Trust me | Othello&Nessie

Pré-au-Lard est probablement l’une des meilleures choses que Nessie ait pu découvrir en venant vivre au Royaume-Uni. Un petit village sorcier à proximité du château, parfait pour occuper ses week-end ou les jours où les cours se font moins nombreux. Bien sûr, elle ne s’y rend pas systématiquement ; elle alterne entre les différentes boutiques et les heures de travail personnel. C’est sa dernière année et elle doit assurer la touche finale sur son dossier afin d’être définitivement prise au ministère, dans le département qu’elle vise depuis quelques années. Elle n’a pas le droit à l’erreur même si elle a pleinement conscience que le stage promis par Evan va grandement lui apporter, en plus de confirmer – ou non mais elle n’envisage pas cette option – son souhait de devenir une langue-de-plomb. Alors elle travaille d’arrache-pied pour que tout se passe comme elle l’espère.
Sauf cet après-midi, décrété journée de repos mérité. Nessie sait que c’est nécessaire. S’enfermer dans une attitude de travail constant n’est bon et à ce sujet, elle imagine déjà son père lui rappeler qu’il est important de lever le pied de temps à autre, au moins en s’aérant l’esprit. La pensée lui arrache un sourire tandis qu’elle se promène dans les rues du village, allant d’une boutique à l’autre sans nécessairement faire beaucoup de folies. Elle n’est pas très shopping, la Shacklebolt et ne comprend pas comment il est possible de passer des heures à chercher des vêtements sans devenir complètement dingue. Quand elle voit quelque chose qui lui plaît, elle l’essaye et l’achète si ça lui va, sans plus se poser de questions.

Aujourd’hui, Nessie vient de faire deux magasins et estime que c’est déjà bien suffisant. Elle n’achète pas nécessairement beaucoup de choses – étant même relativement économe – mais elle tient quand même deux sacs, preuves de ses quelques trouvailles. La deuxième boutique fréquentée est celle nommée « Au fil extrême », elle l’aime bien. Les vendeurs sont agréables et il y a un large choix de vêtements mais également d’accessoires comme des écharpes. Cette fois pourtant, elle se contente de prendre un pull, estimant qu’elle n’en a jamais trop pour passer les rudes saisons froides écossaises. Ses premiers automne et hiver ici ont été une véritable catastrophe. Elle ne s’attendait pas à de telles températures – aussi basses – et ça lui a servi de leçon. Autant qu’elle n’a plus jamais fait l’erreur de sous-estimer le climat britannique.
Fière de ses nouveaux achats, elle navigue désormais dans les rues de Pré-au-Lard, en réfléchissant à la possibilité de retourner au château ou de prendre un truc à grignoter avant. C’est là qu’elle l’aperçoit, cet élève plus jeune qu’elle. Un Pousfouffle de cinquième année avec lequel elle a déjà un peu échangé. Sang-pur également, elle n’a jamais eu à se cacher pour discuter avec lui. « Hey, Othello ! », l’invective Nessie en signalant sa position d’un grand geste de son bras libre. Une fois certaine qu’il la voit, elle se dirige vers lui, slalomant entre les autres piétons. « Toi aussi, t’as eu une envie soudaine de profiter des derniers jours agréables de l’année ? », demande l’africaine, grand sourire sur le visage.

OTHELLO & NESSIE

Être seule de temps en temps, c’est quelque chose dont Nessie a besoin. Ça lui permet de se perdre dans ses pensées, de faire et refaire son monde idéal dans son esprit sans que personne ne vienne l’interrompre. Ces instants ne durent jamais bien longtemps car elle a besoin de ses amis mais il est important pour elle de pouvoir s’isoler même si ce n’est qu’une heure ou deux. C’est pour ça que la Shacklebolt navigue seule dans les rues de Pré-au-Lard – sans même avoir pris la peine de proposer à certains de ses amis de l’accompagner. Elle aurait pu demander à Aurora – la première personne à laquelle elle pense – mais elle ne voudrait pas prendre le risque de la déranger, pour peu qu’elle soit déjà occupée avec son fiancé. Elle n’a rien contre Orpheus, l’africaine, et trouve même logique qu’ils passent du temps tous les deux. C’est ce que lui dicte sa raison mais parfois, alors que cette simple pensée frôle son esprit, sa poitrine se serre douloureusement. Un sentiment qu’elle s’empresse de refouler parce que c’est plus simple ainsi. Le lèche-vitrine l’aide à ne pas se perdre dans ces pensées parasites. Son attention reste focalisée sur des actions sans que ces dernières ne nécessitent pour autant toute son attention. C’est ainsi qu’elle se retrouve avec deux sacs uniquement remplis de nouveaux vêtements censés lui permettre de passer convenablement la saison froide qui approche. Cela fait déjà environ quatre ans qu’elle est dans ce pays et elle a toujours du mal à s’y habituer.

Dans son pays natal, les températures ne descendent pas aussi bas. Aussi a-t-elle surprise la première fois qu’elle a eu à faire à cette chose blanche – parfois pâteuse – qu’on appelle : de la neige. Ça, elle s’y est faite même si elle ne l’apprécie pas pour autant. C’est aussi pour cela qu’elle profite des dernières semaines avec une météo clémente pour se promener dans les rues du village sorcier. Nessie sort nettement moins lorsque les premiers flocons viennent s’échouer sur le sol écossais et à force, cela n’étonne plus personne. Du reste, ses achats sont terminés pour aujourd’hui. Elle avait un budget qu’elle a allègrement dépensé dans les quelques boutiques visitées. Satisfaite, elle s’apprête à prendre le chemin pour retourner au château lorsque du coin de l’œil, elle aperçoit un de ses camarades. Othello qu’elle hèle en utilisant son prénom, agitant sa main pour qu’il puisse la voir à son tour. Souriante et ravie de constater qu’il s’approche d’elle, la Shacklebolt l’accueille sur un ton taquin, lui demandant s’il est aussi là pour profiter du beau temps tant qu’il joue les prolongations. « Oui, on peut dire ça ! Je suis pas la plus adepte du shopping mais j’avais besoin de quelques petites choses. », dit-elle jetant un regard en direction de ses propres sacs. « Toi aussi, tu m’as l’air d’avoir trouvé ce que tu voulais ! Ça m’a juste l’air un peu gros et… lourd pour n’être que des vêtements. », elle coule un regard en direction des charges d’Othello, curieuse de savoir ce qu’il peut bien transporter. « Je vais bien et la rentrée se passe tranquillement malgré les changements que nous connaissons. Et pour toi ? », elle doute qu’Othello ait quoi que ce soit à craindre du Conseil des Purs mais les étudiants peuvent avoir d’autres problèmes, elle en sait quelque chose. « Va pour un chocolat ! Tu choisis où on le prend et je te l’offre, ça te va ? »

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Pré-Au-Lard est un village qui accueille des profils aussi divers que variés. Évidemment, la population la plus présente est celle des étudiants de Poudlard. Des générations d’élèves qui viennent ici passer une partie de leur temps libre. Il faut dire qu’il y a de tout : des boutiques de vêtements à celles de farces et attrapes ou celles de confiseries, des restaurants, des bars… et une ambiance qui tranche nettement avec celle de l’école. Les professeurs viennent parfois également se détendre ici – Nessie en a déjà aperçu quelques-uns mais n’est jamais allée vers eux, estimant que ce n’est pas l’endroit et qu’ils doivent eux aussi avoir parfois besoin de couper avec les cours. Puis, il y a les personnes extérieures à tout cela qui viennent tout de même. Parfois, Nessie se surprend à penser que certains sont très certainement d’anciens élèves du château revenus ici par goût de la nostalgie. Mais en vérité, la plupart du temps, elle navigue à travers la foule sans porter plus d’attention aux autres sorciers. C’est plus facile de se frayer un chemin lorsqu’on est pas accompagné. Bien sûr, elle apprécie venir parfois avec ses amis mais ces instants seule, ces moments qui n’appartiennent finalement qu’à elle sont tout aussi vitaux pour son équilibre. Alors elle prend toujours soin de s’en accorder quelques-uns.

Et parfois, cela lui permet de faire des rencontres, de voir des personnes devant lesquelles elle ne serait probablement pas arrêtée si elle avait été accompagné. En l’occurrence, il s’agit cette fois d’Othello, un Poufsouffle de deux ans son cadet. Sang-pur lui aussi, issu de deux familles respectables – là où Nessie s’abstient de mettre en avant sa famille maternelle. Qui lui accorderait le même crédit en sachant qu’une moitié de sang Crabbe coule dans ses veines ? Moins les gens font le rapprochement, mieux elle se porte. « J’ai que deux sacs ! Et ils sont remplis de vêtements épais, d’écharpes, de gants et de tout ce qu’il faut pour passer la saison froide. C’est parce qu’ils sont gros que ça te donne l’impression que mes sacs sont pleins mais crois-moi, je suis bien loin d’avoir dévalisé la boutique ! », dit-elle sur un ton amusé, ayant parfaitement conscience que ce n’est pas un réel reproche mais plutôt une plaisanterie de la part du Rowle-Gaunt. Ce n’est même pas un souci d’argent car elle n’en manque pas – et son père lui a appris à être raisonnable et à se contenter de ce dont elle a besoin. Une tâche assez simple puisqu’elle n’a jamais eu à encaisser les séances shopping avec sa mère – malheureusement, songe-t-elle parfois l’espace d’une fraction de seconde. « Oh, j’ignorais que t’avais été pris, félicitations ! Je t’ai jamais vu jouer mais je suis certaine qu’ils seraient idiots de pas te prendre en tant que titulaire. », s’exclame la Shacklebolt en avisant le paquet désigné. Vu la forme, elle en déduit sans difficulté qu’il doit s’agir de son balai – qu’il a dû sélectionner avec grand soin. Le balai est un accessoire important pour un sorcier mais il l’est d’autant plus pour un joueur de Quidditch. « Ils sont magnifiques, tu t’es fait plaisir pour fêter ton nouveau poste. », dit-elle en prenant les gants qu’Othello lui tend. Elle les manipule avec grand soin pour les observer avant de les rendre à leur propriétaire. « Oui, comme je t’ai dit, l’hiver arrive alors j’ai refait mon stock de vêtements et accessoires chauds. Ça peut paraître idiot parce que ça fait quatre ans que je suis ici mais j’ai toujours beaucoup de mal à supporter les températures basses et les hivers écossais. », un frisson parcourt le long de sa colonne rien qu’en y pensant. Jamais elle n’a connu ça en Afrique du Sud et le climat fait partie des raisons pour lesquelles son pays natal lui manque parfois.

« Tu avais hâte ? Ça change des discours que j’ai pu entendre dans les couloirs depuis la rentrée. », rétorque Nessie en haussant les sourcils. La plupart des élèves sont inquiets – surtout ceux qui ne sont pas dans les bonnes grâces des nouveaux dirigeants administratifs de l’école et qui ont des examens cette année. Une crainte compréhensible mais dangereuse pour la santé mentale. Nessie craint que certains soient tout bonnement incapables de supporter la pression. « Très bien, va pour les muffins ! », s’il tient à participer et qu’il le peut, Nessie n’a aucune raison de l’en dissuader. L’accord conclu, elle le suit jusqu’au salon de thé de Pré-Au-Lard. Un endroit qu’elle connaît pour y avoir mis les pieds à plusieurs reprises. Lieu prisé des étudiants de Poudlard – en atteste la présence de tous les jeunes aux environs de leur âge qui sont présents et qui affichent fièrement les couleurs respectives de leur maison. Finalement, malgré le monde, Othello réussit tout de même à repérer une table libre à proximité de la fenêtre. Captant son regard et sa demande silencieuse, Nessie confirme que c’est bon pour elle d’un hochement de la tête. « Les deux. », répond l’africaine en s’installant, posant à son tour ses sacs à ses côtés. « Je compte bien donner mon maximum pour obtenir mon diplôme cette année. Et j’ai déjà des pistes pour un stage au ministère, dans le domaine que je vise. Qui plus est, j’ai aucun doute sur le fait de réussir à les convaincre qu’ils feront une bonne affaire en me choisissant. Et pas seulement grâce à mon nom. », son dossier est très bon et elle compte bien le conclure en beauté. C’est son argument principal… ça et sa détermination qu’elle ne manquera pas de faire transparaître. « Si, je suis d’accord avec toi. J’imagine que j’y porte moins attention que d’autres parce que je ne me sens pas en danger... », et un peu parce que son père est membre du Conseil. « … mais je ressens cette différence. Je ne devrais probablement pas le dire mais ça ne m’étonnerait effectivement pas que les nouveautés mises en place par le Conseil des Purs en stressent plus d’un et que, fatalement, ça se répercute sur l’ambiance générale... », et ce n’est sans doute que le début.

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C’est normal qu’on ne la croit pas, qu’on la pense dépensière. C’est une fille de riche alors d’un point de vue extérieur, il fait facile de croire qu’elle est plutôt du genre à dépenser sans compter pour des beaux accoutrements, de luxueux habits hors de prix. Mais ce n’est pas son cas. Nessie achète ce dont elle a besoin, ni plus, ni moins – tout en s’assurant que ce soit tout de même de bonne facture. Sans aller jusqu’à la superficialité, c’est important de se sentir bien et confortable dans ses vêtements, après tout. Et elle doute qu’Othello dise le contraire ! Et puisque ça vient de lui, elle se permet de rire à ses petites piques. Ils s’amusent et au fond, qu’importe s’il ne la croit pas. Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, ils n’ont absolument aucune raison de se justifier. Après tout, qu’est-ce que ça peut faire qu’ils se fassent plaisir ou non s’ils en ont les moyens ? « Bien sûr que tu vas y arriver ! », assure Nessie quand la conversation dérive sur le Quidditch. Ce n’est pas une pratique qu’elle connaît très bien mais elle n’a aucun doute sur les capacités d’Othello à obtenir sa titularisation. Elle se trompe peut-être mais il a sûrement déjà fait le plus dur en intégrant l’équipe, même en tant que remplaçant. Il n’aurait pas été accepté en tant que tel s’il n’avait absolument aucune disposition pour ce sport, n’est-ce pas ? Nessie comprend qu’il reste sur ses gardes mais ça n’a pas à l’empêcher d’être fier de ce premier pas franchi. Il suffit qu’il profite de ces moments de réussite tout en gardant les pieds sur terre en se rappelant qu’il a encore des marches à gravir. La Serpentard ne le connaît pas très bien mais elle n’a aucun doute sur le fait qu’il soit un bosseur, prêt à tout pour atteindre ses objectifs et ça, elle ne peut que l’approuver.

Scrutant et examinant avec un air faussement professionnel l’équipement de sport qu’elle tient dans les mains, Nessie arrive à la déduction que… c’est certainement du très bon matériel mais sans savoir en quoi spécifiquement. Elle imagine seulement que le Poufsouffle ne dépenserait pas dans de l’accessoire pour prendre du bas de gamme. Pas alors que ça concerne sa passion. Alors quand il vient confirmer qu’il a effectivement pris le meilleur, la Shacklebolt hoche la tête en souriant, peu surprise de l’entendre. Il peut se le permettre et c’est visiblement ce qui lui plaît alors il n’y a pas à hésiter, ni à s’excuser. Elle ferait sans aucun doute la même chose si elle avait été à sa place. Puis vient le sujet capricieux du temps qui s’installe en Écosse. La neige commence à tomber et il est important d’avoir de quoi s’habiller en conséquences. Chose désormais faite pour Nessie. « Est-ce qu’on peut vraiment s’habituer à un tel climat ? J’ai l’impression de perdre des bouts à chaque hiver et pourtant, comme tu peux le voir, je fais ce qu’il faut pour me couvrir ! », elle ricane mais il y a un fond de sincères pensées dans ses paroles. Venant d’un pays où les flocons ne tombent pas, c’est difficile pour elle d’assimiler que certains aiment ce temps – ou à défaut, arrivent à s’y faire. Sans compter que le froid de la longue période hivernale a tendance à baisser le moral des gens. Parce que les jours se font plus courts et plus sombres, que ça ne donne pas envie de faire grand-chose si ce n’est s’emmitoufler dans une couverture, devant un feu de cheminée, en dégustant un délicieux chocolat chaud.

« Je veux bien te croire, ça reste une excellente école ! Elle est bien différente de celle où j’étais avant mais je trouve les différences… intéressantes même si j’ai du mal à en comprendre certaines. », il lui a fallu un temps d’adaptation pour beaucoup de choses : la première étant d’user de magie avec une baguette – impossible d’oublier sa réaction le jour où elle a tenu la sienne dans sa main ; c’était étrange et déstabilisant mais pas naturel. La deuxième étant sa répartition dans l’une des quatre maisons. À Uagadou, il n’y avait pas de ça, chaque élève était logé à la même enseigne et finalement, ça réduisait de beaucoup certaines injustices qui peuvent être dues à cause de la simple couleur d’un blason et d’une robe. Pour le reste, il y a heureusement quelques similitudes auxquelles elle s’est accrochée à son arrivée. Quelques cours en commun, pouvoir profiter d’une certaine liberté de mouvements… mais maintenant, elle veut plus ; aspire à plus grand et s’impatiente de faire enfin ses preuves dans le grand monde. « J’ai en effet entendu quelques râleries contre le Conseil. Surtout de la part de sangs-mêlés ou de nés-moldus. Je les entends mais c’est difficile à comprendre. Quoique… pour ce qui est de mon cas, je ne risque pas de me faire expulser si j’échoue mais, hm. Mon père est un membre du Conseil. », et elle a à cœur de ne pas le décevoir – ce qui ajoute une pression malgré elle. Nessie veut réussir pour elle mais c’est également important qu’elle ne déçoive pas cet homme. Une pression qu’elle se met toute seule sur les épaules sans pouvoir l’empêcher.

Une fois installés à une table libre et étonnement bien placée, Nessie attrape la carte tendue par Othello en le remerciant d’un hochement de la tête. Ses yeux parcourent sans attendre la page où se trouvent les boissons chaudes et consistantes, tels les différents chocolats ou thés lattés. « Oh, je peux en parler dans les grandes lignes. », dit-elle en souriant devant l’enthousiasme du Poufsouffle. « C’est un stage au ministère, dans le département des mystères. J’ai pour objectif de devenir langue-de-plomb. C’est une vocation qui n’a pas forcément bonne presse auprès de tout le monde mais pour ma part, je les trouve fascinants. », alors elle croise les doigts pour ce stage, espérant que ça lui ouvre les portes vers cette voie qu’elle a choisie. Elle ne devrait peut-être pas trop s’emballer, trop s’avancer pour ne pas réduire ses chances d’y entrer mais elle a envie de le partager et puis, aucun autre détail ne va sortir de sa bouche. « J’espère que tu as raison et que des limites seront posées d’une manière ou d’une autre. Je suis d’avis qu’un retour en arrière serait regrettable... », évidemment qu’il y a des personnes susceptibles de les arrêter s’ils vont trop loin… en espérant que le Conseil n’ait pas d’autres ficelles à tirer pour faire passer absolument toutes leurs idées. Au moins, la présence de son père parmi eux la rassure quelque peu. Lui n’approuverait jamais des idées trop rétrogrades, elle en est certaine. « D’ailleurs, tu es en cinquième toi, c’est ça ? Tu as des examens cette année, tu les sens comment ? »

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Il faut forcément être natif de ce pays pour en supporter les températures. C’est la seule explication plausible pour Nessie qui ne manque jamais de pester chaque hiver qu’elle endure depuis son emménagement au Royaume-Uni. Si cela lui a permis de découvrir les plaids, écharpes et autres créations chauffantes et réconfortantes dans lesquelles s’emmitoufler au coin de la cheminée, elle n’apprécie pas cette saison pour autant. Pas de la manière dont elle se déroule ici. La neige, la pluie, les températures qui aiment danser avec le zéro, le vent glacial qui s’insinue parfois même à travers toutes ses couches de vêtements pour venir figer ses os… non vraiment, s’habituer aux hivers écossais n’est pas une mince affaire. Ça irait si elle pouvait rester enfermée durant toute la saison mais, paraît-il, ce n’est pas une option envisageable. Ses camarades lui ont conseillé de se servir de la magie lorsque le froid se fait vraiment intenable… et elle le fait... quand elle y pense et que l’arrivée soudaine du froid ne la surprend pas – ce qui n’est encore, pour ainsi dire, jamais arrivé. Alors Nessie limite au maximum ses déplacements à l’extérieur, préférant tirer parti de Poudlard qui parvient à conserver des degrés étonnement agréables. Elle ignore si cela vient des elfes de maison… ou d’un autre aspect magique du château mais elle le remercie de ne pas être qu’un simple tas de pierres dans tous les cas. « Il faut combien de temps pour s’y habituer, tu penses ? Ça fait quatre ans que je suis là et c’est toujours compliqué. », pour sûr que naître ici est un avantage incontestable mais contrairement à Othello, la Serpentard est née dans un pays qui ne connaît pas un tel climat. Dans ces moments-là plus encore que dans d’autres, Nessie est nostalgique de l’Afrique du Sud avant que la réalité ne finisse par la rattraper.

« Pourquoi pas ? », dit-elle en haussant les épaules à la proposition, sautant sur l’occasion de parler de ces habitudes qui l’ont surprise à son arrivée dans ce pays. « Eh bien… d’abord, il y a l’utilisation de la baguette. D’où je viens, aucun sorcier ne s’en sert. Nous pratiquons ce que vous appelez « magie sans baguette » et ça nous semble plus naturel. », sentir le crépitement, l’essence même de la magie parcourir son corps et remonter jusqu’à ses doigts. Frémir à l’extrémité de ces derniers avant de s’échapper pour donner forme au sortilège souhaité. Elle ne critique pas la baguette, essaye tant bien que mal de s’y accommoder depuis plusieurs années mais ce serait mentir de dire qu’elle s’y est complètement faite depuis. « Il y a aussi cette répartition dans différentes maisons. Dans mon ancienne école, nous étions tous logés à la même enseigne. », et ce n’était pas un mal : il y avait moins de concurrence, moins de discriminations à cause d’une appartenance à tel ou tel groupe. Elle ne nie pas non plus les points positifs de cette configuration : comme le fait de dépasser ses propres limites pour le bien du groupe. Mais dans cette configuration, avec le Conseil des Purs, elle a parfois l’impression que cette compétition, poussée à l’extrême, peut causer de graves dégâts. « J’étais à Uagadou. L’école de magie la plus célèbre du continent africain. Elle est magnifique et immense, sculptée à même le flanc des Montagnes de la Lune, en Ouganda. Elle est cachée par la brume mais n’empêche pas d’observer les paysages grandioses que sa position offre. », elle répond immédiatement à la question, un fin sourire naissant sur ses lèvres. Elle souffle ces mots, comme un conteur raconte une histoire qui lui tient à cœur – aussi nostalgique que transi d’admiration pour son ancienne école.

« Ah oui ? Et que penses-tu de celle qui consiste à oublietter ceux qui, d’après le Conseil, ne sont pas dignes d’être des sorciers ? », aucune animosité dans sa voix, simplement un réel désir de comprendre comment Othello pense et envisage tout ça. Nessie n’a foncièrement rien contre les autres sangs – son père ayant toujours prôné une certaine tolérance envers eux. Nous sommes tous des sorciers et ça, ça n’a pas à être remis en cause., c’est ce qu’il lui a toujours répété. Si Nessie a des pensées puristes, celles-ci se cantonnent aux moldus qui, eux, n’ont rien à faire dans leur monde – si ce n’est le saccager un peu plus – mais elle n’a rien contre ceux qui naissent choisis par la magie. Elle ignore encore où se situe les pensées d’Othello dans ce large spectre d’éventualités. S’il est puriste plus extrême, elle jouera son jeu habituel ; si ce n’est pas le cas, elle prendra la peine de lui parler plus librement. En revanche, un système qui encourage le travail n’est pas contre les valeurs de Nessie. Au contraire, elle compte bien prouver ses talents et c’est autour d’un délicieux goûter qu’elle fait part de son stage à venir à son camarade.

Elle fait part du temps qu’elle va passer parmi les langues-de-plomb, un métier mystérieux qui la fascine pourtant là où d’autres les trouvent beaucoup trop étranges. « Eh oui ! Non, j’imagine que ça fait partie des risques de ce métier ? Mais c’est pas grave. Si je dois être déçue de ce que je vais apprendre, alors je songerai à une reconversion… mais de ce que j’ai eu l’occasion d’en voir jusqu’ici, il est peu probable que j’en arrive là ! », la question du Poufsouffle reste parfaitement légitime, cependant. C’est aussi pour cette raison que le département des mystères a du mal à recruter : parce qu’une bonne partie des possibles candidats doit avoir peur d’être déçu par la réalité de ce métier. Puis la conversation revient sur Poudlard et sa nouvelle administration. « Il faut l’être oui même si ça risque d’être plus facile pour nous que pour d’autres. », son père faisant partie du Conseil et étant un homme mesuré, elle a l’espoir qu’il s’oppose à des mesures trop extrêmes, si cela s’avère nécessaire. « Tu as raison ! Il vaut mieux ne rien négliger, quelle que soit l’année ! Tant mieux si tu le sens bien, c’est important. Autant que ton dossier. », elle hoche la tête à ses paroles. Être en cinquième année n’empêche pas d’avoir le sens des responsabilités. Certains ont tendance à attendre le dernier moment pour se mettre franchement au travail, se prenant la charge d’une année complète en moins d’une semaine – parfois dans un délai encore plus court. Mais Othello semble plutôt être de ceux qui jouent la prudence, qui préfèrent travailler régulièrement et consciencieusement pour s’éviter une dose de stress plus inutile qu’autre chose. « Risquer, c’est un bien grand mot… j’essaye justement de pas me mettre trop de pression tout en gardant à l’esprit que l’erreur n’est pas permise. Le Ministère n’accepte que les dossiers excellents, je dois me donner les moyens de mes ambitions. », est-ce qu’elle le sent bien ? Difficile à dire mais ce dont elle est certaine, c’est qu’elle va tout faire pour que ça se passe au mieux...

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