cher papa,
est-ce que tu as déjà eu peur toi ? mais très peur, comme lorsque tu dois sauter dans l'eau mais qu'elle est noire et que tu vois rien dedans ? ou qu'il fait nuit mais il y a des bruits d'animaux et que le monstre du placard sort ? peur au point d'avoir froid - parce que tu sais j'ai froid en ce moment, beaucoup, mais maman dit que je dois être courageux. J'aime croire que tu es courageux toi aussi, et que tu n'as pas peur même si tu as peur, tu te bats quand même.
Le magenmagot était immense - surtout pour un enfant aussi jeune que Colin Fawley. Il se retrouvait là, assis sur la chaise rouge, pour faire face à l'assemblée de sorciers qui le scruter en attendant de voir s'il allait rougir de honte et se cacher dans la jupe de sa maman. Elle était là, sa mère, se tenant dignement à sa place - ne lâchant jamais son fils du regard, comme si elle espérait que le courage qu'elle ressentait elle pouvait le lui partager. Elle lui avait expliqué ce qui allait se passer - ils ne pouvaient pas faire autrement pour pouvoir envoyer sa tante à Azkaban. Il se demanda s'il devait toujours l'appeler
sa tante comme il semblait qu'elle n'était plus admise dans la famille. Après tout, son oncle Octave vivait chez eux depuis quelques semaines - il lui faisait des gaufres alors il était plutôt heureux d'avoir son oncle à la maison.
Monsieur Fawley, connaissez-vous cette personne ? il fut surpris de la question, se tournant vers la lumière éclatante qui illuminait sa tante - ou qu'importe comment il devait l'appeler. Il opina - mais la sorcière le regardait en attendant sa réponse alors il se força à se tenir plus droit et inspira profondément avant de répondre d'une voix qu'il espérait sûre :
Oui, c'est ma tante. Il ne releva pas le fait d'être appelé
Monsieur bien que la chose lui faisait étrange - après tout il était encore un enfant. Mais maman l'avait prévenu de ce fait.
Est-il vrai que vous vous êtes retrouvé seul en compagnie de votre tante, à son domicile, le neuf mars dernier. Il opina encore - se souvenant seulement après une minute qu'il devait parler pour que la plume qui s'agitait près de la sorcière continue d'écrire.
Oui Madame. Je devais aller chez mon oncle pour jouer aux échecs, mais il a dû partir travailler. expliqua-t-il, se retraçant les évènements encore et encore.
Le silence dura un moment après cela, comme si la sorcière cherchait ses mots -il faut dire qu'un mot choisit plutôt qu'un autre pouvait faire mentir l'enfant sans qu'il le veuille.
Monsieur Fawley, votre tante a-t-elle utilisé la magie dans la journée. Il frémit, se souvenant de
cela plus que du reste.
Oui madame. A-t-elle utilisé un sortilège sur vous ? Il opina, sentant sa gorge se serrer - mais il inspira profondément, fermant les yeux et essayant de se concentrer sur les étoiles et les nuages. Comme son oncle le lui avait appris - le préparant à ce moment.
Oui Madame. Et vous souvenez-vous du sortilège qu'elle a utilisé ? Il se tourna vers a maman - attendant de savoir s'il avait droit de le dire, car après tout il était des choses que les jeunes sorciers et sorcières ne devaient pas dire. Même les sorciers plus âgés n'y avaient guère le droit, c'est ce qu'elle lui avait expliqué quand il lui avait expliqué en détail ce qui était arrivé. Elle sourit, Piper, alors Colin redonna son attention à la sorcière du Magenmagot qui attendait sa réponse :
Crucio. Il s'éleva dans la salle une vague de rage stupéfaite - les sorciers en robe rouge et bleue se levaient pour montrer leur consternation et Colin crut un moment qu'il avait fait une bêtise. Mais la sorcière parla à nouveau, lui offrant un sourire désolé :
Bien, je crois que les faits sont clairement établis. Merci monsieur Fawley, vous avez été très courageux aujourd'hui. Il se leva de son siège, avant d'en faire le tour, essayant de marcher correctement - mais les battements paniqués de son coeur le rattrapèrent et rapidement il se mit à courir pour se jeter dans les bras de sa mère et cacher son visage dans sa poitrine en répétant qu'il était
désolé .
cher papa,
est-ce que tu aimes les animaux ? Maman dit qu'on a pas un coeur pour les animaux et un coeur pour les sorciers. Qu'on a un coeur qui aime ou pas. J'espère que mon coeur sait aimer - parce que les animaux ont besoin qu'on les protège. Parfois les matins très tôt, j'entends les oiseaux qui s'enfuient : et je déteste le silence qu'il y a après. Celui du chasseur qui traque sa proie. J'imagine ce que ça doit faire, d'être dans la forêt, d'être chez soi et soudainement d'en être chassé...
C'est arrivé très vite. Alors que la foule acclame les joueurs sur le terrain de Quidditch, Colin se concentrait plutôt sur les oiseaux qui allaient et venaient sur la partie haute - à l'ouest du terrain de Quidditch. Il avait remarqué les Occamy - il était extrêmement rare d'en voir de ce côté-là du globe, mais apparemment ils s'étaient échappé du zoomagique de Pré-au-Lard. La saison des amours venaient de se terminer, et sans doute se trouvait-il une femelle dans le nid qui attendaient l'arrivée de ses petits. Un mâle s'échappait à rythme irrégulier pour disparaitre plusieurs minutes avant de revenir - totalement indifférent à ce qu'il se jouait sur le terrain.
Gryffondor marque ! un hurlement s'éleva de la foule, mais Colin y était toujours indifférent, souriant devant le spectacle qui se jouait là sans que personne outre lui n'y fasse cas.
Jusqu'à ce que le cognard parte à toute vitesse, frappé par le bras musclé d'un Poufsouffle qui exulta sa colère d'avoir raté un point par ce biais. La balle, cruelle et violente, frappa de plein fouet l'Occamy qui retournait chercher de quoi nourrir sa femelle.
NON ! hurla Colin en se redressant soudainement, ignorant les regards interrogatifs de ses amis et des Serdaigles qui l'entouraient. Il dévala l'escalier pour descendre sur le terrain aussi rapidement que possible - passant devant le professeur qui était en charge de fermer les portes, sans s'y arrêter. Il arriva sur le terrain sans s'arrêter - le souffle court et les jambes en feu. Mais avec une seule idée en tête. Il vit la petite forme, sur le sol et se jeta près d'elle, sortant sa baguette pour vérifier les constantes - un sortilège que l'infirmière en chef lui avait enseigné parce que par curiosité il lui avait demandé.
Non, non, non, non, non répétait-il sans pouvoir s'arrêter, remarquant que les fonctions vitales étaient moyennes - toujours présentes, mais le pouls n'était pas si régulier qu'il devrait.
Il fallait faire vite. Essayant de se souvenir de tout ce qu'il avait pu lire sur le sujet, il sortit sa baguette et commença à faire les incantations de soin.
Tirez-toi d'la le crétin, le match est pas terminé ! gueula soudainement un Poufsouffle qui descendit de son balais pour s'approcher dangereusement de Colin - sans doute dans l'idée de lui rappeler qu'il n'avait rien à faire là. Mais une ombre s'interposa, levant une batte de Quidditch -
Remonte sur ton balais, Johnson. C'est toi le crétin si t'as pas assez de coeur pour comprendre ce qu'il se passe. La voix qui s'éleva laissa l'autre interdit - il remonta de fait sur son balais et attendit comme les autres en stationnaire.
Je peux faire quelque chose pour t'aider ? demanda alors la jeune sorcière en se mettant près de Colin.
Il faut pas qu'il ait froid, tu aurais de quoi l'enrouler dans un truc ? demanda-t-il alors qu'il commençait à épuiser toutes ses ressources. Elle n'attendit pas plus longtemps pour ôter son pull et entourer l'animal fantastique dedans.
Merci, je vais l'amener à l'infirmerie, il est stabilisé. Merci -- Il remarqua alors qu'il s'agissait de la nouvelle batteuse de Gryffondor -
Ariana. Allez file et sauve le. Il sourit, opina et partit.
L'Occamy sauvé, il retrouva Ariana le lendemain, osant s'assoir à la table des Gryffondors pour la remercier et lui donnait des nouvelles. Ils avaient bien des choses en commun - l'amour pour les animaux fantastiques les rapprocha plus qu'il n'aurait osé l'espérer. Une amitié qui grandit rapidement à travers leur cinquième année - sans que jamais par la suite ils ne se quittent vraiment. Une amitié qui laissa des rumeurs derrière eux - mais Ariana aimait les filles, elle l'avoua sans honte à un Colin perplexe qui soudainement voyait s'ouvrir de nouvelles possibilités. Un monde dans lequel aimer n'avait pas la moindre frontière - se moquant du genre, de la naissance, du sang ou de la magie.
cher papa,
tu as été amoureux ? vraiment très amoureux, au point de perdre la tête, de rêver aux étoiles, de voir l'autre absolument partout, de ne pas pouvoir t'imaginer un moment sans elle ? J'aimerais aimer comme cela. L'amour c'est une chose qui n'a pas de sens à Poudlard - tout le monde court après, s'arrête sur le physique, la taille, l'âge de l'autre ou des trucs complètement idiot pour justifier d'être ensemble. Je sais pas si j'ai envie de justifier le fait d'aimer l'autre - je crois que je voudrais juste l'aimer. Que ca nous appartienne et à personne d'autre.
Dans sa main, la lettre floquée de l'insigne du Ministère. Il restait là à l'observer, ignorant l'agitation des élèves autour de lui. La dernière journée à Poudlard était toujours ainsi - mais cette fois elle avait un goût d'amertume qui ne lui quittait pas la bouche. Il sentit la main de Leah contre sa cuisse mais ne réagit pas. Il ne posa pas la sienne dessus. Il ne se tourna pas vers elle pour lui sourire - ou pour la voir discuter avec agitation, souriant et riant avec son éternelle joie. Il ne bougeait pas, gardant les yeux rivés sur la lettre du Ministère et sentant une boule se former dans son ventre.
On devrait aller au bord du lac et prendre une photo tous ensemble ! proposa un des Serdaigles, avec son air hautain, un accent pincé qui ne faisait rire que les Gryffondors à côté. Les autres septièmes années se levèrent comme une seule pensée - sauf Colin qui restait là. La main de Leah sur son épaule le fit finalement réagir -
Tu viens mon Fléreur d'amour ? Il secoua la tête, lui offrant un petit sourire en biais.
Allez-y, je vous rejoins. Elle resta perplexe un moment avant de partir après un haussement d'épaules.
Attendant que les autres sortent de la Grande salle, il compta mentalement jusqu'à trois avant de sentir qu'Ariana passait à côté de lui.
Tu viens ? Il répondit rien, se mettant plutôt en mouvement pour rejoindre les toilettes des filles du troisième étage. C'était une habitude pour eux - ils s'y retrouvaient chaque fois qu'ils avaient le sentiment de devoir parler d'une chose importante ou que leur vie allait changer. Elle s'assit sur un des lavabos à moitié cassés et inutilisés depuis que Mimi Geignarde avait décidé que les lieux étaient les siens. Ariana fit un geste sec vers son meilleur ami qui lui tendit la lettre.
Fais le toi, moi j'suis pas capable. et parce qu'elle était la seule au courant, il trouvait logique qu'elle l'ouvre pour lui. Les autres supposaient qu'il s'agissait d'une réponse à sa demande de suivre une formation de Magicozoologiste au Ministère des créatures magiques.
Parce qu'il était le mieux noté dans les matières l'y conduisant, ils ne comprenaient pas son stress. Dans la réalité, cette formation-là lui avait déjà été octroyée. Mais dans le dos de tout le monde, il s'était entrainé pour un autre concours, avait passé d'autres épreuves et rencontrés un autre Ministère - la lettre devait lui donner la réponse au sujet de la formation d'Aurore.
Ariana l'ouvrit. Elle parcourut la lettre rapidement, sans un mot. Puis elle se tourna vers lui et inspira profondément. Alors il comprit. Aucun sourire ne barrait son visage et il récupéra la lettre pour y lire les premières lignes :
Nous sommes dans le regret de vous annoncer que - il ne continua pas, se tournant vers Ariana pour lui sourire - se forçant.
On se fait une photo tous les deux ? Elle opina simplement, et il sortit l'appareil qu'il avait - comme chaque Serdaigle, un cadeau des parents de Leah qui étaient des artistes sorciers reconnus. Il se mit à côté d'elle et leur tira le portrait en tenant son bras le plus éloigné possible tout en tentant de les viser au mieux. Elle embrassa sa joue au moment où le cliquetis retentit. Et il laissa une larme de déception couler.
Je dois rejoindre les autres, on se voit dans le train ! Il partit alors, laissant la lettre de refus tomber dans l'eau des toilettes du troisième étage.
cher papa,
tu aimes voyager ? Parfois j'ai l'impression que je pourrais te croiser à un coin de rue. J'aime croire que je vais te reconnaitre, savoir instantanément que c'est toi. Et peut être passer les meilleurs moments à découvrir une autre culture, près de toi; J'imagine tout ce que l'on pourrait partager, si le destin se décider à nous mettre sur le chemin l'un de l'autre. Mais qu'importe les kilomètres, les pays, le temps passé ailleurs - tout me laisse croire que tu n'es pas là-bas.
Sur le Quai 12 1/3 il y avait des familles avec des pancartes magiques qui volaient au-dessus de leur tête. Elles venaient recueillir les sorciers qui revenaient du port de Torquay - c'est là que généralement revenaient les bateaux qui venaient des Etats-Unis. Colin n'aimait guère voyager de si longue distance en transplanage - le risque d'accidents y était si élevé qu'il était certain d'en mourir s'il devait essayer. Et il n'était pas non plus rassuré à l'idée de prendre l'avion - la chose moldue il la comprenait très bien, mais se sentait souvent venir des migraines étranges dès qu'il s'en approchait. D'autant que le bateau lui permettait d'observer les animaux marins qui aimaient nager autour du bâtiment - il avait oublié de dormir, préférant les siestes improvisées simplement pour pouvoir dessiner et photographier les dauphins, les baleines et les poissons qu'il avait pu repérer. Mais voila, son retour des Etats-Unis c'était l'occasion de retrouver toutes les personnes qui comptaient pour lui - et il en était heureux. Dans son sac, il avait mis ses vêtements et les nombreuses lettres qu'il avait échangé durant son périple. Sans compter le collier représentant un Occamy, que Leah lui avait fait parvenir pour son anniversaire.
Il sortit du train, laissant l'effervescence le prendre à son tour - observant dans la foule pour un visage familier.
Tu es lààààààà ! Il eut tout juste le temps de lâcher son sac pour attraper Leah - au vol, elle l'entoura de ses bras et il en fit autant, riant de l'avoir retrouvé. De l'avoir contre lui. Il sentit son coeur s'emballer, ses membres devenir chauds, et il l'embrassa avec plaisir - retrouvant les sensations si familiers qu'elle lui procurait.
Je suis là, ça fait plaisir de rentrer. Tu m'as manqué. Elle sourit, l'embrassa encore et prit sa main pour le mener dans la foule jusqu'à retrouver sa mère, et Lyra. Lyra - sa douce petite soeur. Et Hazel, sa belle cousine. Il les embrassa toutes les trois, prenant Piper Fawley dans ses bras plus longtemps que les autres.
Maman. souffla-t-il à son oreille. Elle sourit contre lui et il le sentit.
Qu'il était bon de rentrer chez lui.
Cinq ans plus tard il repensera à ce moment avec tendresse, alors qu'il entrait au Ministère aux petites heures du jour. Il repensa à cette soirée, passée à raconter aux femmes de sa vie tout ce qu'il avait découvert aux Etats-Unis. La vision nouvelle et idéaliste d'un monde sorcier qui donnait à la nature tout l'espace qu'elle désirait pour s'épanouir. Qui laissait les créatures magiques se gérer, en bonne intelligence, tout en gardant des liens avec elle - parce qu'elles font partie du monde magique. Comment ils avaient construits des refuges pour les animaux, loin des moldus et des traqueurs sorciers qui aimaient les tuer pour vendre leurs griffes ou leurs plumes au plus offrant. Il y avait cru, espérant voir la Grande-Bretagne en faire de même. Pourtant il se trouvait là, ouvrant la cellule numéro 48 aux premières heures du jour. Le vampire devant lui grogna - mais il l'ignora, sortant sa baguette pour le défaire des liens magiques qui le retenait.
Je vais vous accompagner jusqu'à la sortie. Là vous trouverez un sorcier du nom de Lupin - il vous mènera en sécurité. Jusqu'au
Drunk Broom où depuis quelques semaines il envoyait les pauvres créatures qui étaient devenues les expériences du ministère - pour ceux qui survivaient, il espérait par là les soulager de leurs peines.
cher papa,
j'ai peur de ne pas savoir qui je suis. Plus le temps passe et moins j'ai le sentiment de savoir qui je suis, qui je dois être, qui je veux devenir. Je suis là et je ne sais pas où je dois aller, ce que je dois faire, la décision qu'il me faut prendre. J'ai peur de ne pas savoir qui je suis, et ça me terrifie d'être incapable de le devenir.
Loïse va être maman. annonça-t-elle, lisant la lettre qu'ils venaient de recevoir de leur amie. Le regard de Leah s'illumina d'une lueur particulière - comme un voile qui passait parfois sur son visage avant qu'elle ne se tourne vers Colin et lui sourit faiblement. Les gestes entre eux étaient devenus des habitudes, comme le quotidien qui s'étendait de jours en jours, les mois s'écoulant paisiblement. Lui avait ses affaires au Ministère, sa thèse à écrire cette année pour clôturer une formation de plusieurs années. Elle, elle était à Sainte Mangouste, comme Médicomage spécialisée en maladie infantile. Elle était douce Loïse - il ne pouvait nier cela. Elle avait une floppée de qualités qui l'avait fait tomber amoureux. Il y a presque dix ans de cela - aujourd'hui il ne pouvait pas dire de leur quotidien était encore régie par la passion et l'envie constante - ils se croisaient parfois, échangeaient des nouvelles de leurs journées, de leurs amies, avant d'aller à leur occupation. Quand ils étaient pris dans d'intenses projets, ils s'évitaient pendant des jours; et cela ne semblait jamais les déranger. Plus maintenant.
Il prit la nouvelle du bébé de Loïse avec un sourire amical - se demandant si Leah voulait être maman.
Si lui voulait être papa ? La question resta en suspens dans son esprit, parce qu'il se demandant souvent
comment être un bon père alors qu'il ignorait qui était le siens ? Sur les murs de l'appartement où vivait avec Freya et Leah, se trouvaient des dizaines de photos - certaines d'eux, quand ils étaient enfants. Beaucoup avec Piper. Certaines de Lyra. Aucune de son père - disparut des radars, rendus sujet impossible par la bêtise de son grand-père qui aujourd'hui disait regretter. Mais il n'entendait rien à ses regrets, cela ne changeait rien pour lui - il ne savait pas qui était son père et cela le torturait. Une douleur constante, lancinante, se logeait dans son palpitant depuis qu'il était enfant et il n'arrivait pas à s'en séparer. Il s'y rattachait souvent, ignorant les signes du hasard qui voulait le guider dans les bonnes directions - dans sa vie, il se sentait souvent figer.
Leah partit pour son travail, posant un baiser papillon sur les lèvres de Colin. Toujours les mêmes gestes - son palpitant ne battait pas plus vite. Plus maintenant. Il y pensait souvent, à cette vie sans surprise qu'il s'était forgé. A cette vie faite de quotidien, de gestes connus, de certitudes. S'il s'y ennuyait, au moins il n'y risquait rien - après la guerre où il avait cru perdre sa mère et ses amis, c'était peut être pas si mal. De la stabilité, de l'équilibre, de la certitude.
Et quoi après ? Il se leva à son tour, trouva Freya dans la chambre d'à côté -
Je vais au Zoomagic. Tu veux venir ? Demanda-t-il, comme il faisait toujours, lui laissant le choix de venir ou pas - il préférait quand elle venait, parcourant les enclos avec lui pendant qu'il lui parlait de chaque pensionnaires, lui rappelant comment chacun aimait son repas et comment les soigner. Il y allait tous les deux jours. Il avait participé au déménagement du Zoomagic après l'attaque des mangemorts qui y avait eu lieu il y a une année de cela. Il y revenait depuis, pour s'occuper des pensionnaires sans compter ses heures.
Il s'y sentait bien, là. Il avait l'impression que cela avait du sens de travailler avec les animaux magiques et pour leur bien être. Alors, comme c'était une chose qui le rendait heureux - sans doute ce qui le rendait le plus heureux - il décida de faire savoir au reste du monde que les animaux magiques étaient faits de sentiments. Il avait entendu dire qu'il se trouvait un professeur extraordinaire à Poudlard, un spécialiste du genre animal qui aurait bien des choses à lui offrir. Alors il sortit une plume et un parchemin, et lui envoya un message pour lui demander l'autorisation de le rencontrer et commencer à travailler sur sa thèse de fin d'études.