unde pressure || Othello & Euphémia

Il n'était pas rare qu'elle soit appelée par des professeurs, des magicomages ou des médicomages. Euphémia Potter était connue pour être un esprit vif, une âme charitable et d'une expérience certaine avec les choses de la magie - qu'il s'agisse de magie noire ou d'autres aspects plus étranges parfois. Elle était aussi une voyante, un fait qu'elle avait fait inscrire et reconnaitre par le ministère en intégrant la formation d'Auror presque trente ans auparavant. Il était cependant assez rare à présent que quiconque fasse appel à ses dons de voyance - principalement parce qu'elle s'y refusait, terrifiée par ses capacités depuis qu'elle avait prédit la mort de son propre fils.
Mais depuis quelques temps, elle y revenait, pratiquant la méditation pour se recentrer sur ses émotions et se guérir de sa propre terreur. Elle souhaitait être en paix avec elle-même et la maladie qui la dévorait l'y poussait Elle ne pouvait pas simplement se méfier de ses propres capacités, alors que c'était là que se trouvait sa force pour espérer se sortir de ce qui la dévorait.

Elle rêvait la plupart du temps, se souvenant que son don s'était éveillé ainsi lorsqu'elle était enfant. Elle rêvait des choses avec nettement et savoir, ne doutant pas une seconde de la véracité des rêves prémonitoires qu'elle pouvait faire. Au début il s'agissait d'elle, de Fleamont, de James, puis ses rêves devinrent des tableaux vivants d'un monde qui guérissait à peine de la guerre pour voir d'autres dangers l'envahir. Dans l'obscurité brillaient les yeux des prédateurs.
Après les rêves venaient les visions - elle les avait subit pendant des années, réapprendre à les déclencher n'était pas si aisée - moins encore à son âge - mais elle s'y employait de mieux en mieux. D'abord c'était un toucher qui l'amenait à voir, puis une sensation, une odeur, un paysage. Enfin, il suffit de la seule force de sa volonté, d'une concentration extrême pour déclencher une vision - quelque chose. Elle n'était pas une prophétesse cela étant, et ses visions étaient bien limitées. Mais réelle.

Elle devina le visage d'Othello avant de le rencontrer. Le printemps prenait sa place, elle y avait vu des fleurs ouvertes, et avait deviné le parc de Poudlard. Quand elle reçut la lettre de Pomfresh, elle n'avait pas frémit - elle l'attendait, cette lettre. Aider un de ses élèves voyant était naturel - une chose qu'elle ferait sans une seconde de doute. Elle se retrouva à Poudlard, dans sa tenue de cheffe des Aurors, pour rassurer les élèves et les enseignants qu'elle pouvait croiser, et retrouva la salle qui lui avait été donné pour cette rencontre. Elle attendit peu, pour voir Othello rentrer finalement et l'accueillit avec un sourire rassurant. "Bonjour, ravie de te rencontrer Othello. Je suis Euphémia Potter." Dit-elle en allant vers lui, une main amicale tendue pour la lui présenter.
"Miss Pomfresh m'a dit que tu avais... Disons, quelques difficultés à travailler ton don de voyance ? Elle m'a demandée de venir pour t'aider et te conseiller dans cet apprentissage." Explique-t-elle en lui montrant une chaise pour qu'il prenne place. Elle fait de même, avant de lui faire face. "Je suis voyante aussi - mon don prend la forme de rêves prémonitoires, et de visions, pour la majorité. Et toi, qu'en est-il ?"

La sommeil se fait capricieux une fois que tu ne prends plus tes potions pour te calmer. Il t'abandonne facilement et les nuits se font longues si ce n'est la compagnie de tes livres qui te permettent de passer le temps sans que ce dernier ne soit trop long. Malgré tout tu envies tes camarades qui trouvent le sommeil, tu voudrais qu'il en soit autrement mais même si tu suis les conseils de ta mère qui te demande de prendre des potions pour dormir, tu ne veux pas que ça soit tous les soirs. D'abord parce que tu ne veux pas devenir complètement accro mais aussi parce que le don de voyance si il est réprimé à son maximum, fini par sortir en une explosion terrible qui peut rendre fou. Et parce que tu as peur, tu ne prends tes potions qu'un soir sur trois sauf que cela te pousse à veiller une nuit entière, la seconde tu piques du nez pour mieux prendre tes visions en pleine face, te réveillant souvent en sursaut et en nage. Pourtant tu essayes vraiment d'apprendre à contrôler cela sauf que malgré tous tes efforts tu n'y arrives pas, tu ne sais pas comment faire et ta mère n'est pas d'un grand conseil. Il faut dire que tu la fuis bien souvent, tu refuses son aide en te justifiant de n'avoir besoin de personne alors que c'est faux, tu as drastiquement besoin qu'on te tende la main. Mais qui ?

Ce jour on te convoque dans un bureau d'un professeur, l'enseignant Abbot que tu connais et que tu apprécies beaucoup, tout en restant vague sur les raisons de cette convocation. Tu te demandes si ça concerne Lyra ou si tu as fait une quelconque bêtise mais pour en avoir le cœur net il faut aller voir ça de tes propres yeux alors, dix minutes avant l'heure tu te met en route pour te rendre jusqu'à la salle de classe qui renferme au fond, le bureau où on t'a demandé de venir. Tu tapes trois fois et tu rentres pour tomber sur une femme au regard doux et au visage serein. Comme une maman qui se trouve devant son petit préféré, elle te sourit tellement que tu es obligé de lui rendre son sourire. "Bonjour Madame." Dis-tu timidement tout en attrapant sa main pour la serrer d'un geste maladroit. Soudainement la prestance de cette femme semble t'écraser. Plus encore que l'uniforme qu'elle porte. "Ho... Oui c'est vrai. J'ai crains d'avoir fait une bêtise qui nécessitait la venue de la chef des aurors en personne." Dis-tu en te passant la main dans les cheveux avant de la suivre pour t'installer au bureau. Les elfes ont pensés à déposer une théière pleine et des biscuits, de quoi te faire saliver d'envie. Tu es, comme toujours, un ventre sur pattes. "Pour le moment seulement des rêves qui remontent à loin... Trop loin." Dis-tu en commençant à malaxer tes doigts d'un geste anxieux. "Ca a commencé cet été avec des cauchemars, au début je ne comprenais pas puis c'est mon oncle qui m'a rappelé le don de voyance très présent chez les Gaunt. Le mien est... Capricieux et violent. Je ne vois pas la prémonition, je la vis comme un spectateur. J'ai les odeurs, les sensations, les sentiments avec tout ça." Tout ce qui rassemble ce don qui pour toi ressemble à une malédiction.

"Mon oncle m'a expliqué que souvent, on peut remonter jusqu'à son propre lignage. Les Gaunt viennent de Salazar alors... J'ai vu la fondation de Poudlard, la relation plus que fraternelle entre Salazar et Godric..." Ton regard est fuyant pendant une seconde, repensant à ce baiser que tu n'aurais pas dû voir. "Vous savez pourquoi la chambre des secrets se nomme ainsi ?" Tu lèves vers elle un regard un peu plus amusé, comme pour lui faire une confidence. "Pour tout dire, je ne sais pas le contrôler et personne ne semble apte à m'aider. Quand je demande, on me dit de méditer ou on m'a même conseillé de le refouler totalement en l'enfermant dans des runes... Ce que je refuse."

Jouissant d'une salle calme et éloignée du flot d'élèves qui se trouvent dans les couloirs, elle a tout le loisir de se concentrer sur le jeune élève qui vient l'y rejoindre. Ce n'est pas la première fois qu'elle est appelée pour aider un étudiant - faut dire qu'avec son expérience, son don et son affection pour les enfants, elle est connue pour être entière dédiée aux autres. Et elle jouit de quelques relations privilégiées avec l'équipe enseignante et d'encadrement de Poudlard. Elle y a des amis proches, le parrain de son fils, des proches de l'Ordre du Phénix... Elle sait ce qu'il se passe derrière les murs de l'école, et elle ne sait pas s'y tenir loin. Surtout pas lorsqu'une amie l'appelle à l'aide pour essayer de mener un élève à être mieux avec son don. Ho... Oui c'est vrai. J'ai crains d'avoir fait une bêtise qui nécessitait la venue de la chef des aurors en personne. Elle cache pas son sourire, secouant la tête pour le rassurer : Pas cette fois. Lance-t-elle avec un clin d'oeil avant de lui faire signe d'avancer, de le voir jeter un oeil vers les gâteaux et le thé qui sont préparés.
Elle ignore encore jusqu'où ils iront dans cette première rencontre, mais elle sait que le travail d'un don de voyance prend de l'énergie. Beaucoup d'énergie. Et elle commence à se douter de la raison pour laquelle Pomfresh l'a faite venir. Pour le moment seulement des rêves qui remontent à loin... Trop loin. Loin jusqu'où ? demanda-t-elle, s'asseyant en lui faisant signe de faire la même chose. Entièrement concentrée sur lui et sur ce qu'il peut lui dire. Ca a commencé cet été avec des cauchemars, au début je ne comprenais pas puis c'est mon oncle qui m'a rappelé le don de voyance très présent chez les Gaunt. Le mien est... Capricieux et violent. Je ne vois pas la prémonition, je la vis comme un spectateur. J'ai les odeurs, les sensations, les sentiments avec tout ça. Elle savait ce qu'on disait sur les Gaunt - les réputations, les traditions, les habitudes de chaque famille était un secret mal gardé, surtout pour les autres. Et les Selwyn étaient assez encrés et inquiétants dans le monde magique pour au que chacun fasse appel à eux à un moment donné. Elle avait vu passer des Gaunt dans le salon de son arrière-grand-oncle, pour prendre des potions étranges et pour entrer en transe. Elle commençait à comprendre pourquoi.

Mais elle n'irait sans doute pas proposer à un élève de rentrer en transe pour accepter son don et en toucher les limites. Mon oncle m'a expliqué que souvent, on peut remonter jusqu'à son propre lignage. Les Gaunt viennent de Salazar alors... J'ai vu la fondation de Poudlard, la relation plus que fraternelle entre Salazar et Godric... Impressionnant. Lâcha-t-elle en imaginant mal ce que cela pouvait signifier. Elle avait des rêves prémonitoires, elle les vivait avec un réalisme désarçonnant et cruel. Assez pour l'avoir ravalé durant des années - et elle ne se pardonnait que depuis récemment. Elle ne le travaillait que depuis récemment. Alors elle imaginait ce que cela pouvait faire de voir, de vivre, d'exister dans le corps d'autres membres de sa lignée. Vous savez pourquoi la chambre des secrets se nomme ainsi ? J'ai le sentiment que vous vous le savez. Et vous me rendez curieuse. Dit-elle, penchant la tête de côté pour mieux lui accorder son attention, et pour retenir tout ce qu'il pourra lui apprendre. Elle ne remettait pas en question ce qu'il avait vu et vécu. L'idée ne lui traversa pas même l'esprit. Pour tout dire, je ne sais pas le contrôler et personne ne semble apte à m'aider. Quand je demande, on me dit de méditer ou on m'a même conseillé de le refouler totalement en l'enfermant dans des runes... Ce que je refuse. Elle fronça les sourcils, supposant que ces propositions devaient fonctionner, pour certains. Mais pas lorsque le don était aussi présent. Chaque don de voyance est différent et fonctionne selon ses propres règles. Mais d'expérience, le refouler n'est jamais une solution, parce qu'il est là. Vous ne vous empêcherez pas de rêver, de voir, de vivre ces moments, de vous réveiller épuisé. Par contre, vous pouvez apprendre à ne pas le craindre, à l'accepter et à apprendre tout ce que vous pouvez. A remplir votre esprit de ces impressions, à savoir que vous avez le contrôle - que vous n'en mourrez pas, malgré la douleur que vous pourrez ressentir parfois. Dit-elle alors, le regardant dans les yeux en espérant être exactement la personne qu'il lui fallait à ce moment présent.

Elle se souvenait avoir été seule, effrayée et inquiète. Avoir ravalé ces impressions, avoir refusé de travailler pour être elle-même - et elle ne le conseillerait à personne. Vous êtes un voyant puissant, et j'ignore si j'arriverai à vous aider parfaitement, mais je peux au moins vous conseiller aujourd'hui. Cela va être long, parfois douloureux et surtout effrayant - parce que vous allez devoir vous battre face à des démons que vous ne pourrez pas faire disparaitre. Le don de voyance vient avec une part de lâcher prise - vous voyant au-delà de l'existent, dans l'entre-deux où vivent des choses qui n'ont pas de nom, que beaucoup d'humains craignent sans même les voir. Continua-t-elle. Est-ce que vous êtes prêts à lutter contre vous-même pour les accepter et voir sans retenu ?