tout en ne cessant pas un instant de câliner son dos, tu te met à bouger doucement comme pour la bercer dans un rythme régulier. Et surtout tu l'enfermes dans une bulle de protection, de sorte à ce qu'il ne lui arrive plus rien. Si seulement tu pouvais la protéger du monde extérieur, tu le ferais sans hésiter. "Il faut que tu arrêtes tous ces excès, tu es entrain de te tuer à petit feu... Ce n'est pas sain, ça n'en vaut pas le coup. Je peux te trouver des potions pour t'aider dans ton sevrage, si tu veux." Et tu en es capable, tu pourrais soudainement lui promettre la lune juste pour lui rendre le sourire.
La Rouge et Or est à bout. A bout de souffle. A bout de force. Au bord du gouffre. Elle s’agrippe à Othello comme sa vie en dépendait, ce qui est totalement le cas. Si elle le lâche, la brune a l’impression qu’elle va tomber. Et que jamais elle n’arrivera à se relever. Ses ténèbres sont de plus en plus épaisses et elle ne sait pas si elle pourra un jour les chasser totalement. Elle vient à supplier le Poufsouffle de l’aider. Il le faut … Elle n’a plus personne. C’est la sensation qui ronge son cœur, alors que tout s’effondre autour d’elle. Othello vient à lui dire qu’il sera là. Est-ce qu’elle doit le croire ? Ou va-t-il mentir lui aussi, comme le Serpentard ? Non, il est différent. Lyra le sait au plus profond de son âme. Au plus profond de son cœur qui se réchauffe lorsque le Poufsouffle se trouve à ses côtés. Les larmes coulent silencieusement sur ses joues. Oui elle a son frère … Un frère qu’elle déçoit, même s’il ne sait pas ce qu’elle fait. Mais s’il venait à l’apprendre, pourrait-il lui pardonner ? Rien n’est moins sûr. Peut-être qu’il la repoussera. Ne voudra plus d’elle dans sa famille ? Ses pensées embuées pensent au pire, alors que son cœur tambourine dans sa poitrine.
Les mains d’Othello semblent réchauffer son corps, alors que Lyra tremble contre lui. Mais ça lui fait du bien d’être contre lui. Elle ferme les yeux et souffle dans un murmure. « Merci … » Merci d’être là, d’être à ses côtés, de ne pas la laisser tomber. Lyra pourrait lui dire une tonne de remerciements, mais les mots ne seraient certainement pas suffisant. Et pourtant, la Rouge et Or a besoin de certitude. « Tu … tu me le promets ? Que tu ne me laisseras pas ? » Othello pose sa tête contre la sienne et Lyra se serre avec un peu plus force contre lui. Si on lui demandait de choisir entre la drogue et cette étreinte, nul doute qu’elle choisirait cette seconde option. C’est tellement agréable de se sentir … comme ça. Il n’y a qu’avec Othello qu’elle se sent aussi bien. Peu à peu, ses sanglots se calment pour ne laisser que des larmes silencieuses. La voix du Poufsouffle raisonne une nouvelle fois et la Gryffondor sait parfaitement qu’il a raison. Son cousin lui a dit exactement la même chose. Elle en a conscience. Inspirant doucement, elle est honnête. Lyra n’a plus la force de se battre de toute manière. « J’essaye de ne plus en prendre … Mais c’est dur. C’est devenu une habitude pour … ne plus avoir mal. Je dors mieux avec ça aussi tu sais … Les cauchemars sont … moins pires. » Au moins, avec la drogue, elle ne s’en souvient plus au réveil. Et ils ne la hantent pas de la même manière. Restant contre Othello, la Rouge et Or finit par se calmer. Ses larmes se tarissent et son cœur semble quelque peu moins lourd. Et finalement, comme pour lui montrer qu’elle est sérieuse, Lyra vient à attraper le sachet entre ses doigts après s’être détachée de lui. Elle aimerait le donner à Othello, mais sa main ne veut pas coopérer. Si elle lui donne, elle n’en a plus pour aujourd’hui. Et sa prochaine commande n’est que dans deux jours … Alors elle n’arrive pas à lui donner. Ses doigts tremblants restent refermés dessus. « Je voudrais vraiment mais … j’y arrive pas. »
Tu es démuni, sans aucun contrôle sur ce qu'il se passe si ce n'est le corps de Lyra qui se serre contre toi avec tellement d'abandon, tellement de force que tu ne peux pas envisager une seule seconde autre chose, que de la serrer plus fort encore. Lui transmettre que tu es là, que tu ne la laisseras pas tomber. Tes mains se posent contre son dos maigre, ta tête sur le sommet de son crane et là tu formes une bulle qui met quiconque en garde, de ne pas l’approcher, lui parler, la toucher, la blesser encore... Parce que Lyra est si petite dans tes bras, si frêle et si maigre que tu es certain qu'elle pourrait tomber tel un château de cartes face au vent, si quelqu'un venait encore s'en prendre à elle. Tu ne pourrais le tolérer, c'est pour cela que tu fais rempart de tes bras. Elle te remercie mais tu te retiens de lui répondre qu'elle n'a pas à le faire, que c'est normal pour toi d'être là. C'est ton rôle, celui que tu veux avoir à ses côtés. Et tu ne comptes pas la laisser ici ce soir sans une lueur d'espoir à laquelle se raccrocher. Car Lyra semble avoir vraiment besoin de ça, plus que de n'importe quoi d'autre en ce monde. « Promis juré craché sur la tête de Salazar. Et que je sois damné si je brise ma promesse. » Dis-tu avec une voix étouffée contre ses cheveux, pensant à ton ancêtre qui aurait sans doute apprécié que tu tiennes tes promesses comme un homme d'honneur, comme un véritable descendant, comme un pur Gaunt. « Je ne viens pas d'une famille où les promesses sont faites dans le vent, tu sais. » Et comme pour lui assurer cela, tu caresses son dos doucement dans des cercles lents pour apaiser ses pleurs, sa détresse.
« Je sais ce que c'est... Mais avec des potions de sommeil de plus en plus douce tu pourrais cesser de prendre des substances. S'il te plaît essaye... Pour moi. » Tu finis par sentir que tu ne pourras pas te taire ce soir, pas alors que tu la tiens enfin contre toi et qu'il te suffit d'être un peu honnête pour faire changer un minimum les choses. Et si elle te rejette ? Qu'importe, tu dois quand même essayer de justifier les raisons qui te poussent à tant t'inquiéter pour elle. Lentement elle se calme et vient se détacher de toi, avant de sortir le sachet contenant ces substances que tu as en horreur surtout depuis qu'elle en prend elle pour oublier. Tu regardes le sachet avant de venir délicatement le saisir pour l'enfermer dans ta main. « Tu es forte Lyra, plus que tu ne le penses. Tu es une Gryffondor, le courage et la force incarnée. Tu n'as pas besoin de ça pour tenir. Tu es entourée, aimée, soutenue... Moi je veux être là pour toi, à chaque seconde. » Tu viens enfermer le sachet dans la poche de ton pantalon, sachant que si tu te fais attraper avec cela, tu risques gros. Et en même temps tu es un Gaunt, que pourrait-on te faire ?
« Je ne supporte pas de te voir te détruire. Je... » Tu fermes les yeux, ayant du mal à formuler tes mots. « Merlin qu'il est difficile de parler ouvertement quand on a pas appris. » Et tu ne saurais dire si tu te dis cela pour toi, pour maudire réellement tous tes ancêtres qui ont mis en place une loi du silence dans votre famille ou si tu attends une réaction quelconque de la jeune fille en face de toi. « Je ne veux plus que tu te mettes dans cet état parce que... Tu me plais beaucoup et... Et Yaxley ne t'a jamais mérité, c'est un troll qui ne t'arrive pas à la cheville ! » Et tu rouvres les yeux en retenant ton souffle, tu as dis cela dans une respiration saccadée et maintenant tu as l'impression que tout oxygène a quitté ton corps.
Restant dans ses bras, Lyra sent son cœur qui s’apaise doucement. Elle se sent bien pour la première fois, depuis ce qui lui semble être une éternité. Aussi, la Rouge et Or profite de ce moment suspendu dans le temps. Et lorsqu’Othello vient à lui promettre qu’il sera toujours là, Lyra n’en doute pas un seul instant. Le Poufsouffle est quelqu’un de fiable, de sincère. Et elle tient à lui plus que de raison. Hochant doucement la tête, Lyra sait que les Gaunt sont connus pour tenir parole. Alors elle lâche un petit soupir, relâchant ainsi la pression de ces dernières semaines.
Se montrant honnête, la Gryffondor vient à avouer que c’est si compliqué pour elle. Ainsi, les drogues lui permettent de dormir et de pouvoir éviter les cauchemars. C’est sûrement le pire dans ce qu’elle vit, alors que Lyra n’arrive plus à relativiser. Ses songes la hantent même en pleine journée, se souvenant parfaitement des images horribles de la nuit. Au moins avec la drogue, elle peut oublier tout ça. Oublier que sa mère lui manque terriblement. Oublier qu’Orpheus s’est joué d’elle. Oublier même qu’elle n’a pas assez de courage pour avouer au Poufsouffle qu’il est devenue essentiel dans sa vie. Réfléchissant avec attention à ce qu’il vient de dire, elle a peur d’avouer que ça ne sera pas si simple. Mais pour Othello… « D’accord, je veux bien essayer. »
Venant à se détacher de lui, la Gryffondor laisse glisser ses doigts à l’intérieur de sa poche, avant qu’ils ne se referment sur le petit sachet. Elle aimerait pouvoir le donner à Othello, mais malheureusement, son esprit ne veut pas coopérer. Lyra ne cesse de se dire que si elle le lui donne, elle n’en aura plus pour deux jours. Autant dire, une éternité. Les doigts du Poufsouffle se referment autour des siens, et lentement, il vient à récupérer le sachet. Lyra le regarde le glisser dans sa poche, se mordant les lèvres pour ne pas le supplier de le lui rendre. Pour sa part, la Rouge et Or ne se sent pas forte. Juste brisée. La voix du Poufsouffle raisonne de nouveau dans le couloir vide, faisant froncer les sourcils de Lyra. Que veut-il dire par là ? Qu’est-ce qui est difficile ? pourtant, Othello connaît tout, il a donc un apprentissage hors du commun. L’espère embrumé de la Rouge et Or ne l’aide certainement pas à y voir plus clair, alors qu’elle tente pourtant de comprendre ce qui peut bien arriver à Othello. Et là … Le regardant avec les yeux ronds, la bouche ouverte de surprise, Lyra ne sait plus quoi dire. Elle a tellement voulu entendre ces mots. Pas ceux concernant Orpheus auxquels la brune ne prête nullement attention. Mais sur le fait qu’elle lui plaît … « Je … vraiment ? Même … comme ça ? » Sa voix est hésitante, alors que de sa main, elle indique sa silhouette amaigrie et tremblante. Pourtant, le cœur battant la chamade, la brune s’avance doucement. Levant sa main, elle vient poser sa paume fraiche sur la joue d’Othello, caressant sa pommette de son pouce d’un geste tendre. Plantant son regard sérieux dans le sien, même s’il est plus grand qu’elle, Lyra lui lance un petit sourire. « Je ne veux pas parler de … Tu-Sais-Qui. Mais je …Tu me plais beaucoup aussi … » Ses joues rougissent, alors qu’elle ne détourne pas pour autant le regard. Mais pourtant, un doute persiste dans le cœur de la Rouge et Or. Elle se doit donc de poser la question. « Tu … tu veux quand même tenter alors que je ne suis pas … comment … au meilleur de ma forme ? »